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Calendrier Palestine Libre 2018 « Dans le camp des réfugiés »

Al Wihdat est un camp légendaire dans l’histoire de la lutte nationale palestinienne. Etabli en 1955 à trois kilomètres au Sud d’Amman, il abritait initialement 5000 réfugiés palestiniens issus des villages situés entre Jaffa et al-Quds. Il fût l’un des principaux centres actifs du mouvement de libération de la Palestine en Jordanie. Le camp, rebaptisé la « République » par les organisations palestiniennes, abritait de nombreux résistants et était le lieu d’une intense activité politique et militaire. Cette mobilisation fut fortement réprimée par l’Etat jordanien qui y perpétra de nombreux massacres. En 1970, sa prise par l’armée jordanienne marqua la fin des évènements de « septembre noir » et l’expulsion des organisations de la résistance hors des frontières du pays.

Aujourd’hui al Wihdat illustre à lui seul les contradictions portées par la question des réfugiés palestiniens, entre attente du retour et intégration dans leur lieu d’exil. Près de 70 ans après sa création, il compte près de 60000 habitants et est complètement inclus dans le tissu urbain d’Amman. Toujours soumis à une administration particulière, le camp garde toutes les caractéristiques d’un espace de vie temporaire. Comme tous les autres camps de réfugiés palestiniens, il reste le symbole vivant de l’identité palestinienne et un sanctuaire du Droit au Retour. Pourtant depuis les années 70, afin d’annihiler le potentiel révolutionnaire de ses habitants, le gouvernement jordanien est intervenu plus directement. Une partie du camp fut détruite pour aménager de grandes artères permettant la surveillance et le maintien de l’ordre. Par ailleurs en espérant réduire les aspirations nationalistes des Palestiniens par l’amélioration de leurs conditions de vie, les règles d’urbanisation furent assouplies pour favoriser le développement économique. Ainsi au fil des années le camp est devenu un espace urbain doté d’une intense activité commerciale, parfaitement intégré au reste de la capitale jordanienne.

Pourtant, contrairement aux attentes des autorités jordaniennes et bien que la citoyenneté jordanienne leur fût octroyée dès 1951, les réfugiés palestiniens en Jordanie ne sont pas prêts à abandonner leurs revendications nationales. Bien au contraire, cette amélioration de leur situation économique renforce leur pouvoir de résistance et leur volonté de mettre en application de leur droit au retour.

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