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La Nakba : la catastrophe de mai 1948

Tract et analyse du CAP de mai 2007.

Le 14 mai 1948 est le jour de la création de l’État israélien , mais cette date est commémorée par les Palestiniens comme la Nakba , la catastrophe.

L’idée initiale selon laquelle la Palestine était une « terre sans peuple pour un peuple sans terre » a constitué l’un des plus grands mensonges de l’histoire et a servi de justification à la politique sioniste de colonisation.


Cette catastrophe prend d’abord les formes de la légitimité internationale lorsque l’O.N.U. adopte, le 29 novembre 1947, la Résolution 181, instituant la partition de la Palestine, partition refusée par les Palestiniens parce qu’injuste : 56 % du territoire palestinien est attribué aux Juifs, qui constituaient moins du tiers de la population et possédaient jusque-là à peine 7 % des terres.

Cette catastrophe, c’est aussi la destruction, entre 1947 et 1949, de plus de 500 villages palestiniens, dont le plus connu est Deir Yassine, avec ses 250 habitants massacrés par les forces militaires juives.

Cette catastrophe, enfin, c’est 800 000 Palestiniens expulsés de leurs terres sans que leur droit au retour soit encore reconnu dans les faits. Chassés de leurs terres et niés de tous, les réfugiés (environ 5 millions) attendent toujours de retourner chez eux.

La Nakba, comme politique d’anéantissement du peuple palestinien n’a en fait jamais cessé : en témoignent les massacres de Qibia en 1953, l’annexion pure et simple de Jérusalem Est, de Gaza et de la Cisjordanie en 1967, les crimes contre l’humanité dans les camps palestiniens au Liban en 1982, à Jenine en 2002, à Rafah en 2004, à Beit Hanoun en 2006. Depuis septembre 2000, 4700 Palestiniens ont été tués, dont 956 enfants.

La catastrophe continue aujourd’hui . Le vol de la terre se poursuit, notamment en Cisjordanie et au Naqab. L’épuration ethnique est partout une réalité, principalement à Jérusalem, dans le Naqab et dans la Vallée du Jourdain. La répression est quotidienne. Chaque jour, plusieurs dizaines de Palestiniens sont kidnappés et torturés. Il y a déjà 10000 prisonniers palestiniens dans les geôles israéliennes. Outre l’apartheid qu’ils subissent quotidiennement, la pression s’accentue aussi sur les Palestiniens de 48 (ceux qui sont restés chez eux à la création de l’Etat sioniste en 1948). Plusieurs villages ont été détruits et des responsables politiques sont menacés d’expulsion. Et pour gagner du temps et mettre les Palestiniens devant le fait accompli, la politique sioniste se drape d’un discours pacifiste et d’une prétendue volonté de négociation.

Bien sûr, cette stratégie est mise en oeuvre avec la bénédiction et le soutien des Etats-Unis, de l’Europe, de la France et des régimes arabes. Elle s’accompagne d’un chantage à l’antisémitisme afin de bâillonner tout soutien au peuple palestinien.

Depuis la victoire du Hamas aux élections législatives de janvier 2006, cette politique se fait encore plus odieuse : il s’agit d’obtenir la reddition du peuple palestinien en le soumettant à un blocus économique qui le prive de ses ressources financières et des biens de première nécessité. Pourtant, les nouveaux dirigeants politiques et l’ensemble de la résistance ne se sont pas pliés à l’odieux chantage de la dictature coloniale israélienne et des puissances occidentales qui exigeaient la cessation de la résistance armée et la reconnaissance de l’Etat d’ Israël, c’est-à-dire de la force occupante qui, elle, n’a jamais reconnu la Palestine.

Bien au contraire, et en dépit des conditions de vie de plus en plus difficiles, le peuple palestinien soutient toujours ses dirigeants qui, dans le cadre du gouvernement d’union nationale, comptent poursuivre la résistance jusqu’à la libération de leur pays. En lançant cette semaine, une centaine de roquettes, le Hamas a voulu signifier à l’occupant sa capacité à mettre œuvre sa stratégie. Israël ne connaît que le langage de la force. Il n’a jamais respecté la trêve conclue en novembre 2006 et a effectué, depuis, près de 596 incursions meurtrières dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, a tué 62 Palestiniens et en a kidnappé 1164. Face à cette politique, les Palestiniens n’ont d’autres choix que celui de la résistance.

Dans cette voie nous faisons confiance au peuple palestinien et à sa capacité de résistance. L’Histoire est de son côté comme elle est du côté de tous les peuples qui résistent.

La défaite américaine au Vietnam n’a pas été obtenue par une résolution de l’ONU mais grâce à la résistance héroïque du peuple vietnamien. Cuba résiste toujours malgré près de 40 ans d’embargo ; Le peuple vénézuélien et le peuple bolivien sont entrés en résistance face à la domination américaine. C’est toute l’Amérique latine, celle des classes populaires, qui peu à peu tient tête aux visées impérialistes des Etats-Unis.

Au Moyen Orient, Israël a été vaincu et éjecté hors du Liban Sud en 2000 par la résistance libanaise. En 2005, l’Etat colonial israélien a été forcé de retirer ses troupes de Gaza. Après avoir subi une seconde défaite cuisante en août 2006, il a été de nouveau contraint à faire machine arrière au Liban. En Irak comme en Afghanistan la résistance ne faiblit pas, bien au contraire, elle inflige des pertes toujours plus grandes à l’ennemi américain et à ses alliés. Une nouvelle déconvenue attend les armées sionistes et impérialistes : c’est la guerre qui se prépare contre le peuple iranien au nom de la lutte contre la prolifération nucléaire alors que l’Etat colonial d’Israël possède plus de 200 têtes nucléaires. Mais cette justification (utilisée pour envahir l’Irak) de la nouvelle guerre qui s’annonce ne doit tromper personne, car s’il devait y avoir désarmement nucléaire il devrait commencer d’abord par les Etats-Unis, Israël et leurs alliés occidentaux.

Aujourd’hui il y a deux voies possibles : il y a celle de la résignation et de la soumission à un ordre mondial injuste et meurtrier et il y a celle de la résistance et de la solidarité entre les peuples. En Palestine occupée, le peuple Palestinien est toujours debout, uni depuis près de soixante ans contre l’infernale machine de guerre coloniale israélienne. Il nous indique la voie à suivre.

Nous, membres du CAP, nous sommes à ses côtés sur ce chemin.