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L’affaire de l’arche de Zoé : la légitimation humanitaire du colonialisme

L’affaire des enfants tchadiens récemment dévoilée n’est pas la conséquence du comportement irresponsable mais pourtant bienveillant d’une équipe d’humanitaires dévouée à l’Afrique, soucieuse d’offrir à ces enfants un toit, une vie meilleure à l’abri des fléaux ravageants leur pays. La traite des enfants tchadiens n’est surtout pas le fruit empoisonné d’attitudes isolées et maladroites.

Le Comité Action Palestine a souhaité vous proposer sa propre analyse sur ce sujet car à ses yeux, elle représente le prolongement cruel et pervers des rapports opposant l’Occident colonialiste aux territoires périphériques qu’il maintient sous ses bottes.


L’ « Occident civilisé » n’en finit pas de démentir la bonne réputation qu’il tente d’imposer au monde entier. L’affaire des enfants tchadiens fait tomber le masque, l’usurpation d’identité. Et Cet Occident paré de mille vertus nous donne à voir son véritable visage. Cet Occident façonné et enrichi par plus de deux siècles de régime bourgeois et de colonialisme nous démontre une fois encore qu’il est l’antithèse de la vie. Car fidèle à ses nobles principes : « droits de l’homme », « démocratie », « justice », la rapacité de cette entité économique ne possède aucune limite.

L’affaire des enfants tchadiens récemment dévoilée n’est pas la conséquence du comportement irresponsable mais pourtant bienveillant d’une équipe d’humanitaires dévouée à l’Afrique, soucieuse d’offrir à ces enfants un toit, une vie meilleure à l’abri des fléaux ravageants leur pays. La traite des enfants tchadiens n’est surtout pas le fruit empoisonné d’attitudes isolées et maladroites. Elle représente le prolongement cruel et pervers des rapports opposant l’Occident colonialiste aux territoires périphériques qu’il maintient sous ses bottes. Elle n’est que le produit des intérêts matériels et géopolitiques que l’Occident entend par tous les moyens sauvegarder. En somme, il existe un lien organique entre le rapt des enfants tchadiens et les objectifs géopolitiques et économiques de l’Occident dans cette région.

L’intervention « humanitaire » au Darfour dont se gargarisent les Etats-Unis et l’Union Européenne constitue, sur ce plan, une opération de soutien aux ambitions géostratégiques occidentales dans cette zone. L’humanitaire, c’est le paravent que l’on plante afin de camoufler les véritables intentions des puissances prédatrices. Comme cela fut démontré pour le Rwanda lors de « l’opération turquoise » échafaudée par l’Etat français en 1994, il s’agit sous le prétexte de l’action humanitaire de fournir des armes, un appui logistique et militaire à des groupes armés autochtones employés et financés pour servir le projet impérialiste dans la corne africaine.

Ce secteur est en effet hautement stratégique. En plus des matières premières fortement convoitées tels que le pétrole et le gaz naturel qu’elle renferme, la maîtrise de cette zone permet à l’Occident de déployer un système de contrôle militaire sur l’ensemble du golf arabique. Qu’on ne s’y trompe pas, le « corridor-couloir humanitaire », « l’aide humanitaire » que les Etats français et américains souhaitent installer entre le Tchad et le Darfour a pour but principal d’affaiblir l’Etat soudanais en alimentant une guerre civile et en installant de fait une situation de partition que « la communauté internationale » officialisera d’abord en traçant une frontière défendue par des contingents militaires onusiens puis en décrétant l’autonomie du territoire pour finir par la reconnaissance de son « indépendance ». N’a-t-on pas appliqué la même traitement à la défunte Yougoslavie. L’hérésie de l’Etat soudanais allié de la Chine c’est le refus de se plier systématiquement aux exigences de Washington. La menace : un pays où s’est par ailleurs structuré une coalition des forces nationales dirigée par Hassan Tourabi, le leader du Congrès Populaire, un parti islamiste influent et mobilisateur. Prévenir toute remise en cause de la hiérarchie mondiale, émietter, diviser, tel est l’intérêt de la dictature globalisée.

Qu’a-t-on observé également en Somalie au cours de l’année 2007 ? Les mêmes enjeux et les mêmes ingérences dont les arguments humanitaires furent lancés dans l’unique but d’occulter la politique coloniale que les puissances occidentales entendaient poursuivre. N’a-t-on pas voulu détruire un mouvement populaire de libération nationale (l’Union des Tribunaux Islamiques) s’étant rendu maître du pays en utilisant l’armée supplétive éthiopienne ainsi que divers groupes armés mafieux locaux. Et le résultat : une guerre civile, une famine généralisée, le départ forcé de plus de 800 000 somaliens dans des camps de réfugiés, l’occupation du pays par l’armée éthiopienne. Au total, la bienveillance humanitaire de l’Occident a déclenché pas moins de 69 guerres dans la corne de l’Afrique durant les deux dernières décennies.

Au reste, les multiples agressions de l’Occident ne se cantonnent pas au registre militaire. Avec les armes, la guerre, les destructions de villages, de l’infrastructure sociale, viennent les trafics les plus morbides comme ceux révélés au Tchad dernièrement :

  • La prostitution organisée par des agences humanitaires occidentales au Congo-Zaïre.
  • Le trafic de drogue dont l’Afghanistan constitue l’exemple le plus patent. L’invasion US et l’arrivée massive dans ses bagages d’ ONG humanitaires occidentales s’est accompagnée d’une augmentation sans précédent de la production d’opium.
  • La traite des enfants africains par des associations dites humanitaires au Tchad-Darfour. Des enfants arrachés sournoisement à leurs familles pour être vendus comme des marchandises ou des bêtes à des familles françaises complices. Environ 150 enfants furent kidnappés et déportés avec les moyens de l’Etat français : mise à disposition d’un avion militaire, octroi de titres de séjours, une couverture médiatique assurée par le service public de l’audiovisuel et l’inévitable gesticulation opportuniste du président Sarkozy et de sa passionara humaniste ya bon banania.

Cette opération politico-médiatique devait mettre en scène un pouvoir politique oeuvrant pour la paix et l’aide humanitaire aux populations du Darfour. Le « rapatriement » des enfants orphelins du Darfour était censé inaugurer la « nouvelle » politique étrangère française : humanitaire et atlantiste. Or depuis le relatif « désaccord » irakien de 2003, la politique étrangère française se conçoit désormais dans le cadre d’un partenariat étroit avec le consortium américano-sioniste :

  • Soutien à l’agression israélienne au Liban en 2006 par le silence révélateur des autorités politiques françaises.
  • Politique de sanctions économiques et d’isolement diplomatique menée contre l’Iran.
  • Pressions exercées sur la Syrie.
  • Participation au blocus imposé à la population palestinienne à Gaza, etc.

Reste que la « nouvelle » politique étrangère de l’Etat français diffère sur un seul point de celle conduite par les prédécesseurs du gouvernement Sarkozy : la médiatisation décomplexée de ses affinités américaine et sioniste. Constatons que les responsables politiques en France ont échoué cette fois-ci sur ce terrain. L’entourloupe fut éventée et portée au grand jour malgré les vaines tentatives de diversions mises en oeuvre par le pouvoir.

Sarkozy nous l’avait annoncé le soir de son élection : la France lutterait contre le réchauffement climatique et se tiendrait aux côtés des opprimés, des faibles et des démunis … pour creuser leur tombe.

Comité Action Palestine