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Intervention de Hajj Abu Imad Rifa’î, représentant du Jihad islamique au Liban

Rifai-020512Lors du congrès de la coalition des associations civiles pour la défense d’al-Quds qui s’est tenu récemment à Beyrout, le Jihad islamique, à travers la voix de son représentant au Liban, a réaffirmé la nécessité, pour le peuple palestinien, de poursuivre la résistance armée.

Cet appel à continuer la lutte armée se fonde sur une double observation : 1° celle de Gaza, qui a démontré en janvier 2009 l’extraordinaire capacité d’un peuple à faire reculer l’ennemi en dépit de son très large désavantage en matière d’armement ; 2° celle de la diplomatie menée au Proche et au Moyen-Orient, qui depuis vingt ans démontre toujours la même chose : conduites sous l’égide des Etats-Unis et de leurs alliés, avec la complicité de leurs zélateurs sur le terrain, les négociations n’ont jamais eu d’autre but que de favoriser l’agresseur, en lui ouvrant de nouvelles possibilités de domination. C’est ainsi que le jeu diplomatique a légitimé par anticipation l’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan par les Etats-Unis, c’est ainsi qu’il a renforcé l’ennemi sioniste en Palestine en amplifiant la colonisation.

Dès lors la conclusion de ces observations s’impose : seule la lutte armée rendra au peuple palestinien ses droits et sa liberté . La libération totale de la terre arabe et musulmane de Palestine de l’occupation juive, la libération des prisonniers palestiniens, le retour des réfugiés chez eux et l’instauration de l’Etat palestinien constituent les objectifs et les conquêtes à venir de la résistance. Mais pour triompher, la résistance doit avoir pour orientation permanente (qibla) la défense de la Mosquée al-Aqsa, lieu de culte hautement symbolique pour les musulmans et par là élément unificateur indispensable dans la lutte de libération.


11 janvier 2010

(Intervention au cours du congrès de la coalition des associations civiles pour la défense d’al-Quds et des lieux saints, où a été prise la décision de faire d’al-Quds la capitale permanente de la culture arabe).

Au nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux
Chers frères, chères sœurs, paix et miséricorde de Dieu sur vous

Notre congrès se déroule aujourd’hui, un an après la terrible agression sioniste subie par notre peuple à Gaza, vécue dans leur sang et leurs âmes. Nous nous rappelons tous les deux images de cette guerre : l’image de la tuerie et de la destruction, l’utilisation des armes meurtrières, dont des armes prohibées sur le plan international, guerre soutenue par le monde américano-occidental, détruisant les maisons, les écoles, les mosquées et les universités, et acompagnée du silence de certains régimes arabes, pour ne pas parler de connivence évidente. Et l’image de cette résistance légendaire d’un peuple abandonné, assiégé depuis plus de trois ans, sur une terre qui est la plus étroite dans le monde sur ses habitants et qui vit dans une pauvreté des plus marquées. Qui pouvait croire, selon une lecture matérialiste des rapports de force, que les avions s’écrasent devant les minarets, que les chars se brisent devant la volonté d’un groupe, peu nombreux, en hommes et en matériels. Les rapports de force seulement matériels ne peuvent expliquer cette ténacité légendaire de notre peuple, qui a fait face aux bombes phosphoriques avec sa chair, qui a fait face aux fusées, chargées d’uranium enrichi, avec ses paupières, et finalement, la volonté de résistance et de la vie a vaincu, obligeant l’ennemi à reculer, à arrêter son agression, sans réaliser ses objectifs, qui est la libération de son prisonnier. Il n’a pu changer les forces sur le terrain, comme Livni l’a promis au Caire, quelques jours avant l’agression, ni n’a pu imposer son équation sur la résistance.. Des dizaines de fusées ont continué, jusqu’à la dernière minute, à viser les colonies et les bases militaires de l’occupant. Le soldat est resté prisonnier, imposant à l’ennemi de procéder à un échange, humiliant (pour lui), dont il craint les conséquences sur le moral de son peuple.

L’endurance à Gaza, et sa victoire, n’ont pas été une humiliation seulement pour l’entité sioniste, ni un défi seulement aux positions soutenant cet Etat, mais elles ont fait découvrir la connnivence arabe, dont l’histoire se rappellera. Gaza, par sa victoire, est en train d’être puni parce qu’il a dévoilé ce qui est caché chez certains arabes, et parce qu’il a osé à défier les régimes qui ont pris la nation entière en otage dans leur politique, leur économie et leur armement au profit de quelques individus accrochés à un trône creux que les enfants de Gaza ont piétiné.

Si telle est la position à Gaza, peut-on s’attendre à ce qu’il ne soit pas pire dans al-Quds ? L’ennemi sioniste a mené des opérations de judaïsation de la ville d’al-Quds, a souillé ses lieux saints chrétiens et musulmans, a expulsé ses habitants, détruit ses maisons, violé ses sacralités, rien que l’année passée plus qu’il ne l’a fait depuis son occupation. La mosquée al-Aqsa n’était pas aussi en danger qu’à l’heure actuelle. Les groupes extrémistes sionistes se préparent, se rassemblent, organisent leurs rangs, pour investir la mosquée al-Aqsa et le détruire, pour y installer le prétendu temple sur ses ruines, soutenus par un gouvernement extrémiste de droite dirigé par le trio satanique : Netanyahu, Ofadia et Lieberman. Netanyahu qui fut le premier à reprendre la politique des tunnels sous la mosquée al-Aqsa, lors de son précédent gouvernement, et le rabbin extrémiste Ofadia Yusuf, qui a décrit les musulmans comme des arriérés, qui a attaqué notre prophète, paix et salut sur lui. Et Lieberman.. !! Vous rappelez-vous les déclarations de Lieberman ? Qui a dit, un jour, que l’entité sioniste devrait bombarder à l’arme atomique le barrage du Nil en Egypte pour que le Caire soit noyé, qui a attaqué un jour le président égyptien Husni Mubarak, le décrivant par les pires attributs ? Lieberman, qui a déclaré que le fait de se rendre au Caire et de rencontrer ses responsables n’était pas un honneur pour lui.. Où sont ceux qui prétendent assurer la sécurité nationale égyptienne ? Les tunnels qui assurent le lait aux enfants, les vivres aux familles, sont une menace pour la sécurité nationale égyptienne… et la menace de destruction du barrage du Nil par l’arme atomique ne l’est pas ? La destruction des barbelés qui séparent les Palestiniens de leurs frères égyptiens, la violation de l’honneur de l’Egypte et de sa sécurité nationale, sont des menaces à la sécurité nationale, tandis que la menace, et les agissements quotidiens pour la destruction de la mosquée al-Aqsa, ne le sont pas ? Sont-ils une défense de la sécurité nationale arabe ?

Chers frères, chères sœurs

Nous nous sommes habitués, à la veille de toute nouvelle guerre américaine contre notre nation, de voir des ballets diplomatiques, menés par des représentants arabes et étrangers, dans les capitales arabes… A chaque fois, ils jouent le même jeu : agiter les négociations de règlement, et après la fin de l’agression, ils reviennent, ferment les portes à nouveau, et libèrent l’agressivité de l’ennemi sioniste qui répand sa corruption. Avant la seconde guerre du golfe contre l’Irak, ils nous ont vendu la conférence de Madrid, et avant l’invasion de l’Afghanistan, G. Bush fils a parlé de sa vision des deux Etats, et avant l’occupation de l’Irak, Cheney est venu pour annoncer l’Etat palestinien… Aujourd’hui, nous avons le droit de nous demander : quelle nouvelle agression se prépare dans la région, alors que nous assistons à tous ces mouvements, dans tous les sens, dans les capitales arabes ? Est-ce que l’Iran sera la cible ? Ou une nouvelle agression contre Gaza ? Ou une troisième guerre contre le Liban ? Les Arabes parlent de paix, et l’ennemi sioniste accumule ses armes et mène des manœuvres, il prépare ses avions et son système de missiles. Qui veulent-ils tromper, ceux-là ? Ils ne font que se duper eux-mêmes.

Ils parlent du retour aux négociations, et sur la présence de nouvelles initiatives pour un règlement. La question qu’il faut se poser est : est-ce qu’il leur est possible, après vingt ans de négociations, de nous dire à quoi sont-ils parvenus ? La colonisation dans al-Quds et en Cisjordanie a augmenté de 40 colonies, avant le règlement, à 200 colonies après, soit multiplié par 5. Le nombre de prisonniers a augmenté de 460, avant la première intifada, à 8000 aujourd’hui. Des millions d’arbres ont été détruits après le processus de règlement, et al-Quds est en train de s’évanouir dans les méandres du processus de règlement… De quelles négociations ils parlent, alors qu’ils ont en face un ennemi qui ne croit que dans le meurtre, qui n’est intéressé que par la confiscation des terres, l’agression contre la dignité des gens, la destruction des maisons, la confiscation des biens. De quel règlement parlent-ils alors que les appareils sécuritaires de l’autorité se sont transformées, d’unité de lutte armée, en unité de Dayton ? Celui qui est nommé « le grand négociateur » dans l’autorité, l’auteur du livre « les négociations sont une vie » n’a-t-il pas reconnu l’échec de 18 années de négociations ?… Selon quelle conception et stratégie est-il juste de dire que des négociations supplémentaires sont une alternative aux négociations ? Y at-il des gens raisonnables pour considérer que la même expérience peut aboutir à des résultats différents ? Le fait de proposer le règlement n’est qu’une manière de nous égarer et de tromper le peuple, une poudre aux yeux que l’administration américaine nous jette pour faire passer ses plans.

Face à tous ces événements, face au resserrement du siège contre Gaza, l’élargissement de la colonisation en Cisjordanie, la menace contre la mosquée al-Aqsa, les mesures oppressives contre notre peuple dans les régions occupées en 1948, nous ne voyons qu’une seule voie, celle de la résistance, pour récupérer les droits.. La résistance est la fierté et l’honneur de la nation, la résistance est la voie qui va libérer la terre, qui protège les lieux saints, qui vaincra l’ennemi, qui instaurera l’Etat et la patrie, la résistance est ce qui unifie le peuple palestinien, elle est ce qui libèrera les prisonniers.

Nous considérons que l’unité nationale est la voie pour affronter tous les plans conçus par nos ennemis, et qu’il est nécessaire d’unifier les rangs palestiniens, pour défendre nos lieux saints et nos droits. C’est l’objectif véritable de l’unité, l’unité qui protège les constantes, les lieux saints, qui récupère la terre et assure le retour des réfugiés, qui récupère la patrie.. Non pas un accord fragile dont le but est de faire passer quelques points sécuritaires, dans un souci de négocier, ou de donner une trêve gratuite à l’ennemi, et du temps pour qu’il procède à des changements sur le terrain à son profit. Nous disons à tous, venez et mettons-nous d’accord sur ce qui a été décidé au sein de la direction unifiée de l’intifada bénie en 2000, ou ce qui a été décidé dans l’accord du Caire en 2005. Venez pour reconstruire l’OLP et travailler selon la charte nationale palestinienne, qui croit dans la lutte armée comme seule voie pour la libération de la terre et le retour des réfugiés.

Il est nécessaire d’aborder dans ce congrès qui se tient à Beirut la situation des réfugiés palestiniens au Liban. Au cours des derniers mois, une évolution importante a eu lieu, représentée par la décision du gouvernement libanais de reconnaître les droits humains et sociaux des réfugiés. Il s’agit d’un pas positif qui va dans le sens de l’intérêt des deux peuples, palestinien et libanais, et qui peut pousser vers l’approfondissement du dialogue libano-palestinien, en tenant compte des craintes des deux parties. Nous faisons un effort, avec l’Etat libanais, et les différentes parties qui soutiennent ces droits, pour les traduire en lois et règlements par le conseil législatif, et devenir applicables, ce qui réduira la souffrance de notre peuple dans les camps.

Mais il y a certains qui essaient de troubler le climat dans les camps, dans une tentative claire pour maintenir la tension entre les camps et leur environnement, pour faciliter leur description comme « des ilôts sécuritaires » et empêcher toute tentative d’apaiser les relations libano-palestiniennes. Certaines de ces parties internes ont des tendances racistes ou des calculs étroits, certains même étrangers avect un agenda visant à l’installation définitive des Palestiniens, qu’ils veulent imposer au Liban et aux réfugiés à la fois.

Nous disons que nous ne permettrons pas d’installer la tension sécuritaire à l’intérieur ou aux environs des camps, et nous ferons face à toutes ces tentatives. Nous sommes concernés, en tant qu’organisations et groupes palestiniens, de poursuivre la liaison avec l’Etat libanais, toutes ses institutions, pour protéger le Liban et protéger notre peuple dans les camps, et prendre toutes les mesures pour que le communiqué ministériel du gouvernement devienne une réalité.

Ce qui nous réunit dans ce congrès, aujourd’hui, c’est la mosquée al-Aqsa, qui représente la première qibla dans la doctrine et la culture de notre nation.. Pour récupérer al-Aqsa, et avec lui, la dignité de la nation, nous devons faire en sorte que notre al-Aqsa soit la qibla (direction) de notre résistance, pour affronter les plans de règlement qui ne préparent que l’agression contre notre nation et nos peuples, qui ne préparent que l’occupation de notre terre, le vol de nos richesses, et nous imposer les conditions de la soumission.

Que la mosquée al-Aqsa soit la qibla de notre lutte, le but de notre résistance, ce qui nous unifie, le but des générations de cette nation, car la libération de la mosquée que Dieu a bénie et dont Il a fait le lieu de voyage nocturne de Son envoyé et prophète, c’est la première cause des musulmans. Ainsi cela fut, et cela doit le rester, quels que soient les sacrifices et la dureté des complots.

En espérant que ce congrès ramène la boussole vers l’objectif, et si ce n’est pour les régimes arabes, du moins pour les jeunes générations, pour élaborer la culture d’al-Aqsa et de la résistance…

Hommage à nos prisonniers, à nos combattants et notre peuple résistant à Gaza, en Cisjordanie et dans toute la Palestine !!

Hommage à notre peuple résistant dans l’exil !!

Hajj Abu Imad Rifa’î, représentant du Jihad islamique au Liban