Durban II : cachez-moi cette vérité que je ne saurais voir !
le 3/5/2009 10:00:00 (617 lectures) |
Communiqué du Comité Action Palestine. Alors que le texte de la Conférence de 2001 faisait référence en termes plutôt modérés à l’occupation de la Palestine, au droit à l’autodétermination du peuple palestinien, au droit au retour des réfugiés dans leurs foyers et au droit à la sécurité de tous les Etats dans la région, y compris Israël (articles 63 à 65 et 151 de la déclaration finale de Durban I)1, la déclaration finale de 2009 ne mentionne en aucun cas la cause du peuple palestinien, avec la bénédiction de l’autorité collaborationniste palestinienne, qui a accepté ce nouveau diktat des puissances occidentales et de la puissance occupante2 . Photo : Slogan raciste à Jérusalem Israël, les Etats-Unis, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas avaient pris la décision de boycotter cette conférence de Durban. Et lors de l’allocution du président iranien Mahmoud Ahmadinejad3 qui a qualifié, très justement, Israël de gouvernement raciste et le sionisme de modèle de racisme, 23 représentants européens présents ont feint d’être scandalisés et sont sortis de la salle, sous les huées des participants. De mauvais comédiens ne sont jamais applaudis mais toujours hués ! Les pays occidentaux, et à leur tête l’Etat d’Israël, fuient le débat rationnel, mais les faits sont têtus et l’histoire ne ment pas, contrairement aux sionistes. La poursuite de l’épuration ethnique en Palestine commencée en 1948, les propos racistes des dirigeants israéliens4 , les massacres de masse sont des faits qui conduisent à un jugement sans appel : Israël est un Etat raciste dont l’objectif est de faire disparaître le peuple palestinien. Faut-il alors s’étonner que les européens apportent leur soutien à un tel Etat ? Non. Tout simplement parce qu’Israël fait partie de cet axe impérialiste et raciste. L’histoire de l’Occident depuis cinq siècles n’est rien d’autre que l’histoire des génocides des peuples en Amérique, en Afrique, en Asie et même en Europe ; elle n’est rien d’autre que l’exploitation des peuples du Sud et le pillage de leurs ressources ; elle n’est rien d’autre que le soutien aux dictatures corrompues qui affament et oppriment leurs peuples. En ce sens, le soutien des Occidentaux à Israël est normal, il fait partie de la famille des démocraties racistes. Lorsque Mr Ahmedinejad leur dit tranquillement que l’Etat sioniste est raciste, quelle réaction pouvions-nous attendre de leur part ? Qu’ils disent au monde entier : « oui Israël, notre rejeton, est raciste, vit de la violence et du vol! » Vont-ils renier l’un des leurs ? Défendre Israël c’est défendre leur camp, ils ont la conscience de leur destin commun construit sur des intérêts communs. Frantz Fanon avait déjà mis au jour la dimension structurelle du racisme dans les sociétés occidentales : « En fait le racisme obéit à une logique sans faille. Un pays qui vit, tire sa substance de l’exploitation de peuples différents, infériorise ces peuples. Le racisme appliqué à ces peuples est normal » 5 . A Dakar, N. Sarkozy ne pensait pas faire un discours raciste, mais dire ce qu’il croyait être la vérité : «Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès ». « N’est pas assez entré dans l’histoire » signifie tout simplement que l’Africain n’est « pas assez » entré dans la civilisation, celle de l’Europe, de l’homme blanc. L’infériorisation de l’Autre, son assimilation à la nature n’est rien d’autre que le racisme, un racisme normal de la conscience occidentale qui ne se perçoit pas, bien sur, comme une fausse conscience. Au contraire, cette infériorisation, ce rejet de l’homme non-blanc de l’humanité, a le statut de vérité dans la conscience occidentale. Mais il existe une autre conscience chez les peuples du Sud : cette conscience des crimes occidentaux, de l’exploitation coloniale et des pillages des richesses. Cette conscience que les valeurs de l’Occident ne sont qu’hypocrisie et mensonge, et qu’elles ont souvent servi de justification aux crimes les plus atroces. Tout écart de l’ordre normé par l’Occident est soumis à l’épreuve des missiles. Toute expérience populaire de la souveraineté retrouvée est soumise à l’épreuve de l’embargo. La plus grande « démocratie » du Proche Orient est celle aussi qui commet l’un des pires crimes coloniaux de l’histoire. On ne peut pas tromper les Palestiniens sur la nature de l’Etat d’Israël : leur vérité c’est la vérité historique, Israël est bel et bien un Etat raciste et criminel. Faut-il dès lors s’étonner ou faire semblant de s’étonner lorsque ces peuples affichent leur haine de l’Occident ? Ce racisme ne se combat pas avec les idées mais par l’action, la résistance. De toute manière les pays occidentaux ne laissent pas le choix des armes aux peuples dominés et exploités. N’en déplaise aux bonnes âmes occidentales, cette résistance prend des formes violentes mais elle n’est qu’une réponse à l’hyper-violence des pays impérialistes. Les peuples ont compris que cet ennemi impitoyable n’était pas invincible. Les défaites sionistes en 2000, 2006 et 2009 suivent d’autres défaites militaires et politiques de l’Occident depuis la seconde guerre mondiale : la défaite américaine à Cuba puis au Vietnam, celle de la France en Algérie et de la colonisation en général, le démantèlement de l’Apartheid en Afrique du Sud, les défaites actuelles en Afghanistan et en Amérique latine. L’avenir est celui des victoires des peuples du Sud, celui de la solidarité entre les peuples et de la lutte contre le racisme. C’est cette vérité qui fait fuir les Occidentaux à Durban II et ailleurs. Comité Action Palestine, Notes 1- http://www.unhchr.ch/pdf/Durban_fr.pdf Nous citons les articles en question
2- http://www.un.org/french/durbanreview2009/pdf/final_outcome_doc.pdf 3- « Ces pays ont envoyé des migrants d’Europe, des États-Unis et d’ailleurs pour établir un « gouvernement totalement raciste » en Palestine occupée et, pour compenser les « sinistres conséquences du racisme en Europe », ont aidé à porter au pouvoir les racistes les plus cruels et les plus durs en Palestine »…/… . « Le moment est venu de briser l’idéal du sionisme, qui est le modèle du racisme », a déclaré le Président iranien. Voir l’intégralité de la du texte de l’intervention sur http://www.aloufok.net/spip.php?article440 . 4- On ne cite ici que deux exemples significatifs parmi de très nombreux propos ouvertement racistes de la classe politique israélienne : « Les Palestiniens sont comme des bêtes marchant sur deux pattes . » Ménahem Begin, discours à la Knesset, 1982 ; «Vous ne pouvez pas apprendre à parler à un singe, et vous ne pouvez pas apprendre à un Arabe à être un démocrate. Vous avez affaire à une culture de voleurs et de bandits. Mahomet, leur prophète, était un bandit, un tueur et un menteur. », Moshe Feiglin, membre du Likoud, cité par le Monde Diplomatique, Mai 2009 5- Frantz Fanon, Pour la révolution africaine, Edition La Découverte, 2001, P. 48. 6- Discours de Dakar, 29 juillet 2007 |