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La République Palestinienne de Dayton

le 9/5/2009 7:30:00 (1100 lectures)

Article de Abdel Bari Atwan publié le 9 février 2009 dans Al Qods Al-Arabi et traduit par Info-Palestine.

Abdel Bari Atwan dirige depuis 1989 le journal Al-Quds Al-Arabi, l’un des trois grands quotidiens écrits en langue arabe édités à Londres. Aujourd’hui, Abdel Bari Atwan est considéré comme l’un des plus importants éditorialistes de la presse arabe et participe fréquemment à des débats et des interviews sur Al Jazeera.

L’article de Abdel Bari Atwan expose avec clarté les mécanismes de la stratégie de contre-insurrection menée à l’encontre des Palestiniens de Cisjordanie par l’axe israélo-américain. Après la victoire du Hamas aux élections législatives en janvier 2006 et  l’écrasement des forces collaboratrices du Fatah à Gaza en juin 2007, le camp israélo-américain a eu peur d’un basculement islamiste de la Cisjordanie. Pour contrecarrer la progression de la révolution palestinienne, le général américain Dayton a été chargé d’organiser et d’entrainer une force de supplétifs palestiniens en Cisjordanie, en particulier à Jenine qui symbolisait la résistance dans cette région de la Palestine après le soulèvement de 2002 et la sévère répression qui a suivi.

Les forces de sécurité de Dayton ont clairement pour mission de prévenir et de combattre toute forme de résistance palestinienne, de maintenir un ordre politique qui permette la perpétuation et le développement du système colonial. Lorsqu’en décembre 2008, les colons attaquent des habitants d’Al-Khalil (Hébron), les forces de sécurité de Dayton n’interviennent pas, déclarant que telle n’était pas leur mission. En revanche, en janvier 2009, elles avaient reçu l’ordre très explicite de réprimer violemment les manifestants qui dénonçaient les massacres à Gaza.


dayton2Peu de gens en dehors des cercles de pouvoir à Ramallah et ses appareils de sécurité, connaissent les « exploits » du général EU Keith Dayton qui est officiellement chargé par l’administration de son pays de créer des forces de sécurité palestiniennes sur de nouvelles bases, qui se fondent sur l’instauration du contrôle de l’état (où il est ?) sur ses frontières (lesquelles ?) dans le proche avenir.

L’article du journaliste Eu Thomas Friedman dans le NewYorkTimes du samedi 7 février (Beyond The bank , ndt) nous clarifie cette question.

Friedman dit que le général Dayton l’a amené à la ville de Jénine pour lui montrer ces « exploits » et qu’il était surpris de ce qu’il a constaté. Les membres de la deuxième compagnie se sont alignés devant leur « maitre » (le qualificatif vient de moi (d’Abdul-Bari Atwan, ndt)) étatsunien avec leurs mitraillettes Kalachnikov en effectuant le salut militaire. Le général les salue à son tour et il leur fait un discours en les flattant de leur noble mission qui consiste à « prendre soin de leurs concitoyens dans ce temps difficile, car c’est ainsi que se comportent les forces de sécurité professionnelles ».

La manière dont le général EU avait inspecté ces forces et comment il leur a adressé la parole montre qu’elles exécutent ses ordres et qu’elles accomplissent la mission que lui et son gouvernement décident, et non pas un autre gouvernement ou une autre autorité. C’est lui qui finance, qui décide et qui fixe les obligations.

Il semble que ces « forces de Dayton » ont déjà commencé à accomplir leur mission et de la meilleure manière, car elles se sont opposées aux manifestants avec efficacité en les réprimant et en les arrêtant durant les manifestations de solidarité et de condamnation des massacres israéliens dans la bande de Gaza. En revanche, ces forces sont restées spectatrices quand, quelques mois plus tôt, des colons ont attaqué les habitants d’al-Khalil (Hébron, ndt) en agressant et en détruisant, au point que l’un des dirigeants de ces forces a répondu aux demandes de ses concitoyens pour intervenir afin de les protéger de la sauvagerie des colons, il a répondu qu’il n’avait pas de consignes pour affronter les Israéliens, mais seulement les Palestiniens.

Jénine était l’une des villes à la résistance la plus féroce, et fut considérée comme une base solide pour engendrer les candidats aux opérations-martyres. Il suffit de constater que son petit camp (1 km carré) a tenu pendant une dizaine de jours à l’offensive israélienne et a réussi à faire tomber 26 tués et 36 blessés parmi les rangs des forces d’agression, c’est-à-dire quatre fois les pertes de l’armée israélienne pendant sa dernière agression sur la bande de Gaza. Ceci explique pourquoi le général Dayton s’intéresse à cette ville et fait d’elle le « diamant » de sa couronne d’« exploits » sécuritaires, qui sont celui de briser les forces de la résistance à Jénine et la généralisation de cette expérience sur toutes les villes palestiniennes en Cisjordanie.

L’objectif de la création de ces forces, de leur « engraissement » et des millions dépensés pour leur entrainement, n’est pas la préparation pour la construction de l’état palestinien, mais pour l’interdire et pour pérenniser l’occupation en cours. En fait partout dans le monde, on commence par créer l’état puis ses institutions sécuritaire et politique, sauf en Palestine où le triangle est « renversé » ainsi que les priorités, ce qui explique la poursuite de la colonisation, l’usurpation des terres, et le creusage des tunnels sous la mosquée al-Aqsa (les tunnels à al-Quds sont bons car ils sont israéliens même s’ils aboutissent à l’effondrement des fondations d’al-Aqsa… Mais les tunnels de Rafah sont diaboliques car ils sont utilisés pour faire entrer la nourriture et les médicaments pour les assiégés).

Les forces de sécurité de Dayton dont le nombre s’élève à 1600 hommes jusqu’à maintenant, qui ont été entrainées en Jordanie et qui s’apprêtent à intégrer 500 nouveaux membres, qui suivent des stages d’entraînement similaires, ces forces ont une mission principale axée autour de la protection des colonies, de la répression par la force de toute résistance palestinienne et de la collaboration avec leurs homologues israéliens dans ce domaine, c.-à-d. dans le meurtre de tout sentiment patriotique.

Il est clair que ces forces sont en harmonie avec les projets EU futurs pour la Cisjordanie, et pour éviter la reproduction de l’expérience de la bande [de Gaza], c’est-à-dire d’empêcher que la Cisjordanie ne devienne une base pour la résistance. Tony Blair, l’émissaire du quartet, a résumé l’avenir de la Cisjordanie en parlant de la nécessité de concentrer les efforts sur l’infrastructure économique, et de la préparer pour élever le niveau de vie des habitants en tant qu’étape essentielle avant d’arriver à la création de l’état. Le premier ministre britannique Gordon Brown a répété la même chose durant sa dernière visite à Ramallah.

Benyamine Netenyahou, le chef du parti Likoud et celui qui a le plus de chance de gagner les élections israéliennes générales qui aura lieu demain, s’est emparé de ce fil et a commencé de mettre l’accent dans sa campagne électorale sur « la paix économique » avec les Palestiniens, et sur l’engagement à ne pas rendre la Cisjordanie et le Golan à leurs propriétaires arabes.

Le colonel Radhi Abu Assidah, l’un des dirigeants des appareils sécuritaires du général Dayton, a fièrement déclaré : « Nos fores possèdent maintenant du professionnalisme et aussi un bon entraînement. Maintenant nous disons aux gens : Vous pouvez manifester en solidarité avec Gaza, mais vous devez faire cela d’une manière moderne ».

Ce que le colonel Radhi entend par cette manière moderne, c’est que les gens doivent être comme les peuples d’Alaska ou d’Islande, ils doivent se contenter d’allumer des bougies et de faire des prières pour les victimes de la sauvagerie israélienne. Tout autre acte à part cela sera réprimé par les matraques, ou par les tirs de balles et la torture dans des camps de détention.

Mais comment les gens de Cisjordanie vont manifester d’une manière civilisée alors que les soldats israéliens les humilient tous les jours aux points de contrôle, confisquent leurs terres, démolissent leurs mosquées et lâchent sur eux les colons pour les agresser, détruire leurs plantations et arracher leurs arbres ?

Dans le passé on parlait de la solution à deux états. Maintenant on parle de la « paix économique », ce qui veut dire de transformer le peuple palestinien en un peuple qui se fait acheter par les denrées de subsistance et les salaires mensuels payés par les états donateurs, en échange d’oublier totalement sa cause nationale. Quant à celui qui désobéit, les forces « professionnelles » et « bien entraînées » du général Dayton sauront comment s’occuper de leur cas avec la méthode adéquate.

Gidi Grinstein le président de l’institut israélien Reut, un « réservoir de cerveaux » qui fournit des études consultatives au gouvernement, décrit la mission de Dayton comme une « tâche lumineuse dans un paysage détruit et sur laquelle on peut bâtir, car la question ce n’est pas seulement la terre, mais aussi comment la remplir ».

Il est clair, selon nous, qu’il propose deux réponses à cette question : soit de remplir cette terre par de nouveaux colons, ou bien d’importer, d’un autre endroit du monde, un autre peuple capable de vivre selon les manières israéliennes. Car le peuple palestinien ne peut entrer dans aucun de leurs moules.

C’est certainement un avenir obscur qui attend le peuple palestinien à l’ombre du général Dayton, de ses projets et de ses adeptes, mais ce qui est encore plus obscur, à notre avis, c’est l’existence d’une autorité palestinienne qui le laisse faire, lui donne une « couverture légale », lui fait le salut militaire par admiration et par reconnaissance, et qui ne tarit pas d’éloges pour ses grands « exploits » en faveur du peuple palestinien.


Abdel Bari Atwan

Article original consultable sur Bariatwan.com
Traduit par Lyad sur Info-Palestine

image palestininfo.com




Le Hamas est-il l’œuvre du Mossad israélien ?

le 5/5/2009 8:54:35 (848 lectures)

 

Article de Ramzy Baroud paru sur Palestinechronicle le 5 mars 2009.

images (11)Tout est bon pour discréditer le Hamas et lui enlever le bénéfice de son succès populaire et de ses victoires contre l’occupant. Une accusation courante, et non des moindres, est que le Hamas est l’œuvre d’Israël. A bout d’arguments, ce sont souvent les organisations palestiniennes rivales, notamment les militants du Fatah, qui déclarent cela pour clore le débat. L’idée est de laisser croire, que depuis sa création, le mouvement islamique fait le jeu de l’ennemi en pronant la radicalité et que le Hamas et l’entité sioniste sont des alliés objectifs liés.

Dans cet article, Ramzy Baroud auteur de plusieurs ouvrages et éditeur de Palestinechronicle.com, démontre comment cette affirmation est ridicule et sans fondement. Il montre comment le mouvement islamique a, dès 1967 à Gaza, établi les bases stratégiques qui ont permis son ascension et son succès. Disposant d’une base populaire très solide, il a construit une stratégie de résistance sur le long terme qui commence à porter ses fruits aujourd’hui. Israël, croyant que le mouvement islamique était inoffensif et que les divisions palestiniennes pouvaient servir ses intérêts, a simplement laissé faire. Dire autre chose est particulièrement grave car, au-delà du discrédit jeté sur le Hamas, cela conduit à penser que toute stratégie victorieuse pour les Palestiniens dépend avant tout de l’occupant.


« La notion –que la Hamas est l’invention d’Israël- est simplement fausse »

Pendant que plusieurs gouvernements occidentaux débattent pour définir un type de relations possibles avec le Mouvement Palestinien Hamas, certaines organisations progressistes et de gauche ont également des difficultés, en ce qui concerne leur propre perception du Mouvement islamique.

Certains ont même prétendu que le Hamas est plus ou moins une œuvre israélienne. En fait, l’accusation, que le Hamas a été créé par les Services Secrets israéliens, est devenue d’une telle banalité qu’elle ne requiert souvent aucune démonstration. Alors que cette affirmation, formulée ainsi, est erronée, il y a certainement une raison et une histoire là derrière. Mais est-ce que le Hamas est réellement l’œuvre du Mossad israélien ?

Cette simple hypothèse est lourde de conséquences, pas seulement parce qu’elle jette le discrédit sur un parti, mais aussi parce qu’elle peut créer une déception chez les Palestiniens qui pensent exercer un certain contrôle sur leur destin collectif. Cette idée que la Hamas est l’invention d’Israël est simplement fausse.

Il peut être très compliqué de saisir comment un tel mouvement a pu prendre pied et se développer avec un soutien populaire massif si on n’a pas une certaine connaissance de l’histoire sociale, économique et religieuse de la Bande de Gaza, le lieu de naissance du Hamas.

Il est vrai que pendant des années, les Palestiniens ont souffert de la pauvreté, de la faim et de l’humiliation sous l’occupation israélienne. Alors que l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) a joué un rôle majeur en représentant et en parlant au nom du peuple palestinien à l’étranger, elle n’a, au mieux, joué aucun rôle dans les territoires occupés.

Il y a des raisons pour cela. Une des raisons majeures est que l’OLP avait ses propres priorités internationales et régionales, et qu’elle manquait de bases populaires, à l’inverse du mouvement islamique. C’était simplement une réponse naturelle pour une institution religieuse que de combler le vide d’un gouvernement absent, un rôle que le mouvement a joué avec beaucoup de sérieux. Mais jetons un œil un peu plus attentif sur l’évolution et le développement du Hamas, à Gaza en particulier, une présence qui a eu un fort impact dès 1967.

Pendant les premières années de l’occupation, le mouvement islamique a mis en place un effort stratégique qui nécessitait des fondations solides et bien établies. Initialement, le mouvement a rejeté l’idée de résistance armée, et a souvent été critiqué et ridiculisé par les mouvements de résistance laïques qui considéraient qu’il dissimulait sa faiblesse en « pacifisme ».

La vérité est que le Mouvement islamique à Gaza n’a jamais méprisé la lutte armée en elle-même. Il pensait que cette nation, constituée principalement de réfugiés, était dans un état vulnérable et demandait des années de préparation avant de pouvoir devenir une force avec laquelle on pouvait compter. Pour cette raison, ils ont investi plusieurs dizaines d’années pour renforcer les liens sociaux dans la société gazaouie , en construisant des mosquées, des crèches, des hôpitaux, des écoles, etc.

Les années 67 à 75 ont été définies par le Mouvement islamique comme la phase de « construction des mosquées ». La mosquée a représenté l’institution centrale de mobilisation des sociétés islamiques à Gaza. Ce n’était pas simplement un endroit de prière, mais aussi un centre de formation, d’interactions sociales et culturelles, et plus tard d’organisation politique.

Pendant la période 67 à 87, le nombre de mosquées a triplé, passant de 200 à 600. De 1975 jusqu’au milieu des années 80, s’est déroulée la phase de mise en place des institutions sociales, comme la formation de clubs islamiques, d’organisations charitables, de groupes d’étudiants, qui ont tous servi de points de rencontre pour la jeunesse musulmane.

En 1973, le Centre islamique a été créé à Gaza, l’institution actuelle qui est le cœur de toutes les activités du mouvement. Il était largement admis que le centre était une extension de l’organisation passée des Frères musulmans égyptiens. Israël a volontairement peu agi pour empêcher l’établissement de cette organisation, comme il a également peu agi pour aider son développement.

L’attitude curieuse d’Israël pourrait en partie s’expliquer par sa politique de carottes et de bâtons. Comme les Islamistes avaient -à ce stade- renoncé à la lutte armée et fournissaient des services (aux populations occupées) qui permettaient d’économiser des millions de schekels sur le budget israélien, il semblait peu utile d’interrompre ce qui semblait, à cette époque, être des activités inoffensives. Mais, plus sérieusement, Israël se méfiait de l’augmentation du nombre des institutions de l’OLP à l’étranger et de leur influence grandissante sur la société palestinienne dans les territoires occupés.

De plus, les tensions croissantes entre les autres mouvements de libération à Gaza et le mouvement islamique conduit par Sheikh Ahmad Yassin , laissaient un espoir à Israël que cela conduirait à la paralysie respective des groupes, épargnant à Israël la dure tâche de les contrôler. On peut avancer l’hypothèse que toute interférence israélienne pour empêcher la croissance et l’évolution du mouvement islamique à Gaza à ce stade aurait au contraire simplement accéléré sa radicalisation, plutôt que sa disparition.

Les années 70 et 80 furent pour les Palestiniens celles d’importants bouleversements avec les accords de Camp David, l’invasion israélienne au Liban et les nombreux massacres commis par Israël, assassinats qui ont atteint leur paroxysme avec les massacres de Sabra et Chatila perpétués par les phalanges libanaises chrétiennes en 1982 au Liban.

Pendant ce temps, le mouvement islamique à Gaza connaissait à une formidable métamorphose. Des décennies sur le terrain allaient être mises à l’épreuve alors que le mouvement évoluait pour assumer la lutte armée. Ce ne fut certainement pas une transformation immédiate et soudaine, mais un lent mouvement d’évolution dès 1967.

Qu’importe que les tendances religieuses de son discours soient rationnelles ou pas, le fait est, que la croissance, l’évolution et les modifications du mouvement islamique palestinien, dans toutes leurs manifestations, ont suivi un processus rationnel qui fût unique à gaza et dans son histoire.

Aucun autre endroit en Palestine hormis la bande de Gaza était destiné à engendrer un mouvement islamique majeur. La bande était désespérément pauvre, sa population majoritairement composée de réfugiés et de leurs descendants. Les leaders islamiques étaient eux-mêmes des réfugiés et étaient pour la plupart des habitants des camps de réfugiés.

C’est ainsi que le « Hamas » a fait son apparition officielle en 1987 ; poussant la transformation du mouvement islamique à l’étape suivante, avec l’éclatement de la première Intifada palestinienne. Environ 20 ans plus tard, le Hamas a pu se réjouir d’une victoire écrasante lors des élections palestiniennes, une autre preuve de la croissance par étapes et programmée.

Au lieu d’essayer de comprendre et d’apprécier l’histoire de ce mouvement populaire, les pays occidentaux ont répondu par des sanctions, des blocus, et Israël par la mise en place d’un siège étouffant et prolongé qui a culminé avec le massacre le plus sanglant depuis 1948, d’une population palestinienne sans défense.

Les analystes, les politiciens, les critiques et les autres peuvent se quereller sur les origines et l’histoire d’un mouvement qui, parmi beaucoup de choses, a rendu à une large proportion de la société palestinienne sa dignité et son respect d’elle-même, ainsi que le sentiment d’avoir du pouvoir sur l’occupant. Mais argumenter que le Hamas était courtisé par des agents israéliens motivés par la mort des Palestiniens est tout simplement débile.

Ramzy Baroud

Traduction : Comité Action Palestine.




Durban II : cachez-moi cette vérité que je ne saurais voir !

le 3/5/2009 10:00:00 (610 lectures)

 

 Slogan raciste à JérusalemCommuniqué du Comité Action Palestine.

Alors que le texte de la Conférence de 2001 faisait référence en termes plutôt modérés à l’occupation de la Palestine, au droit à l’autodétermination du peuple palestinien, au droit au retour des réfugiés dans leurs foyers et au droit à la sécurité de tous les Etats dans la région, y compris Israël (articles 63 à 65 et 151 de la déclaration finale de Durban I)1, la déclaration finale de 2009 ne mentionne en aucun cas la cause du peuple palestinien, avec la bénédiction de l’autorité collaborationniste palestinienne, qui a accepté ce nouveau diktat des puissances occidentales et de la puissance occupante2 .

Photo : Slogan raciste à Jérusalem

Israël, les Etats-Unis, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas avaient pris la décision de boycotter cette conférence de Durban. Et lors de l’allocution du président iranien Mahmoud Ahmadinejad3 qui a qualifié, très justement, Israël de gouvernement raciste et le sionisme de modèle de racisme, 23 représentants européens présents ont feint d’être scandalisés et sont sortis de la salle, sous les huées des participants. De mauvais comédiens ne sont jamais applaudis mais toujours hués !

Les pays occidentaux, et à leur tête l’Etat d’Israël, fuient le débat rationnel, mais les faits sont têtus et l’histoire ne ment pas, contrairement aux sionistes. La poursuite de l’épuration ethnique en Palestine commencée en 1948, les propos racistes des dirigeants israéliens4 , les massacres de masse sont des faits qui conduisent à un jugement sans appel : Israël est un Etat raciste dont l’objectif est de faire disparaître le peuple palestinien. Faut-il alors s’étonner que les européens apportent leur soutien à un tel Etat ? Non. Tout simplement parce qu’Israël fait partie de cet axe impérialiste et raciste. L’histoire de l’Occident depuis cinq siècles n’est rien d’autre que l’histoire des génocides des peuples en Amérique, en Afrique, en Asie et même en Europe ; elle n’est rien d’autre que l’exploitation des peuples du Sud et le pillage de leurs ressources ; elle n’est rien d’autre que le soutien aux dictatures corrompues qui affament et oppriment leurs peuples. En ce sens, le soutien des Occidentaux à Israël est normal, il fait partie de la famille des démocraties racistes. Lorsque Mr Ahmedinejad leur dit tranquillement que l’Etat sioniste est raciste, quelle réaction pouvions-nous attendre de leur part ? Qu’ils disent au monde entier : « oui Israël, notre rejeton, est raciste, vit de la violence et du vol! » Vont-ils renier l’un des leurs ? Défendre Israël c’est défendre leur camp, ils ont la conscience de leur destin commun construit sur des intérêts communs.

Frantz Fanon avait déjà mis au jour la dimension structurelle du racisme dans les sociétés occidentales : « En fait le racisme obéit à une logique sans faille. Un pays qui vit, tire sa substance de l’exploitation de peuples différents, infériorise ces peuples. Le racisme appliqué à ces peuples est normal » 5 . A Dakar, N. Sarkozy ne pensait pas faire un discours raciste, mais dire ce qu’il croyait être la vérité : «Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès ». « N’est pas assez entré dans l’histoire » signifie tout simplement que l’Africain n’est « pas assez » entré dans la civilisation, celle de l’Europe, de l’homme blanc. L’infériorisation de l’Autre, son assimilation à la nature n’est rien d’autre que le racisme, un racisme normal de la conscience occidentale qui ne se perçoit pas, bien sur, comme une fausse conscience. Au contraire, cette infériorisation, ce rejet de l’homme non-blanc de l’humanité, a le statut de vérité dans la conscience occidentale.

images (12)Mais il existe une autre conscience chez les peuples du Sud : cette conscience des crimes occidentaux, de l’exploitation coloniale et des pillages des richesses. Cette conscience que les valeurs de l’Occident ne sont qu’hypocrisie et mensonge, et qu’elles ont souvent servi de justification aux crimes les plus atroces. Tout écart de l’ordre normé par l’Occident est soumis à l’épreuve des missiles. Toute expérience populaire de la souveraineté retrouvée est soumise à l’épreuve de l’embargo. La plus grande « démocratie » du Proche Orient est celle aussi qui commet l’un des pires crimes coloniaux de l’histoire. On ne peut pas tromper les Palestiniens sur la nature de l’Etat d’Israël : leur vérité c’est la vérité historique, Israël est bel et bien un Etat raciste et criminel. Faut-il dès lors s’étonner ou faire semblant de s’étonner lorsque ces peuples affichent leur haine de l’Occident ?

Ce racisme ne se combat pas avec les idées mais par l’action, la résistance. De toute manière les pays occidentaux ne laissent pas le choix des armes aux peuples dominés et exploités. N’en déplaise aux bonnes âmes occidentales, cette résistance prend des formes violentes mais elle n’est qu’une réponse à l’hyper-violence des pays impérialistes. Les peuples ont compris que cet ennemi impitoyable n’était pas invincible. Les défaites sionistes en 2000, 2006 et 2009 suivent d’autres défaites militaires et politiques de l’Occident depuis la seconde guerre mondiale : la défaite américaine à Cuba puis au Vietnam, celle de la France en Algérie et de la colonisation en général, le démantèlement de l’Apartheid en Afrique du Sud, les défaites actuelles en Afghanistan et en Amérique latine. L’avenir est celui des victoires des peuples du Sud, celui de la solidarité entre les peuples et de la lutte contre le racisme. C’est cette vérité qui fait fuir les Occidentaux à Durban II et ailleurs.

Comité Action Palestine,
1er mai 2009.

Notes

1- http://www.unhchr.ch/pdf/Durban_fr.pdf

Nous citons les articles en question

63. Nous sommes préoccupés par le sort du peuple palestinien vivant sous occupation étrangère. Nous reconnaissons le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et à la création d’un état indépendant, ainsi que le droit à la sécurité de tous les Etats de la région, y compris Israël, et engageons tous les Etats à soutenir le processus de paix et à le mener à bien rapidement.

64. Nous lançons un appel en faveur d’une paix juste, globale et durable dans la région qui permette à tous les peuples de coexister et de vivre dans l’égalité, le justice et la sécurité en exerçant les droits de l’homme reconnus à l’échelle internationale.

65. Nous reconnaissons le droit des réfugiés de regagner librement leurs foyers, dans la dignité et la sécurité, et de recouvrer leurs biens et prions instamment tous les Etats de faciliter ce retour.

151. En ce qui concerne la situation au Moyen-Orient, la Conférence préconise la fin de la violence et la reprise rapide des négociations, le respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire, le respect du principe d’autodétermination et la fin de toutes les souffrances, pour permettre à Israël et aux Palestiniens de reprendre le processus de paix, ainsi que de se développer et de prospérer dans la sécurité et la liberté.

2- http://www.un.org/french/durbanreview2009/pdf/final_outcome_doc.pdf

3- « Ces pays ont envoyé des migrants d’Europe, des États-Unis et d’ailleurs pour établir un « gouvernement totalement raciste » en Palestine occupée et, pour compenser les « sinistres conséquences du racisme en Europe », ont aidé à porter au pouvoir les racistes les plus cruels et les plus durs en Palestine »…/… . « Le moment est venu de briser l’idéal du sionisme, qui est le modèle du racisme », a déclaré le Président iranien. Voir l’intégralité de la du texte de l’intervention sur http://www.aloufok.net/spip.php?article440 .

4- On ne cite ici que deux exemples significatifs parmi de très nombreux propos ouvertement racistes de la classe politique israélienne : « Les Palestiniens sont comme des bêtes marchant sur deux pattes . » Ménahem Begin, discours à la Knesset, 1982 ; «Vous ne pouvez pas apprendre à parler à un singe, et vous ne pouvez pas apprendre à un Arabe à être un démocrate. Vous avez affaire à une culture de voleurs et de bandits. Mahomet, leur prophète, était un bandit, un tueur et un menteur. », Moshe Feiglin, membre du Likoud, cité par le Monde Diplomatique, Mai 2009

5- Frantz Fanon, Pour la révolution africaine, Edition La Découverte, 2001, P. 48.

6- Discours de Dakar, 29 juillet 2007
Source :http://www.elysee.fr/elysee/elysee.fr/francais/interventions/2007/juillet/allocution_a_l_universite_de_dakar.79184.html

 




Durban II : cachez-moi cette vérité que je ne saurais voir !

 

le 3/5/2009 10:00:00 (617 lectures)

 

 Slogan raciste à JérusalemCommuniqué du Comité Action Palestine.

Alors que le texte de la Conférence de 2001 faisait référence en termes plutôt modérés à l’occupation de la Palestine, au droit à l’autodétermination du peuple palestinien, au droit au retour des réfugiés dans leurs foyers et au droit à la sécurité de tous les Etats dans la région, y compris Israël (articles 63 à 65 et 151 de la déclaration finale de Durban I)1, la déclaration finale de 2009 ne mentionne en aucun cas la cause du peuple palestinien, avec la bénédiction de l’autorité collaborationniste palestinienne, qui a accepté ce nouveau diktat des puissances occidentales et de la puissance occupante2 .

Photo : Slogan raciste à Jérusalem

Israël, les Etats-Unis, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas avaient pris la décision de boycotter cette conférence de Durban. Et lors de l’allocution du président iranien Mahmoud Ahmadinejad3 qui a qualifié, très justement, Israël de gouvernement raciste et le sionisme de modèle de racisme, 23 représentants européens présents ont feint d’être scandalisés et sont sortis de la salle, sous les huées des participants. De mauvais comédiens ne sont jamais applaudis mais toujours hués !

Les pays occidentaux, et à leur tête l’Etat d’Israël, fuient le débat rationnel, mais les faits sont têtus et l’histoire ne ment pas, contrairement aux sionistes. La poursuite de l’épuration ethnique en Palestine commencée en 1948, les propos racistes des dirigeants israéliens4 , les massacres de masse sont des faits qui conduisent à un jugement sans appel : Israël est un Etat raciste dont l’objectif est de faire disparaître le peuple palestinien. Faut-il alors s’étonner que les européens apportent leur soutien à un tel Etat ? Non. Tout simplement parce qu’Israël fait partie de cet axe impérialiste et raciste. L’histoire de l’Occident depuis cinq siècles n’est rien d’autre que l’histoire des génocides des peuples en Amérique, en Afrique, en Asie et même en Europe ; elle n’est rien d’autre que l’exploitation des peuples du Sud et le pillage de leurs ressources ; elle n’est rien d’autre que le soutien aux dictatures corrompues qui affament et oppriment leurs peuples. En ce sens, le soutien des Occidentaux à Israël est normal, il fait partie de la famille des démocraties racistes. Lorsque Mr Ahmedinejad leur dit tranquillement que l’Etat sioniste est raciste, quelle réaction pouvions-nous attendre de leur part ? Qu’ils disent au monde entier : « oui Israël, notre rejeton, est raciste, vit de la violence et du vol! » Vont-ils renier l’un des leurs ? Défendre Israël c’est défendre leur camp, ils ont la conscience de leur destin commun construit sur des intérêts communs.

Frantz Fanon avait déjà mis au jour la dimension structurelle du racisme dans les sociétés occidentales : « En fait le racisme obéit à une logique sans faille. Un pays qui vit, tire sa substance de l’exploitation de peuples différents, infériorise ces peuples. Le racisme appliqué à ces peuples est normal » 5 . A Dakar, N. Sarkozy ne pensait pas faire un discours raciste, mais dire ce qu’il croyait être la vérité : «Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès ». « N’est pas assez entré dans l’histoire » signifie tout simplement que l’Africain n’est « pas assez » entré dans la civilisation, celle de l’Europe, de l’homme blanc. L’infériorisation de l’Autre, son assimilation à la nature n’est rien d’autre que le racisme, un racisme normal de la conscience occidentale qui ne se perçoit pas, bien sur, comme une fausse conscience. Au contraire, cette infériorisation, ce rejet de l’homme non-blanc de l’humanité, a le statut de vérité dans la conscience occidentale.

Mais il existe une autre conscience chez les peuples du Sud : cette conscience des crimes occidentaux, de l’exploitation coloniale et des pillages des richesses. Cette conscience que les valeurs de l’Occident ne sont qu’hypocrisie et mensonge, et qu’elles ont souvent servi de justification aux crimes les plus atroces. Tout écart de l’ordre normé par l’Occident est soumis à l’épreuve des missiles. Toute expérience populaire de la souveraineté retrouvée est soumise à l’épreuve de l’embargo. La plus grande « démocratie » du Proche Orient est celle aussi qui commet l’un des pires crimes coloniaux de l’histoire. On ne peut pas tromper les Palestiniens sur la nature de l’Etat d’Israël : leur vérité c’est la vérité historique, Israël est bel et bien un Etat raciste et criminel. Faut-il dès lors s’étonner ou faire semblant de s’étonner lorsque ces peuples affichent leur haine de l’Occident ?

Ce racisme ne se combat pas avec les idées mais par l’action, la résistance. De toute manière les pays occidentaux ne laissent pas le choix des armes aux peuples dominés et exploités. N’en déplaise aux bonnes âmes occidentales, cette résistance prend des formes violentes mais elle n’est qu’une réponse à l’hyper-violence des pays impérialistes. Les peuples ont compris que cet ennemi impitoyable n’était pas invincible. Les défaites sionistes en 2000, 2006 et 2009 suivent d’autres défaites militaires et politiques de l’Occident depuis la seconde guerre mondiale : la défaite américaine à Cuba puis au Vietnam, celle de la France en Algérie et de la colonisation en général, le démantèlement de l’Apartheid en Afrique du Sud, les défaites actuelles en Afghanistan et en Amérique latine. L’avenir est celui des victoires des peuples du Sud, celui de la solidarité entre les peuples et de la lutte contre le racisme. C’est cette vérité qui fait fuir les Occidentaux à Durban II et ailleurs.

Comité Action Palestine,
1er mai 2009.

Notes

1- http://www.unhchr.ch/pdf/Durban_fr.pdf

Nous citons les articles en question

63. Nous sommes préoccupés par le sort du peuple palestinien vivant sous occupation étrangère. Nous reconnaissons le droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et à la création d’un état indépendant, ainsi que le droit à la sécurité de tous les Etats de la région, y compris Israël, et engageons tous les Etats à soutenir le processus de paix et à le mener à bien rapidement.

64. Nous lançons un appel en faveur d’une paix juste, globale et durable dans la région qui permette à tous les peuples de coexister et de vivre dans l’égalité, le justice et la sécurité en exerçant les droits de l’homme reconnus à l’échelle internationale.

65. Nous reconnaissons le droit des réfugiés de regagner librement leurs foyers, dans la dignité et la sécurité, et de recouvrer leurs biens et prions instamment tous les Etats de faciliter ce retour.

151. En ce qui concerne la situation au Moyen-Orient, la Conférence préconise la fin de la violence et la reprise rapide des négociations, le respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire, le respect du principe d’autodétermination et la fin de toutes les souffrances, pour permettre à Israël et aux Palestiniens de reprendre le processus de paix, ainsi que de se développer et de prospérer dans la sécurité et la liberté.

2- http://www.un.org/french/durbanreview2009/pdf/final_outcome_doc.pdf

3- « Ces pays ont envoyé des migrants d’Europe, des États-Unis et d’ailleurs pour établir un « gouvernement totalement raciste » en Palestine occupée et, pour compenser les « sinistres conséquences du racisme en Europe », ont aidé à porter au pouvoir les racistes les plus cruels et les plus durs en Palestine »…/… . « Le moment est venu de briser l’idéal du sionisme, qui est le modèle du racisme », a déclaré le Président iranien. Voir l’intégralité de la du texte de l’intervention sur http://www.aloufok.net/spip.php?article440 .

4- On ne cite ici que deux exemples significatifs parmi de très nombreux propos ouvertement racistes de la classe politique israélienne : « Les Palestiniens sont comme des bêtes marchant sur deux pattes . » Ménahem Begin, discours à la Knesset, 1982 ; «Vous ne pouvez pas apprendre à parler à un singe, et vous ne pouvez pas apprendre à un Arabe à être un démocrate. Vous avez affaire à une culture de voleurs et de bandits. Mahomet, leur prophète, était un bandit, un tueur et un menteur. », Moshe Feiglin, membre du Likoud, cité par le Monde Diplomatique, Mai 2009

5- Frantz Fanon, Pour la révolution africaine, Edition La Découverte, 2001, P. 48.

6- Discours de Dakar, 29 juillet 2007
Source :http://www.elysee.fr/elysee/elysee.fr/francais/interventions/2007/juillet/allocution_a_l_universite_de_dakar.79184.html




La terre parle arabe

l’occasion de la Journée de la Terre en Palestine 

 

Le COMITE ACTION PALESTINE

vous invite
à une projection-débat du film


« La Terre parle arabe », de Maryse Gargour


Le vendredi 27 mars 2009 à 20h15


A l’Athénée Municipal,
Bordeaux

« La Terre parle arabe » soulève une vérité brûlante, celle du nettoyage et de la spoliation de la terre palestinienne par les sionistes.

Fin XIXème le sionisme, mouvement politique colonialiste juif, apparaît sur la scène internationale. Son but est de créer un Etat pour les Juifs quelque part dans le monde, mais de préférence en Palestine. Cependant cette terre palestinienne parle arabe et se trouve habitée par un peuple, les Palestiniens.

Les leaders sionistes élaborent alors une solution bien avant la déclaration Balfour de 1917. Il s’agit de penser d’abord, puis d’organiser le transfert de la population locale palestinienne hors de sa terre. Tous les moyens seront utilisés pour cela et en particulier la force brutale. Ce projet, élaboré en secret dans les premières années, sera progressivement mis en avant par ses leaders après la grande révolte palestinienne de 1936 au cours de laquelle toutes les formes d’oppositions à ce projet par les Palestiniens seront fortement réprimées par la puissance mandataire britannique.

Le film de Maryse Gargour est construit essentiellement sur des citations des leaders sionistes, sur des archives audiovisuelles inédites, sur la presse de l’époque et sur des documents diplomatiques occidentaux croisés avec des témoignages de personnes ayant vécu directement cette période. Le fil conducteur historique est donné par l’historien Nur Masalha.

Maryse Gargour est née à Jaffa en Palestine. Diplômée de l’Institut Français de Presse, elle a travaillé comme journaliste et productrice à l’Office de la Radio-Diffusion-Télévision française à Beyrouth puis a rejoint l’Unesco (Paris) au Conseil International du Cinéma et de la Télévision. Elle est aussi journaliste indépendante pour des chaînes de TV étrangères à Paris. Elle a écrit et réalisé 4 films documentaires sur la Palestine (1988, 1998, 1999).

Adapté d’un texte de S. Mansour

Ce que les sionistes reprochent à la « Terre parle arabe » : « Tout film historique se doit de parler de la Shoah » 

Ce film a déclenché une polémique au dernier Festival International de la production audiovisuelle (FIPA) à Biarritz, les sionistes présents lui reprochant de ne pas évoquer le génocide des juifs par les Nazis, ceci à grand renfort de hurlements dans la salle et de démarches pour empêcher une deuxième projection du film. « Bien sûr ce n’est pas du négationnisme, dit l’en d’entre eux, mais c’est de l’omissionisme ! »  Et quand un journaliste lui demande si la Shoah justifiait l’expulsion des Palestiniens, il répond « Non, pas du tout, mais tout film historique se doit de parler de la Shoah» !!! Le sélectionneur de la FIPA, Pierre-Henri Deleau, accusé par certains d’avoir osé sélectionner un tel film, ne se démonte pas et maintient son droit à choisir les films qu’il juge intéressants. Les sionistes font tout pour que le film ne trouve pas de diffuseur en France et pour empêcher la sortie en salles de « La Terre Parle Arabe ».

http://www.bakchich.info/Polemique-autour-du-sionisme.html

Qu’est ce que la Journée de la terre ?

Le 30 mars 1976, six Palestiniens de 48 (c’est-à-dire ceux qui ont pu rester en 1948 après la création par la force de l’état d’Israël) étaient abattus par l’armée d’occupation d’Israël, 96 blessés et 300 autres étaient arrêtés. Leur crime ? Avoir manifesté contre l’État sioniste qui avait confisqué et déclaré “ zone militaire ” 1700 hectares appartenant à des villages palestiniens.

Depuis, tous les 30 mars, la “ Journée de la Terre ” commémore cet événement partout dans le monde où se trouvent les défenseurs des droits du peuple palestinien.

Cette journée est avant tout symbolique. Rappelons qu’en 1948, l’Etat juif avait détruit plus de 500 villages et expulsé près d’un million de Palestiniens (ils sont aujourd’hui près de 5 millions de réfugiés) à qui on ne reconnaît toujours pas le droit de retour La majeure partie des terres palestiniennes avait été confisquée dans la perspective de fonder le “ Grand Israël ”. Dès lors, cette politique de confiscation des terres en vue de judaïser la Palestine (c’est-à-dire voler des terres aux Palestiniens pour les donner aux juifs), s’est poursuivie sans relâche et s’intensifie, accumulant crimes de masses, assassinats de leaders politiques et emprisonnements de résistants : la colonisation de toute la Palestine est inscrite au cœur du projet sioniste, soutenu par l’Occident et notamment par les USA et la France.




Comment expliquer le succès du Hamas ?

le 24/2/2009 1:00:00 (597 lectures)

 

 hamasDans une interview réalisée par Michel Collon et Grégoire Lalieu, Mohamed Hassan, un grand spécialiste du Moyen-Orient, entreprend d’expliquer dans un langage clair et percutant l’ascension du Hamas tout en combattant un certain nombre de clichés véhiculés en Europe sur le mouvement islamiste. Le succès du Hamas et le dépérissement conjoint du Fatah deviennent intelligibles si on les resitue dans une perspective historique et si l’on questionne le rôle qu’ils ont joué face à la colonisation israélienne.D’un côté, l’OLP et le Fatah, qui incarnaient initialement la résistance, ont subi de lourdes défaites face l’occupant sioniste en 1970 et 1982 puis ont fini par capituler en négociant les Accords d’Oslo en 1993 dans lesquels la Palestine disparaissait quasiment de la carte. De l’autre côté, le Hamas, mouvement plus jeune, a su incarner la résistance populaire, en participant sur le terrain à la première intifada, en nettoyant Gaza des réseaux de collaborateurs, en revendiquant le droit au retour des réfugiés comme un droit non négociable. Le peuple palestinien reconnait le Hamas comme son représentant légitime car il symbolise nationalisme et résistance face à Israël et à une autorité palestinienne corrompue et collaboratrice.

En Europe, les partis et organisations de gauche refusent d’apporter leur soutien au Hamas par préjugés anti-musulmans. Des préjugés fortement ancrés liés à une éducation dans une civilisation qui a toujours perçu négativement l’islam. La conséquence politique de ce rejet épidermique de tout mouvement islamiste, c’est que la gauche européenne fait aujourd’hui le jeu du camp impérialiste, en acceptant la guerre des civilisations des chrétiens contre les musulmans chère au pouvoir américain.

 


 hamas mechaal haniyeh zaharINTERVIEW : Grégoire Lalieu et Michel Collon

Pour les grands médias, l’affaire semble entendue : le Hamas est terroriste, intégriste et fanatique. Pourtant, ce mouvement a gagné les dernières élections et sa popularité ne cesse de croître auprès des Palestiniens. Pourquoi ? Nous l’avons demandé à Mohamed Hassan, auteur de L’Irak face à l’occupation, et un des meilleurs spécialistes du Moyen-Orient…

 

Qu’est réellement le Hamas ?

Le Hamas est un mouvement politique issu d’un des plus vieux mouvements politiques d’Egypte, les Frères Musulmans. Le mot « Hamas » signifie l’éveil, il fait référence à quelque chose en éruption… C’est un mouvement nationaliste islamiste que l’on pourrait comparer au mouvement nationaliste irlandais. Face à l’occupation coloniale de l’Irlande par les Britanniques, se développa à partir de 1916 un mouvement de résistance, l’Irish Republican Army. Comme les Irlandais étaient catholiques et les colons britanniques protestants, l’occupant tenta d’en faire une guerre de religions. La religion peut être utilisée pour mobiliser un peuple pour une cause.

 

 

Quel contexte historique explique l’émergence du Hamas ?

Pour le comprendre, nous devons prendre en considération différents événements historiques. Le premier est la guerre des Six Jours qui discrédita le nassérisme en 1967. Nasser était un président égyptien qui encouragea une révolution arabe pour l’indépendance et le développement. Suite à la sévère défaite que lui infligea Israël, son idéologie perdit en influence. Après sa mort, l’Egypte et Israël entrèrent à nouveau en conflit lors de la guerre d’Octobre en 1973. L’Egypte et la Syrie voulait récupérer des territoires sous occupation israélienne. Finalement, l’Egypte et Israël signèrent un accord, mais cet événement marqua une profonde division dans le monde arabe entre les pays qui étaient prêts à accepter les conditions israéliennes et ceux qui voulaient résister comme la Syrie, l’Algérie, l’Irak… Bien sûr, la question palestinienne restait un élément crucial dans ces conflits. La résistance à Israël avait d’ailleurs mené à la formation de l’OLP, l’Organisation pour la Libération de la Palestine. Cette organisation a été créée dans le but de rassembler les différents mouvements de résistance pour allier leurs efforts dans la résistance à Israël. Avant de négocier avec cette organisation lors des accords d’Oslo, Israël la considérait comme un groupe terroriste et lui infligea plusieurs défaites qui peuvent expliquer l’émergence du Hamas.

La première défaite survint avec le septembre noir de 1970. L’OLP avait son quartier général en Jordanie où le roi Hussein négocia un accord avec Israël pour réprimer brutalement l’insurrection palestinienne. L’OLP fut alors obligée de fuir vers Beyrouth. La seconde importante défaite survint en 1982. Israël attaqua le Liban et la plupart des combattants de l’OLP durent partir très loin de la Palestine. Le QG de l’organisation fut établi à Tunis. C’est dans ce contexte particulier qu’arrive la première Intifada en 1987. L’Intifada était un soulèvement populaire en réaction à l’occupation israélienne qui a démarré à Gaza et a ensuite gagné la Palestine tout entière. Comme je l’ai dit, l’OLP se situait très loin à ce moment-là. Le Hamas au contraire se trouvait en Palestine et prit part à l’Intifada. Cet événement marque l’arrivée de ce mouvement qui débuta dans les prisons ! Les prisons étaient habituellement considérées comme un lieu de punition. Mais après que des résistants de l’Intifada furent emprisonnés, la donne changea ! C’est dans les prisons que le Hamas commença à recruter et à se développer en tant qu’organisation. Avec l’Intifada, le Hamas fut exposé à l’opinion palestinienne, l’opinion israélienne et l’opinion internationale.

 

 

Comment l’OLP réagit-elle à l’Intifada ?

Avec l’Intifada, l’OLP se divisa en deux ailes : la plus forte qui voulait continuer la résistance et qui était basée à Tunis et une autre moins importante qui voulait négocier un accord. Ces membres-là se cachaient et n’eurent pas le courage de défendre leurs opinions jusqu’aux accords d’Oslo où ils se manifestèrent au grand jour et devinrent plus forts. Arafat était un tacticien et après la fin de la première Intifada, il utilisa les différents courants palestiniens dans le but de ramener l’OLP en Palestine.

 

 

Quelles étaient ces lignes ?

D’abord, vous avez ceux qui voulaient continuer le combat contre Israël sans concession. Arafat devait les marginaliser pour obtenir quelque chose. D’un autre côté, vous avez ceux qui voulaient capituler, et ils dirigent le gouvernement palestinien aujourd’hui. Enfin, il y a la bourgeoisie qui souhaitait tirer profit d’une négociation. Arafat les utilisa pour obtenir ce qu’il voulait. Cela nous mène aux Accords d’Oslo en 1993. Ces accords ont permis à l’OLP de revenir en Palestine mais à part ça, ce fut une grande défaite. Les Palestiniens acceptèrent 22% de leurs terres. Il n’y a aucun accord dans l’Histoire qui confère à une partie seulement 22% de ce qu’elle demandait ! L’OLP n’était plus considérée comme une organisation terroriste et gagna la reconnaissance d’Israël, mais elle réussit pas à réellement améliorer la situation à Gaza et en Cisjordanie. Rien dans l’accord n’a été mentionné pour mettre fin à la colonisation israélienne. Cet élément a discrédité l’autorité palestinienne auprès de la population et a aussi contribué au succès du Hamas en tant que mouvement de résistance. Un autre élément important est le fait que l’autorité palestinienne, qui recevait des fonds de l’Occident, est devenue corrompue. Rien n’indique que le Hamas ait ce problème. D’une part, ses principales sources de revenus proviennent d’un système basé sur la charité dans le monde musulman. D’autre part, vu qu’ils critiquent l’autorité palestinienne sur le problème de la corruption, ils veillent sérieusement à ce que cela ne se produise pas dans leurs rangs.

 

 

Comment expliquer le succès du Hamas ?

Trois facteurs expliquent le succès du Hamas. Le premier est le maintien de la résistance et le refus de toute solution imposée, ce qui correspond à la volonté de la population. Le second facteur est que le Hamas exige le retour des réfugiés de 1948 et de 1967. En 1948, après la création de l’Etat d’Israël, beaucoup de Palestiniens furent expulsés du territoire. Avec la guerre des Six Jours en 1967, environ 300.000 réfugiés partirent en Jordanie. Aujourd’hui, c’est plus de six millions de réfugiés qui n’ont pas le droit de revenir dans leur pays ! En revanche, en tant qu’Etat juif, Israël accueille n’importe quel juif de n’importe où : Espagne, Russie, Ethiopie… Des personnes qui n’ont jamais été vues en Palestine auparavant! La question des réfugiés est un élément important des revendications palestiniennes dont le Hamas s’est fait le porte-parole.

Le dernier facteur qui a contribué au succès du Hamas est l’élimination au sein de la communauté palestinienne des personnes corrompues par Israël pour obtenir des informations. Quelques-uns ont été éliminés physiquement et la plupart – des délinquants, des alcooliques ou des dealers – ont été réintégrés via les programmes sociaux du Hamas. L’information ne circulait donc plus. C’est très important. Israël avait créé une société corrompue où tout le monde était contre tout le monde et a exploité cela pour construire un réseau d’informations et établir un certain contrôle sur la résistance palestinienne. C’est typique d’une mentalité coloniale. Les Britanniques ont appliqué cela en Irlande du Nord. Rien de nouveau. Mais le Hamas a réussi à détruire ce réseau, ce qui constitue une grande victoire sur Israël.

 

 

Certains disent qu’Israël a délibérément favorisé l’ascension du Hamas. Est-ce vrai ?

Pas du tout ! Il n’y en a aucune preuve. Israël a toléré le Hamas en espérant que surviennent des conflits interpalestiniens. Ils voulaient affaiblir l’OLP et le Fatah. Mais ils ne s’attendaient pas à la qualité, la capacité et l’organisation dont a fait preuve le Hamas en se développant de telle manière. Toute puissance coloniale considère immanquablement ses sujets comme des enfants naïfs.

 

 

Comment un mouvement islamiste est-il devenu si populaire en Palestine?

Sous l’occupation à Gaza et dans les autres territoires, il n’était pas possible pour les Palestiniens de discuter ouvertement ou même d’imaginer leur futur excepté dans deux endroits : la mosquée et l’université. Le Hamas était bien entendu déjà actif dans le premier. Mais il a ensuite commencé, comme n’importe quel autre parti politique, à se manifester dans les organisations étudiantes. Le marché est ouvert pour tous les partis ! Le Hamas a donc recruté de jeunes étudiants brillants, qui étaient bien perçus dans la société en raison de leur dévouement et de leur honnêteté. C’était facile pour le Hamas de les convaincre, car la volonté de résister les unissait. Il n’y a pas de mystère! Le Hamas exprime ouvertement ce que la population ressent dans son cœur. Avec les éléments les plus combatifs, les plus intelligents et les plus éduqués de la société, le Hamas est devenu une grande organisation.

 

 

Comment les autorités palestiniennes ont-elles réagi à l’évolution du Hamas ?

Elles ont été touchées par la corruption et les scandales. Même des journalistes palestiniens les ont condamnées pour ça. Arafat était une espèce d’arbitre entre les différentes factions. Mais après sa mort, les contradictions entre le Hamas et le Fatah sont devenues antagoniques. Israël a exploité ces dissensions et a entrepris d’utiliser le Fatah pour entamer la popularité du Hamas. Ils pensaient que celui-ci n’accepterait pas de participer à des élections. C’est pourquoi ils mirent vite sur pied un scrutin. Tout le monde fut surpris que le Hamas accepte de participer, mais personne ne fut réellement inquiet. Ils pensaient en effet que le mouvement, en présentant une manière de penser dogmatique et très limitée, serait vaincu par le parti majoritaire. Contre toute attente, le Hamas créa une coalition et offrit une image flexible, très loin de ce qu’on aurait pu attendre d’une organisation fondamentaliste. En fait, le Hamas souhaite un Etat islamiste mais la réalité est différente.

 

 

Le Hamas va-t-il ou non instaurer un régime islamiste en Palestine ?

Un régime islamiste est le but ultime du programme du Hamas, mais il faut comprendre qu’il ne pourra jamais l’appliquer. En effet, sur le terrain, l’organisation est basée sur un mouvement patriotique. Il faut savoir que la guerre brutale menée par Israël contre Gaza n’a pas seulement mobilisé les forces du Hamas, mais bien toutes les forces patriotiques, y compris celles du Fatah. Cette agression a unifié le peuple palestinien. Le Hamas peut-il devenir un mouvement plus progressiste en alliance avec d’autres mouvements ? Oui, en raison de l’agression israélienne. L’idée que le Hamas puisse créer une société basée sur des modes de productions islamistes est une illusion. C’est tout simplement impossible. Sur bien des points, cette organisation ressemble au Hezbollah qui dit : « Le Liban est un pays d’une grande diversité, nous n’en représentons qu’une fraction et notre but est d’édifier avec tous les progressistes libanais une économie nationale indépendante. » Je voudrais vous faire remarquer au passage que personne ne pose ce genre de question pour des pays comme l’Arabie Saoudite.

 

 

Quel est le programme socio-économique du Hamas ?

Leur projet est une économie capitaliste marquée par une intervention importante de l’Etat. Notons qu’actuellement, même les libéraux européens souhaitent une intervention de l’Etat ! Si vous regardez l’Iran, vous avez un régime islamiste : du capitalisme avec une intervention de l’Etat. Mais ils refusent les dominations extérieures et redistribuent les richesses provenant du pétrole. En ce qui concerne le Hamas, il faut savoir que ce n’est pas essentiellement leur programme social qui a séduit les Palestiniens mais bien le fait que ce mouvement incarne la résistance. Et aujourd’hui, la résistance est ce qui compte le plus pour le peuple de Palestine.

 

 

Quel est le rôle de la femme selon le Hamas ?

Leur vision de la femme en théorie et en pratique est différente. Pourquoi ? En Palestine, la situation est très difficile. Les femmes doivent travailler pour gagner leur propre croûte et élever leurs enfants. Le Hamas ne pourra jamais les empêcher de travailler et les forcer à rentrer à la maison. À part quelques riches pays pétroliers, personne ne pense comme ça dans le monde arabe. Comment le Hamas pourrait-il retirer de la société plus de 50% des éléments les plus actifs de la société palestinienne ? En fait, celui qui ne respecte pas la femme est celui qui croit qu’il est possible de la contrôler comme un sujet passif.

Il y a des différences culturelles entre le monde arabe et l’Occident qui ne sont pas bien comprises parce qu’elles reposent sur des clichés. Prenons un exemple. Quand vous allez dans une librairie par ici, vous voyez des tas de magazines avec des blondes nues aux gros seins sur les couvertures… Personne ne se dit que c’est dégoûtant et que ces femmes devraient être mieux traitées. Mais quand on voit une femme portant un foulard, on parle d’oppression ! Il y a une sorte d’hypocrisie en Occident. Par exemple, en Indonésie, le régime actuel a été mis en place en 1965 par un coup d’Etat au cours duquel un million de communistes ont été massacrés. Aujourd’hui, la plupart des femmes portent le foulard là-bas. Mais personne ne s’indigne de leur situation, car ce pays produit du pétrole et est aligné sur l’Occident.

 

 

Pourquoi le Hamas est-il rejeté en Europe ?

L’islam n’est pas bien vu en Europe parce que cette dernière s’identifie au christianisme. Il y a un réel rejet de la contribution musulmane au développement de la civilisation occidentale. En tant que groupe islamiste, le Hamas est donc mal perçu. Mais pourquoi une personne, qui condamne le sionisme, a-t-elle un problème avec le Hamas? Et pourquoi la même personne, qui soutient la cause irlandaise, n’a-t-elle aucun souci en ce qui concerne une organisation catholique ? Les différences culturelles expliquent cela et c’est un phénomène que l’on peut observer.

Je reviens juste d’Egypte. J’ai pu constater qu’en traversant la Méditerranée, on change de monde, on change de façon de penser. Je ne blâme pas les Européens, ils sont marqués par leur éducation et la propagande médiatique. De plus, nous sommes dans un système où nous devons toujours identifier des ennemis pour justifier notre propre existence. Mais je crois qu’il faut faire la part des choses. Moi-même, en tant que marxiste vivant dans un pays occidental, j’ai bien sûr des contradictions avec le Hamas ou le Hezbollah. Je regrette que la résistance soit menée par un mouvement qui prend son inspiration dans l’Islam. Mais ces contradictions sont secondaires actuellement. En revanche, je suis complètement opposé à des personnes telles qu’Abbas ou Moubarak, qui sont des laïcs mais qui servent les intérêts des Etats-Unis. Je lis les infos en arabe, je connais bien la situation là-bas et je perçois les contradictions d’un point de vue différent de celui de la gauche européenne.

 

 

Pourquoi la gauche européenne ne supporte-t-elle pas ouvertement la résistance palestinienne ?

Le problème de la gauche européenne, c’est qu’elle refuse de faire une grande alliance contre l’impérialisme, à cause du Hamas, des femmes voilées et de toutes sortes de prétextes. En fait, elle se laisse aller à la grande alliance des Chrétiens contre l’Islam, elle rentre dans la ‘guerre des civilisations’ lancée par les idéologues américains. Elle subit très profondément cette influence, beaucoup plus qu’elle ne le croit. Pourquoi la gauche européenne ne s’énerve-t-elle pas lorsque des fascistes chrétiens, comme les phalangistes, massacrent au Liban ? Pour ma part, en tant que laïc, j’ai soutenu la résistance des Irlandais contre l’occupation britannique et je n’avais aucun problème avec le fait que ces Irlandais étaient catholiques. En fait, le problème de l’Européen, c’est qu’il a été élevé dans une civilisation qui a des préjugés sur les juifs et les musulmans.

Pourquoi la question palestinienne est-elle si importante pour les Etats-Unis ?

La Palestine est un petit pays qui est malgré tout devenu l’un des enjeux les plus importants dans le monde pour deux raisons. La première est que l’Etat colon qui a été créé, doit être défendu par les puissances impériales, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, pour devenir l’élément dominant du Moyen-Orient. C’est un moyen d’écraser le mouvement révolutionnaire démocratique dans la région. Si vous écrasez la question palestinienne, vous empêchez une alliance du monde arabe avec toutes les lignes de résistance en Irak, au Liban… Avant, c’était le Shah d’Iran qui jouait le rôle de policier dans la région. Les Etats-Unis avaient placé une dictature militaire pour servir leurs intérêts dans la région. Aujourd’hui, c’est Israël. L’un des exemples les plus marquants de cette pratique est la révolution dans le Yémen du Nord dans les années 60. Un putsch avait été lancé par quelques officiers soutenus par l’Egypte pour instaurer une république démocratique. Le Cheik qui dirigeait le Yémen s’enfuit en Arabie Saoudite. Alors, les Britanniques organisèrent des troupes contre la jeune république pour écraser le mouvement nationaliste arabe et des soldats, entraînés par Israël, furent impliqués pour combattre les forces de libération. Israël envoya également des milices au Salvador, au Sri Lanka, en Colombie… En fait, partout où les Etats-Unis sont impliqués, Israël était ou est impliqué.

La seconde raison est l’enjeu de Jérusalem en tant que ville sainte. C’est la seconde ville en ordre d’importance pour l’Islam. La question mobilise donc tous les musulmans à travers le monde. Jérusalem est aussi très importante pour les chrétiens palestiniens. Israël ne l’abandonnera pas. Ce serait considéré comme une victoire pour les Palestiniens et l’Islam. De plus, située sur la frontière entre Israël et la Cisjordanie, Jérusalem occupe une position stratégique dans la politique d’expansion israélienne. En fait, il faut savoir que cet Etat n’a pas de frontières bien définies. Il n’a même pas de constitution ! Israël a donc les coudées franches pour continuer à s’étendre.

 

 

En massacrant aussi sauvagement à Gaza, quel message Israël veut-il faire passer ?

Le message est : « Israël sera toujours là, même avec l’arme nucléaire. Il peut vous imposer ce qu’il veut ».

 

Et ça marchera ?

Non, parce que de l’autre côté il y a des combattants qui n’ont plus rien à perdre et qui sont prêts à se sacrifier, chose que l’on ne trouvera pas dans les rangs de Tsahal. Avec son attaque, Israël n’a rien obtenu sur le fond. Tout du contraire, le Hamas va ressortir renforcé de ce conflit. Même en Cisjordanie, les gens disent que s’il y avait des élections, ils voteraient pour ce parti. En fait, ceux qui résistent gagnent toujours.

 

10 février 2009




L’Etat d’Israël ou la légitimité introuvable

Dans cette analyse, le Comité Action Palestine revient sur une question fondamentale : l’Etat d’Israël peut-il avoir une légitimité ?

Le texte rappelle un principe aussi essentiel qu’élémentaire en droit politique : force ne fait pas droit. Le problème de tout pouvoir est celui de la durée : pour se conserver, le pouvoir ne peut s’appuyer sur la seule force. Il a besoin d’être reconnu comme légitime par ceux sur lesquels il s’exerce.

Le Comité Action Palestine avance ici l’hypothèse que l’entité sioniste est vouée à dépérir de ses propres contradictions. Ce qui donne corps à cette hypothèse, c’est l’analyse d’un processus historique dans lequel la violence criminelle que l’Etat juif n’a cessé d’exercer sur le peuple palestinien entre en conflit avec sa quête de légitimité. Autant, en effet, demander aux Palestiniens qu’ils reconnaissent la légitimité de leur négation et qu’ils renoncent à exercer leur droit légitime de résistance, droit auquel le Hamas ne renonce pas.

Le peuple palestinien refuse de se soumettre. Les sionistes enragent, car en 60 ans de massacres, de vols et de nettoyage ethnique, ils n’ont pu obtenir la moindre reconnaissance des Palestiniens.

Certes, ils diront que la reconnaissance d’Israël a été obtenue de l’URSS, de l’Angleterre, de la France, des Etats-Unis. Mais il s’agit là d’une reconnaissance nulle de droit, puisqu’elle provient de puissances étrangères coloniales, qui ont accordé aux sionistes un territoire qui n’était pas le leur. Cette « reconnaissance d’Israël » s’est donc faite au détriment des principaux intéressés, les Palestiniens. Ceux-ci n’ont bien sûr jamais été consultés sur une question qui engageait pourtant leur destin ainsi que celui de leurs descendants. Il s’agit donc bien là d’un procédé pervers, de type colonial, et non d’une procédure conforme au droit.

Cela, Israël ne peut l’ignorer. Car, en l’absence d’une reconnaissance – de droit – qu’il ne parvient pas à arracher à ceux qui lui résistent depuis plus de 60 ans, son existence se trouve compromise. Et ce, dans un avenir peut-être pas si éloigné que cela…


L’état d’Israël ou la légitimité introuvable

Si tous les Etats naissent de la violence – et l’histoire du régime sioniste en dit long là-dessus – ils ne peuvent se maintenir dans la durée sans que leur domination soit reconnue comme juste par ceux sur lesquels elle s’exerce. Faute de cette légitimité, ils sont réduits à une guerre sans fin.

Ainsi les sionistes étaient-ils confrontés à cette double question, politiquement essentielle :

1) Comment s’emparer du pouvoir sur la Palestine ?

2) Comment en faire reconnaître la légitimité ? Question plus redoutable encore du fait que le territoire sur lequel ils voulaient fonder leur Etat n’était pas le leur.

A première vue insoluble, elle fut pourtant résolue en partie grâce à l’active complicité de la Grande-Bretagne qui, approuvant la Déclaration Balfour (1917) et l’établissement d’un foyer national juif en Palestine, enfonçait un coin dans le territoire de la Palestine. Quant à la guerre israélo-arabe qui suivit le plan de partition de l’ONU et la proclamation de l’ « Etat hébreu », ils la gagnèrent surtout grâce aux armes anglaises.

Et ils purent encore, détruisant les villages et massacrant leurs habitants, expulser d’un coup par la terreur 800 000 Palestiniens, et rester maîtres du terrain : le crime de guerre comme fondement de la propriété du sol.

Mais Israël reste un Etat de fait. Faute d’accord palestinien, l’épineuse question de sa légitimité reste en suspens.
Les sionistes diront que cette reconnaissance d’Israël a été bien accordée, dès 1948 par l’URSS, en 1949 par l’ONU, dont Israël est devenu membre, par les Etats-Unis, l’Angleterre et la France en 1950, etc. Mais comme on s’est bien gardé de consulter les Palestiniens, que la question intéressait pourtant au premier chef, puisqu’elle devait décider de leur destin, cela relève davantage d’un procédé pervers que d’une procédure conforme au droit.

Quelle que soit la forme de tels actes de reconnaissance, de quel droit exige-t-on des Palestiniens, qui n’y ont pas été associés, qu’ils en acceptent les conséquences ? Même si c’est à leur détriment comme en 1950, lorsque la déclaration anglo-franco-américaine reconnut Israël et ses conquêtes de 1948-49, autrement dit la légitimité de leur dépossession ?

Conclus entre tiers, les engagements pris contre eux n’ont pas pour eux force de loi. Car la reconnaissance de la légitimité de l’Etat d’Israël est venue de nations étrangères auxquelles elle ne coûtait rien, puisque ce n’est pas sur leur territoire que le nouvel Etat voulait s’établir, ni leur peuple, autrement dit elles-mêmes, qu’elle condamnait à la mort ou à l’exil…

Et comme ces puissances étrangères n’y perdaient rien, mais tiraient de cette reconnaissance des avantages parfois inavouables dont elles avaient tout à gagner tandis que les Palestiniens avaient – jusqu’à leur existence même – tout à y perdre, les condamnations et les menaces de guerre totale auxquelles les expose leur refus d’y souscrire sont irrecevables et criminelles.

Impuissants à obtenir des Palestiniens qu’ils reconnaissent la légitimité de leur Etat, les sionistes sont réduits à l’emploi de deux moyens : le marchandage ou la guerre exterminatrice. Sans plus de succès d’un côté que de l’autre.

Les négociations d’Oslo de 1993, où Israël et l’OLP se reconnaissent mutuellement, puis la promesse d’une Autorité palestinienne, signée par Arafat et Rabin en présence de Clinton, la fameuse poignée de main, apportent un espoir trompeur aux colombes sionistes qui rêvent à la fois de paix et de légitimité.

Mais en 95 Rabin est assassiné par l’extrême-droite juive, en 96 la droite revient au pouvoir et en 2000 Sharon traverse l’Esplanades des Mosquées et déclenche la deuxième Intifada. Tout est fini.

On peut noter qu’après tant d’années de guerre, la recherche de la paix et de la légitimité réciproque éveille inévitablement des soupçons dans les deux camps. On flaire la ruse de l’ennemi, l’usage de la corruption. Des voix s’élèvent et accusent, à tort ou à raison, les chefs de trahir le peuple.

Ainsi, privés peu à peu de leur soutien populaire, ils perdent leur autorité et les engagements qu’ils peuvent signer restent sans force. Que vaut alors une légitimation de cette sorte ?

Reste la guerre. Comme si l’on pouvait obtenir des consciences la reconnaissance de sa propre légitimité, avec les mêmes moyens que ceux dont on a usé victorieusement lors des conquêtes territoriales militaires.
Décidément, la force rend bête. Qui a gagné la guerre a prouvé qu’il était le plus fort. Il n’a pas prouvé que la guerre était juste. Le droit du plus fort n’est pas le droit.

L’ « ultima ratio regis », le dernier argument du roi, gravé sur le fût des canons de Louis XIV, n’est pas un argument juridique.

La guerre coloniale, asymétrique par définition, où la force est toute d’un côté, et toute la faiblesse de l’autre, ne prouve pas que la possession de la terre ainsi conquise soit autre chose qu’une spoliation, en soi inacceptable et nulle de droit. L’Algérie n’appartenait pas à la France, ni l’Irak aux Etats-Unis, ni la Palestine aux Anglais, qui l’ont donnée aux sionistes. Les seules guerres justes sont les guerres de libération.

Le sionisme surarmé trouve ici la limite de sa puissance. Et il enrage. En 60 ans de guerre où il a multiplié les massacres, semé la terreur, volé la terre, il n’a pu obtenir de ses victimes la reconnaissance d’un droit quelconque.

Face au mur de béton, édifié pour abriter les conquêtes sionistes, se dresse le mur du refus, opposé par les Palestiniens, et particulièrement par le Hamas. Le Hamas, dans lequel Israël voit aujourd’hui le noyau dur de la résistance palestinienne, et qu’il désigne sous le nom d’organisation terroriste islamiste pour tenter de le détruire politiquement.

L’appartenance au « terrorisme islamiste », renvoyant au Mal absolu selon la tradition manichéenne héritée de Bush et Sharon, Israël peut, sans encourir la moindre réprobation des puissances occidentales et des médias, déclarer nulles les élections gagnées par ce parti, assassiner ses membres et leur famille, ou mener une guerre d’extermination contre ses soutiens populaires. C’est bien commode pour éliminer un élément incontournable de la résistance à l’oppression.

La guerre ne se limite pas à l’emploi des armes. La nécessité de se justifier sans cesse, de prouver sa légitimité, l’élargit à l’action psychologique, à la manipulation des esprits. Et le glissement de sens opéré d’un mot à l’autre trouve ici sa place. Ainsi le Hamas, qui se définit lui-même « Mouvement de la Résistance islamique palestinienne » devient, dans la terminologie sioniste, islamiste et terroriste.
Les plus âgés se souviennent que sous l’occupation allemande c’est du nom de « terroristes » que le commandement de la Wehrmacht désignait les résistants français…L’Histoire bégaye et se répète…

On passe d’un mot à l’autre et la « résistance à l’oppression », pourtant reconnue comme un « droit naturel et imprescriptible » dans la Déclaration des Droits de l’Homme (sous la Révolution française), se trouve désormais qualifiée de crime.

A l’opposé, le régime sioniste, drapé dans son statut de victime, invoque son droit à l’autodéfense, et, fort du soutien des Etats-Unis et de l’Europe, s’abandonnant à l’ivresse et à la fureur de la guerre, extermine les populations civiles, et se livre sans honte au terrorisme d’Etat.

L’action psychologique vise à discréditer moralement ses victimes, à les réduire à l’image de bêtes nuisibles, à leur ôter leur qualité d’hommes afin de les massacrer impunément.

Utilisés conjointement, les deux termes d’ « islamisme » et de « terrorisme » se renforcent, éveillant le spectre d’un immense péril dont il faut d’urgence extirper les racines. L’opinion ainsi chauffée ne verra plus dans l’agression contre Gaza un génocide, ni dans le régime sioniste un Etat criminel, mais reconnaîtra dans l’Etat d’Israël le sauveur du monde.

***

Présenté faussement comme le fer de lance dans la lutte du « monde libre » contre le « terrorisme », grâce à la propagande répandue par les médias, noyautés ou achetés à coup de millions de dollars, le régime sioniste dispose des moyens d’engourdir la conscience critique. Il peut masquer le caractère crapuleux de ses véritables buts, qui n’ont pas changé depuis 1948 : l’expulsion de tous les Palestiniens et le vol de toute leur terre. Il peut se soustraire à tout devoir de réparation des dommages causés à ses victimes. (« L’Allemagne paiera », disait-on en 1945, et elle indemnise toujours l’Etat sioniste, tandis qu’Israël, depuis 1948, ne paye rien à ceux qu’il a meurtris et spoliés). Il peut enfin écarter par anticipation toute comparution pour crimes de guerre devant la Cour Internationale de La Haye. Bref, il peut sans entraves détruire, assiéger, affamer, semer la mort, dans la pure tradition de la guerre totale définie par le général prussien Carl von Clausewitz (1780-1831) dans son livre De la guerre.
Que dit Clausewitz ? Que le but de la guerre est d’imposer sa volonté à l’Autre. De l’imposer là où les revendications par voie diplomatique ont été rejetées. « La guerre est la poursuite de la politique par d’autres moyens ». Elle est à la fois violence à l’état brut, et subordination totale à la politique.

Elle est totale encore au sens où, convaincues que le moyen de briser la volonté de l’Autre réside dans la destruction de ses forces vitales, les puissances ennemies jettent dans la bataille tout ce qu’elles trouvent encore à y jeter, jusqu’à l’épuisement et, pour la plus affaiblie, la capitulation…

Mais Clausewitz n’est pas Olmert. Les guerres où il a combattu et puisé son expérience sont les guerres napoléoniennes où s’opposaient en de terribles batailles dont l’issue n’était jamais certaine, de puissantes armées nationales. Quand Olmert prétend mener contre Gaza une guerre totale, on voit bien l’agression barbare, atroce, mais où est la guerre ? Où est la puissante armée adverse ? Où sont ses canons, ses tanks, ses avions, ses hélicoptères, ses navires ? Olmert dispose, lui, de tout cela, sans même épuiser ses ressources, les Etats-Unis y pourvoient…

« La guerre est la sphère du danger » – écrivait encore Clausewitz – aussi le courage est-il la vertu guerrière par excellence ». Mais quel danger courent-ils, et de quel courage ont-ils besoin, ces soldats d’Olmert, hors de portée dans le ciel ? Sont-ils eux-mêmes courageux, et comment peuvent-ils le savoir, tant que l’occasion ne leur est pas donnée de combattre l’Autre d’égal à égal ?

Et ce refus d’engager le combat rapproché, d’affronter la guérilla urbaine, voulu par le commandement israélien fuyant le risque de lourdes pertes, n’est-il pas une brimade de plus imposée aux Palestiniens, écrasés sous les bombes, et qui rêvent d’en découdre, qui voient tomber leurs proches mais que la dérobade de l’ennemi prive du recours à la vengeance, cette vengeance – qu’à défaut de justice – les Romains appelaient « satisfactio » ?

On ne répètera jamais assez combien la force peut rendre bête. Comment Olmert peut-il croire qu’un massacre de plus arrachera aux Palestiniens la reconnaissance d’Israël ?

Car on trouve encore des hommes dont la voix s’entend sous les décombres de Gaza, qui préfèrent périr au combat plutôt que de vivre humiliés, et dont le courage sauve l’honneur de leur peuple.

C’est Olmert, et tout le régime sioniste, qui achèvent de se déshonorer. Ils ne se contentent pas de commettre des crimes, ils les répètent, ils y mettent l’obstination des serial killers. Quand ils bombardent les camps de réfugiés, ce sont les survivants déjà meurtris de leurs précédents massacres, venus se réfugier ici, qu’ils viennent achever. Quand ils tuent un médecin – et ils en tuent beaucoup – ce sont du même coup les blessés que ce médecin ne pourra plus sauver, qu’ils achèvent. La destruction des ambulances, des cliniques, des hôpitaux, obéit à la même logique et aboutit à la même conclusion : pas de quartier. Israël s’est donné, sur les Palestiniens, un droit de vie et de mort.

Mais devant tant d’horreur, la rue partout s’émeut et accuse. Et, conscients de l’affligeante nécessité d’avoir à cacher leurs crimes, les sionistes s’appliquent à donner à leur agression une apparence de légitimité. Ainsi les tirs de roquettes sur les territoires voisins tenus par eux sans droit ni titre, répondaient au blocus qui affame les Gazaouis. Alors que le blocus est lui-même un acte de guerre, ces tirs de roquettes – qui mettent de plus en plus en évidence, il est vrai, l’incapacité d’Israël à protéger le territoire qu’il a usurpé – sont devenus le « casus belli » visant à justifier la tuerie qui s’engageait… A quoi firent écho les médias occidentaux, aboyant d’une seule voix : « Israël a le droit de se défendre ». Bel exemple pavlovien de réflexe conditionné collectif…

Alors que le mobile de l’opération est ailleurs. Il n’est pas défensif. Il est politique. Le Hamas refuse de reconnaître la légitimité d’Israël. Il revendique le droit à la résistance. Il a gagné les élections. Et Olmert veut briser cette volonté. Car si le Hamas venait à être entendu par la communauté internationale, Israël risquerait d’être dessaisi du dossier palestinien, tandis que la solution imposée pourrait ne pas répondre aux conditions posées par lui.

Les plus âgés s’en souviennent peut-être, De Gaulle, parlant des Israéliens, évoquait « un peuple sûr de lui et dominateur ». En fait, il n’est peut-être pas si sûr de lui que ça. La légitimité d’un pouvoir, là où elle est reconnue, n’est jamais définitivement acquise.

La constitution peut en limiter la durée, d’une élection à l’autre, et le Hamas agit à bon droit lorsqu’il refuse toute obéissance à Mahmoud Abbas, dont le mandat est échu depuis le 9 janvier 2009.

En droit, la légitimité devient encore contestable, si le pouvoir qui en jouit trahit les aspirations des dominés. Abbas, trop compromis par ses concessions au profit d’Israël, en fait aujourd’hui l’amère expérience, et Israël aussi.

Les sionistes ont pu découvrir, le 10 novembre 1975, que la communauté internationale pouvait n’être pas aussi docile qu’ils le souhaitaient, lorsque l’ONU adopta la résolution 3379 assimilant le sionisme à « une forme de racisme ». Elle fut abrogée en décembre 1990 sous la pression de l’allié américain, mais la légitimité de l’Etat juif n’en restait pas moins suspecte.

Mais c’est surtout à cause de ses propres contradictions que le régime sioniste a miné le terrain juridique sur lequel il se retranche, chaque fois qu’est remise en question sa légitimité : sa reconnaissance par l’ONU en 1949.
Comment peut-il à la fois en appeler à l’ONU quand son droit est contesté et refuser d’en appliquer les résolutions quand elles sont favorables aux Palestiniens ?

Ainsi les résolutions 194 et 2236, affirmant le droit au retour des réfugiés, ou 242, qui proclame l’inadmissibilité de l’acquisition du territoire par la guerre ont-elles été superbement ignorées.

Incohérence majeure : comment peut-on, un jour, fonder sur l’ONU sa légitimité, et, dès le lendemain, bombarder ses convois, ses écoles, ses hôpitaux, bref la traiter en ennemie ?

Comment, encore une fois, la force peut-elle à ce point rendre bête ? Comment l’entité sioniste ne voit-elle pas qu’en agissant ainsi, elle bafoue et affaiblit l’autorité même de cette ONU derrière laquelle elle abrite sa légitimité ?

Et cela jusqu’à la rendre à son tour illégitime, aux yeux des opprimés, qui, voyant les Palestiniens aidés oui, mais si mollement défendus, n’en attendent plus rien. Ou jusqu’à rendre visible la mainmise sur l’ONU dont usent les Américains, fiers défenseurs des Droits de l’Homme mais soumis aux lobbies, qui ne sont jamais affranchis de leurs préjugés coloniaux et racistes, et qui restent le soutien inconditionnel de l’entreprise sioniste. Mais pour combien de temps ?

Consulté sur l’avenir d’Israël, un modeste historien répondait : « doté d’une armée puissante, mais étranger à la région, entouré de dizaines de millions d’Arabes dont il a, par son mépris, suscité l’hostilité, sa durée sera celle du royaume chrétien d’Orient, un siècle. Et peut-être moins, mais pas plus… ». Affaire à suivre…

Comité Action Palestine

 




Palestine : la résistance toujours debout !

le 11/2/2009 0:30:00 (667 lectures)

Le Comité Action Palestine revient sur  l’échec des dirigeants sionistes à Gaza.

palestineforthearabs

Extrait : « Le régime sioniste est ainsi arrivé aux limites de la politique terroriste qui constitue son essence. Greffe de l’impérialisme occidental, il apparaît de plus en plus aux yeux du monde pour ce qu’il est : un produit historique périmé. Et ce, nous ne le répéterons jamais assez, grâce à la détermination et à la dignité de la résistance palestinienne »


Saluons la victoire du peuple palestinien à Gaza ! Car l’erreur serait de croire que le nombre de martyrs tombés à Gaza suffit à dresser le bilan de l’agression sioniste. L’Etat juif néo-nazi a au contraire essuyé une défaite politique, psychologique et même militaire. Défaite dont il n’est pas prêt de se remettre, et qui signale le commencement de sa fin.

La résistance palestinienne à Gaza est sortie victorieuse des crimes contre l’humanité visant à l’anéantir . Il faut prendre toute la mesure de cette victoire et lui rendre l’hommage qu’elle mérite, car elle a valeur d’exemple pour tous les peuples du monde qui subissent encore le joug colonial et néo-colonial. Elle démontre que la lutte armée est la voie légitime et sûre de la libération.

La leçon que le peuple palestinien de Gaza a donnée au monde, c’est qu’une dissymétrie abyssale entre les forces armées en présence ne donne pas nécessairement l’avantage au plus fort militairement. Cette leçon, le peuple algérien et le peuple vietnamien l’avaient déjà donnée quand ils avaient affronté victorieusement les armées coloniales de la France et des Etats-Unis. Les pratiques coloniales d’extermination ne sauraient venir à bout d’une résistance populaire et organisée.

L’agression barbare israélienne, commise de façon préméditée, était la 2ème étape de la guerre impérialo-sioniste contre Gaza. La 1ère étape en était le blocus qu’Israël et les Etats-Unis, appuyés par l’Europe, les régimes arabes corrompus et l’Autorité palestinienne collaborationniste, avaient imposé à Gaza. L’objectif politique ? Provoquer un soulèvement de la population palestinienne contre le Hamas sorti victorieux des élections en janvier 2006, diviser la résistance et livrer Gaza à l’Autorité palestinienne pro-sioniste.

Cet objectif n’ayant pas été atteint par le blocus, le régime sioniste néo-nazi est passé à la 2ème étape de son plan d’anéantissement de la résistance. Son armée a attaqué sauvagement un peuple affamé par ce blocus, privé d’eau potable, de médicaments, de gaz et d’électricité. Elle a bombardé des écoles, des hôpitaux, des mosquées, des ambulances. Elle a assassiné des enfants, des femmes, des vieillards. Elle a expérimenté sur la population gazaouie de nouvelles armes qui mutilent les corps d’une façon atroce. Elle a détruit tout ce qu’elle pouvait détruire d’infrastructures civiles.

Mais là encore, l’entité sioniste n’a su atteindre son objectif…A Gaza, une nouvelle fois et avec un courage extraordinaire, le peuple palestinien a fait corps avec la résistance menée par le Hamas.

Conduite par une stratégie stupide, la force mène tout droit à la défaite. La tentative israélienne de se débarrasser de la résistance et avec elle son fer de lance, le Hamas, a complètement échoué. Non seulement le Hamas n’est pas mort, mais il a encore accru sa popularité, au détriment d’une Autorité palestinienne perçue de plus en plus comme illégitime. La barbarie sioniste a provoqué d’énormes soulèvements populaires en faveur du Hamas, à l’intérieur de la Palestine comme à l’extérieur. Partout dans le monde ont eu lieu des manifestations de solidarité avec la résistance palestinienne, qui est devenue le nouvel emblème de la lutte de libération des peuples colonisés et opprimés. Partout dans le monde le sionisme a été désigné comme le nouveau fascisme à combattre .

Car partout l’opinion populaire, rattachant l’agression de Gaza à l’histoire générale de la Palestine, prend de plus en plus conscience de la nature raciste et criminelle de l’Etat d’Israël.

L’échec sioniste n’est pas seulement politique. Il est aussi militaire et psychologique. Militaire, car les forces sionistes, bien à l’abri dans leurs bombardiers criminels, ont dû abandonner piteusement le terrain dès qu’il s’est agi d’affronter une guérilla au sol. Le « cessez-le-feu » n’est d’ailleurs que la couverture de leur pitoyable retraite. Psychologique, car loin de redorer son blason après sa débandade au Liban en 2006, l’armée sioniste a fait à nouveau les frais de l’arme la plus redoutable et la plus invincible au monde : une résistance courageuse, bien préparée et bien organisée.

A Gaza, Israël a touché les limites de sa politique coloniale. Les sionistes néo-nazis et leurs alliés sont désormais confrontés à leur propre impuissance à anéantir la résistance et à trouver un semblant de légitimité dans l’opinion mondiale. Car de ce point de vue, ce n’est pas du tout le peuple palestinien qui se trouve marginalisé : bien au contraire, c’est la population juive d’Israël, qui constitue désormais le seul soutien moral « populaire » de cet Etat.

La défaite des sionistes est si cuisante qu’il ne leur reste plus que le harcèlement. C’est pourquoi à l’heure actuelle, l’armée israélienne poursuit ses incursions criminelles dans la Bande de Gaza, massacrant aveuglément des Palestiniens, et ce depuis un « cessez-le-feu » qui n’a jamais existé.

Or le harcèlement est l’ultime recours de ceux qui s’obstinent à refuser de voir leur échec en face. Car tous les pitoyables stratagèmes des sionistes ne sauraient cacher la vérité : celle de la défaite israélienne à Gaza. Ce nouvel échec entame un peu plus le projet colonial et raciste d’un « Grand Israël » maître du Moyen-Orient. Et peut-être même celui d’un Israël tout court, d’un Etat « pour les juifs » sur la terre de Palestine…

 

Le régime sioniste est ainsi arrivé aux limites de la politique terroriste qui constitue son essence. Greffe de l’impérialisme occidental, il apparaît de plus en plus aux yeux du monde pour ce qu’il est : un produit historique périmé. Et ce, nous ne le répéterons jamais assez, grâce à la détermination et à la dignité de la résistance palestinienne.

 

Plus que jamais nous devons condamner le sionisme, idéologie criminelle, raciste et colonialiste. Nous devons réaffirmer que la Palestine est arabe et soutenir la résistance du peuple palestinien jusqu’à la victoire et la satisfaction de ses revendications légitimes :

> la fin de l’occupation

> le droit à l’autodétermination

> la reconnaissance du droit inaliénable au retour de tous les réfugiés chez eux

> la libération de tous les résistants emprisonnés

 

 

COMITE ACTION PALESTINE

www.comiteactionpalestine.org actionpalestine@hotmail.com

6bis, rue de Janeau 33100 Bordeaux Tél : 06 74 60 02 36

 




La société civile palestinienne de l’intérieur : L’agression ne cesse pas avec le cessez-le-feu

le 23/1/2009 1:20:00 (1030 lectures)

 

 drapeau palestineDans un communiqué au style incisif, des associations représentatives des Palestiniens de 48 ou Palestiniens de l’intérieur, regroupées dans l’organisation Ittijah, présentent une analyse d’une rare lucidité sur l’agression israélienne à Gaza, sur la ténacité, la détermination et la victoire de la résistance armée emmenée par le Hamas et sur le mouvement de solidarité interne à la Palestine aussi bien qu’à l’échelle internationale.

En premier lieu, Ittijah salue la vaillance des Palestiniens de Gaza et de leur résistance armée qui a forcé la reculade, la retraite et la défaite d’un des Etats les plus puissamment armés au monde et des plus barbares qui soit. Ittijah insiste ensuite sur le « soulèvement de la colère », sur la mobilisation sans relâche de la société civile palestinienne et en particulier des Palestiniens de l’intérieur en faveur de leurs frères de Gaza, mobilisation qui a sans doute joué un rôle non négligeable dans le fléchissement de l’ennemi sioniste. Enfin, les manifestations de par le monde, les campagnes d’aide humanitaire, les appels au boycott de l’Etat colonial d’Israël ainsi que la rupture des relations avec cette entité génocidaire, les tentatives de condamnation de ses dirigeants pour crime contre l’humanité, sont des actions qui méritent tous les honneurs.

En revanche, doivent être dénoncés avec force le « camp des modérés » en Palestine représenté par Mahmoud Abbas, qui a entravé et blâmé la résistance au lieu de la soutenir, et la complicité des Etats-Unis, du Canada et de l’Europe avec l’agression sioniste.

Le message essentiel qu’Ittijah a voulu faire passer dans ce communiqué c’est que l’agression ne s’est pas achevée avec l’arrêt des bombardements car l’agression c’est le blocus, c’est l’expulsion, c’est la colonisation. C’est pourquoi Ittijah appelle à la poursuite du « soulèvement de la colère ». 

 ittijah palestine 48


Communiqué de Ittijah (Union des associations arabes civiles )

21 janvier 2009

La société civile palestinienne de l’intérieur : L’agression ne cesse pas avec le cessez-le-feu

Nous poursuivons l’affrontement, le soutien à la population à Gaza et le partage du poids palestinien

Les organisations de l’action civile palestinienne saluent notre peuple à Gaza qui a résisté, par tous les moyens disponibles, à l’agression génocidaire israélienne. Elles saluent la ténacité palestinienne comme elles saluent les masses de notre peuple de l’intérieur pour leur soulèvement dès le début du massacre et qui s’est poursuivi pendant 23 jours, au cours duquel nos masses, ses institutions, ses forces et ses cadres politiques, civiles, nationales, et par conséquent, les individus de nos masses et tous ses secteurs, ont joué un rôle effectif pour faire cesser le massacre et briser le siège.

La fermeté de Gaza, par son peuple et sa résistance, est une fermeté légendaire qui a prouvé et qui prouve que la volonté de notre peuple, appuyée par le droit palestinien, est capable de briser la machine de l’agression israélienne et de déjouer tous ses plans, quelle que soit sa puissance.

L’équation réelle s’est de nouveau dévoilée, confirmant que, face à la plus puissante des formes de terrorisme d’Etat dans le monde, et face à la guerre génocidaire qu’il a lancée, a tenu debout un peuple dépourvu d’armées mais maître de ses capacités et de la plus grande volonté de justice et de résistance dans le monde, la volonté de notre peuple, soutenue par celle de tous les peuples du monde qui se sont soulevés pour soutenir la fermeté à Gaza et empêcher Israël de réaliser les buts de ses massacres, mais aussi pour rejeter ses plans soutenus par l’administration américaine, l’Union européenne, avec une implication officielle arabe et palestinienne.

Il devient clair que le plan américain pour dominer la région arabe a subi un nouveau coup de la part de notre peuple et des peuples arabes, en infligeant une défaite à ce que l’administration américaine et Israël nomment le camp de la modération, soit ceux qui sont impliqués dans le plan américano-israélien. Après l’échec du projet américain en Irak et en Afghanistan, et après sa défaite et la défaite d’Israël au Liban, notre peuple est venu confirmer à nouveau, comme il l’avait fait dans le passé, qu’il est plus fort que tout complot et la puissance de toute machine de guerre.

Les masses de notre peuple de l’intérieur ont considéré, dès les premiers instants, que l’agression sur Gaza est une agression contre tout le peuple palestinien, là où il se trouve, dans la patrie ou en exil, et une agression visant nos droits en tant que peuple, visant à dominer et à diriger la région arabe dans son ensemble, par le biais des forces de l’agression et de ceux qui sont impliqués à ses côtés.

Le cessez-le-feu ne signifie pas la fin de l’agression , et comme le dernier massacre n’est pas le début de l’agression, car l’occupation est une agression en soi, l’exil forcé est une agression et le blocus est une agression. Nous affirmons que briser le blocus demeure notre but, la réalisation des droits de notre peuple est toujours notre objectif. Puisque nos masses de l’intérieur ont prouvé que nous sommes des acteurs centraux dans l’équation de la lutte pour le droit palestinien, nous affirmons que l’appui à la fermeté de notre peuple à Gaza et le soutien à cette partie, moralement et matériellement, en lui accordant les moyens d’une rapide relève de la mort et de la destruction sont un appui aux capacités et à la volonté de tout notre peuple. C’est pourquoi nous appelons à la poursuite du soulèvement de la colère et de la protestation, à renforcer la fermeté palestinienne, que ce soit par les manifestations, les actes de protestation contre le crime ou par le soutien matériel par des campagnes de secours humanitaire qui ont commencé de manière organisée par le biais de l’action civile et au niveau des institutions de masse de notre peuple.

Nous saluons le soulèvement des nouvelles générations qui ont participé avec force et tout au long des trois semaines, à la lutte et au soulèvement de la colère populaire, visant à stopper le crime et à briser le blocus. Nous avons affronté et affrontons toujours une campagne policière d’arrestations menée contre les jeunes arabes palestiniens de l’intérieur, qui a touché des centaines, comme nous avons affronté l’agressivité de l’appareil judiciaire qui joue un rôle de cachet auprès de la police et des services de renseignements de la Shabak, en convoquant des dirigeants politiques et associatifs en vue d’interrogatoires par la Shabak pour les intimider et casser la volonté de nos masses. Nous affirmons à ce propos que le terrorisme de l’Etat ne nous intimide pas et ne nous empêche pas d’assumer notre devoir envers les masses de notre peuple à Gaza.

En tant qu’organisations de l’action civile palestinienne, nous exprimons notre considération pour le rôle héroïque joué par les mouvements de la solidarité internationale et tous les partisans du droit palestinien dans le monde et dans le pays, que ce soit ceux qui ont essayé de briser le blocus avant le dernier massacre grâce aux navires ou ceux qui se sont soulevés dans tout le monde pour soutenir et aider le droit palestinien, en appelant à sanctionner Israël, à l’isoler et le boycotter en tant que régime criminel ayant commis des massacres systématiques et des crimes contre l’humanité, en lui faisant porter la responsabilité de tous les crimes, les destructions et les dégâts, et en appelant la communauté internationale à cesser le complot du silence, la participation à l’agression et à assumer la responsabilité de sanctionner Israël et de soutenir le droit palestinien. Nous indiquons par ailleurs que la majorité écrasante de la société israélienne a soutenu l’agression, appuyée par l’institution médiatique officielle et non officielle, qui s’est considérée comme une partie de la machine de guerre et qui a propagé l’agression et la culture du meurtre et justifié le massacre. Nous indiquons également ces voix, même rares, qui ont refusé l’agression, s’y sont opposées et ont agi pour faire cesser le massacre et briser le blocus.

Nous affirmons que la revendication de convoquer les dirigeants politiques et militaires devant le tribunal pénal international en tant que criminels de guerre est un devoir envers tout martyr, toute victime et envers tout notre peuple comme envers toute l’humanité. A ce propos, nous dénonçons le silence international officiel, et notamment les attitudes des Etats-Unis, du Canada et de l’Union européenne que nous considérons complices du crime, ayant consacré leurs efforts à protéger Israël et à justifier son agression sanguinaire et à criminaliser la victime. Nous mettons en garde contre leurs tentatives de supprimer la légitimité de la résistance palestinienne en offrant des acquis politiques à Israël à travers ce qui s’appelle « la reconstruction », ou « le financement » ou « les aides humanitaires ».

Le droit de notre peuple à la résistance fait partie du droit des peuples à résister à l’occupation, c’est un droit humain naturel comme il est un droit protégé par le droit international. C’est pourquoi nous dénonçons le silence international officiel mais saluons ces régimes qui ont coupé leurs relations diplomatiques, économiques ou politiques avec Israël, et retiré leurs ambassadeurs et représentants. Nous dénonçons la participation de ce qui s’appelle « le camp des modérés » parmi les régimes arabes et affirmons notre dénonciation de l’attitude du président de l’OLP, Mahmoud Abbas (Abu Mazin) qui, malgré sa position juridique aujourd’hui, a refusé de soutenir et de légaliser officiellement les demandes de juger les dirigeants d’Israël devant le tribunal pénal international. Nous dénonçons les tentatives de faire porter à la résistance à Gaza la responsabilité de l’agression et de la guerre génocidaire israélienne. Ces attitudes poursuivent les accusations contre les partisans de notre peuple et le mouvement contre le blocus de Gaza et les navires contre le blocus comme « un jeu puéril ».

Le devoir de la société civile consiste à élever la voix morale et indépendante même si le prix devrait être payé. Nous saluons le rôle des organisations et des structures de l’action civile palestinienne dans le pays et dans l’exil, et affirmons que le devoir de la société civile palestinienne, où qu’elle se trouve, consiste à s’opposer à toute tentative de toucher aux mouvements de la solidarité et du soutien, et à toucher la résistance. Nous n’acceptons aucune justification qui empêcherait des parties de la société civile palestinienne de prendre clairement position en dénonçant l’implication de régimes arabes et les déclarations du président de l’autorité palestinienne, ni certains de ses dirigeants qui ont lâché la volonté de notre peuple.

Nous saluons le mouvement arabe de lutte contre la normalisation, le mouvement de solidarité et du boycott d’Israël dans le monde et les mouvements de la solidarité internationale, et nous nous considérons comme partie prenante de tous. Nous saluons plus particulièrement les masses de notre peuple de l’intérieur qui sont sorties par milliers dans le plus massif et le plus long soulèvement de la colère contre l’agression, pour soutenir et appuyer la volonté collective et combative de notre peuple.

Nous appelons tout notre peuple, en cet instant historique, à confirmer son attachement aux constantes nationales, le retour, la liberté, l’auto-détermination, le mouvement de solidarité et de soutien, et les hommes libres de ce monde étant l’appui de cette lutte, historiquement victorieuse.

La fermeté de Gaza nous transmet la volonté, et notre ferme volonté transmet cet appui à Gaza, comme il le transmet à l’exil, à al-Quds et aux régions de la Cisjordanie.

Notre peuple porte l’une des plus grandes et des plus riches expériences de lutte, de résistance et de combat juste. Il porte une volonté inébranlable.

Les organisations signataires : 40 associations faisant partie de Ittijah.

(Traduction CIREPAL, Centre d’Information sur la résistance en Palestine)

 




Le sang palestinien triomphe de la barbarie sioniste

le 20/1/2009 0:10:00 (569 lectures)

 

 victoire de la resistance palestinienneAujourd’hui, il est possible de dire que la Résistance palestinienne a remporté une immense victoire .

Sous blocus depuis 2 ans, elle a tenu tête pendant 3 semaines à l’une des armées les plus puissantes du monde dont l’objectif était de faire capituler le peuple palestinien. Cette victoire de la résistance palestinienne, c’est celle de tout un peuple et de tous ses martyrs depuis près de 100 ans.

Comme en 2006 au Liban, cette résistance héroïque a redonné espoir à tous les peuples du monde qui résistent contre l’oppression coloniale et néocoloniale . Elle réaffirme la légitimité de la résistance palestinienne sous toutes ses formes, notamment armée, contre cet Etat fasciste et raciste.

Le Comité Action Palestine revient sur les événements historiques de ces dernières semaines en reprenant un article publié le 18 janvier 2009 par le Centre d’Information sur la Résistance en Palestine.


Centre d’Information sur la Résistance en Palestine – CIREPAL

18 janvier 2009

Plus de trois semaines après le début de l’agression israélienne contre la résistance palestinienne dans la bande de Gaza, en Palestine, il s’avère nécessaire de tirer quelques leçons et de rappeler quelques évidences concernant la nature du conflit entre l’Etat sioniste d’une part et la Palestine et les peuples arabes d’autre part.

1 – L’Etat sioniste n’en est pas à son premier acte barbare. Depuis le début de l’installation coloniale en Palestine, au début du siècle dernier, les sionistes n’ont jamais considéré que la vie humaine, autre que la leur (et encore ! si nous prenons en compte comment des juifs ont été tués par eux dans les pays arabes pour amener les communautés juives à émigrer en Israël) avait de l’importance. Pour réaliser leurs buts, qui consiste à installer une entité coloniale en plein cœur du monde arabe, sur la terre de la Palestine, aucun crime ne leur est interdit. Des centaines de massacres, plus monstrueux les uns que les autres, ont été commis et justifiés par leurs responsables, organisations et large public. Les massacres qui se suivent depuis 2000, date du début de l’intifada al-Aqsa, et notamment les derniers massacres dans la bande de Gaza, témoignent non seulement de la rage israélienne, mais d’une volonté délibérée de tuer le maximum de Palestiniens, estimant que seul un génocide pourrait mettre un terme à la résistance palestinienne. Des dirigeants israéliens ont déclaré, tout au long de l’existence de cette entité coloniale, qu’ils ne supportaient pas la présence des Palestiniens dans la bande de Gaza.

2 – Ce génocide délibéré est soutenu et justifié par la majorité des Israéliens, mais aussi par certaines couches occidentales dans le monde, qui croient en la supériorité de la « race » blanche et juive. Pour eux, la vie humaine des peuples arabes, et notamment des Palestiniens, n’a aucune valeur lorsque ces derniers défendent leurs propres droits et décident de leur propre sort. Selon la vision coloniale – qui s’est à nouveau étendue dans de larges couches des populations occidentales, au milieu des années 90 et qui a culminé après les attaques du 11 septembre 2001 – les peuples autres qu’Occidentaux, et notamment les peuples arabes et musulmans doivent rester sous le joug impérial, serviles et sans volonté, sinon être écrasés physiquement. Les nouvelles armes et les nouvelles stratégies militaires (le rôle de l’aviation) développées par les impérialistes et sionistes dans le monde visent à massacrer et à détruire et non pas à modifier le rapport de forces et à écraser militairement. Il s’agit d’effacer l’existence de peuples « gênants » pour eux, des peuples en entier. Les massacres commis dans la bande de Gaza, comme ceux commis au Liban en 2006, témoignent de ces nouvelles stratégies.

3 – Les dirigeants israéliens se font concurrence, pour leurs prochaines élections législatives, en massacrant les Palestiniens. Dans cet Etat fasciste et raciste, c’est l’écoulement du sang palestinien et arabe (il aurait pu être iranien) qui constitue la popularité de tel ou tel parti sioniste au pouvoir. Celui qui pousse à la guerre et qui commet le plus de massacres est celui qui sera en mesure de gagner les élections. Ce qui veut dire que la société israélienne est une société raciste et fasciste dans son ensemble. C’est une société de colons guerriers qui ne vit que par la destruction de l’autre. Lorsqu’il a été décidé de mener des élections législatives anticipées, le ton de la guerre est monté d’un coup, et la question fut juste de savoir à quel moment elle aurait lieu. Cependant, les élections législatives israéliennes ne représentent pas la seule motivation de la guerre, elles ont juste défini le moment. Mais dire ou faire croire que le refus de Hamas de prolonger la trêve a été la cause de la guerre n’est qu’un mensonge, la guerre était déjà préparée et le non prolongement de la trêve n’a été qu’un prétexte.

4 – Pourquoi la guerre contre la résistance palestinienne ? Les Etats-Unis et Israël souhaitent préparer le terrain pour le nouveau président Obama, en lui offrant une nouvelle situation, où il n’aurait plus qu’à exécuter ce qui est en place : imposer une nouvelle situation politique sur dans la région du Moyen-Orient où seraient supprimées les forces de la résistance, celles qui refusent les accords d’Oslo et tout ce qui s’ensuit. Parmi les choix, il y avait l’Iran, la Syrie, le Hezbollah et la résistance palestinienne, dirigée par Hamas, à Gaza. Jugeant que la situation palestinienne est la plus faible, Israël et les Etats-Unis choisissent Gaza qui, malgré le siège qui dure depuis plusieurs années, renforcé depuis l’échec du coup d’Etat de l’Autorité palestinienne, présente des signes de résistance et de popularité insoutenables pour beaucoup. Détruire la résistance palestinienne, même en menant un génocide, servira à relever le moral de l’armée sioniste, à préparer le terrain pour le futur Obama, à détruire le moral des peuples arabes, soulevés après le coup des chaussures envers Bush en Irak, à créer une nouvelle situation dans la région où serait anéanti le camp de la résistance. Bien que tout le camp de la résistance soit important, et notamment celui du Liban, il n’en demeure pas moins que la résistance en Palestine en est le pivot, car elle se situe en Palestine même, sur la terre occupée par les sionistes. Détruire la résistance en Palestine est, sinon mortel, du moins un terrible coup pour le camp de la résistance. Il faut cependant rappeler que, après la Nakba en 48, la résistance palestinienne est née dans l’exil, ce qui signifie qu’aucune force dans le monde ne peut détruire l’esprit de résistance du peuple palestinien, même si momentanément, ses forces militaires peuvent être écrasées. C’est une leçon que les ennemis ne peuvent comprendre, comme le montrent toutes les expériences historiques des peuples opprimés.

5 – Le camp de la résistance en Palestine, et à sa tête le Hamas, a réussi à faire face à des années de siège : assiégé par l’Etat sioniste, par la communauté internationale, par les régimes arabes alliés des Etats-Unis et finalement par l’Autorité palestinienne, il a réussi à maintenir sa force et sa détermination. Après la tentative de coup d’Etat raté de l’Autorité palestinienne, les difficultés se sont accumulées : il est vrai que les questions, légitimes ou non, fusaient de toutes parts, des amis comme des ennemis, concernant les actes des responsables du Hamas. Il est vrai que la signature de la trêve de six mois a soulevé d’importantes questions, alors que la Cisjordanie et la ville d’al-Quds étaient quotidiennement violées par les sionistes. Mais ce que personne n’avait vu ni remarqué, que la résistance armée palestinienne a voulu profiter de cette trêve pour se préparer à la bataille, qu’elle savait imminente. Sur le terrain, le Hamas et les autres formations palestiniennes (Jihad islamique, al-Aqsa du Fateh, Comités populaires, FPLP, FPLP-CG, FDLP, Abul-Rish, etc..) préparaient la riposte. Une résistance de plus de trois semaines contre l’armée la plus puissante dans la région témoigne de ces préparatifs comme elle témoigne de la détermination des combattants à résister jusqu’au bout, malgré les conditions matérielles et humanitaires qu’aucun peuple au monde n’aurait supporté.

6 – Est-ce que la résistance détruit un peuple ? C’est la question à laquelle Mahmoud Abbas a répondu par un oui catégorique, réclamant à Hamas d’accepter la proposition de capitulation égyptienne. A plusieurs reprises, ce président qui ne mérite pas son peuple, qui n’a d’ailleurs jamais fait partie de la résistance et que seuls les sinistres accords d’Oslo ont mis en avant, a critiqué la résistance, l’accusant d’être la cause des épreuves du peuple palestinien. Israël est en train de commettre un génocide, et le président de l’Autorité palestinienne réclame sa soumission, en l’accusant d’être responsable du génocide. Selon lui, et selon son entourage, la résistance palestinienne mènerait le peuple palestinien à son extinction. Le malheur, c’est que cette funeste opinion est partagée, même parmi des intellectuels ou politiciens palestiniens et arabes. La 7ème guerre israélienne a montré combien est profond le fossé qui sépare ces couches occidentalisées jusqu’à la moëlle (non pas dans leur mode de vie, mais dans leur mode de pensée et de réflexion) de leurs peuples. Cette nouvelle catégorie des populations arabo-musulmanes, que l’on retrouve surtout dans les sphères d’influence, a subi un nettoyage de cerveau et de conscience. On l’avait déjà entendu et lu au cours de la 6ème guerre israélienne, en 2006, mais elle est devenue plus virulente, en réaction aux actions populaires dans les pays arabes, musulmans et dans le monde. Ne pouvant justifier (encore, mais cela pourrait venir si nous ne l’éradiquons pas) les massacres et le génocide, cette nouvelle couche de politiciens et de propagandistes à la solde des Etats-Unis s’appuie sur un pseudo-réalisme pour fustiger tout esprit de combativité, de lutte et de résistance. Il faut les voir se pavaner sur des chaînes arabes comme Al-Arabiyya (pour ne parler que de ce phénomène abject des médias arabes) pour réaliser jusqu’où s’enfonce la gangrène dans une certaine élite arabe.

7 – Qui est responsable des massacres et de la sauvagerie israélienne ? Sans aucun doute, les sionistes eux-mêmes, armée, gouvernement et population. Ensuite, les Etats-Unis, le Canada et les pays européens qui refusent de dénoncer la sauvage guerre et qui refusent de la stopper tant que la résistance n’a pas annoncé sa défaite. Puis les régimes arabes mais aussi Mahmoud Abbas et sa clique qui auraient pu, par une attitude ferme de leur part, exiger les pressions américaines et européennes sur l’Etat sioniste. Or, ils ne l’ont pas fait, ils ont plutôt fait pression sur la résistance, l’accusant d’être responsable de la guerre. L’attitude de ces derniers (remplaçons Mahmoud Abbas par Sanioura et sa clique) est encore plus monstrueuse que celle envers la résistance islamique au Liban, en 2006. D’où la colère des peuples arabes et musulmans.

8 – Le sang palestinien qui a coulé dans la bande de Gaza a brisé le blocus, a redonné vie à la nation arabe et musulmane et aux peuples libres dans le monde. La résistance héroïque qui a combattu l’horrible machine de guerre sioniste a relevé la voix, dans le monde, de tous les résistants à l’oppression et à l’humiliation. C’est le sang palestinien qui doit nous donner la force de poursuivre la lutte, surtout après qu’Israël annonce la fin de sa guerre. C’est l’héroïsme de la résistance qui doit nous inciter à nous lever, non en spectateurs, mais en acteurs, pour mettre l’Etat sioniste (tout entier) au ban de la communauté internationale, à le chasser de toutes les instances, avant de le pousser à disparaître. C’est par fidélité à tous les martyrs tombés à Gaza, dans toute la Palestine, mais aussi au Liban et dans le monde arabe, que nous ne devons plus accepter d’être encore humiliés par la présence de l’Etat d’Israël dans notre région.

9 – Le peuple palestinien renoue de nouveau avec sa résistance armée. Ce retour stratégique du peuple palestinien à la voie de la lutte armée replace la lutte dans son droit chemin. Non seulement le peuple palestinien reprend la lutte armée, mais il montre qu’il peut, comme au Liban, vaincre l’Etat le plus armé de la région. Non seulement le Hezbollah peut vaincre Israël parce qu’il est soutenu par la Syrie et l’Iran, mais la résistance palestinienne peut vaincre parce qu’elle soutenue par les masses arabes et musulmanes et les masses libres dans le monde. Donc, c’est d’abord la volonté de résister, c’est le choix stratégique de la résistance armée qui est essentiel. Qu’on cesse donc de nous dire qu’Israël ne peut être vaincu parce qu’il est puissant. Il peut être vaincu lorsque les peuples arabes et musulmans, soutenus par les masses libres dans le monde, décident la résistance, choisissent la voie de la lutte armée, consciemment et non en dernier recours. Les armes doivent passer en Palestine, quels que soient les accords impérialistes avec les sionistes et les régimes arabes. Nous devons non seulement affirmer la légitimité de la résistance armée contre cet Etat colonial soutenu par les puissances impériales, mais mobiliser pour qu’une telle résistance puisse porter des coups mortels à l’Etat sioniste.

10 – Les réactions populaires arabes et musulmanes au génocide du peuple palestinien montrent, de manière indéniable, que le refus de l’Etat sioniste et de l’injustice est ancré dans les âmes et consciences des peuples. Le pari américain et des élites occidentalisées, voulant effacer la question de la Palestine, des cœurs des masses arabes et musulmanes, a échoué. Plus que jamais, celle-ci est présente dans les cœurs et les esprits. Ces réactions saines prouvent que non seulement la question de la Palestine est vivante dans leurs cœurs, mais qu’elle est la première question qui les fait bouger massivement. Les mots d’ordre des partis et organisations arabes, du Golfe à l’Atlantique, qui ont considéré la Palestine comme la première question dans leurs programmes politiques, dans les années 60 et 70, doivent revenir en force. Pendant les deux décennies qui ont suivi, plusieurs partis et organisations arabes avaient accordé à la question palestinienne une place marginale, dans les rubriques « relations étrangères » ou « solidarité », alors qu’elle est la priorité des priorités, puisque l’Etat sioniste et le démantèlement de la région arabe sont au cœur du projet impérialiste dans la région. Nul développement, nulle culture, nulle indépendance, authentiques, ne peuvent être conçus tant que l’Etat sioniste est là, bastion de l’impérialisme, de l’arriération et de l’humiliation arabes. Se battre pour la Palestine, et non pas être solidaires de la Palestine, comme le rappelle souvent l’ancien prisonnier Samir Qintar, demeure le vœu des masses arabes et musulmanes. Le projet arabe de libération se construit autour de la Palestine et non à côté ou en parallèle de la Palestine. C’est pourquoi il ne doit pas s’agir de « solidarité » mais de « participation » à la lutte, d’implication dans la libération de la Palestine, à tous les niveaux, chacun selon ses propres capacités.

11 – Les réactions populaires dans le monde, notamment occidental, illustrent que d’importantes couches de la population refusent l’injustice. Il est important de noter cependant que les musulmans et arabes dans ces pays ont largement donné à ces manifestations un caractère combatif : soutien affirmé au Hamas, les drapeaux israéliens brûlés, des pancartes « mort à Israël » dans certaines manifestations aux côtés des drapeaux du Hezbollah et de la photo de Sayyid Hassan Nasrullah, dirigeant de la résistance islamique au Liban, « cauchemar » des sionistes et de leurs alliés. Les manifestants les plus virulents ont cherché à investir les ambassades sionistes (Grande-Bretagne, Norvège), créant un mouvement de rues assez impressionnant pour des capitales européennes. La question est de savoir si de tels mouvements laisseront des traces dans les cœurs et les consciences de ces catégories de la population qui se voient insultées parce qu’elles ne sont pas reconnues ni par leurs gouvernements ni par leurs médias. Il est important que les musulmans et les arabes dans les pays occidentaux prennent leur vraie place d’avant-garde dans le combat pour la Palestine et la libération, balayant toutes les notions qui ont cours, depuis Madrid et Oslo (années 90), voulant les séparer de leur espace stratégique, le monde arabo-musulman. Parce qu’ils se battent pour la justice et la dignité des peuples, ils sont en mesure de transformer l’opinion publique dans les pays occidentaux et amener ces derniers à mesurer leurs choix et leurs alliances.

Il faut également saluer les Israéliens qui ont brûlé leurs cartes d’identité au cours des manifestations, mettant en pratique leur dégoût de cet Etat, tout en souhaitant que tous les Israéliens présents en Europe et qui contestent le génocide actuel, fassent de même, car il est de plus en plus évident qu’il n’y a plus d’espoir pour Israël dans la région. Le leader du Hamas, Khaled Mech’al l’a annoncé. Il n’a fait qu’exprimer une volonté générale qui se développe et grandit à nouveau dans le monde arabe, et précisément parmi le peuple palestinien, qu’Israël ne peut exister dans la région. Un siècle de massacres et de destructions ne peut qu’entraîner la disparition de cet Etat colonial.

12 – Parmi les manifestations symboliques à cette guerre terroriste, celles qui se déroulent dans la Palestine occupée en 1948 prennent une importance toute particulière. D’abord, elles sont le fait des Palestiniens, et non des Israéliens, ces derniers, une centaine, ont manifesté séparément à Tel Aviv. Très peu de médias, même arabes, ont accordé de l’importance aux réactions des Palestiniens de 48 au génocide pratiqué par l’armée sioniste et pourtant, elles n’ont été jamais aussi puissantes depuis la journée de la Terre, le 30 mars 1976. La manifestation massive de Sakhnine a rassemblé plus d’un dixième (150.000 Palestiniens) de la population palestinienne de 48, comme celle qui a suivi à Baqa al-Gharbiyya, en moins d’une semaine puis celle de Ar’ara dans le Naqab. Tous les jours, des rassemblements se déroulent dans les localités palestiniennes occupées, à Haïfa surtout, mais aussi à Yafa, à Nasra (Nazareth), Um al-Fahim, ‘Arrabe, etc… La répression qui s’abat sur cette catégorie de la population palestinienne est restée dans l’ombre : des centaines ont été arrêtés (on parle de plus de 400 arrestations), souvent des mineurs. Il faut dire que les Palestiniens de 48 étaient déjà mobilisés, avant la guerre, contre le siège de Gaza et qu’ils avaient essayé d’envoyer un bateau à partir du port de Yafa, pour briser le blocus économique, mais ce bateau a été saisi par les autorités coloniales. Dans cette hystérie coloniale contre « les ennemis de l’intérieur », la commission parlementaire de la Knesset consacrée aux élections législatives, annule, il y a deux jours, la participation du Rassemblement national démocratique et de la Liste arabe unifiée. Donc, les voix nationales palestiniennes ne pourront pas s’exprimer, dorénavant, à la Knesset. Cette mesure s’inscrit dans la logique de l’apartheid sioniste consistant à réprimer toute voix palestinienne de l’intérieur, mais aussi dans la répression actuelle contre les médias et tout ce qui touche aux intérêts des colons guerriers. N’est-ce pas Lieberman, le député sioniste russe ami de l’Européen Solana qui déclarait que le Rassemblement National démocratique était comme le Hamas ? La presse sioniste fait état d’une censure militaire terrible sur les médias, pire que celle instaurée en juillet 2006. En interdisant la participation de deux formations palestiniennes aux élections de la Knesset, l’Etat sioniste dévoile la limite de sa démocratie coloniale et espère que les masses palestiniennes des terres occupées en 48 (Israël) voteront en faveur soit des autres partis arabes tièdes (comme le parti communiste israélien) soit en faveur des partis sionistes (dans une logique d’israélisation de la société palestinienne). Mais il semble que la combativité et la conscience nationale des Palestiniens se dirigent plutôt vers le boycott des élections législatives, pour finir avec la mascarade électorale, donnant raison à Abnaa al-Balad et au mouvement islamique de Sheikh Raed Salah : dans un Etat colonial, la population autochtone n’a aucune chance de faire avancer ses revendications en participant aux institutions de l’Etat. Seule l’organisation autonome permet au peuple de conquérir ses droits.

13 – Il faut, au terme des combats en cours, empêcher que l’Etat sioniste reprenne une offensive diplomatique et de relations publiques, pour justifier et « blanchir » son ignoble guerre. Après les combattants héroïques, la tâche incombe à tous les civils dans le monde d’agir en toute sincérité dans le soutien au peuple palestinien en honorant les martyrs de Gaza, en appuyant les revendications de la résistance armée, pour que le sang palestinien continue à triompher de la sauvagerie de l’ignoble Etat d’israël.

Maudit soit Israël ! Que le sang palestinien poursuive de sa malédiction tous les criminels dans ce monde, directs ou indirects.

 gaza genocide