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Contre la dissolution : la défense du Comité Action Palestine (5)

Le Comité Action Palestine publie ici
des extraits du recours en référé-liberté déposé devant le Conseil d’Etat, où
chaque grief de l’Etat est déconstruit et réfuté.

[…]

Sur l’article « Cette terre, Yacov, est la terre de nos pères » du 14 mai 20211

Le décret fait état, concernant cet article :
« qu’enfin, le 14 mai 2021, l’association a relayé, sur sa page Facebook, un article intitulé « Cette terre, Yacov, est la terre de nos pères », paru la veille sur le site du Centre d’information sur la résistance en Palestine (CIREPAL) encourageant et appelant à la destruction de l’Etat d’Israël qui s’y trouve qualifié d’« Etat juif nazi », de « petit Etat qui ressemble à un abcès » et d’« excroissance maligne qu’il faut arracher du monde », pratiquant l’« apartheid », aimant « tuer les enfants » et cautionnant les violences de « colons enragés », atteints par un « mal sioniste vorace et malade » »


Il convient en premier lieu de rappeler que cet article n’a pas été rédigé par le COMITE ACTION PALESTINE mais n’est que la retranscription d’un article paru sur le site du CIREPAL, centre d’information sur la résistance en Palestine qui produit des rapports repris par de nombreuses organisations et organes d’information.
Il est reproché à cet article plusieurs expressions dont l’utilisation du terme « Etat juif nazi ».
Il s’agit d’un slogan pour délégitimer la politique d’Israël.

A titre d’exemple, Avraham BURG, président de la Knesset de 1999 à 2003, ex-président de l’Agence juive mondiale et Président par intérim d’Israël en 2000 n’a pas hésité à faire la comparaison entre le nazisme et Israël.

Il a écrit le livre « Defeating Hitler » et a indiqué au cours d’une interview donnée au Monde diplomatique le 9 juin 200727 (« Abandonner le ghetto sioniste : un livre-bombe d’Avraham Burg ») :

« Nous devons ouvrir la discussion. La Loi du retour est une loi, elle est une image en miroir de Hitler. Je ne veux pas que Hitler définisse mon identité. »


A la question : « La fin est peut-être optimiste, mais tout au long du livre vous dressez un signe d’égalité entre Israël et l’Allemagne. Est-ce vraiment justifié ? Y a-t-il une base suffisante pour cette analogie ? », il répondait :
« Ce n’est pas une science exacte, mais je vais vous donner quelques éléments qui s’inscrivent dans cette analogie : une grande sensibilité à l’insulte nationale ; un sentiment que le monde nous rejette ; une incompréhension aux pertes dans les guerres (unexplained losses in wars). Et, comme résultat, la centralité du militarisme dans notre identité. La place des officiers de réserve dans notre société. Le nombre d’Israéliens armés dans la rue. Où est-ce que cette foule de gens armés va ? Les expressions hurlées dans la rue : « les Arabes dehors ». »


Dans sa déclaration sous serment qu’il soumettra au tribunal de district de Jérusalem, il écrit qu’il ne se considère plus comme appartenant à la nationalité juive.

Il ajoute qu’il ne veut pas être classé comme tel car cela implique désormais « l’appartenance au groupe des maîtres » ou encore « En 2003 j’ai écrit que le sionisme est mort et que l’occupation des Territoires palestiniens l’avait tué. On a voulu me tuer. Dans mon livre Vaincre Hitler j’ai dénoncé l’utilisation cynique de la Shoah à des fins politiques et le racisme de la société israélienne, on était en colère contre moi. »2

Il était également écrit, dans un article publié par le journal Le Figaro le 10 février 2021 :
« Ancien président de la Knesset et ex-patron de l’Agence juive, ce descendant d’une puissante dynastie sioniste ne veut plus être considéré comme appartenant à la « nationalité juive ».3

Dans d’autres circonstances, des personnalités ou des médias français ont également pu dire de certains dirigeants arabes qu’ils étaient des Hitler (par exemple Gamal Abdel Nasser ou Saddam Hussein).

Le décret reproche également la qualification d’Israël comme « Excroissance maligne qu’il faut arracher du monde » ou de « mal sioniste vorace et malade ».
Là encore, pour Avraham BURG, la société israélienne est malade, militariste :

« Dans nos rues, et particulièrement à Jérusalem, les murs sont à ce point couverts de slogans “Mort aux Arabes” que la municipalité ne prend même plus la peine de les effacer. Nous acceptons sans broncher les slogans racistes. Nous ne les remarquons même pas. Nous sommes rongés par une tumeur cancéreuse. Cette perversion du sionisme que sont les colons et la droite affecte de façon mortelle toute notre société. Si nos dernières cellules saines ne luttent pas pour éliminer ce mal, nous cesserons tout simplement d’exister.»4
Des intellectuels et spécialistes du fait colonial, à l’instar de Frantz FANON, ont souligné que la colonisation déshumanisait autant le colonisateur que le colonisé et que l’acte de décolonisation émancipe le colonisé mais aussi le colonisateur de la barbarie lié intrinsèquement à la domination et à l’exploitation d’autrui. La colonisation déshumanise l’être humain, la décolonisation l’humanise. […]

La publication du COMITE ACTION PALESTINE ne peut donc en aucun cas être qualifiée d’incitation à la haine, à la discrimination ou à la violence.

[…]

Extrait du recours déposé le 29 mars 2022 devant le Conseil d’Etat via le cabinet Bourdon&Associés, suite au décret présidentiel du 9 mars 2022 de dissolution de l’association.

1.« Cette terre, Yacov, est la terre de nos pères » du 14 mai 2021 : http://www.comiteactionpalestine.org/word/cette-terre-yacov-est-la-terre-de-nos-peres/

2. https://blog.mondediplo.net/2007-06-09-Abandonner-le-ghetto-sioniste-un-livre-bombe-d

3. http://elnetwork.fr/avraham-burg-juif-renie-camp-maitres-israel

4. https://www.lefigaro.fr/international/avraham-burg-le-juif-qui-renie-le-camp-des-maitres-en-israel-
20210210