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La révolution « jaune » de Mahmoud Abbas et Mohammad Dahlan

le 19/11/2007 8:47:00 (741 lectures)

Article de Tony Sayegh publié le 12 novembre 2007 sur le blog Palestinian Pundit.

L’auteur y dénonce la trahison et la collaboration du « régime de Ramallah« . Il appelle les palestiniens à ne pas tomber dans le piège tendu par ceux qui se sont alliés à l’occupant israélien.


Il y a juste quelques jours, plusieurs camions ont fait leur chemin vers la bande de Gaza avec l’aide d’Israël. À bord  devaient se trouver des denrées alimentaires destinées à la population affamée. Mais lors de l’inspection la cargaison s’est avérée être 45 000 drapeaux jaunes du Fatah et un nombre égal de casquettes de base-ball avec le logo du Fatah et des kafiyyahs pour compléter l’ensemble.

Le Hamas aurait pu confisquer ces stocks, puisqu’il a compris ce à quoi ils étaient destinés. Mais il a décidé de laissé le Fatah recevoir les objets prévus pour un rassemblement de masse coloré en jaune contre le Hamas. Le prétexte invoqué était le troisième anniversaire de la mort d’Arafat.

Deux observations doivent être faites. Ces deux dernières années, alors que le Fatah contrôlait la bande de Gaza, rien de comparable n’a été organisé pour la mémoire d’Arafat. La seconde remarque est que ce rassemblement était prévu comme devant être beaucoup plus important que tous les rassemblements organisés en Cisjordanie qu’Abbas et ses milices continuent de contrôler.

Il faut mettre au crédit du Hamas d’avoir autorisé le rassemblement, alors qu’il est totalement interdit au Hamas de tenir même un rassemblement de vingt personnes en Cisjordanie. Au moment où les partisans du Hamas ont voulu organiser une petite protestation à l’université d’Al-Najah dans Naplouse, ils ont été tabassés par les sbires d’Abbas, certains ont été emprisonnés et beaucoup d’entre eux ont été expulsés de l’université.

Le rassemblement de Gaza s’était presque terminé paisiblement comme cela avait été convenu avec la police. Mais ce n’était pas ce qui avait été planifié. Le plan était de provoquer le Hamas et d’inciter à la violence, et c’est ce qui s’est produit. Quelques partisans des anciens seigneurs de la guerre du Fatah dans Gaza ont ouvert le feu en direction de civils et des services de sécurité du Hamas. L’idée était de provoquer la chaos et de faire porter la responsabilité du massacre sur la police de Hamas ; c’est une tactique classique US-israélienne. Plusieurs policiers du Hamas ont été blessés et six ou sept civils ont été tués.

En cet instant, il est important de prendre de la distance et d’adopter une plus large vue au lieu de blâmer de façon partisane. Dans cette plus grande perspective nous découvrons un niveau de collaboration sans précédent dans l’histoire palestinienne entre Abbas et son régime et les occupants israéliens.

Nous voyons un régime qui a déclaré comme illégale n’importe quelle résistance palestinienne à l’occupation et qui considère celle-ci comme étant du terrorisme. Nous voyons un régime dont le représentant à l’ONU avait préparé une résolution de l’ONU qui aurait eu pour effet de déclarer la plupart des Palestiniens comme terroristes et de fournir une couverture légale aux massacres quotidiens perpétrés par Israël dans Gaza comme à une invasion totale de ce territoire.

Le mensonge de ce régime dans Ramallah est qu’il exploite la mémoire d’Arafat pour faire avancer ses propres conceptions bien qu’Arafat n’ait jamais été d’accord pour une connivence de son régime avec les occupants israéliens et avec l’abandon des droits palestiniens tel que le régime de Ramallah y est préparé à l’occasion de la réunion d’Annapolis. C’est une exploitation cynique de la mémoire d’Arafat comme d’un écran de fumée pour dissimuler la trahison d’Abbas et de sa bande.

Ce qui est bien plus méprisable est que l’équipe d’Abbas, dont fait partie Mohammad Dahlan, a été impliquée dans l’empoisonnement d’Arafat. Ceux qui aujourd’hui versent des larmes, érigent des monuments et organisent des rassemblements à la mémoire d’Arafat sont ceux-là même qui ont agi pour retirer Arafat de la scène lorsque il était devenu un obstacle aux plans américano-israéliens de liquidation de la cause palestinienne.

Ce n’est personne d’autre que Dahlan qui a écrit une lettre à Shaul Mofaz (alors ministre israélien de la défense) lui indiquant, « laissez-nous le soin de nous débarasser d’Arafat de notre propre façon. » Dahlan a reçu une formation spéciale en Grande-Bretagne pour apprendre à manipuler un poison faiblement radioactif (plausiblement du polonium) et savoir comment le présenter dans la nourriture d’Arafat. Ce poison est à action très lente et est très difficile de détecter.

Abbas, Dahlan et le reste du gang ont jusqu’à ce jour réussi à empêcher que le rapport médical au sujet de la mort d’Arafat ne soit rendu public.

Si nous prenons toujours cette plus large perspective, nous constatons que George W. Bush a personnellement exigé que Dahlan soit dans la délégation palestinienne à Annapolis. Il jouera alors un rôle primordial dans des « négociations » qui suivront sur les questions centrales. En d’autres termes il est celui à qui Bush et Israël font le plus confiance pour sacrifier tous les principaux droits palestiniens, de Jérusalem au droit au retour en passant par la fin de l’occupation.

Le moment n’est pas forcément loin où en accord avec la tradition américaine Abbas devra quitter la scène (avec du polonium ?) pour que soit installé Dahlan à sa place en tant que dictateur-en-chef palestinien.

Ce qui est en jeu pour les Palestiniens est énorme, et ce n’est rien moins que la liquidation de leurs droits pour lesquels ils ont combattu pendant 90 années. Le niveau de collaboration et de trahison de la part du régime de Ramallah est sans précédent dans l’histoire palestinienne, et le pire est à venir.

Adopter une plus large vue et voir les vrais buts cachés derrière ce qui est monté de toutes pièces devrait être le centre de l’attention de la plupart des Palestiniens. Ne soyons pas distraits et ne soyons pas aveuglés par une campagne de code de couleurs, de chaos organisé, de massacre et de revanche.

Montrons que nous sommes trop instruits, intelligents et clairvoyants pour donner dans ce panneau. Si nous tombons dans ce piège, il n’y aura aucune seconde chance et les générations futures ne nous pardonneront pas une telle stupidité et un tel manque de perspicacité.

Tony Sayegh

Traduction : APR – Info-Palestine.net 

dessin L’Etat palestinien vu par Carlos Latuff (ISM)