Les Palestiniens de 48 sous le joug de l’occupation et de la colonisation Comité Action Palestine 21 janvier 2010 Histoire et colonisation 1 903 vues Evitant de replacer les faits dans leur contexte, c’est-à-dire les étudier dans leur singularité, certains analystes préfèrent faire des rapprochements douteux entre des situations qui historiquement n’ont rien à voir les unes avec les autres. Ainsi dans son article publié par Oumma.com « Juifs en terre d’Islam et musulmans en terre d’Israël », N. Ennasri, étudiant en Sciences Politiques, propose une lecture en miroir de la situation des juifs dans l’Andalousie arabe au Moyen age, puis dans l’ensemble du monde arabe où ils se réfugièrent lorsqu’ils furent chassés par les chrétiens européens, avec celle des Palestiniens, dits de 48, rescapés de l’épuration ethnique sur laquelle a été construit l’Etat sioniste. Ennasri réduit ces Palestiniens à des minorités religieuses quelconques dans un Etat presque normal et ne leur concèdent que très difficilement le qualificatif de Palestiniens. Niant totalement leur rôle capital dans le mouvement de résistance aux premières heures de la colonisation sioniste (du début du 20ème siècle jusqu’en 48), il réduit même le fondement de leur conscience nationale aux évènements du 30 mars 1976. C’est cette analyse erronée que dénonce l’article « Les Palestiniens de 48 sous le joug de l’occupation et de la colonisation » publié par le CIREPAL. Réponse à l’article de N. Ennasri, paru sur oumma.com Et intitulé « Juifs en terre d’Islam et musulmans en terre d’Israël » CIREPAL (Centre d’Information sur la Résistance en Palestine) le 13 janvier 2010 Dans son article, l’auteur a voulu faire la comparaison entre la situation des juifs en terre d’islam et celle des musulmans en terre d’Israël, c’est-à-dire comparer deux choses incomparables : d’une part, terre d’islam est vue du point de vue historique et civilisationnel, alors que l’Etat d’Israël est un Etat colonial, fondé par le sionisme et l’impérialisme vers la moitié du XXème siècle. Comment peut-on comparer les deux situations ? Cette manière de voir Israël comme étant la terre des Juifs (à cause de la comparaison) est erronée dès le départ. Si Israël se revendique comme le pays ou l’Etat des juifs, c’est à cause de son idéologie sioniste, une idéologie raciste et négatrice, qui refuse de voir l’autre (le Palestinien ou l’arabe), qui le chasse, qui prend sa terre, qui travestit la réalité historique et qui prétend installer une population européenne sur une terre arabe, comme l’ont fait tous les colonialismes. Depuis sa fondation, en tant que colonie de peuplement, Israël n’a jamais représenté le judaïsme, au contraire. Il est la malédiction menaçant les juifs du monde, étant basé sur la falsification de la religion et de l’histoire, sur la violence meurtrière envers les peuples de la région, d’abord, puis les peuples du monde qui s’éveillent progressivement à sa nature. Donc, toute comparaison entre « terre d’islam » et « Israël » est erronée. Le fait de considérer Israël comme une terre juive où vivent des musulmans, pour procéder à cette comparaison, entraîne une conception des plus erronées concernant le peuple palestinien qui y vit (que l’auteur nomme arabes israliens), car dès le départ, l’auteur nie le phénomène colonial qui a touché ce peuple. D’une part, le terme « arabes israéliens » est un terme sioniste et colonial. Il nie le caractère palestinien de cette population, et à l’instar des sionistes, l’auteur a distingué les musulmans, les chrétiens et les druzes qui en font partie. Cette appelation, ainsi que la distinction entre religions, sont des conceptions sionistes du peuple palestinien, de l’histoire et de la civilisation de cette terre de Palestine. Les sionistes ont forgé le terme « arabes israéliens » pour dire que dans leur Etat, il y a des arabes, mais ce qu’ils veulent absolument éviter de dire, c’est que ces arabes sont les Palestiniens qui vivaient dans le pays, avant la fondation de leur Etat : Les Palestiniens de 48 sont les témoins vivants des crimes sionistes, rien que leur présence en Palestine colonisée rappelle aux colonisateurs ce qu’ils ont fait en 48, certains même regrettant de n’avoir pas achevé leurs crimes jusqu’au bout, c’est-à-dire ne laisser aucun Palestinien sur la terre qu’ils ont volée. D’autre part, les Palestiniens de 48 ou de l’intérieur (soit les Palestiniens qui sont restés dans leur pays après la Nakba, en 1948) ne sont pas des étrangers dans leur pays, même s’il y a une colonie dessus. Ils vivent dans leur pays, leur patrie mais Israël s’est installé dessus, de manière illégale, en chassant une grande partie de ce peuple. Ne pas les voir ainsi travestit la réalité, pour ne voir que la discrimination dont ils sont victimes, et comme dit l’auteur, le fait d’être considérés comme des citoyens de seconde zone. Bien évidemment, l’auteur décrit rapidement la situation des Palestiniens de 48, qui sont une part intégrante du peuple palestinien, qui participent à sa lutte de libération, en soutenant leurs frères en Cisjordanie, à Gaza et dans al-Quds, comme ils sont en liaison avec leurs frères refugiés, grâce à de multiples réseaux qu’ils ont développés en commun pour maintenir et renforcer les liens entre toutes les composantes du peuple palestinien. Vivant sous occupation, les Palestiniens de 48 se trouvent non seulement en Galilée et dans le Triangle, mais aussi dans le sud, au Naqab, et un des plans de judaïsation, celui qui vise le territoire du Naqab, a pour objet de les expulser de ce vaste territoire pour y installer des colonies sionistes. Tous les jours, des maisons y sont démolies dans une opération de purification ethnique, comme ce qui se passe aujourd’hui dans al-Quds. La population palestinienne de 48 vit également dans les villes côtières, à Akka, Haïfa, Yafa, notamment, où elle résiste à toute judaïsation, dans des situations très difficiles, où les sionistes utilisent l’argent et le pouvoir pour les chasser. Mais ils sont encore là et proclament à toutes les occasions : « nous sommes là, nous resterons, aussi enracinés que le thym et l’olivier ». Que les sionistes considèrent les Palestiniens de 48 comme une population à « la loyauté douteuse », cela est leur problème, mais peut-on concevoir que les Palestiniens soient sionistes, qu’ils acceptent le fait colonial sans protester, qu’ils acceptent que leurs terres soient confisquées, que leurs maisons soient démolies, que les liens de fraternité qui les lient à leurs frères palestiniens soient remis en cause ? Pent-on concevoir que les Palestiniens qui vivent, après tout, dans leur pays, avant même la fondation de cet Etat colonial, doivent prêter allégeance à ces criminels et voleurs qui se sont installés sur leur pays ? Certes, les dangers s’accumulent contre les Palestiniens de 48, qui sont de plus en plus menacés. Non seulement dans leur vie quotidienne, à cause du fascisme populaire qui se développe dans la population israélienne, dans les villes, les colonies de toutes sortes, dans les universités et les écoles, sans parler des institutions militaires et sécuritaires, dans les médias (télévision, journaux, radios), mais aussi dans leur vie collective, où ils sont menacés par les destructions de leurs maisons, le démantèlement de leurs villages avec l’installation des colonies, et dans leur vie politique. Nous assistons depuis plusieurs mois à une recrudescence des déclarations fanatiques d’universitaires, de politiques, de journalistes, visant la présence même de ces Palestiniens. Et si Israël lance une guerre prochainement, les Palestiniens de 48 seront touchés dans leur existence même. C’est pour cela qu’il est nécessaire pour tous ceux qui militent en faveur des droits palestiniens, de comprendre et de faire comprendre leur situation et de développer le soutien nécessaire à ces Palestiniens qui vivent au cœur de l’entité sioniste, en les désignant par Palestiniens, et si l’on veut absolument les distinguer des Palestiniens qui vivent dans l’exil, ou en Cisjordanie et Gaza, dire : Palestiniens de 48 (ceux qui vivent sur les terres colonisées et occupées en 48). CIREPAL (Centre d’Information sur la Résistance en Palestine) print