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Comité Action Palestine, 27 avril 2024

Après 200 jours de combat à Gaza et en Cisjordanie, l’ancien ministre de la défense « israélien », Avigdor Lieberman, fait le 23 avril un constat amer et pessimiste : « 200 jours après le début de la guerre, 5 roquettes ont été tirées sur Sderot et 2 roquettes sur Zikim. Une véritable journée de bataille dans le nord avec des tirs incessants…133 personnes sont encore détenues par le HAMAS, ce n’est pas une fête de la liberté, c’est le chaos. »

Le pessimisme gagne tous les étages du pouvoir sioniste. Il est indéniable que les sionistes s’enlisent dans le bourbier de Gaza. Ils ne parviennent pas à libérer les prisonniers « israéliens » ni à démanteler les organisations de la résistance palestinienne. Ils doivent faire face à trois fronts simultanément, Gaza, Cisjordanie et Liban. L’Iran a sapé les bases de la dissuasion « israélienne ». L’équation se complique pour l’entité sioniste qui prend conscience que le prolongement de la guerre et les bombardements incessants accroissent les difficultés militaires et politiques. A moins de vouloir raser complètement Gaza et la Cisjordanie, exterminer physiquement tous les Palestiniens, « Israël » ne gagnera jamais sa guerre coloniale. Sa sale guerre coloniale.

La situation est d’autant plus critique qu’il est inimaginable pour les sionistes de faire un retour en arrière et d’accepter la solution chimérique des deux Etats. La société coloniale imploserait. Reculer ce serait perdre. Reculer signifierait que la dynamique d’expansion, sur laquelle est fondé l’Etat sioniste, s’arrêterait du jour au lendemain. Ce scénario noir pour les sionistes provoquerait des contradictions insurmontables en leur sein et une insurrection chez les colons. Bref, « Israël » est piégé. Le « rêve » sioniste est définitivement brisé. Le 7 octobre a bien eu les effets escomptés par la résistance palestinienne. De ce point de vue, c’est déjà une victoire pour les Palestiniens.

La solution se trouverait à Washington. Les Etats-Unis ont tout pouvoir sur l’Etat sioniste. Mais à ce stade de la guerre, les dirigeants américains estiment que les combats doivent continuer. Ils espèrent sans doute que du chaos, installé durablement dans les esprits « israéliens » et sur le terrain, il en sortira une solution miraculeuse pour la survie de l’entité sioniste. C’est un classique des guerres coloniales. Au Vietnam, les Américains, malgré leur défaite incontestée sur le terrain, ont prolongé la guerre jusqu’au bout qui s’est transformée en chaos et humiliation pour eux. Plus récemment en Afghanistan, ils ont subi la même défaite et la même humiliation. Malgré les leçons de l’histoire, l’aveuglement des colonialistes se répète, incapables d’être rationnels au milieu du chaos qu’ils ont eux-mêmes provoqué.

Les impérialistes ont un défaut qui peut s’avérer mortel pour eux : ils n’ont pas compris que nous avons changé d’époque. Depuis la seconde guerre mondiale, il y a eu une première phase de décolonisation. Avec la révolution palestinienne en cours, c’est cette phase qui est en train de se clore et une deuxième commence avec la récupération complète de la souveraineté des peuples. En Afrique, en Asie, partout les peuples rejettent le néocolonialisme et l’impérialisme. Partout, l’impérialisme perd du terrain alors qu’émergent en même temps de nouvelles puissances qui le défient. Ce changement d’époque c’est tout simplement la fin du règne du monde occidental. La résistance palestinienne est exemplaire pour tous les peuples qui subissent une double dictature, celle des régimes en place et celle de l’impérialisme. Les peuples prennent conscience que les intérêts des puissances et du capitalisme sont contraires à leurs propres intérêts. La bataille pour l’émancipation ne prendra jamais fin tant que l’injustice perdurera.

Palestine vivra, Palestine vaincra !

Dessin : Omar Sommad @omarsommad, artiste, Gaza

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