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Comité Action Palestine, 20 avril 2024

La révolution palestinienne est entrée dans une nouvelle phase. Le 7 octobre est une formidable accélération de l’histoire. Il fallait briser cette situation de statu quo favorable à la colonisation juive de la Palestine. Dans la bataille en cours se joue l’avenir de l’impérialisme dans la région. Les pays capitalistes du Nord le savent. Leur appui militaire et politique sans faille à l’Etat « israélien » montre, s’il en est besoin, que la guerre coloniale est leur propre guerre. La révolution palestinienne doit être écrasée par tous les moyens, par l’extermination totale des Palestiniens s’il le faut. Rien de nouveau. Les pays occidentaux, les Etats-Unis en tête, n’ont pas hésité à exterminer des populations entières dans leurs conquêtes coloniales. L’accaparement des ressources et les gigantesques profits réalisés n’admettent pas la moindre hésitation humaniste. Exterminer et s’enrichir, voilà les bases de la civilisation occidentale. La guerre génocidaire impérialiste en Palestine est dans la logique des choses. Elle est naturelle à l’ordre politique capitaliste de l’Occident.

Comme dans toute révolution, la troisième voie d’un règlement pacifique ou d’une transformation sans violence, apparaît avec clarté aujourd’hui comme un non-sens. La violence coloniale ne peut être combattue que par la contre-violence des colonisés. Même le vieux droit international bourgeois le reconnait. Une reconnaissance formelle, car appliquée nulle part et violée partout par les puissances qui dominent le monde.  La violence armée est le seul recours des Palestiniens pour contrer leur mise à mort programmée depuis un siècle. Le cours de l’histoire s’est chargé de balayer définitivement les balivernes sur la solution des deux Etats et le recours au droit international. Une situation révolutionnaire impose de choisir son camp.

La révolution est pédagogue. Elle montre définitivement que les Etats arabes sont les alliés parmi les plus solides sur lesquels l’entité sioniste peut compter. Inféodés à l’impérialisme, bénéficiaires des prêts bancaires et du soutien militaire, les trônes arabes ne doivent leur stabilité qu’au bon vouloir des maitres du monde. Alors que Gaza est soumise au crime sioniste jour et nuit, les dirigeants arabes ne restent pas passifs. Loin de là. Ils sont très actifs dans leur commerce avec « Israël » à tous les niveaux : économique, politique et militaire. Ces pions de l’impérialisme savent que leur sort est lié à celui de l’Etat sioniste et de l’impérialisme. Les Palestiniens doivent périr pour que soient sauvegardés les privilèges de la grande bourgeoisie arabe. L’Iran aussi doit périr, ce pays qui a su fonder sa souveraineté sur la base de l’anti-impérialisme et du soutien à la cause du peuple palestinien depuis 1979.

Le 13 avril, les centaines de missiles balistiques et de drones iraniens ont frappé de plein fouet la croyance idéologique savamment entretenue sur la guerre de religion shiisme/sunnisme. Les Etats arabes dits sunnites ont non seulement sacrifié leurs frères sunnites palestiniens pour des intérêts bassement matériels, mais ils ont aussi aidé l’entité sioniste dans l’interception des missiles iraniens. Désormais, les masses arabes ont pris conscience que le mensonge de la guerre religieuse entre shiites et sunnites est un écran de fumée pour cacher la collaboration des Etats arabes avec le sionisme et l’impérialisme. Elles savent que ces Etats embarqués dans l’aventure impérialiste sanglante sont dans la contre-révolution. Qu’ils combattent la révolution palestinienne conformément à leurs intérêts étroits et aux intérêts de l’impérialisme. La révolution est décapante. Elle a mis à nu le rôle de chacun dans le complot impérialiste contre le peuple palestinien et les peuples de la région.

Ainsi, le 7 octobre a tracé une ligne de démarcation claire entre le camp de la révolution et le camp de la contre-révolution. Il va de soi que les pays impérialistes et leur partis politiques de gouvernement sont tous alignés pour écraser dans le sang la révolution palestinienne. Il est inutile de s’étaler sur les partis de gauche qui agitent hypocritement la solution des deux Etats. Il reste le cas particulier de l’extrême gauche qui, selon toutes les apparences, soutient la résistance du peuple palestinien. Mais ce soutien reste conditionné. Au lieu de soutenir sans condition le camp de la révolution palestinienne avec toutes ses organisations armées, certains mouvements dits de la gauche radicale s’ingénient à classer les organisations islamiques dans le camp des réactionnaires. Cette gauche fait fausse route sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres, sauf que dans la situation actuelle c’est apporter un soutien indirect à l’impérialisme qui propage massivement l’idée que sa lutte est une lutte contre la barbarie islamique. En taxant de réactionnaires les forces de la résistance les plus importantes et les plus déterminées, les gauchistes s’excluent de facto du camp de la révolution et deviennent les alliés objectifs de la contre-révolution. Ils se targuent de combattre l’islamophobie en France, mais ils l’alimentent dans le cas palestinien. Outre le fait qu’ils sont les dignes héritiers du laïcisme civilisateur, les gauchistes s’excluent de facto aussi de l’héritage marxiste et des enseignements théoriques des pères fondateurs de la théorie révolutionnaire. La pensée dialectique marxiste n’a pas une approche figée du religieux. Dans un cas, le religieux peut être opium du peuple. Ce qui est valable pour la doctrine religieuse saoudienne. Il peut être émancipateur et mobilisateur dans le cas palestinien. La dichotomie progressistes-réactionnaires est une fausse dichotomie. La véritable dichotomie oppose le camp de la révolution au camp de la contre-révolution. Lénine disait que la théorie révolutionnaire n’est jamais que l’analyse concrète des situations concrètes. Le gauchiste, lui, reste figé dans le dogme. Et dans le camp de la contre-révolution.

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