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Les soulèvements dans le monde arabe, une nouvelle phase dans la lutte contre l’impérialisme

drapeaux-monde-arabe[1]Le spectre révolutionnaire a refait surface. Sorti des entrailles de la Tunisie, il s’est déployé sur l’ensemble du pays, propageant ses ondes tel un violent séisme, et plongeant dans le cauchemar les cliques dirigeantes arabes, les dictateurs de tout acabit ainsi que les pouvoirs impérialistes.

Lorsque Mohamed Bouazizi s’immole par le feu à Sidi Bouzid, il déclenche le feu de la révolution dans toute la Tunisie. L’immolation est un acte politique . C’est un geste qui veut alerter la population sur les conditions de vie, d’oppression et d’humiliation car elle a toujours lieu devant une institution publique. C’est une dénonciation de l’Etat, de sa corruption et de l’injustice qu’il fait régner. L’immolation, c’est donc l’indicateur de l’enfer vécu et sans doute le signe annonciateur de l’embrasement à venir. Lorsque des Arabes s’immolent partout, en Algérie, en Mauritanie, au Maroc, en Egypte ou au Yémen, cela ne signifie-t-il pas que mourir par le feu est préférable à l’enfer au quotidien ? Cela n’annonce-t-il pas le grand incendie qui va emporter dans tout le monde arabe des institutions décadentes et périmées, des pouvoirs soutenus par l’impérialisme ?

En Tunisie, le soulèvement a éclaté dans un contexte où se conjuguent au plus haut point violence économique et violence politique : une dictature sans fard appuyée par la France, l’Italie, les Etats-Unis et Israël, une bourgeoisie sans réelle puissance, des classes moyennes en manque de débouchés professionnels, des classes populaires victimes soit du chômage massif soit de l’exploitation forcenée dans les mines, le textile ou les multinationales du tourisme, des partis politiques sans force organisationnelle, ni capacité d’action. Au bout d’un mois de luttes, le peuple a réussi à chasser le clan mafieux des Ben Ali-Trabelsi qui régnait depuis 23 ans. Fuites, arrestations et exécutions, tel est le sort de ceux qui ont régné par l’oppression et qui ont dépouillé le pays de ses richesses en compagnie des multinationales occidentales.

Aujourd’hui, le nouveau gouvernement provisoire est une émanation des puissances impérialistes, de la France et des Etats-Unis, en accord avec la bourgeoisie locale, l’armée et d’anciens cadres du système Ben Ali. La révolution populaire a été usurpée. Même si les choses devaient en rester là, la Tunisie ne sera jamais plus comme avant et le peuple tunisien aura fait un grand bond en avant : toute nouvelle classe politique, pour rendre le pays gouvernable, devra tôt ou tard faire des concessions au peuple, qu’elles soient politiques ou sociales. Et surtout, le peuple tunisien aura compris que tout pouvoir, même le plus impitoyable, peut être mis à terre. Une telle bataille est extrêmement formatrice et présage d’un avenir plus radieux. Chaque nouveau soulèvement, enrichi des expériences précédentes, produira, pour les damnés de la terre, des résultats plus grandioses encore en termes de justice sociale et d’émancipation.

Les peuples arabes ont suivi et suivent avec attention les événements en Tunisie. Parce que si le soulèvement tunisien n’a pas force de contagion, s’il n’est pas transposable dans les autres pays, en revanche il est riche d’enseignements en termes d’organisation politique pour toutes les mobilisations populaires à venir. Dans le monde arabe aujourd’hui plusieurs pays présentent des situations homologues, à savoir une économie sans vitalité, n’absorbant qu’une partie de la main d’œuvre disponible et fortement dépendante de l’étranger au niveau de l’import-export et des capitaux internationaux ; un système politique fortement répressif et bloquant toute possibilité de développement économique et social. Dans ce contexte, soit les peuples font sauter le verrou de systèmes politiques périmés pour entrer dans une phase de changements sociaux et politiques générateurs de progrès, soit ils se condamnent aux formes les plus extrêmes de la pauvreté et de la décadence.

Après les guerres de décolonisation, le monde arabe est entré dans une nouvelle ère de révolution .

En Algérie, la violente révolte des jeunes des milieux populaires de toutes les régions a forcé le gouvernement à multiplier les concessions . En s’attaquant violemment aux institutions étatiques, aux locaux des multinationales ou aux quartiers des nouveaux riches, cette contestation s’est inscrite d’emblée dans une logique de lutte des classes. Si le mouvement manque encore de structuration il porte cependant en lui les germes d’une profonde remise en cause des rapports économiques et politiques de domination.

Au Yémen et en Jordanie, les manifestations contre le pouvoir se succèdent jour après jour et les dictatures en place font proposition sur proposition pour calmer la colère populaire : subventions des biens de première nécessité, dissolution des gouvernements, promesses de céder le pouvoir à la fin du mandat, etc. Mais rien ne semble pouvoir apaiser la vindicte populaire.

En Egypte, un soulèvement d’une grande ampleur menace gravement le régime de Moubarak . Le pouvoir politique égyptien fragilisé, en perte totale de légitimité depuis des mois a cherché, par des subterfuges, à détourner la colère populaire vers d’autres horizons : guerre médiatique contre l’Algérie pour entretenir un nationalisme chauvin, attentat contre les coptes pour opposer les communautés. Mais les manipulations n’ont pas suffi à faire oublier les problèmes sociopolitiques internes. Et dans ce contexte de rejet généralisé du régime, le trucage des dernières élections législatives au mois de novembre 2010 a sans doute constitué le moment de rupture et de début de contestation violente du système Moubarak. C’est pourquoi aujourd’hui le peuple scande à l’unisson le slogan devenu célèbre : « Moubarak dégage ! ».

L’effet de surprise fut total pour les ennemis des peuples arabes, qu’ils soient internes ou externes. Tous réagissent autant dans la précipitation que dans la confusion. Surprise et stupeur pour les régimes arabes qui s’activent pour conjurer le spectre révolutionnaire dans leurs Etats respectifs. Du Maroc au Yémen en passant par la Jordanie, c’est le branle-bas de combat et la course aux concessions. Mais les demi-mesures ne résoudront pas les problèmes socio-économiques et surtout ne calmeront pas l’ardeur des masses. Surprise et grave embarras pour les Etats occidentaux qui hésitent entre le soutien aux dictateurs et l’accompagnement des mouvements populaires pour placer leurs hommes de main. La seule constante qui se dessine au milieu de ce fatras de discours diplomatiques creux et de gesticulations, c’est de maintenir intact l’appareil militaire, seul véritable socle des régimes répressifs arabes inféodés à l’occident. La réaction de la diplomatie française au soulèvement tunisien fut un fiasco. Son aveuglement à soutenir le système Ben Ali jusqu’à la dernière minute alors que les Américains préparaient déjà l’après Ben Ali a suscité la risée internationale.

Mais quelque soit la stratégie adoptée, le risque est grand que la situation finisse par totalement leur échapper. Et si des pouvoirs vraiment populaires venaient à voir le jour en Egypte et ailleurs, ce serait sans doute la mort programmée pour Israël et la fin de l’hégémonie occidentale dans la région.

Nous, Comité Action Palestine, qui soutenons inconditionnellement la résistance du peuple palestinien contre la plus abjecte des oppressions qu’est le sionisme, tenons à exprimer notre totale solidarité avec tous les peuples arabes qui réclament la liberté et l’égalité.