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Les pressions exercées par l’occupation ne peuvent briser la volonté du peuple palestinien »

Ziad Nakale

Ziad Nakhale, secrétaire général adjoint du mouvement du Jihad islamique en Palestine

Dans une interview accordée au quotidien arabe « al-Quds al-Arabi » publié à Londres, le secrétaire général adjoint du Mouvement du Jihad islamique en Palestine dénonce la « coordination » sécuritaire entre l’Autorité palestinienne et l’occupant.

Le 19 avril 2014

Q. M. Ziad Nakhale, certains ont jugé que l’ajout de votre nom sur la « liste du terrorisme » au moment où les mouvements islamistes affirment leur présence dans la région vise le projet de la résistance. Quelles sont les conséquences d’une telle catégorisation que certains régimes arabes adoptent, comme c’est le cas récemment en Egypte concernant le mouvement Hamas ?

R. Il n’est pas étonnant que l’administration américaine prenne de temps à autre des mesures visant la résistance. Que ce soit sur le plan moral ou pratique. Mais qu’une grande puissance nomme un individu et le classe dans ce qui est appelé « la liste du terrorisme », cela a suscité étonnement et surprise parmi les hommes d’opinion et les observateurs. Ce qui nous intéresse, c’est de savoir si une telle décision aura un impact ou modifiera quelque chose ? Je ne suis pas le premier et ne serai pas le dernier dans ce qu’ils appelle les listes du terrorisme. Si nous allons plus loin, je peux dire : les Etats-Unis considèrent terroriste toute personne qui est en désaccord avec elle ou avec sa politique, et même des Etats et de nombreuses organisations ont été mises sur les listes des terroristes, et tout cela pour servir « Israël ».

Q. La recrudescence des assassinats commis par « Israël », est-ce que vous y voyez un lien avec les tentatives américaines coordonnées avec des parties palestiniennes pour imposer une solution quelconque ?

R. l’intensification de l’agression contre notre peuple palestinien n’a jamais cessé, même pas un jour, mais elle prend des formes différences en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, comme les meurtres, le blocus, la destruction, les arrestations et autres. Elle vise à plonger le peuple palestinien dans le désespoir et à lui dire que l’occupation est son sort final, que la résistance est interdite et illégale, et que le seul espoir qu’il peut caresser est ce que Israël lui propose à la table des négociations, dans le cadre de l’équilibre de forces actuel. Ce qui veut dire être soumis à des directives israéliennes, avec une collaboration américaine et un parti-pris total envers Israël.
Les Etats-Unis oublient, ainsi que le monde, que les pressions militaires, politiques et économiques, ne peuvent briser la volonté du peuple palestinien et ne changeront rien à la réalité, et ne pourront obliger personne à accepter n’importe quelle solution. En réalité, il n’y a rien pouvant être nommé solution, car Israël ne veut pas de solution, il veut tout.

Q. Gaza a pris une bouffée d’air après l’arrivée du président Mohammad Morsi au pouvoir, et après son écartement, la question du blocus est devenue une matière de chantage envers les Palestiniens de Gaza. Que pensez-vous du rôle égytien quant à la levée du blocus contre Gaza ?

R. La situation complexe en Egypte et les événements qui se bousculent jusqu’à présent ont mis la bande de Gaza en situation de victime à tous les niveaux, mais il faut savoir que la punition collective contre le peuple palestinien à Gaza est injuste et illégale, quelles qu’en soient les raisons. Les frères égyptiens doivent revoir les mesures prises qui occasionnent des préjudices au peuple palestinien, qui, de son côté, porte beaucoup d’amour et de reconnaissance au peuple d’Egypte.
Ne savent-ils pas qu’ils mènent un blocus contre le sang des martyrs égyptiens tombés pour défendre la Palestine, et leurs tombes à Gaza témoignent encore de l’histoire grandiose qui lie le peuple d’Egypte au peuple de Palestine ? Malgré cela, nous, les organisations nationales et islamiques à Gaza, nous sommes prêtes à nous asseoir avec les frères en Egypte et à ouvrir le dossier des relations, sans limite aucune, pour mettre fin à ce qui brouille la relation entre les deux peuples frères.

Q. Est-ce que la décision prise en Egypte considérant les frères musulmans comme une « organisation terroriste » sort l’Egypte de sa crise ?

R. L’Egypte est le plus vaste des Etats arabes et vit des problèmes complexes qui touchent tout le peuple égyptien, et le fait d’éloigner un groupe et notamment un groupe de l’importance des Frères musulmans, de la vie politique, accentue les problèmes et installe l’Egypte dans une situation instable. Cela accentue sa crise et son état mouvementé qui caractérise l’Egypte depuis quelques années, qui a par ailleurs entraîné la suppression d’une partie aussi importante que les Frères. Je ne pense pas que ce soit la voie la plus sûre pour sortir l’Egypte de sa crise et pour qu’elle puisse reprendre son rôle et sa place, que tout le monde attend.

Q. Comment voyez-vous l’affrontement des tentatives américaines, sur le plan palestinien, visant à faire admettre le projet de la « reconnaissance de la judéité » de l’Etat « israélien » ?

R. Les tentatives américaines pour imposer une solution pro-israélienne au peuple palestinien et à la région ne se sont jamais arrêtées. Ces tentatives ont toujours échoué, et elles reprennent à nouveau. A présent, les Etats-Unis essaient, dans le cadre de ce qui est appelé « le printemps arabe » de profiter de l’état de dispersion généralisée dans la région pour imposer une solution faisant d’Israël un Etat religieux dans tout le sens du terme. Mais cela n’est qu’une introduction à la dislocation de la région sur une base confessionnelle et religieuse, et instaurer le droit de chaque confession ou religion ou nationale de réclamer un Etat spécifique. C’est le projet de dislocation de ce qui fut appelé la patrie arabe. De plus, l’Etat juif en tant que tel sera la bombe qui mettra fin et pour toujours au projet ou l’idée d’instaurer un Etat palestinien. Sera expulsé de la terre historique de Palestine tout ce qui n’est pas juif, d’autant plus que nous remarquons la masse imposante de la colonisation qui se répand comme un cancer en Cisjordanie et qui pille la terre au vu et au su de « la légalité internationale », y compris les Nations-Unies et le conseil de sécurité.
L’Etat juif signifie en fin de compte que la Palestine, toute la Palestine, est une patrie pour les juifs du monde, et qu’il n’y a pas de peuple palestinien sur la terre de Palestine. De là vient l’idée de la patrie alternative proposée par « Israël » à l’Est de la rive du Jourdain pour le peuple palestinien.

Q. La campagne de judaïsation d’al-Quds s’intensifie alors que l’Autorité palestinienne continue à parler d’occasions pour parvenir à un accord ou semi-accord. Ne faut-il pas plutôt réclamer l’unité palestinienne pour affronter un tel projet ?

R. Non seulement al-Quds est en train d’être judaïsé, mais tout est devenu sous la domination « israélienne », le cancer de la colonisation se répand comme des champignons tout au long de la Cisjordanie et il ne reste aux Palestiniens que les villes peuplées, qui sont toutes encerclées par les colonies et séparées les unes des autres. La politique du fait accompli se poursuit. Les négociations et leur prolongement ne sont que des moyens pour gagner du temps pour que l’on arrive à l’étape du fait accompli. Que ferons-nous des juifs qui se sont installés et qui ont colonisé, qui ont leurs villes, leurs écoles, leurs hôpitaux et leurs usines ? Pouvons-nous les expulser ?
Quiconque le réclamera sera taxé d’inhumain. Les accusations sont prêtes, celui qui refuse sera accusé de terrorisme et poursuivi, à commencer par l’Autorité palestinienne, et pour finir les Etats-Unis et entre les deux, les Arabes et les non-Arabes. Il est regrettable que l’Autorité palestinienne soit associée directement à ce qui se passe, elle brouille les cartes en acceptant sans cesse de poursuivre les négociations, qui n’amènent à rien, sinon un surplus de négociation et de division interne. A propos, je ne dis pas que la fin de la division interne mettra fin à la colonisation, mais je dis que l’unité palestinienne véritable sera un pas pour affronter à nouveau et avec sérieux les projets illusoires et pour rechercher les moyens et les possibilités qui permettent de dévoiler les illusions de règlement ou de paix avec cette entité, et pour commencer à bâtir un projet de résistance qui s’étend pour inclure tout le monde arabo-musulman et les êtres libres de ce monde, et remettre les droits à leurs possesseurs légaux.

Q. Les positions arabes semblent indifférentes envers la situation palestinienne. Quels sont les leviers pouvant être utilisés par les Arabes pour soutenir le peuple palestinien et renforcer sa résilience ?

R. Oui, il y a à présent une indifférence arabe manifeste, qui n’a pas besoin de preuves. Mais je pense que nous, les Palestiniens, pouvons changer cette réalité, en nous unissant et en agissant, et en empêchant quiconque de prendre pour prétexte la situation palestinienne pacifique ou attentiste pour justifier son attitude en disant « nous sommes avec ce que décide le peuple palestinien ». Décidons nous-mêmes et nous verrons si les peuples arabes et les peuples du monde seront à nos côtés et soutiendront nos droits.

Q. Comment jugez-vous les répercussions de la coordination sécuritaire sur l’action palestinienne, et notamment sur le Jihad islamique ?

R. Ce qui se passe en Cisjordanie, et la pratique de l’Autorité, les arrestations et la répression qui vise les activités estudiantines, et même les actions humanitaires en direction des familles des prisonniers et des martyrs, non seulement envers le Jihad islamique, bien qu’il soit le plus visé, tout cela est affligeant et dégradant lorsque ceci se déroule sous le chapitre de la coordination sécuritaire avec les forces de l’occupation et au profit total d’Israël, et sans aucune compensation, au contraire. « Israël » pratique ce qu’il veut, sans aucun frein, il confisque les terres, mène des incursions dans les villes, assassine et arrête toute personne qu’il juge menaçante pour sa sécurité. La question n’est pas seulement liée au Jihad islamique, mais c’est le rôle assigné à l’Autorité par les accords d’Oslo, où elle a accepté d’être le gendarme qui protège « Israël », en situation d’occupation.

Q. Où en est le dossier de la réconciliation palestinienne, et que rôle joue le mouvement du Jihad islamique pour rassembler la maison palestinienne ?

R. Malgré la blessure dont souffre le peuple palestinien du fait de la division interne, je refuse de comparer entre l’Autorité de Ramallah et ce qui se dit à propos de l’Autorité à Gaza, par principe. Nous avons de grandes divergences avec l ’Autorité de Ramallah, nous lui sommes opposés concernant les accords d’Oslo, qui a fait une concession historique au détriment du droit du peuple palestinien sur la Palestine, et nous sommes en désaccord avec elle sur la gestion de sa politique avec l’ennemi, à tous les niveaux, et notamment en ce qui concerne la coordination sécuritaire au détriment de la résistance et du peuple palestinien. Quant à l’Autorité de Gaza, si nous pouvons ainsi l’appeler, nous sommes d’accord avec elle sur le plan stratégique, mais en désaccord en ce qui concerne les relations inter-palestiniennes et sa gestion. Nous avons essayé et essayons toujours de réunifier la société palestinienne, de manière à préserver l’unanimité et l’unité de la position politique, l’unité des forces de notre peuple pour affronter le projet sioniste, par tous les moyens possibles, de manière à poursuivre la résistance et ne pas reconnaître « Israël ».

Q. Concernant la dernière confrontation à Gaza que vous avez nommée « Briser le silence », quel est le message que vous avez voulu envoyer à l’occupation ?

R. Tout le long de l’année qui a suivi la guerre d’agression sur la bande de Gaza en 2012, « Israël » n’a pas cessé les agressions et les assassinats en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, malgré l’accord de cessez-le-feu qui a suivi cette guerre, qui a eu lieu sous l’égide de l’Egypte, et qui a obligé « Israël » à cesser les assassinats. Mais comme d’habitude, « Israël » n’a pas respecté l’accord. La résistance a dû envoyer un message fort à l’ennemi lui disant que nous n’acceptons pas ces agressions. Ce fut l’opération « Briser le silence », qui a été choquante à plus d’un titre. C’est ce qu’ont affirmé les responsables politiques et les médias en « Israël », ce ne fut pas seulement une opération qui a brisé le silence mais un choc et une surprise.

Q. Comment jugez-vous votre attitude envers la crise syrienne ?

R. La Syrie est la grande blessure, qui devient au fur et à mesure que les jours passent le souci quotidien de tout Palestinien et arabe. La Syrie, qui était un axe essentiel dans la confrontation au projet sioniste, et une base essentielle pour la résistance tout au long de son histoire, est devenue aujourd’hui une réelle menace pour tout ce qui est beau et prometteur pour la nation, à cause des dangers qui guettent. Personne ne peut affirmer aujourd’hui que la future Syrie ne représente pas, au moins, un danger pour l’unité de la nation. Nous sommes très inquiets et l’avenir de la Syrie nous préoccupe incessamment, tout comme nous préoccupe ceux qui la poussent vers l’inconnu. C’est pourquoi nous avons dit dès le début que l’avenir de la Syrie doit être déterùiné par son peuple, dans toutes ses composantes, de manière à ce qu’elle reste unie et forte, et assure les intérêts du peuple syriens, sa liberté et sa dignité, et maintient sa situation exceptionnelle dans l’axe de la résistance. Ce sont les constantes de notre position concernant la crise syrienne, et nous pensons qu’elles sont assez équilibrées pour protéger notre peuple dans ce cher pays, et assurer que la Syrie demeure puissante pour affronter le projet sioniste qui vise son démantèlement et le démantèlement de toute la région.

Q. Certains jugent que votre alliance avec l’Iran n’est pas dans l’intérêt de la résistance. Comment jugez-vous cette alliance ?

10250091_396651397143881_7607847196752883883_nR. Ma cause principale et centrale est la Palestine, ma patrie perdue et envahie. Quant à ceux qui considèrent l’Iran comme une menace concernant d’autres dossiers, la solution à notre avis n’est pas la guerre mais le dialogue et l’entente. Qui doit être prioritaire pour réaliser une réconciliation et la paix ? « Israël » ou l’Iran ?
La relation historique avec l’Iran se transforme parfois en accusation, et parfois en atout, et la question devient de plus en plus urgente du fait de nombreux éléments. Mais ce qui m’intéresse en cet instant est une autre question : est-ce que l’Iran représente une menace ou une chance pour la nation ? Cela réclame de nombreuses questions, telles que : la relation avec « Israël » qui occupe la partie la plus importante de notre région arabe constitue-t-elle une menace ou une chance ? la relation avec les alliés d’Israël est-elle une chance ou une menace ? C’est pourquoi j’affirme que notre relation avec l’Iran est une chance pour la nation, en vue de renforcer et consolider sa position pour affronter le projet sioniste qui occupe la Palestine. Ceux qui critiquent notre relation avec l’Iran doivent nous dire si leurs relations avec les Etats-Unis et « Israël » qui occupe notre terre et domine nos lieux saints sont au profit de la nation ou du peuple palestinien ? Ou bien ce n’est qu’une légalisation de l’occupation, afin que la Palestine demeure à tout jamais « Israël ».




« Les prisonniers palestiniens : combattants de la liberté » par Comité Action Palestine

Tout Palestinien est potentiellement le prisonnier d’Israël, du seul fait qu’il soit Palestinien. Car la prison coloniale est l’instrument du plan sioniste de destruction de l’identité palestinienne.

La prison coloniale israélienne est un auxiliaire de l’agression guerrière. Elle fait partie de la violence par laquelle l’occupant cherche à imposer sa loi, en procédant méthodiquement à l’anéantissement physique et psychologique du détenu.
La prison coloniale israélienne est aussi un substitut de la peine de mort. Elle sert à criminaliser les combattants de la résistance tout en assurant au régime sioniste une façade « démocratique ».
1607103_393838064091881_4515377280521629987_nLe système carcéral sioniste enferme la société palestinienne dans une toile d’araignée dont les maillages n’épargnent personne, hormis les collaborateurs. Il vise à détruire la société en ciblant la structure familiale : il n’existe aucune famille palestinienne qui ne compte parmi ses membres un détenu ou un ex-détenu. Ce système s’attaque aux forces vives de la nation palestinienne en emprisonnant les enfants. Aujourd’hui, il devient improbable de croiser en Palestine occupée un Palestinien qui n’ait été raflé ou arrêté. Il en résulte qu’en Palestine, la proportion de prisonniers politiques par rapport à l’ensemble de la population est la plus élevée au monde. D’autres prisonniers arabes subissent le même sort que les Palestiniens. « Coupables » de résistance au plan de domination occidentale au Moyen-Orient, tous vivent l’enfer du cachot et de la torture dans les prisons de l’occupation et de la collaboration.Mais l’acharnement à « punir » et à emprisonner dans des proportions industrielles révèle en réalité la peur du régime colonial sioniste d’échouer dans son projet et de se voir lui-même rayé sur le plan existentiel. Rien ne symbolise mieux que la prison coloniale la lutte à mort qui se joue entre colon et colonisé. Car si la prison est l’éventualité certaine du résistant, la résistance est aussi l’horizon du prisonnier. C’est ce qu’attestent les luttes menées au sein même des geôles sionistes. Et c’est ce que prouve la place essentielle des prisonniers dans le combat national palestinien. Les prisonniers sont les martyrs, mais non les victimes de la résistance. Ils en sont les acteurs. Lutter contre les conditions carcérales, c’est aussi lutter pour que la résistance continue. C’est donc lutter pour que la société continue d’exister. Parce que le combat des prisonniers est toujours un combat politique, le statut de prisonnier constitue, par conséquent, un repère fondamental de l’identité nationale palestinienne.C’est pourquoi la libération inconditionnelle de tous les prisonniers, palestiniens et arabes, est une revendication centrale de la cause palestinienne.
Comité Action Palestine



Pour la Palestine, l’abstention aux élections municipales

Le 30 mars 1976, six Palestiniens de l’intérieur (c’est-à-dire ceux qui ont pu rester en 1948 après la création par la force de l’état d’Israël) étaient abattus par l’armée d’occupation d’Israël, 96 blessés et 300 autres étaient arrêtés. Leur crime ? Avoir manifesté contre l’État sioniste qui avait confisqué et déclaré “ zone militaire ” 1700 hectares appartenant à des villages palestiniens.

Depuis, tous les 30 mars, la “ Journée de la Terre ” commémore cet événement partout dans le monde où se trouvent les défenseurs des droits du peuple palestinien.

Cette journée est avant tout symbolique. Rappelons qu’en 1948, l’Etat juif avait expulsé près d’un million de Palestiniens et détruit plus de 400 villages. La majeure partie des terres palestiniennes avait été confisquée dans la perspective de fonder le “ Grand Israël ”. Dès lors, cette politique de confiscation des terres en vue de judaïser la Palestine (c’est-à-dire voler des terres aux Palestiniens pour les donner aux juifs), s’est poursuivie sans relâche et s’intensifie, accumulant crimes de masses, assassinats de leaders politiques et emprisonnements de résistants : la colonisation de toute la Palestine est inscrite au cœur du projet sioniste. Avec la construction du mur qui vole chaque jour plus de terre aux Palestiniens et la judaïsation actuelle de la vallée du Jourdain, du Naqab et de Jérusalem, rien ne semble arrêter cette machine à tuer et à coloniser.

Pourtant, depuis la création de l’Etat d’Israël, le peuple palestinien a toujours résisté à cette terrible entreprise de destruction de sa société, soutenue par les pays occidentaux et en particulier les Etats-Unis et la France.

A l’occasion de la journée de la terre qui coïncide avec les élections municipales, nous tenons à dénoncer l’ensemble de la classe politique française, entièrement aux ordres de l’Etat d’Israël. En effet, le gouvernement français appuie l’Etat israélien dans son entreprise d’éradication du peuple palestinien. Depuis la crise syrienne, il apparait clairement que la France et Israël ont la même stratégie de liquidation de l’axe de la résistance constitué par l’Iran, le Liban, l’Irak, la Syrie et le mouvement palestinien de libération nationale. Avec l’Arabie Saoudite, ces deux Etats forment aujourd’hui l’alliance la plus belliqueuse à l’égard de la Syrie et de l’Iran, la plus radicale dans la mise à mort du peuple palestinien..

En France, les partis politiques dominants de gauche et de droite soutiennent cette stratégie de guerre à outrance : en Syrie mais aussi au Mali et en Centrafrique où se déroule actuellement un quasi génocide des musulmans déclenché par l’intervention militaire française. Dans le domaine de la politique extérieure, L’Etat français considère ses anciennes colonies comme son pré-carré, mais cette époque est bien révolue. La résistance s’organise et se renforce, notamment au Liban et en Syrie.

La politique intérieure de la France est également marquée par des pratiques néo-coloniales : les discriminations et l’islamophobie sont aujourd’hui des pratiques héritées de l’époque coloniale et appliquées aux populations immigrées issues d’Afrique et du monde arabe. Alors qu’il érige la laïcité comme une valeur sacrée, l’Etat français, avec l’appui de l’ensemble de la classe politique, stigmatise et réprime la minorité musulmane. Les deux lois anti-voiles adoptées en 2004 et 2010 témoignent que le racisme d’Etat est une réalité incontestable. Au nom de la république, une véritable islamophobie d’Etat fait d’une partie de la population le bouc-émissaire d’une société en crise économique et morale. C’est une manière de faire diversion dans un moment d’aggravation de la crise économique et de multiplication des affaires de corruption, mettant en cause des politiques de droite comme de gauche. Plus proche du gangstérisme que d’une élite dirigeante digne de ce nom, la classe politique piétine les « valeurs de la république », pourtant censée les défendre. Tous pourris ? Les dirigeants politiques le sont, soit par leur implication dans de sales affaires soit par leur soutien à la politique islamophobe et pro-sioniste. A l’échelle locale ou nationale, les hommes et femmes politiques font partie du même système, partagent la même vision et ont des intérêts communs.

Parce que cette classe politique est sioniste, raciste et magouilleuse, nous invitons tous ceux qui sont sincèrement anti-racistes, anti-sionistes et soucieux de l’intérêt général à ne pas voter. La seule manière de sanctionner ce système politique est de lui refuser toute légitimité. Depuis des années, l’alternance gauche/droite a conduit le pays au bord du gouffre. Par l’abstention, nous devons également signifier que nous refusons cette politique extérieure fondée sur la guerre et soumise aux intérêts d’Israël. C’est notre manière d’être solidaires avec le peuple palestinien et avec tous les peuples en lutte pour l’égalité et la dignité.

COMITÉ ACTION PALESTINE




Syrie : la guerre de trop pour l’Occident

img530b1385f0425En soutenant militairement, financièrement et politiquement les rebelles syriens, le bloc occidental pensait répéter le scénario libyen qui avait vu la chute rapide du régime avec le parachutage tout aussi rapide au pouvoir d’une clique de déserteurs ou d’opposants anciennement exilés gouvernant un pays plongé dans le désordre le plus profond de guerre entre tribus et de règne des milices. Cependant, tout opposait la Libye et la Syrie tant sur le plan interne que sur le plan des relations internationales, et cela les dirigeants états-uniens et européens n’ont pas su le voir. Au niveau des facteurs propres à l’équation syrienne, il est possible d’isoler deux éléments importants sur lesquels l’offensive occidentale est venue buter : l’unité du régime et le rôle du peuple syrien. L’ensemble des institutions de l’Etat syrien sont restées stables malgré la violence des attaques des groupes rebelles armés et coachés par les services occidentaux. Aucune défection d’envergure du personnel politique, pas de désagrégation des institutions ni de scission de l’armée. Ceci peut s’expliquer par le caractère homogène du point de vue confessionnel de la classe politique syrienne, son caractère alaouite, mais ceci ne constitue pas le facteur déterminant. En réalité, après l’expérience libyenne, les dirigeants syriens savaient qu’en cas de défaite, ils étaient destinés à une implacable extermination. Cette perspective a sans doute contribué à resserrer les rangs au sein de l’appareil d’Etat, d’autant plus que leurs adversaires nourris au wahhabisme et au takfirisme menaient une guerre de purification ethnique, encouragés en cela par les stratèges occidentaux. L’Armée Arabe Syrienne est elle aussi restée globalement intacte dans sa structure et cette unité est sans doute à mettre au compte d’une idéologie nationaliste forgée au cours d’une histoire d’opposition au régime sioniste.

L’histoire de l’Occident, depuis son entrée dans la phase impérialiste à l’aube du 20ième siècle, est jalonnée par les guerres d’agression visant la conquête ou le contrôle de pays ou de régions. Mais depuis une décennie, comme si une sorte de dérèglement avait atteint les modes habituels de la domination capitaliste, on assiste à une précipitation des guerres contre les pays du Sud. En l’espace de quelques années, l’Occident s’est trouvé engagé dans des interventions directes en Irak, au Soudan, au Liban, en Côte d’Ivoire, en Libye, au Yémen, au Mali, en Syrie et indirectement via des milices ou des manipulations de toutes sortes dans plusieurs autres Etats. La multiplication des agressions à l’encontre de nations souveraines a créé une instabilité généralisée dans des régions entières d’Afrique et d’Asie, un chaos qui jusqu’à présent n’a pas offert d’issue de sortie et de perspective d’évolution pour les peuples pris dans ce tourbillon macabre. Il est possible d’interpréter cette situation comme le résultat d’une stratégie du chaos menée par le bloc occidental pour asservir les peuples du Sud et les empêcher de se relever en déstructurant totalement leur infrastructure économique, leur société et leur patrimoine culturel. Cependant même si cette hypothèse contient une part de vérité, il faut questionner le changement de la stratégie occidentale lui-même, s’interroger sur les raisons fondamentales, structurelles qui ont poussé à ce revirement. Il s’agit donc de comprendre pourquoi le bloc occidental ne domine plus ou n’arrive plus à dominer le monde, comme pendant les quatre décennies qui ont suivi la décolonisation, en installant dans les Etats du Sud des oligarchies supplétives ou en les contrôlant à distance. Ce mode de gestion néocoloniale, qui avait assuré un climat de relative stabilité pour la domination à un double niveau, celle des Etats du Sud sur leurs peuples et celle de l’Occident sur ces Etats du Sud, ne semble plus fonctionner. Et pourtant, l’existence de ces Etats inféodés constituait à n’en pas douter la situation optimale pour l’Occident en termes d’exploitation des ressources naturelles, de débouchés pour les produits et de profit. Si les Etats-Unis et l’Europe ont opté pour une autre forme sous-optimale de contrôle des pays du Sud, c’est qu’ils y ont été acculés. La stratégie du chaos, la guerre à outrance traduisent une faiblesse ou pour être plus juste un affaiblissement structurel du monde occidental qu’il faut analyser avec précision. La guerre en Syrie est la scène de conflit global où apparaissent avec la plus grande netteté le déclin de l’Occident et le basculement des rapports de forces internationaux à l’avantage des nations émergentes. Nous analyserons ainsi le cas syrien en essayant de montrer que les facteurs conjoncturels de la défaite occidentale ont été conditionnés par des facteurs structurels d’affaiblissement économique et politique de l’occident sur la scène internationale.

En soutenant militairement, financièrement et politiquement les rebelles syriens, le bloc occidental pensait répéter le scénario libyen qui avait vu la chute rapide du régime avec le parachutage tout aussi rapide au pouvoir d’une clique de déserteurs ou d’opposants anciennement exilés gouvernant un pays plongé dans le désordre le plus profond de guerre entre tribus et de règne des milices. Cependant, tout opposait la Libye et la Syrie tant sur le plan interne que sur le plan des relations internationales, et cela les dirigeants états-uniens et européens n’ont pas su le voir. Au niveau des facteurs propres à l’équation syrienne, il est possible d’isoler deux éléments importants sur lesquels l’offensive occidentale est venue buter : l’unité du régime et le rôle du peuple syrien. L’ensemble des institutions de l’Etat syrien sont restées stables malgré la violence des attaques des groupes rebelles armés et coachés par les services occidentaux. Aucune défection d’envergure du personnel politique, pas de désagrégation des institutions ni de scission de l’armée. Ceci peut s’expliquer par le caractère homogène du point de vue confessionnel de la classe politique syrienne, son caractère alaouite, mais ceci ne constitue pas le facteur déterminant. En réalité, après l’expérience libyenne, les dirigeants syriens savaient qu’en cas de défaite, ils étaient destinés à une implacable extermination. Cette perspective a sans doute contribué à resserrer les rangs au sein de l’appareil d’Etat, d’autant plus que leurs adversaires nourris au wahhabisme et au takfirisme menaient une guerre de purification ethnique, encouragés en cela par les stratèges occidentaux. L’Armée Arabe Syrienne est elle aussi restée globalement intacte dans sa structure et cette unité est sans doute à mettre au compte d’une idéologie nationaliste forgée au cours d’une histoire d’opposition au régime sioniste.

Mais la réaction des masses syriennes constitue la donnée qui a le plus déstabilisé les prévisions et les plans des coalisés occidentaux et moyen-orientaux (Qatar, Arabie Saoudite, Turquie). Au départ, il s’est effectivement produit un mouvement populaire d’envergure contre le régime d’Assad dont les Occidentaux et leurs alliés espéraient profiter pour renverser le pouvoir. Mais l’implication du bloc occidental, au lieu de susciter un élan populaire comme dans la région de la Cyrénaïque libyenne, a eu des effets contraires. Le peuple syrien s’est comme replié sur lui-même, essayant d’observer ce qui se passait dans une atmosphère de chaos généralisé, de crimes et de massacres. Puis lorsque les signes de la participation des forces étrangères au conflit sont devenus irréfutables, une certaine solidarité de circonstance s’est nouée avec le régime autrefois honni. Cette forme de soutien apporté au régime pour des raisons de rejet de toute forme d’intrusion étrangère, par soif d’indépendance nationale, a été renforcée par les exactions et les crimes de toutes sortes commis par les factions rebelles locales ou les groupes de mercenaires étrangers importés via la Turquie. Ce qui ressort de l’analyse des facteurs endogènes des revers subis par le bloc impérialiste, c’est que les dirigeants et les stratèges occidentaux ont très mal jugé de la situation, sous-estimant d’un côté la consistance et la résilience de l’Etat syrien et de son armée et anticipant de manière erronée la réaction populaire. Manquant de finesse politique et stratégique, ils n’ont pas su analyser la nouvelle donne qu’offrait le Moyen-Orient et reformuler leur approche des formes de domination et d’offensive armée dans la région. Prisonniers du schéma du maillon faible, ils avaient planifié avec Israël l’attaque du Liban Sud, puis celles de Gaza en 2009 et en 2012 pensant que le Hezbollah et le Hamas constituaient les pièces les plus fragiles de l’axe de résistance. Les trois guerres menées face aux résistances populaires furent des fiascos. Le raisonnement simpliste a conduit les leaders occidentaux à considérer alors la Syrie comme le maillon faible car elle ne présentait pas cette dimension de résistance populaire que les armées conventionnelles de l’Occident n’arrivent plus à vaincre depuis les guerres de décolonisation. La mécanique de guerre fut enclenchée contre la Syrie mais le paramètre le plus important ne fut pas considéré, à savoir que l’axe de résistance allait réagir dans son ensemble et qu’il était vain de prendre en compte ses éléments de manière isolée. Si l’on compare maintenant l’offensive des coalisés en Syrie depuis 2011 et celle de la coalition vingt ans plutôt en Irak, on peut mesurer à quel point la situation a changé pour le camp occidental, à quel point il s’est affaibli. Si les conséquences politiques de l’intervention en Irak n’ont pas tourné à l’avantage des puissances qui la menèrent, au moins la guerre d’agression avait été victorieuse dans un premier temps. Aujourd’hui, même les offensives prennent la tournure de désastre. Le déficit de pensée politique globale ou de compréhension de changement, le manque de clairvoyance stratégique n’est que le pendant du déclin économique et civilisationnel de l’hémisphère Nord. Les Etats occidentaux et leur allié sioniste ne sont plus en capacité de produire des dirigeants digne de ce nom, alliant hauteur de vue, intelligence des situations et perspicacité dans les choix.

Ainsi, dans la guerre en Syrie, les facteurs exogènes sont au moins tout aussi importants que les facteurs endogènes car la scène de conflit syrienne est dans son fondement une confrontation entre deux blocs aux intérêts contradictoires. La survie du régime qui constitue en même temps déjà un succès pour lui et un échec pour le bloc occidental dépend en grande partie des alliances qu’il a su nouer au sein de l’axe de résistance et plus largement avec le bloc des nations émergentes. Sur le plan militaire, l’Iran et le Hezbollah ont constitué des acteurs majeurs du conflit sans lesquels l’issue du régime syrien demeurait très incertaine. L’Iran a mobilisé sur le terrain ses services secrets et des conseillers militaires qui ont su donner des orientations stratégiques et tactiques aux différentes batailles. La République Islamique d’Iran a aussi fourni un soutien matériel et financier, notamment via la fourniture en pétrole à partir de juillet 2013, à un moment où l’approvisionnement en ressources devenait une question vitale étant donné l’embargo international. De son côté le Hezbollah est entré en guerre en mars 2013 dans le cadre de la bataille de Qussair. Cette bataille, remportée par le parti chiite après plusieurs mois d’un affrontement acharné, peut être considérée comme le tournant de la guerre. Jusqu’alors régnait une forme d’équilibre des forces entre les belligérants, une sorte de bataille d’échec sanglante, faite de reculs et d’avancées de chaque partie. Mais la défaite a porté un coup terrible à l’organisation de la rébellion, tant sur le plan stratégique qu’au niveau moral. A partir de là, le régime syrien s’est trouvé dans une position plus favorable, multipliant les victoires locales et les conquêtes de territoires. Autant l’axe de résistance est apparu uni et déterminé dans le combat, autant la rébellion a fait preuve de la plus totale désorganisation et d’un manque d’intelligence stratégique et politique. Dès l’origine du conflit, des divisions se sont manifestées entre la direction politique de la rébellion basée à l’étranger et téléguidée par l’Occident (Conseil National Syrien-CNS) et le commandement des factions in