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Comité Action Palestine (mars 2016)

Le 30 mars 1976, six Palestiniens de l’intérieur (c’est-à-dire ceux qui ont pu rester en 1948 après la création par la force de l’état d’Israël) étaient abattus par l’armée d’occupation d’Israël, 96 blessés et 300 autres étaient arrêtés. Leur crime ? Avoir manifesté contre l’État sioniste qui avait confisqué et déclaré “ zone militaire ” 1700 hectares appartenant à des villages palestiniens.

                Depuis, tous les 30 mars, la “ Journée de la Terre ” commémore cet événement partout dans le monde où se trouvent les défenseurs des droits du peuple palestinien.

Cette journée est avant tout symbolique. Rappelons qu’en 1948, l’Etat juif avait expulsé près d’un million de Palestiniens et détruit plus de 400 villages. La majeure partie des terres palestiniennes avait été confisquée dans la perspective de fonder le “ Grand Israël ”. Dès lors, cette politique de confiscation des terres en vue de judaïser la Palestine (c’est-à-dire voler des terres aux Palestiniens pour les donner aux juifs), s’est poursuivie sans relâche et s’intensifie, accumulant crimes de masses, assassinats de leaders politiques et emprisonnements de résistants : la colonisation de toute la Palestine est inscrite au cœur du projet sioniste. Avec le développement des colonies qui vole chaque jour plus de terre aux Palestiniens et la judaïsation actuelle de la vallée du Jourdain, du Naqab, d’al-Quds et des lieux saints, rien ne semble arrêter cette machine à tuer et à coloniser.

Pourtant, depuis la création de l’Etat d’Israël, le peuple palestinien a toujours résisté à cette terrible entreprise de destruction de sa société, soutenue par les pays occidentaux et en particulier les Etats-Unis et la France. Depuis quelques mois, la résistance s’est ré-activée avec l’Intifada al-Aqsa. Face à l’absence d’évolution politique suite aux guerres de Gaza et aux menaces grandissantes sur les lieux saints, surtout la Mosquée al-Aqsa, un mouvement populaire spontané a pris naissance dans toutes les parties occupées de la Palestine. De manière imprévisible et indépendamment de toutes organisations, les coups sont portés au cœur de la société coloniale et mettent en péril un des fondements existentiels de l’entité sioniste qui est la sécurité du colon. La peur change de camp et tout le système colonial est en crise. Dans ces conditions l’Autorité palestinienne révèle encore plus son rôle de supplétif du pouvoir sioniste, en témoigne l’assassinat récent par le Mossad de Omar Nayef, militant du FPLP qui s’était réfugié à l’ambassade de l’Autorité palestinienne en Bulgarie.

Sur la durée, cette stratégie populaire d’usure, conduite par une jeunesse palestinienne qui n’a rien à perdre, peut pousser le pouvoir colonial à des concessions majeures. Par le type d’actions menées, les Palestiniens envoient deux messages principaux sur la nature de leur résistance et l’objectif de leur lutte. En s’attaquant à tous les membres de la société coloniale, ils démontrent que pour eux il n’y a pas de différence entre la population et les forces armées gouvernementales. La société israélienne dans son ensemble est coloniale et donc structurellement raciste, violente et oppressive envers les Palestiniens. En exhibant des drapeaux algériens, les résistants palestiniens expriment également qu’ils ont choisi leur objectif, c’est-à-dire la libération totale de la terre de Palestine et qu’en ce sens, la lutte de libération algérienne est leur référence.

Ce nouveau soulèvement a lieu dans un contexte où les rapports de force dans cette région du monde s’équilibrent. Alors qu’une situation de chaos prévalait en Syrie avec une perte progressive des territoires contrôlés par l’armée régulière syrienne, pourtant soutenue par le Hezbollah et l’Iran, l’intervention de la Russie en septembre 2015 a radicalement changé la donne. Pour l’instant, la stratégie impérialiste, dont l’objectif était de faire tomber Bachar al-Assad, a totalement échoué.

Par ailleurs l’Iran se trouve renforcé sur les plans stratégique et économique suite à la signature des accords sur le nucléaire. Le conflit s’enlise au Yémen, un échec politico-militaire du bloc impérialiste, en particulier un échec de la stratégie saoudienne. La Turquie, qui affichait sans scrupule son soutien aux forces anti-Assad, se trouve à son tour déstabilisée par une vague d’attentats terroristes. De plus, toutes les tentatives de l’Arabie saoudite de mobiliser les Etats arabes contre l’axe de la résistance au sionisme s’avouent particulièrement peu efficaces. La dernière initiative qui a conduit la Monarchie wahabbite à déclarer le Hezbollah comme organisation terroriste ne fait que renforcer la notoriété de ce dernier auprès des masses arabes et des mouvements de résistance. Dans cette guerre entre deux modèles socio-économiques et politiques co-existants dans cette région, celui de l’Arabie saoudite qui renvoie à une économie libérale et rentière, et celui de l’Iran basé sur une économie nationale privilégiant un développement autonome, il semble que l’Histoire est en train de trancher. L’impérialisme, avec ses vassaux arabes et turc, est en très grande difficulté malgré les moyens militaires et financiers gigantesques mis en œuvre pour soumettre les peuples arabes.

En France, les attentats de 2015 ont conduit à un renforcement du tout sécuritaire consacré par l’état d’urgence à durée indéterminée, de la criminalisation de l’antisionisme et des soutiens au peuple palestinien, des atteintes à la liberté d’expression et du racisme institutionnel. Cependant aucune stratégie claire n’apparait en matière de politique étrangère, la France étant prête à faire évoluer ses positions particulièrement bellicistes en fonction de ses intérêts économiques et de sécurité intérieure. Elle semble avoir énormément de mal à choisir entre les opportunités immenses offertes par le marché iranien et l’écoulement des produits de son industrie militaire vers l’Arabie saoudite et les Etats arabes vassaux. Le soutien inconditionnel de l’Etat français à l’entité sioniste s’exprime par la répression des mouvements antisionistes et les forces populaires issues de la colonisation, naturellement solidaires de la lutte palestinienne. Il est urgent, et en écho avec la résistance en Palestine, de s’organiser pour construire un mouvement antisioniste uni autour de principes anticolonialistes clairs que sont les principes d’auto-détermination et de libération de toute la Palestine arabe.

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