I am with Terrorism

Nizar-Kabani-3[1]Poème de Nizar Qabbani (1923-1998).

L’auteur était un syrien, poète et diplomate. « I am with terrorism », publié le 15 avril 1997 dans Al-Hayat, est un de ses derniers poèmes.

On nous accuse de terrorisme
quand nous défendons la rose et la femme,
la poésie aux vers si puissants et le bleu du ciel.
Cette « autorité » avec rien dedans :
pas d’eau, pas d’air,
pas une tente, pas un chameau,
pas même de noir café arabica !!!

On nous accuse de terrorisme
quand nous refusons de mourir
sous les bulldozers d’Israël
qui déchirent notre terre et notre histoire,
notre Bible et notre Coran,
qui déchirent les tombes de nos prophètes.
Mais quand tel est notre péché,
qu’il est noble, ce terrorisme !

On nous accuse de terrorisme
quand nous refusons d’être effacés
de la main du Mogol, des Juifs et des Barbares,
quand nous jetons des pierres
dans les vitres du Conseil de sécurité
après que le César des Césars s’en est emparé.

On nous accuse de terrorisme
quand nous refusons de discuter avec le loup
et de serrer la main de la grande putain.
Amrika,
face aux cultures des peuples,
tu n’as pas de culture.
Face aux civilisations des civilisés,
tu n’as pas de civilisation.
Amrika au si puissant édifice,
tu n’as même pas de murs !

On nous accuse de terrorisme
quand nous refusons cette époque
où Amrika a mis sa folie,
sa richesse, sa puissance,
au service d’Israël.

On nous accuse de terrorisme
quand nous jetons une rose
sur Jerusalem,
sur al-Khalil,
sur Gaza,
sur an-Nasirah,
ou quand nous apportons pain et eau
à Troie assiégée.

On nous accuse de terrorisme
pour avoir élevé la voix
contre les régionalistes parmi nos dirigeants.
Tous ont changé d’allure :
de partisans de l’union
ils sont devenus hommes d’affaires.

Quand nous commettions cet atroce délit de culture,
quand nous nous révoltions contre les ordres du grand calife
et contre le siège du califat,
quand nous apprenions la jurisprudence et la politique,
quand nous rappelions Dieu
et que nous lisions la sourate al-Fatah
[le chapitre qui parle précisément de la conquête],
quand nous écoutions le sermon du vendredi,
c’est alors que nous étions bien imprégnés
de l’art du terrorisme !

Nous sommes accusés de terrorisme
quand nous défendons la terre
et l’honneur de la poussière qui la couvre,
quand nous nous révoltons contre le viol des peuples
et du nôtre en particulier,
quand nous défendons les derniers palmiers de notre désert,
les dernières étoiles de notre ciel,
les dernières syllabes de nos noms,
les dernières gouttes de lait du sein de nos mères.
Mais quand tel est notre péché,
qu’il est noble, ce terrorisme !

Je suis avec le terrorisme
quand il peut me sauver
de ces immigrés de Russie,
de Roumanie, de Hongrie, de Pologne.
Ils se sont installés en Palestine,
ont posé les pieds sur nos épaules
pour nous voler les minarets d’al-Quds
et la porte d’Aqsa,
pour voler les arabesques et les coupoles.

Je suis avec le terrorisme
quand il veut libérer le Messie, Jésus de Nazareth,
et la vierge, Meriam Betula, et la cité sainte
des ambassadeurs de la mort et de la désolation.

Naguère encore,
la rue nationaliste était ardente
comme un cheval sauvage,
les rivières abondaient de l’esprit de la jeunesse.

Mais après Oslo,
nous n’avions plus de dents :
aujourd’hui, nous sommes un peuple aveugle et perdu.

On nous accuse de terrorisme
quand nous défendons de toutes nos forces
notre héritage poétique,
le rempart de notre nation,
notre civilisation rose,
la culture des flûtes de nos montagnes
et les miroirs reflétant des yeux noircis.

On nous accuse de terrorisme
quand nous défendons nos écrits,
l’azur de notre mer
et l’arôme de l’encre, .
quand nous défendons la liberté du mot
et la sainteté des livres.

Je suis avec le terrorisme
quand il est capable de libérer un peuple
des tyrans et de la tyrannie,
quand il est capable de sauver l’homme
de la cruauté même de l’homme,
de rendre les citronniers, les oliviers
et les oiseaux au Sud du Liban,
de rendre son sourire au Golan.

Je suis avec le terrorisme
s’il peut me délivrer
du César de la Judée
et du César de Rome.

Je suis avec le terrorisme
aussi longtemps que ce nouvel ordre mondial
sera partagé en parts égales
entre Arrika et Israël.

Je suis avec le terrorisme
avec toute ma poésie,
avec tous mes mots
et avec mes dents
aussi longtemps que ce nouveau monde
sera aux mains d’un boucher.

Je suis avec le terrorisme
si le sénat américain
applique ses jugements, ses décrets,
ses récompenses, ses châtiments.

Je suis avec l’irhab (le terrorisme)
aussi longtemps que ce nouvel ordre mondial
détestera l’odeur des Arabes.

Je suis avec le terrorisme
aussi longtemps que le nouvel ordre mondial
voudra massacrer ma progéniture
et la donner en pâture aux chiens.

Pour tout ceci,
je le crie de toute ma voix :
Je suis avec le terrorisme
je suis avec le terrorisme
je suis avec le terrorisme !!!

Nizar Qabbani
Londres, 15 Avril 1997

Traduit et adapté de l’anglais par J.M. Flémal

 

 

 

 




De l’arrogance à l’humiliation ou la défaite d’Israël au Liban

400-2-6-b0f3c[1]Analyse du CAP de la déroute israélienne au Liban pendant l’été 2006.

Depuis près de 60 ans, le Peuple palestinien est toujours debout contre l’infernale machine de guerre juive. La même logique prévaut au Liban. Depuis l’invasion de ce pays en 1982, jamais la résistance libanaise n’a cédé. Le mythe de l’invincibilité de l’armée coloniale s’est effondré et les crimes commis au Liban ont rappelé la véritable nature de l’Etat sioniste.

Jamais la résistance palestinienne n’a baissé les bras malgré les ressources militaires (fournies par les Etats-Unis et l’Europe), financières (3 milliards de dollars sont versés par les USA chaque année), idéologiques (l’accès aux grands médias) dont dispose l’Etat colonial d’Israël. Au contraire, cette résistance en est sortie plus forte, plus unie, plus disciplinée. Au point que les Israéliens pensent que la résistance du peuple palestinien tient du miracle.

Depuis près de 60 ans, le Peuple palestinien est toujours debout contre l’infernale machine de guerre juive, créée en 1948 pour voler la terre, coloniser et faire disparaître le peuple palestinien.

Aujourd’hui l’occupant en vient même à organiser la famine à Gaza et en Cisjordanie, continue à massacrer la population et à kidnapper de nombreux représentants démocratiquement élus. La même logique prévaut au Liban. Depuis l’invasion de ce pays en 1982, jamais la résistance libanaise n’a cédé. La défaite cuisante et historique que vient de subir l’entité sioniste usurpatrice en est une démonstration irréfutable. Non seulement, elle n’a pas récupéré ses deux soldats arrêtés sur le territoire libanais, mais elle n’a pas non plus réussi à détruire l’ossature de la résistance libanaise : le Hezbollah. Déjouant toutes les prévisions, ce dernier a infligé une leçon à Israël et à tous les Etats occidentaux et arabes qui ont soutenu cette agression coloniale contre le peuple libanais.

Bien mieux, le Hezbollah en est sorti renforcé et plus populaire que jamais. La seule réussite de l’Etat terroriste israélien est là aussi d’avoir miné ses propres bases et unifié le peuple libanais. En « Israël », l’heure est aux règlements de compte sur la conduite de cette guerre, les affaires en tous genres éclatent au grand jour.

Le mythe de l’invincibilité de l’armée coloniale s’est effondré et les crimes commis au Liban ont rappelé la véritable nature de l’Etat sioniste.

Cette sixième guerre menée contre un pays voisin est un pas de plus dans le processus d’autodestruction de l’Etat colonie. Il en fera d’autres dans ce sens, puisqu’il ne connaît que la logique de la force. Par trois fois, il a déjà violé la « cessation des hostilités » exigée par la résolution 1701 votée le 11 août 2006. Pourtant cette résolution a été adoptée dans l’objectif de servir les intérêts israéliens : désarmer la résistance libanaise par des forces internationales sous l’égide de l’ONU. Mais parmi les puissances européennes, il y a beaucoup d’hésitations. Et on les comprend car les terroristes ne sont pas ceux que l’on croit. D’un côté la résistance libanaise ne désarmera pas tant que la menace israélienne persistera et de l’autre, l’Etat colonial juif est connu pour ne respecter aucune résolution de l’ONU et n’a jamais hésité à tuer des casques bleus. Mais il ne faut pas être dupe sur les objectifs de cette résolution 1701 car les Nations Unies n’ont jamais envisagé d’envoyer une force de protection du peuple palestinien contre les massacres perpétrés par les sionistes. Or il y a fort à parier qu’après la défaite au Liban et afin de satisfaire son opinion publique, Israël redouble de violence en Palestine.

Dans le cadre du projet « Grand Moyen-Orient », les USA et Israël ont pour ambition de mettre au pas les résistances populaires en morcelant les peuples de cette région sur la base d’appartenances religieuses ou ethniques. Le but est de diviser pour mieux régner afin de contrôler les riches réserves pétrolières. Mais ce plan impérialiste est contrecarré par les résistances en Palestine, au Liban, en Irak, en Afghanistan et en Iran.

Dans ce contexte, la victoire de la résistance libanaise fait enfin naître un espoir de voir disparaître le système colonial et raciste israélien, condition sine qua non à la justice et à la paix dans cette région du Monde.

 COMITE ACTION PALESTINE

 




Israël : l’Etat de la guerre permanente

PJC_HorreurGhaza14[1]Tract et première analyse du CAP sur les évènements de l’été 2006 en Palestine et au Liban.

Aujourd’hui comme depuis près de soixante ans, l’Etat-colonie, nommé « Israël », sème la mort en Palestine comme dans tous les pays voisins

Après l’arrestation de trois soldats ennemis par la résistance palestinienne et libanaise en vue de les échanger contre les 10 000 prisonniers enlevés par l’armée coloniale, la machine à tuer israélienne a laissé libre cours à ses instincts : bombarder les civils et détruire, tout en faisant passer les Israéliens pour des victimes. Ce que les grands médias français dans leur servilité habituelle tentent de relayer. Certes, « la réaction est disproportionnée » expliquent ces médias, mais « les hostilités ont été déclenchées par le Hamas et le Hezbollah ». Sauf que les faits sont têtus et montrent que les différents bandits sionistes qui ont dirigé « Israël » depuis 1948 n’ont jamais cessé de terroriser le peuple palestinien et tous les peuples de la région.

Ainsi l’histoire d’Israël est jalonnée de crimes contre l’Humanité en Palestine

Les massacres de Deir Yassin en 1948, de Qibya en 1954, la dévastation de Jénine en 2002 et celle de Rafah en 2004, les tueries quotidiennes, le vol des terres à Gaza ou en Cisjordanie dévoilent le vrai visage de cet État colonial : il s’agit bel et bien d’une volonté de purification ethnique inscrite dans le projet sioniste, purification ethnique commencée en 1948 lorsque l’armée terroriste expulse près de 800 000 Palestiniens. Il y a aujourd’hui 5 millions de réfugiés pour la plupart entassés dans des camps. Le projet colonial israélien est de vider la Palestine de ses habitants arabes pour les remplacer par des juifs. Tout le reste n’est que discours destiné à rendre légitime cette politique génocidaire qui ne dit pas son nom.

Cette entreprise criminelle a atteint un stade ultime depuis la victoire des candidats du Hamas aux élections législatives du 25 janvier 2006 : il s’agit d’obtenir la reddition du peuple palestinien en le soumettant à un blocus économique qui le prive de ses ressources financières et des biens de première nécessité. A cet étranglement économique s’est ajouté le kidnapping par l’armée d’occupation de représentants palestiniens démocratiquement élus. Affamer et décapiter la résistance, telle est la stratégie politique d’une dictature coloniale digne de ce nom.

Aujourd’hui, la stratégie de la terreur au Liban en rappelle d’autres

Après l’agression contre l’Egypte en 1956 et l’occupation de Gaza, Cisjordanie, Jérusalem –Est et du Golan syrien en 1967, « Israël » attaque pour la première fois le Liban en 1968. En 1978, il envahit le sud du Liban et quatre ans plus tard massacre plus de 20 000 civils libanais et 3000 réfugiés palestiniens à Sabra et Chatila.

Mais en 2000, l’Etat criminel d’ « Israël » est vaincu, humilié et éjecté hors du Liban grâce à la résistance conduite par le Hezbollah. C’est une défaite que l’entité sioniste n’a jamais digérée. Depuis cet Etat n’a eu de cesse de provoquer la guerre civile au Liban dans le but de soumettre ce pays à sa domination. Encore une fois c’est un échec et c’est ce qui explique la sauvagerie des bombardements israéliens actuels pour diviser et affaiblir le peuple libanais. Dans ce contexte de radicalisation, la plupart des dictatures arabes ont montré leur vrai visage : elles soutiennent la dictature coloniale israélienne contre les résistances populaires au Liban ou en Palestine qui pourraient s’étendre et les balayer un jour.

Les résistances libanaise et palestinienne sont sommées aujourd’hui par les Chirac, Olmert, Bush et consorts de déposer les armes, conformément à la Résolution 1559 votée à l’initiative de la France et des Etats-Unis. Parions que cette Résolution sera appliquée dès lors qu’Israël appliquera les dizaines de Résolutions de l’ONU, dont le droit de retour de tous les réfugiés et la fin de l’occupation en Palestine. Comment expliquer que les grandes puissances n’ont jamais poussé « Israël »à respecter ces Résolutions ? La réponse est simple : la dictature coloniale israélienne est leur gendarme dans le Moyen-Orient.

L’enjeu est le contrôle des réserves pétrolières de la région. Plus globalement, l’enjeu est de maintenir la domination économique occidentale sur le reste du monde, c’est-à-dire sur la 4/5ème de l’humanité qui vit dans la pauvreté. La domination coloniale et néo-coloniale prévaut toujours.

Mais nous faisons confiance aux peuples et à leur capacité de résistance.

L’Histoire est de leur côté. La défaite américaine au Vietnam n’a pas été obtenue par une résolution de l’ONU mais grâce à la résistance héroïque du peuple vietnamien. Cuba résiste toujours malgré une quarantaine d’années d’embargo; le peuple vénézuélien et le peuple bolivien sont entrés dans la résistance face à la domination américaine. C’est toute l’Amérique latine, celle des classes populaires, qui peu à peu tient tête aux visées impérialistes des Etats-Unis. En Irak comme en Afghanistan, la résistance ne faiblit pas, bien au contraire, elle inflige des pertes toujours plus grandes à l’ennemi américain et à ses alliés.

Aujourd’hui il y a deux voies possibles : il y a celle de la résignation et de la soumission à un ordre mondial injuste et meurtrier et il y a celle de la résistance et de la solidarité entre les peuples. En Palestine occupée, le peuple Palestinien est toujours debout, uni depuis près de soixante ans contre l’infernale machine de guerre coloniale israélienne. Il nous indique la voie à suivre.

Nous, membres du CAP, nous sommes à ses côtés sur ce chemin.

Plus que jamais nous devons soutenir la lutte du Peuple Palestinien jusqu’à la victoire de la résistance et la satisfaction des revendications légitimes :

La fin de l’occupation et le droit à l’autodétermination

Le droit au retour des réfugiés palestiniens chez eux

La libération de tous les prisonniers palestiniens

COMITE ACTION PALESTINE

 

 

 




Articles parus dans la presse

Publié: Sun, 16-Jul-2006
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Articles de presse relatant les évènements liés à la venue d’Al Rowwad

SUD OUEST édition Rive Droite, le 1er juillet 2006

Les élus retirent leur soutien au Comité Action Palestine et le maire annule le spectacle de théâtre que devait présenter des jeunes palestiniens

Des Palestiniens indésirables

Dominique Andrieux

En préambule de la séance du conseil municipal (« Sud Ouest » d’hier), le maire Alain David a informé ses collègues qu’il conviendrait de « retirer » la délibération que les élus avaient voté à l’unanimité, début juin, à propos d’une convention entre la ville et l’association Comité Action Palestine. Il s’agissait d’un échange de bons procédés. Le théâtre Al-Rowwad et sa troupe de jeunes comédiens palestiniens joueraient gratuitement leur pièce « Nous sommes les enfants du Camp », les 5 et 6 juillet, à Cenon en échange de quoi la ville leur apportait une subvention de 1 000 euros tandis que le centre social La Colline mobilisait les familles adhérentes pour héberger la délégation. Les élus cenonnais ont dénoncé à l’unanimité ces dispositions,lesquelles entraînent l’annulation pure et simple des représentations.

« Grosses protestations ». Alain David notait que l’objet culturel n’est pas en cause mais c’est le fait que « l’association Comité Action Palestine est liée au Hamas ». « Nous avons reçu un certain nombre de grosses protestations émanant d’associations diverses ». Parmi elles, notons celles du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) qui renvoyait à la lecture du site internet (www. comiteactionpalestine.org). Le CRIF affirme que « le Comité Action Palestine est une association ouvertement antirépublicaine et antisioniste », évoque « une soirée couscous antisioniste » qui se serait déroulée à Lormont, le 17 juin. A la lecture de la pièce, le même Conseil s’émeut d’« une vision très partielle et partiale de la réalité qui est présentée ». Intervention de Max Guichard, l’élu communiste, dans le cadre du conseil municipal : « J’ai interviewé Palestine 33, à Bordeaux, qui m’a indiqué que le Comité Action Palestine avait fait partie de leur association mais qu’elle en avait été exclue pour la raison fondamentale qu’elle est pour la disparition de l’Etat Israël ». Nuancée, Marie-Christine Boutheau (Verts) disait « s’inquiéter du caractère antisémite ou non de cette association ».

Intervention du préfet. En réalité, il semble bien que les élus cenonnais n’avaient pas d’autre alternative que de revenir sur leur décision comme le signifie clairement un passage de leur délibération : « Le préfet, dans le cadre d’un recours gracieux, a expressément demandé le retrait de la délibération » prise au début du mois. Avec ce retournement de situation, les élus cenonnais ont tenu à « préserver les valeurs de la République ». Une décision dans laquelle se retrouve Musiques de Nuit, l’association qui avait ménagé un petit espace dans le programme du Festival des Hauts-de-Garonne qu’elle organise, afin de promouvoir la pièce de théâtre. « Nous ne pouvons qu’être choqués par des textes avec lesquels nous sommes en profond désaccord » souligne dans un communiqué Patrick Duval, le responsable, après avoir consulté les sites internet. « Nous nous désolidarisons totalement du discours et des pratiques du Comité d’Action Palestine qui ne saurait être présent sur une manifestation telle que le Festival des Hauts-de-Garonne ».

SUD OUEST, le 6 juillet 2006

La ville s’était désengagée mais le tribunal administratif ordonne au maire de Cenon d’accueillir un spectacle de théâtre joué par des enfants d’un camp de réfugiés palestiniens

Une pièce à rebondissements

Dominique Andrieux

Alain David, maire de Cenon, et ses collègues du Conseil municipal, étaient sans doute loin d’imaginer que leur décision prise à l’unanimité d’annuler une délibération qui prévoyait un partenariat entre la Ville et le Comité action Palestine (CAP) déclencherait un tollé et aboutirait devant le tribunal administratif.
Le CAP, association girondine fondée en mai 2004 par des personnes ayant démissionné de Palestine 33, autre organisation de soutien au peuple palestinien, endossait le rôle de relais pour obtenir des élus cenonnais qu’ils acceptent notamment de programmer dans une salle communale un spectacle de théâtre joué par la troupe d’al-Rowwad, laquelle a pour particularité d’être composée de jeunes comédiens vivant dans le camp d’Aïda. « Nous sommes les enfants du camp » était inscrit dans la programmation du Festival des Hauts de Garonne, organisé par Musiques de nuit.

L’argument politique. Les deux représentations, des mercredi 5 et jeudi 6 juillet, à Cenon, l’hébergement de la troupe dans les familles locales, les 1 000 euros de subvention, tout cela tombait à l’eau au soir du 28 juin avec l’annulation de la délibération.
Soucieux de « défendre les valeurs de la République », le Conseil municipal dénonçait le partenariat en se fondant sur la position politique du CAP. « Le CAP est lié au Hamas », argumentait le maire Alain David ajoutant qu’à la suite de fortes protestations, « le préfet de la Gironde, dans le cadre d’un recours gracieux, a demandé le retrait de la délibération » officialisant le partenariat.
Retournement de situation hier après-midi après l’examen par le tribunal administratif du référé intenté par le CAP. Relevant « la violation de la liberté de réunion et d’expression », il ordonne au maire de Cenon de prendre toutes les dispositions pour assurer le bon déroulement des représentations des mercredi 5 et jeudi 6 juillet, « dans les conditions initialement prévues ».

« Victimes d’un lobbying ». « On a gagné, c’est une très bonne nouvelle », se réjouissait Tayeb el-Mastari, l’un des quatre coprésidents du CAP. Me Smaïl Kaci, avocat de l’association soulignait : « Ce qui est très important, c’est qu’il est mentionné qu’il n’est pas établi que le spectacle est de nature à perturber l’ordre public, que l’association requérante conduisait une action contraire aux lois et règlements. » Le tribunal administratif condamne en outre la Ville de Cenon à verser une indemnité de 1 000 euros au CAP.
L’argument développé en audience, hier matin, par Me Cyril Cazcarra, n’a pas tenu. Le défenseur de la ville de Cenon estimait que la requête n’avait plus lieu d’être dans la mesure où le CAP s’était vu proposer par le Théâtre en Miettes, implanté à Bègles, la possibilité de présenter la pièce aux mêmes jours et horaires prévus à Cenon (lire ci-contre).
La décision de justice a également réjoui les Amis d’al-Rowwad. Jean-Claude Ponsin, président de cette association, qui a fait le voyage de Paris pour soutenir le CAP et la troupe, persistait : « On ne se laissera pas faire. Une première tournée européenne de la compagnie, en 2003, n’a connu aucun incident, pas plus que celle de 2005 aux USA. Ici, à Cenon, nous avons été victimes de mensonges et de calomnies, d’un lobbying pour empêcher que la pièce soit jouée. » « Un barrage à la communication, ajoute Tayeb el-Mastari. A la liberté de laisser les enfants mettre en scène leur vécu, dans le camp. »

La troupe d’al-Rowwad a pour particularité d’être composée de jeunes comédiens vivant dans le camp d’Aïda
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Réactions
« Nous respectons l’injonction ».
« Nous respectons l’injonction et mettons à disposition la salle Simone-Signoret ce soir ainsi que demain », indiquait-on au cabinet du maire de Cenon, hier, peu après la décision du tribunal administratif.
Sensible à l’offre du Théâtre en miettes d’accueillir la troupe théâtrale des enfants d’Al-Rowwad, le comité Action Palestine a programmé la première représentation de « Nous sommes les enfants du camp », à Bègles. En revanche, la seconde aura lieu à Cenon, ce jeudi, à 19 heures, salle Simone-Signoret. L’entrée est gratuite.




Messages de soutien : lettres adressées à la Mairie de Cenon, au Festival des Hauts de Garonne, …

Publié: Sun, 16-Jul-2006
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Nous publions ici les réactions que vous avez envoyées aux responsables politiques, aux responsables du Festival et au journal Sud-Ouest, suite à la décision du conseil municipal de Cenon d’interdire les représentations d’Al Rowwad.

POUR EN SAVOIR PLUS VOIR LE DOSSIER AL ROWWAD

Monsieur le Maire de Cenon
Mesdames, messieurs du Conseil Municipal,
Mesdames, messieurs responsables du Festival des Hauts de Garonne
J’apprends à l’instant votre décision d’annuler la représentation théâtrale d’enfants palestiniens en tournée en France. Cette décision n’a qu’une seule signification : la collaboration avec les forces militaires israéliennes qui bombardent et assassinent le peuple palestinien.
Non seulement vous décidez d’apporter votre soutien à l’occupation d’un pays et à la destruction de son peuple, mais vous refusez que les enfants de ce peuple, qui vivent dans des conditions atroces dans des camps encerclés par l’armée de l’occupation, ne s’expriment pas dans votre commune.
Cette position de collaboration n’est pas à votre honneur, et le peuple palestinien saura en tenir compte lorsque le pays sera enfin libéré.
Au lieu de permettre aux habitants de votre commune et région de faire connaissance avec ces enfants, qui viennent raconter, par la danse et les chants, leur histoire, qui viennent montrer que l’enfance palestinienne est autrement que celle montrée par le mouvement sioniste et les services israéliens en France, vous contribuez à l’ignorance de vos électeurs et refusez de leur donner la possibilité de connaître objectivement la situation.
Honte à la collaboration avec l’occupation !
Honte au muselage des enfants palestiniens !
Honte au maintien de l’ignorance dans un pays qui se veut éclairé !
R. O.

Monsieur le Maire de Cenon,
Mesdames et Messieurs les Conseillers municipaux de Cenon,
Mesdames et Messieurs les responsables du festival des Hauts de Garonne,
J’apprends à l’instant avec tristesse et indignation votre décision d’annuler la représentation théâtrale d’enfants palestiniens en tournée en France. Cette décision n’a qu’une seule signification: la collaboration avec les forces militaires israéliennes qui bombardent et assassinent le peuple palestinien, qui perpètrent chaque jour une politique de colonisation contraire aux résolutions du Conseil de Sécurité de l’O.N.U. Et aux Conventions de Genève.
Non seulement vous décidez d’apporter votre soutien à l’occupation d’un pays et à la destruction de son peuple, mais vous refusez que les enfants de ce peuple, qui vivent dans des conditions atroces dans des camps encerclés par l’armée de l’occupant israélien.
J’ai participé il y a deux ans à l’accueil des enfants de la troupe d’Al Rowwad à Douarnenez. J’ai été enrichi par leur présence, par leur humour et par leur joie de vivre, en même temps que par leur détermination pour faire connaître leur situation et celle de leur peuple. Lors de représentations de leur spectacle à Douarnenez et à Quimper, je les ai vus avec émotion décrire avec talent et sobriété par le jeu théâtral ce qui est leur vie quotidienne. A aucun moment je n’ai entendu de parole de haine contre l’occupant de leur terre. Par contre je suis révolté de vous voir céder si facilement aux forces de haine et de mépris envers les Palestiniens et à ceux qui, comme les forces israéliennes en ce moment dans la bande de Gaza, développent une stratégie de la tension permanente pour justifier une politique raciste et colonialiste.
Au lieu de permettre aux habitants de votre commune et région de faire connaître avec ces enfants, qui viennent raconter, par la danse et les chants, leur histoire, qui viennent montrer que l’enfance palestinienne est autre que celle montrée par le mouvement sioniste et les services israéliens en France, vous refusez de donner à vos électeurs la possibilité de connaître objectivement la situation et d’en débattre démocratiquement.
Je n’exprimerai ni mon respect, ni ma considération à ceux qui soutiennent, au moins de fait, par leur décision une politique raciste et colonialiste.
Y. J.

à Monsieur le Maire de la ville de Cenon,
à Mesdames et Messieurs les dirigeants du festival des Hauts de Garonne.
Monsieur le Maire,
Alors que le monde entier devrait défiler dans les rues pour protester contre l’ envahissement honteux et criminel de Gaza par l’ armée israélienne. Alors que nos amis palestiniens de Gaza nous disent israélienne. Alors que les étudiants de Gaza continuent à aller en cours, courageusement à pied, puisque les moyens de transport sont bloqués, j’apprends que, sous la pression de gens aveuglés par leur attachement au gouvernement israélien, qui ne savent même plus ce que le mot « Humanité » signifie, vous venez d’ annuler les deux représentations, des 5 et 6 Juillet, de la troupe des enfants du camp d’ Al Rowwad.
D’ une part, l’ information concernant la situation des Palestiniens se trouve, une fois encore verrrouillée. D’ autre part, comment peut-on s’ opposer, Monsieur le Maire, à une action éducative qui va dans le sens de la Paix ? Ainsi, en empêchant ces enfants de s’ exprimer au travers de la pièce et d’évacuer une partie des douleurs que leur cause l’ occupation, ce sont les chances futures de vivre en Paix que l’ on tue sciemment. C’ est une lourde responsabilité que vous, et le festival des Hauts de Garonne, venez de prendre et je vous prie instamment de revenir sur cette
décision.
M.M.

M. Le Maire,
C’est avec stupéfaction que j’apprends l’annulation de la pièce que devaient jouer ces enfants venus de Palestine, cette terre de souffrances.
Ceci dit, cette décision, dont on sait qu’elle a été prise sous la pression d’organisations communautaires, n’a rien de surprenant, dans la mesure où tout le monde se fiche du sort des palestiniens.
Tout du moins, tant qu’ils ne se font pas exploser dans un autobus, ou à une terrasse de café, car cette fois ci, l’indifférence se transforme en incompréhension et en haine.
Les victimes (les palestiniens) se retrouvent alors dans la peau du bourreau aux yeux des grandes puissances, et du coup peuvent être sujets aux pires exactions sans éveiller la moindre compassion de la part de la communauté internationale.
Alors quoi? Qu’attendons nous de ces palestiniens?
La réponse est à la fois simple et odieuse. En annulant ce spectacle vous empêchez ces enfants de s’exprimer, de nous raconter leurs souffrances. Vous leur faite, ainsi, savoir que vous souhaitez qu’ils meurent en silence, sans absolument aucune résistance. Qu’ils meurent tout simplement!!!
Au delà de la terrible décision que vous avez souhaité prendre, je tenais à vous rappeler le régime dans lequel nous vivons. Nous vivons en République, M. le Maire, et une République n’est composée que de citoyens, tous égaux devant les lois de la République.
Il est ainsi désolant de voir, de la part d’un élu, que vous accordiez un poids si important à une organisation communautaire et dont le leader en mai 2002, s’était réjouit du score de M. Le Pen au deuxième tour.
Alors Monsieur le Maire, nous n’oublierons ni cette annulation qui est une balafre faite à la Liberté d’Expression, ni le fait d’avoir cédé à une organisation communautaire.
Au fond, le communautarisme, comme disait l’autre, C’EST VOUS!!!!
Salutations citoyennes,
K.A.

Bonjour !
Je suis scandalisé par votre décision d’annuler la représentation de la troupe de théâtre Al-Rowwad. Ces enfants ne devraient pas être victimes d’ostracisme ici en France, alors qu’ils réussissent à sortir provisoirement de l’enfer qu’est devenu la Palestine .
Comment avez-vous pu céder au dénigrement de certains, et ajouter une telle gifle au sort terrible que doit subir la population là-bas ? N’êtes-vous pas au courant de leur situation terriblement injuste ?
La France se doit de les soutenir, et non de leur cracher ainsi au visage.
Si vous revenez sur votre décision, vous aurez fait preuve de sagesse, sinon de lâcheté et de mépris injustifié.
Bien à vous.
J-L. M.

Monsieur le Maire de Cenon,
Mesdames, Messieurs du conseil municipal de Cenon,
Mesdames, Messieurs les responsables du Festival des Hauts de Garonne,
J’apprends, à l’instant, l’annulation du spectacle qui devait être joué par les enfants des Camps de réfugiés, à l’heure même où d’aucun s’accorde à qualifier l’attitude des occupants qui agissent en Palestine, et ce avec la complicité de la plupart des dirigeants occidentaux, de « barbare » ( Quotidien Le Temps, Genève, 03 juillet 2006).
Parce que vous n’avez pas de courage, et très peu de principes, vous n’hésitez pas à baisser casaque devant une horde de « sans visage » propre à faire et défaire les réputations, d’inspiration raciste et aux manières qui relèvent de l’extrême droite.
Parce que l’on a su convoquer l’histoire de vos grands-parents, celle de l’antisémitisme, vous avez fait peu de cas de celle de vos enfants, qui mérite tout autant d’être représentée et passer l’examen de nos consciences.
Parce que l’on vous « Devoir de mémoiredise »,vous vous mettez au garde à vous, et collaborez avec les chiens. .. mais vous ne manquerez pas une seule commémoration à la mémoire de Jean Moulin, cela va de soi : vous êtes des résistants de la jaquette et des petits fours.
Quand un jour, vos propres enfants, je l’espère et le souhaite, vous demanderont :
« Qu’as-tu fait à l’heure terrible de Jénine ? Où étiez-vous du Temps de Deir Yacin ? Et quand on a massacré sur les plages de Gaza, cher Papa, Chère Maman, ne me dites pas que vous chantiez l’air du Ah ça ira, ça ira, ça ira, les palestiniens on les pendra …? »
Ce qui rassure d’ordinaire l’esprit du « collaborateur » c’est qu’il n’est pas le seul à baisser sa culotte tout en faisant claquer ses bretelles.
Ce qui sera de nature à rassurer votre petit conseil, c’est qu’à Paris, ce 5 juillet, on inaugurera en catimini, la Place Théodore HERTZL, l’illustre inspirateur de cette tragédie.
Heureusement, La France n’est pas Cenon, quoique Cenon ressemble étrangement à Lisieux ces jours-ci… avec ses indésirables (il semblerait aussi que vous leur refusiez le séjour …? Avez-vous seulement prévenu Mr Arno KLARSFELD … il a fait sa « petite guerre d’Algérie » en Palestine dans les tireurs d’élite, offrez lui quelques guérites).
Heureusement d’autres villes accueilleront ces enfants, envisageront leur histoire et entendront leur légitime revendication, qui se borne à souhaiter vivre dans leur maison, sans la menace d’une quelconque soldatesque, hier anglaise et aujourd’hui sioniste.

Monsieur le Maire,
Mesdames, Messieurs du Conseil,
Mesdames et Messieurs les responsables du Festival des Hauts de Garonne,
Vous savez à présent comment vous vous seriez comportés aux heures les plus sombres de notre Histoire, et cela seulement pour une petite pièce de théâtre… jouée par des enfants.
A.C. ( Genève, le 03 Juillet 2006).
Lettre adressée à la MAISON D’IZIEU MEMORIAL DES ENFANTS JUIFS ASSASSINES 01300 IZIEU
LYON LE 4 JUILLET 2006
A Mme la directrice G.Erramuzpé,
Aux responsables pédagogique ,
Chers amis ,
C’est avec une extrême émotion que j’apprends que ce jour – 4 juillet – un groupe de jeunes lycéens israéliens d’un lycée de Rerovoth est reçu à Izieu.
J’ai – d’une part – en mémoire l’incroyable campagne menée par les institutions juives régionales ces dernières années après que le ministère des Affaires Etrangères ait fait part à la Direction de votre Maison d’un projet de visite de quelques Palestiniens (projet sans suite puisqu’ils n’ont pas reçu de visa pour venir en France ),les conséquences de cette campagne éhontée sur l’avenir même des projets et du merveilleux travail que vous menez.
J’ai aussi sous les yeux ( pièce jointe)l’information de la campagne menée dans certaines régions de France par ces mêmes institutions communautaristes pour que soient annulées les représentations de la troupe d’enfants palestiniens du théâtre d’AL ROWWAD de Bethléem ;
Enfin , alors que ces derniers jours l’armée israélienne mène à Gaza et dans les territoires occupés de Cisjordanie des opérations militaires d’une violence inouïe dont les enfants palestiniens sont les principales victimes ,
Cette visite – fusse –t-elle pédagogique , me paraît déplacée et inopportune.
Le fameux « plus jamais ça ! » n’aurait-il de sens que lorsqu’il s’agirait d’enfants juifs ?
Les enfants palestiniens seraient-ils placés hors du champs de notre compassion ?
Là est toute la problématique de cette politique de « deux poids , deux mesures « pratiquée par nos hommes politiques et nos édiles lorsqu’il s’agit de se déterminer dans cette tragédie en Palestine.
Notre Histoire ne peut et ne doit être prise en otage par ces gens .
Soyez assurés – chers amis – de mes sentiments les meilleurs .
G.G. Enfant caché, Partie Civile au procès de K.Barbie
Courriers adressés le 2 juillet 2006 à P. Duval : mdn@free.fr

Monsieur,
J’ai appris avec consternation l’annulation des deux soirées que devait donner la troupe de jeunes réfugiés palestiniens à Cenon.
Ce faisant, non seulement vous cédez aux pressions communautaristes du CRIF, qui loin de défendre les intérêts moraux de la communauté qu’il prétend représenter, se comporte en courroie de transmission d’Israël, mais de plus vous vous comportez en malotru (c’est un euphémisme). Je n’ose même pas évoquer l’honnêteté intellectuelle, chose qui ne semble partagée ni par vous, ni par la mairie de Cenon, ni par le « journal » Sud-Ouest.
Procéder par amalgame et mensonges, n’a jamais grandi un élu politique, un journaliste ou le responsable d’une structure comme la vôtre.
Autant on peut comprendre un débat politique et des divergences philosophiques, autant la manipulation et l’absence de valeurs élémentaires comme l’empathie envers des enfants réfugiés dont la vie est une enfer (sans doute y-a-t-il des raisons à cela, mais vous semblez refuser de les voir ?!) me semble abject.
Mais plus grave, dans cette affaire vous sanctionnez non pas d’éventuelles associations locales dont vous ne partageriez pas les points de vue (encore faut-il se donner les moyens de lire et d’un débat politique, ce qui demande évidemment un effort et peut-être un certain niveau), mais les principaux intéressés eux-mêmes :
cette troupe théâtrale de jeunes réfugiés de Bethléem. Ils venaient pour faire connaître leur art et à travers cela raconter leur vie et leurs souffrances quotidiennes.
Soit vous êtes naïf et manipulable et c’est préoccupant pour un responsable du Festival des Hauts de Garonne, soit vous êtes conscients des intérêts que vous défendez en prenant ce type de décision, et vous risquez d’avoir à en assumer les conséquences.
Si cela peut vous faire (encore ?) réfléchir, méditez ces deux remarques :
– le gouvernement israélien (complaisamment relayé) monopolise l’arène internationale pour 1 de ses soldats fait prisonnier dans une opération militaire, mais je n’ai jamais entendu aucun des relais, médias, gouvernements , élus et autres partis, faire quoi que ce soit ni s’offusquer pour les…….9000 prisonniers Palestiniens, quotidiennement humiliés, torturés, maltraités, dans les geôles israéliennes, au mépris de toutes les conventions internationales.
– aujourd’hui Israël sème la terreur, se permet d’enlever des représentants élus démocratiquement (imaginez un seul instant la même situation chez nous !), et continue à violer allègrement le droit international ; nos gouvernements, la grande majorité des élus et autres partis regardent faire et se font en outre complices directs de la plus grande crise humanitaire que les Palestiniens aient jamais subie.
En tout état de cause, croyez en ma détermination pour faire largement connaître ce que vous êtes capables de faire : En Palestine les israéliens colonisent, oppriment et massacrent, ici vous baillonnez leurs enfants réfugiés.
xxx

Mairie de Cenon : info@ville-cenon.fr
A l’attention du Maire et du conseil municipal de la ville de Cenon,
Vous avez cru bon d’annuler (qui plus est au dernier moment) les représentations de la troupe de jeunes réfugiés palestiniens Al-Rowwad.
A ce propos, je n’insisterai pas sur la malhonnêteté intellectuelle, les amalgames et mensonges qui truffent aussi bien l’article du « journal » Sud-Ouest que le communiqué de M. P. Duval.
On aurait pu s’attendre à moins grossier de la part d’élus ou de responsables dont le comportement fait plutôt penser aux procureurs des « procès de Moscou » qu’à celui d’un élu responsable doté – à défaut d’une éthique et d’une empathie personnelle – d’un minimum d’intelligence.
Prompt à dénoncer le »communautarisme » (c’est de bon ton…) vous avez foncé tête baissée dans le piège cousu de fil blanc du CRIF, organe qui sous couvert d’une revendication (sans doute respectable…et communautariste) de représentation des Juifs de France (ce qui est déjà une prétention abusive), n’est qu’une courroie de transmission de la propagande israélienne et des « valeurs » qui la sous-tendent.
Soit vous êtes naïfs et manipulables et c’est grave pour des représentants que nous avons élus, soit vous êtes conscients des intérêts que vous défendez en prenant ce type de décision, et vous aurez à en assumer logiquement les conséquences. Je passerai sur l’honnêteté intellectuelle qui ne semble pas vraiment caractériser la classe politique.
Vous sanctionnez non pas d’éventuelles associations locales dont vous ne partageriez pas les points de vue (encore faut-il se donner les moyens de lire et d’un débat politique, ce qui demande évidemment un effort et peut-être un certain niveau), mais les principaux intéressés eux-mêmes : cette troupe théâtrale de jeunes réfugiés de Bethléem.
Ils venaient pour faire connaître leur art et à travers cela raconter leur vie et leurs souffrances quotidiennes. Sans doute y-a-t-il des raisons à cela ?!
Mais qui êtes-vous donc pour vous permettre de les balayer d’un revers de main, et les jeter à la rue. Croyez-vous donc – surtout dans la situation actuelle, particulièrement malsaine d’ailleurs – qu’ils ont été autorisés à venir en France à l’insu des autorités, et qu’ils constitueraient je ne sais quelle menace à l’ordre public ?!
Vous rendez-vous bien compte du rôle écoeurant que vous jouez ?
Et si cela peut vous faire (encore ?) réfléchir, méditez ces deux remarques :
– le gouvernement israélien (complaisamment relayé) monopolise l’arène internationale pour 1 de ses soldats fait prisonnier dans une opération militaire, mais je n’ai jamais entendu aucun des relais, médias, gouvernements , élus et autres partis, faire quoi que ce soit ni s’offusquer pour les…….9000 prisonniers Palestiniens, quotidiennement humiliés, torturés, maltraités, dans les geôles israéliennes, au mépris de toutes les conventions internationales.
– aujourd’hui Israël sème la terreur, se permet d’enlever des représentants élus démocratiquement (imaginez un seul instant la même situation chez nous !), les gouvernements regardent faire et se font en outre complices directs de la plus grande crise humanitaire que les Palestiniens aient jamais subie. En Palestine on opprime, on massacre, ici vous baillonnez leurs enfants réfugiés.
En tout état de cause, croyez en ma détermination pour faire connaître ce que vous êtes capables de faire, notamment auprès de mes amis socialistes.
xxx

Au journal Sud-Ouest : contact@sudouest.com
A l’attention de M. D. Andrieux et Rédaction de Sud-Ouest
Bonjour,
Je suis profondément choqué de la décision d’annulation par la ville de Cenon et le Festival des Hauts de Garonne des deux représentations que devait donner la troupe théâtrale Al-Rowwad de jeunes réfugiés palestiniens de Bethléem.
Mais je suis au moins aussi scandalisé par votre article du 29 juin : « Palestiniens indésirables ».
Non seulement le titre n’a pas grand chose à voir avec son contenu – mais sans doute est-ce là une facilité journalistique – non seulement il est truffé d’amalgames, d’erreurs, et d’insinuations, mais surtout les principaux intéressés, les Palestiniens sont purement et simplement évacués !
Les procédés sont grossiers et la déontologie la plus élémentaire (vérification des sources et réponse des personnes ou associations concernées) est absente.
La tonalité ne laisse aucun doute sur son objectif : en aidant le CRIF à dénigrer et diffamer le mouvement de soutien aux Palestiniens, servir de relai en France à Israël pour annihiler toute tentative des Palestiniens de faire entendre leur voix et leur droit.
Accessoirement, c’est faire peu de cas du citoyen, sinon du lecteur, qui aurait pu en se rendant à ces représentations se rendre compte par lui-même directement auprès des vrais intéressés, les enfants réfugiés de Bethléem, de la vie qu’ils mènent depuis l’expulsion de leurs grands-parents en 1948.
Autant vous auriez publié un communiqué du CRIF (avec droit de réponse bien sûr aux associations concernées) j’aurais compris, autant là c’est directement prendre parti pour le lobby sioniste.
Aujourd’hui où la situation en Palestine est plus dramatique que jamais, Israël bombarde, envahit, massacre, enlève des représentants élus démocratiquement, opère un blocus, avec la complicité des USA, de l’Union européenne et en particulier de la France.
Là-bas Israël opprime et tue les Palestiniens, ici vous baillonnez leurs enfants réfugiés.
Honte sur vous,
Salutations,
xxx




Nous sommes les enfants du camp

Suite à la décision du tribunal administratif , la représentation du 6 Juillet aura bien lieu à CENON

JEUDI 6 JUILLET à 19h 
SALLE SIMONE SIGNORET – Parc de la Mairie


1 avenue Carnot, CENON

La troupe du centre culturel AL ROWWAD
Camp de réfugiés d’AIDA – BETHLEEM

vous présente son spectacle

NOUS SOMMES LES ENFANTS DU CAMP

alrowwad

Après une première tournée qui connut un grand succès en 2003, la troupe revient cet été : Saint Denis, Bruxelles, Liège, Paris, Chartres, Poitiers, Cenon, Brive, Briançon, Marseille, Avignon etc…

Nous sommes les enfants du camp ” conte l’histoire d’Aïda, camp de réfugiés palestiniens de Bethléem, de 1948 à nos jours : 14 jeunes de 11 à 16 ans y jouent le rôle de leurs grands-parents et de leurs parents, expulsés de chez eux en 1948 à la création d’Israël, et leur propre vie faite de résistance.

Le centre Al Rowwad est implanté au coeur du camp et agit en direction des jeunes pour le développement culturel et la formation théâtrale.

En première partie, 5 musiciens, élèves du conservatoire de musique de Naplouse, âgés de 15 à 16 ans, jouent violon, luth, derbouka et piano.

Dans la journée, des rencontres sont organisées entre jeunes palestiniens et jeunes de la région. A l’issue de chaque représentation vous pourrez échanger avec les comédiens palestiniens.

MERCREDI 5 JUILLET à 19H
Théâtre en Miettes, Bègles

Suite à la décision du tribunal administratif , la représentation du 6 Juillet aura bien lieu à CENON

JEUDI 6 JUILLET à 19h 
SALLE SIMONE SIGNORET – Parc de la Mairie
1 avenue Carnot, CENON

ENTREE GRATUITE – RESERVATION OBLIGATOIRE
05 56 86 38 43

AUTRES DATES DE LA TOURNEE AL ROWWAD

JUIN

15 – Sarcelles
16 – Saint-Denis 1
8 – Soisson
20 – Tournai/Mousron
22 – Bruxelles
23 – Liege
27 – Gennevilliers
28 – Juvisy : rencontres avec jeunes, marionnettes, danse, musique
29 – Chartres

JUILLET

1 – Le Mans
3 – Poitiers
5 – 6 Cenon (Gironde)
7 – Brive-la-Gaillarde
9 – Clermont-Ferrand
11 – Lyon (Vaulx en Velin)
13 – Givors
15 – Montelimar
18 – Aubagne
19-23 Briancon
25 – Nice
26-27 Marseille
28-29 Avignon
30 – Les Corbieres




Communiqué (05/07/2006 à 19H) : Les enfants d’Al Rowwad joueront bien à Cenon

Le Comité Action Palestine vous informe qu’il a obtenu satisfaction dans la requête en référé liberté qu’il a déposée contre la mairie de Cenon qui avait annulé, moins de huit jours avant, et sous diverses pressions (voir le communiqué de presse ), les deux représentations de la troupe des enfants palestiniens d’Al Rowwad de Bethléem « Nous sommes les enfants du camp » les 5 et 6 juillet.

Le Tribunal administratif de Bordeaux a jugé illégale la décision et à ordonné à la mairie de Cenon, après l’audience en urgence qui a eu lieu ce jour, de mettre à disposition du Comité Action Palestine comme elle s’y était engagée, la salle Simone Signoret et tous les moyens techniques nécessaires pour que les représentations puissent avoir lieu comme prévu et a condamné la commune à verser à l’association une somme de 1000 euros.

Bien sûr, l’information a été connue trop tardivement pour que la salle puisse être installée et les spectateurs prévenus pour le 5 juillet, mais demain jeudi 6 juillet, la reprèsentation aura bien lieu à Cenon, salle Simone Signoret à 19h00.

Toutes les réservations ayant été déjà prises au « Théâtre en Miettes » pour le 7 juillet sont transférées à Cenon.

Tous ceux qui ne l’ont pas fait sont invités à prendre leur réservation d’urgence auprès centre culturel de Cenon au 05 56 86 38 43.

Le Comité Action Palestine remercie tous ceux, très nombreux, qui leur ont apporté leur soutien. 

Les jeunes artistes Palestiniens ont le droit de raconter leur histoire et leurs conditions de vie . Cette justice leur a été aujourd’hui rendue à Bordeaux.




Communiqué (05/07/2006 à 10h00)

Publié: Sun, 16-Jul-2006 Vues: 3707 fois

 

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Communiqué du 05/07/2006

A la suite de l’annulation des deux représentations de la troupe des enfants palestiniens Al Rowwad de Bethléem « nous sommes les enfants du camp », le Comité Action Palestine informe qu’il a déposé trois requêtes contre la mairie de Cenon auprès du Tribunal Administratif. La requête en référé suspension et le référé liberté font l’objet d’une audience en urgence ce jour mercredi 5 juillet à10h30.

Les enfants sont bien arrivés, ont vu l’océan et ont été accueillis hier soir par les familles qui ont spontanément accepté de pallier la défection de Cenon. Ils visiteront ce matin mercredi, comme prévu à 11h00 le marché de Cenon Palmer et joueront probablement de la musique. Nous invitons tous ceux qui le peuvent à venir les accompagner et les soutenir.

Comme nous l’avons annoncé, les représentations sont maintenues mercredi et jeudi à 19h 00 : le « Théâtre en miettes » de Bègles et la compagnie des Enfantsdu paradis ont proposé d’organiser l’accueil de la troupe de jeunes artistes.// Vous pouvez donc réserver d’urgence au 05 56 43 06 31. Faites vite, il n’y a que 100 places par représentation.

Il va sans dire que si le jugement du Tribunal Administratif nous est favorable, la représentation de jeudi 6 juillet aura lieu dans la salle Simone Signoret à Cenon qui pourra accueillir beaucoup plus de personnes, car les messages de solidarité que nous recevons sont très nombreux.

Dans tous les cas la parole des enfants palestiniens ne sera pas censurée.




Communiqué (02/07/2006) : Des Palestiniens indésirables ?

Communiqué (02/07/2006) : Des Palestiniens indésirables ?

Publié: Sun, 02-Jul-2006
Vues: 3710 fois

Alors qu’en Palestine, les forces coloniales israéliennes bombardent le peuple palestinien, alors que des dirigeants du gouvernement palestinien démocratiquement élu sont kidnappés et accusés de tous les maux, alors que les voix de ceux pour qui les mots de respect de la dignité humaine ont encore un sens devraient s’élever, ici une troupe de théâtre composée d’enfants palestiniens se voit interdite de représentation. Là bas on massacre un peuple, ici on l’empêche de raconter son histoire.

La Mairie de Cenon et le Festival des Hauts de Garonne viennent d’annuler, sous la pression communautariste du CRIF, les deux représentations de la troupe des enfants palestiniens d’Al Rowwad de Bethléem, « Nous sommes les enfants du camp », qui devaient avoir lieu les 5 et 6 juillet dans la salle Simone Signoret de Cenon. De fait, cette annulation conduit à une interdiction pour les familles de Cenon d’héberger ces enfants et empêche toutes les rencontres prévues avec les jeunes de cette commune.

Le Comité Action Palestine vous informe que les enfants seront malgré tout bien accueillis chez nous aux dates prévues, et vous invite à réagir vivement auprès de la Mairie de Cenon et de la direction du Festival des Hauts des Garonne (coordonnées ci-jointes).

Les représentations théâtrales seront maintenues, les lieux vous seront communiqués dès que possible.

Le Comité Action Palestine envisage par ailleurs de manière politique et juridique de faire face aux attaques dont il a fait l’objet à cette occasion.

Signé : Le Comité Action Palestine

Si vous souhaitez protester :
Mairie de Cenon : tel : 05 57 80 70 00, fax : 05 57 80 70 68, email : info@ville-cenon.fr
Festival des Hauts de Garonne : tel : 05 56 94 43 43, fax : 05 56 31 16 94, email : mdn@free.fr

DERNIERES MINUTES

Le CAP a déposé un recours auprès du TRIBUNAL ADMINISTRATIF de Bordeaux contre la mairie de Cenon. L’audience aura lieu le mercredi 05 juillet 2006 à 10H30.




Une histoire populaire des États-Unis, de 1492 à nos jours

zin_hpeus[1]Fiche de lecture du livre d’Howard Zinn : « Une histoire populaire des Etats-Unis, de 1942 à nos jours » (éditions Agone, 2002).

C’est le propre de la fiction de transfigurer la réalité. Lorsque cette fiction se met au service d’un État ou d’un système économique, elle se nomme propagande idéologique. On se souvient peut-être de 1492, le film commémorant la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, tourné quelque cinq cents ans plus tard. On y voyait Gérard Depardieu, sur une plage de violons, baiser le sable de l’île d’Hispaniola, avant de se frotter à des indigènes menaçants… En réalité, les Arawaks au complet “abandonnèrent leurs villages pour se rendre sur le rivage, puis nagèrent jusqu’à cet étrange et imposant navire afin de mieux l’observer.” Christophe Colomb tenait un journal de bord et il note lui-même que les Arawaks “ont apporté des perroquets, des pelotes de coton, des lances et bien d’autres choses qu’ils échangeaient contre des perles de verre et des grelots. Ils échangeaient volontiers tout ce qu’ils possédaient […] Ils ne portent pas d’armes.” Passée la surprise des premiers instants, le caractère propre à la civilisation occidentale reprend le dessus, et Colomb écrit ce commentaire prophétique : “Ils feraient d’excellents domestiques […] Avec seulement cinquante hommes, nous pourrions les soumettre tous et leur faire faire tout ce que nous voulons.” Les choses étaient dès le départ mal engagées. On sait ce qu’il advint par la suite des Indiens de tout ce continent nouvellement découvert. Et les cinq siècles qui suivirent ne furent guère plus réjouissants.

Une entreprise de démythification

Toute l’entreprise de Howard Zinn est, dans un premier temps, de détruire les mythes américains. Cette épopée du Nouveau Monde et de ses illustres figures -ses “sauveurs”, comme ils sont considérés dans les livres d’histoire outre-Atlantique-, Colomb et les pionniers, les Pères Fondateurs pour la Révolution , Lincoln pour la sortie de l’esclavage, Roosevelt pour la Grande Dépression, Carter pour la guerre du Vietnam et le scandale du Watergate…, Zinn s’attache à la désacraliser, et à l’inscrire dans un contexte matérialiste qui fait la part belle aux obscurs, aux sans-grade, à ceux dont on ne parle jamais mais qui n’en sont pas moins les véritables acteurs de l’histoire. Partant, il rend ainsi hommage à d’innombrables figures oubliées. Le parti pris est évident et totalement revendiqué. Selon l’auteur lui-même, il s’agit d’une “histoire irrespectueuse à l’égard des gouvernements et attentive aux mouvements de résistance populaire. Une histoire qui penche clairement dans une certaine direction, ce qui ne me dérange guère tant les montagnes de livres d’histoire sous lesquelles nous croulons penchent clairement dans l’autre sens.

Un pays fondamentalement raciste

Même si l’on en parle peu, on connaît assez bien la douloureuse tragédie des Indiens. Véritable génocide, leur massacre organisé s’est déroulé sur près de quatre cents ans, en fonction des velléités expansionnistes du nouvel empire qui se constituait. La technique est toujours la même : profiter de la supériorité militaire pour accaparer de nouvelles terres, refouler les Indiens, leur promettre la tranquillité sur leurs nouveaux lieux de vie, trahir la parole donnée et pousser toujours plus loin la conquête. Les colons ont toujours utilisé la politique du fait accompli pour refuser de rendre les terres volées ; une fois qu’ils étaient installés quelque part, ils ne pouvaient plus se retirer. Le tout s’accompagnant bien sûr de déportations, de massacres, de mensonges et d’hypocrisie humaniste ou sécuritaire. Troublant parallèle avec ce qui se fait actuellement en Palestine occupée… Durant cette cohabitation sanguinaire, près de quatre cents traités ont été signés entre les Indiens et les différents gouvernements ; aucun n’a été respecté.

On sait bien sûr que la richesse des premiers propriétaires terriens de l’Est et du Sud s’est constituée grâce à l’esclavage. Zinn estime à cinquante millions le nombre de Noirs qui ont eu à en souffrir. Ce que l’on sait moins, en revanche, c’est que l’histoire de ces Noirs n’est qu’une longue série de révoltes, d’insoumissions, et de massacres qui n’ont rien à envier à ceux perpétrés contre les Indiens. Nous sommes loin de l’image du bon nègre soumis à l’autorité du maître paternaliste, comme Autant en emporte le vent le laisse suggérer. Ce que l’on tait également, c’est que beaucoup de Blancs -appelés serviteurs sous contrat- étaient aux ordres de ces grands propriétaires, et que bien vite, unis dans une même servitude, exploités blancs et noirs ont donné des signes d’alliance possible. Zinn montre très bien que, face à cette montée en puissance de conflits de classe, le racisme s’est érigé en instrument de contrôle social. “Si des hommes libres, au désespoir, avaient dû faire cause commune avec des esclaves désespérés eux aussi, les conséquences auraient pu dépasser en violence tout [ce qui se faisait alors]. La solution à ce problème, évidente mais jamais formulée -simplement progressivement assumée-, était le racisme, seul outil susceptible de ségréguer les Blancs dangereux des esclaves dangereux en élevant entre eux le mur du mépris social.

Le racisme est donc un élément fondamental de la politique des États-Unis, et ce, dès l’époque des premiers colons. Pendant les siècles qui suivirent, il fut un des instruments de la domination des capitalistes sur les travailleurs, les syndicats eux-mêmes ayant beaucoup de mal à intégrer des Noirs dans leurs rangs. Zinn rappelle ironiquement que l’intervention américaine pendant la seconde guerre mondiale n’obéissait pas encore vraiment à des motivations humanistes : “Faisait-on réellement la guerre pour démontrer que Hitler se trompait quant à la supériorité de la “race” aryenne sur les races inférieures ? Dans les forces armées américaines, les Blancs et les Noirs restaient séparés. Lorsque, au début de 1945, les troupes furent embarquées sur le Queen Mary pour aller combattre sur le sol européen, les soldats noirs prirent place dans les profondeurs du navire à côté de la salle des machines, aussi loin que possible de l’air frais du pont, dans une sorte d’étrange remake des transports d’esclaves d’autrefois. La Croix-Rouge, avec l’accord du gouvernement, ne mélangeait pas le sang des Noirs avec le sang des Blancs.

L’intervention américaine obéissait donc à d’autres impératifs. Lesquels ? Toujours les mêmes : satisfaire les besoins expansionnistes du capitalisme dominant. La guerre de Sécession (1861-1865) en fut un exemple significatif. Traditionnellement, on oppose les bons Nordistes et Lincoln aux méchants Sudistes esclavagistes. En réalité, les faits furent un peu plus complexes et les résultats moins glorieux qu’on veut bien le prétendre. Les incessantes révoltes des Noirs, appuyées par quelques Blancs abolitionnistes, mettaient en péril un système parfaitement rodé. De nombreux documents témoignent du fait que les propriétaires esclavagistes vivaient dans la peur. Ils étaient obligés d’utiliser les pires méthodes pour mater les Noirs, ce qui ne fonctionnait que très épisodiquement. Il faut rappeler également que, du fait de l’arrivée incessante et massive d’esclaves, les Noirs étaient devenus largement majoritaires dans les États du Sud, et les propriétaires se sentaient quelque peu envahis par cette horde de sauvages assoiffés de sang. Il fallait réagir : “Un soulèvement général risquait de se révéler incontrôlable et de libérer des forces qui pourraient s’en prendre, au-delà de l’esclavage, au système d’enrichissement capitaliste le plus efficace du monde. En cas de guerre généralisée, en revanche, ceux qui la conduiraient pourraient en maîtriser les conséquences.

L’abolition ne fut donc pas le fait d’une prise de conscience humaniste, mais obéit à des impératifs purement économiques. Lincoln lui-même, considéré aux États-Unis comme un héros, est présenté comme un personnage fort ambigu. Ses discours semblaient motivés par l’opportunisme le plus évident. Selon le public auquel il s’adressait, il était capable de tenir des propos soit racistes soit abolitionnistes. Toujours est-il que les esclaves furent affranchis et que tout le monde y trouva son compte -les dirigeants, s’entend. Le capitalisme moderne s’étendit ainsi dans tous les États, du Nord au Sud, les affaires furent plus florissantes que jamais, et des millions de travailleurs, Noirs et Blancs, se retrouvèrent dominés par un nouveau système d’exploitation, beaucoup plus performant et beaucoup plus rentable. Un analyste de la situation de l’époque, W.E.B. Du Bois, affirma que pendant cette croissance du capitalisme américain avant et après le guerre de Sécession, Blancs et Noirs vivaient tous en esclavage.

Le racisme ne disparut évidemment pas pour autant : “Lorsque la guerre de Sécession prit fin, dix-neuf des vingt-quatre États du Nord n’accordaient toujours pas le droit de vote aux Noirs. En 1900, tous les États du Sud, par de nouvelles constitutions et de nouveaux statuts, avaient inscrit dans la loi la suppression du droit de vote et la ségrégation pour les Noirs. Un éditorial du New York Times affirmait que “les hommes du Nord […] ne dénoncent plus la suppression du droit de vote pour les Noirs. […] La nécessité de cette suppression, au motif suprême de l’autopréservation, semble désormais candidement reconnue.” Il faudra attendre les années 1960, et les révoltes en faveur des droits civiques -autre période particulièrement trouble et sanguinaire-, pour que les Noirs aient accès aux même titre que les autres à un minimum de représentation. Et le problème est loin d’être résolu. Aux États-Unis, et encore de nos jours même si c’est plus diffus, le racisme se présente comme un formidable outil de maintien de l’ordre capitaliste.

Une fausse Révolution

La Révolution de 1776 apparaît également dans cet ouvrage comme une vaste fumisterie. Le terme n’est pas trop fort tant le “peuple” de l’époque manifesta peu d’intérêt pour aller se battre contre les Anglais. Les pauvres, Blancs et Noirs, les plus nombreux, ne voyaient pas bien ce que pourrait leur procurer le fait de changer de maîtres, ou plutôt le fait que leurs maîtres s’émancipassent de la tutelle anglaise pour mieux asseoir leur puissance économique. Ils furent pour la plupart enrôlés de force dans l’armée de libération et ne manifestèrent guère l’enthousiasme patriotique dont fait preuve Hollywood lorsque l’industrie du cinéma se penche sur cette période.

De fait, la Déclaration d’indépendance obéit à des objectifs moins avouables que ce que l’on croit d’ordinaire : “Vers 1776, certaines personnalités de premier plan des colonies anglaises d’Amérique [Les Pères Fondateurs] firent une découverte qui allait se révéler extrêmement utile au cours des deux siècles suivants. Ils imaginèrent qu’en inventant une nation, un symbole, une entité légale appelée “États-Unis”, ils seraient en mesure de s’emparer des terres, des privilèges et des pouvoirs détenus jusque-là par les protégés de l’Empire britannique. Du même coup, ils pourraient contenir un certain nombre de révoltes en suspens et forger un consensus qui assurerait un soutien populaire suffisant au nouveau gouvernement contrôlé par une nouvelle élite privilégiée.

Cette idée de génie connut le succès que l’on sait, et c’est ainsi qu’une nouvelle classe dominante fit son apparition, s’appuyant sur une Constitution profondément et fondamentalement libérale, dans le sens où elle donnait tous les pouvoirs aux riches et laissait l’immense masse des pauvres patauger dans le mythe toujours actuel d’une éventuelle ascension sociale.

La lutte des classes

Dès le début, les États-Unis furent la patrie du capitalisme triomphant, sûr de son bon droit et de sa force. Ce qui ne signifie pas que l’histoire se déroula sans heurts. Au contraire, le livre de Zinn fourmille d’exemples montrant que la lutte de classes a toujours été d’actualité dans cet empire qui se constituait peu à peu. Et l’on est étonné face au nombre impressionnant de conflits qui émaillent l’histoire du pays. Que ce soit contre les travailleurs noirs, les ouvriers blancs, parfois -plus rarement- contre les deux unis, les capitalistes ont toujours eu d’énormes problèmes pour assurer la main-mise sur la classe populaire. Mais ils ont toujours utilisé la même méthode pour en venir à bout, et que l’on cache prudemment dans les manuels d’histoire : la plus extrême violence.

Témoin ce qui se passa en 1914 dans une mine du Colorado : “Dès que la grève éclata, les mineurs furent expulsés des logements qu’ils occupaient dans les villes possédées par la compagnie minière.[…] Ils établirent des campements de tentes dans les collines voisines et poursuivirent la grève en maintenant les piquets de grève. Le service d’ordre engagé par les représentants des Rockefeller utilisait des fusils-mitrailleurs et des carabines et effectuait des raids sur les campements de grévistes. […] En avril 1914, deux compagnies de la garde nationale se tenaient dans les collines surplombant le plus important campement de mineurs. […] Les femmes et les enfants creusèrent des fosses sous les tentes pour échapper aux tirs des mitrailleuses. Au crépuscule, les gardes nationaux descendirent des collines pour mettre le feu au campement. […] Le lendemain, un employé du téléphone passant à travers les ruines du campement souleva une plaque d’acier qui recouvrait une fosse creusée dans l’une des tentes et découvrit les corps carbonisés, recroquevillés.” Cet événement est aujourd’hui connu sous le nom de massacre de Ludlow. Il n’est qu’un exemple parmi la longue liste d’abominations commises par les richissimes patrons pour contraindre la classe ouvrière à se soumettre.

Il faut dire que celle-ci, malgré la répression permanente, lutta sans interruption, parfois les armes à la main, pour tenter d’obtenir son émancipation. Juste après la première guerre mondiale, de nombreuses constitutions de ce que l’on est tenté d’appeler des Soviets firent leur apparition. En 1919, à Seattle, la ville fut gérée par les grévistes. “Pendant la grève, la criminalité diminua. Le commandant du détachement militaire envoyé dans la région confia aux grévistes qu’il n’avait jamais vu une ville aussi calme et aussi bien gérée.” Mais ces expériences firent toutes long feu, si l’on peut dire, et, peu à peu, la classe ouvrière fut matée. Les rebelles furent exécutés, ou longuement emprisonnés, ou disparurent sans laisser de traces. Ce n’est pas le moindre des mérites de l’ouvrage de Zinn que de leur rendre là un dernier hommage. La législation fut savamment adaptée pour qu’elle accable toujours les plus faibles.

Incidemment, l’auteur règle son compte à une procédure juridique qui tente de faire son apparition en France ces derniers temps, celle dite de la “peine négociée” : “L’acte final de la procédure de peine négociée est une vaste supercherie qui rivalise elle-même de malhonnêteté avec le crime dont il est question dans bien des cas. L’accusé est contraint de reconnaître publiquement sa culpabilité pour un crime que, bien souvent, il n’a pas commis. Il doit ensuite préciser qu’il a avoué sans y être contraint […] et sans qu’on lui ait fait aucune promesse en retour. Dans la peine négociée, l’accusé plaide coupable, qu’il le soit ou non, épargnant ainsi à l’État, contre la promesse d’une réduction de sa condamnation, la peine d’avoir à le juger.” Les Français sont avertis de ce qui les attend si une telle loi apparaît dans leur pays.

Le consensus bipartisan

Le peuple américain, vivant dans ce que l’on considère comme la plus grande démocratie du monde, pourrait espérer compter sur ce que l’on appelle l’alternance politique, pour voir ses intérêts défendus de temps à autre. Hélas, en fonction de ce que Zinn nomme le “consensus bipartisan”, républicains et démocrates, au cours de leur longue histoire, ont toujours soutenu de façon indéfectible les intérêts des possédants : “La position politique adoptée par les différents candidats ayant participé aux primaires des principaux partis s’est toujours limitée à l’horizon défini par les notions de propriété et d’entreprise. […] Ils acceptaient l’idée que les vertus économiques de la culture capitaliste étaient inhérentes à la nature humaine. […] Et cette culture a toujours été fondamentalement nationaliste.

Les deux grands partis ont ainsi pour tradition bien établie d’abandonner la population à la loi du “libre marché”. Un exemple ? “Sous Reagan, le gouvernement avait réduit le nombre de logements sociaux de quatre cent mille à quarante mille ; sous Clinton, on les supprima totalement.” Pas étonnant donc que les différentes campagnes électorales se concentrent davantage sur le fait de savoir si tel ou tel candidat a été un bon patriote, s’il est un bon mari ou si sa femme fait bien la cuisine, se transformant alors en un immense show médiatique et démagogique. Bien évidemment, tout rapprochement effectué avec notre propre alternance française serait purement fortuit…

Nationalisme, colonialisme et mensonges

Entre nous, […] j’accueillerais avec plaisir n’importe quelle guerre tant il me semble que ce pays en a besoin.” Voilà ce que Théodore Roosevelt écrivait à un ami en 1897. Zinn rappelle que la culture capitaliste américaine est, comme nous l’avons vu plus haut, “fondamentalement nationaliste.” En effet, la guerre présente le triple avantage de souder une conscience nationale et de développer les sentiments patriotiques, de faire ainsi oublier les problèmes internes et les conflits de classe, et de permettre au marché de trouver de nouveaux territoires pour écouler les produits. Ce fait n’est pas nouveau et l’actualité récente en offre bien des exemples. Il est d’ailleurs un des fondements du capitalisme, comme Lénine l’avait déjà remarqué à son époque. Or, l’histoire des États-Unis n’est qu’une longue série de conflits et de guerres extérieures. Les dirigeants américains ont toujours pris soin de présenter à leurs administrés des ennemis bien définis et bien diaboliques.

Tout le monde a en mémoire Saddam Hussein, l’Islam, et auparavant le communisme. Mais cette fabrication d’un ennemi, devant satisfaire le triple objectif précédemment cité, est une vieille histoire. Entre 1798 et 1895, par exemple, cent trois opérations extérieures eurent lieu, particulièrement centrées vers Hawaii, le Japon, la Chine, et surtout l’Amérique latine. Définie en 1823, la “doctrine Monroe” entendait faire clairement comprendre aux Européens, alors que les pays d’Amérique latine prenaient leur indépendance vis-à-vis de l’Espagne, que les États-unis considéraient désormais ces pays comme relevant de leur zone d’influence. On sait par quoi cela se traduisit dans les siècles suivants, Zinn en développe les détails les plus significatifs.

Concernant d’ailleurs les relations entretenues avec l’Amérique latine, John O’Sullivan, rédacteur en chef de la Democratic Review, devait utiliser en 1845 cette formule devenue fameuse : c’est la “destinée manifeste du peuple américain que de se répandre sur le continent que la Providence lui a assigné afin de permettre le libre développement de notre population qui croît annuellement de plusieurs millions d’individus.” Destinée manifeste, en effet. De tels propos permettent un peu de comprendre pourquoi, toutes proportions gardées quant aux chiffres, les États-Unis et Israël se sentent si proches aujourd’hui dans leurs justifications idéologiques.

Un fait est frappant lorsqu’on observe les raisons invoquées pour entrer en guerre. Il s’agit bien évidemment de prétextes, d’agressions supposées et d’appels à la légitime défense. Ce fut le cas pour l’invasion du Mexique en 1846. Un certain colonel Cross, “disparut au cours d’une expédition le long du Rio Grande. Son corps fut retrouvé onze jours plus tard, le crâne défoncé. On prétendit qu’il avait été assassiné par un groupe de guérilleros mexicains ayant osé traverser la rivière.” La guerre était lancée, faisant quelques milliers de morts de part et d’autre.

En février 1898, un navire de guerre américain, le Maine, qui se trouvait dans le port de La Havane fut détruit par une mystérieuse explosion et sombra avec deux cent soixante-huit hommes d’équipage. “Sans preuves, le rapport officiel américain accusa immédiatement l’Espagne, laquelle proposa aussitôt de confier l’enquête à une commission mixte. Les États-Unis refusèrent. Il est intéressant de noter qu’il n’y eut aucun gradé parmi les victimes. Tous les officiers du Maine, ce soir-là, étaient à une réception en ville.” Toujours est-il que les États-Unis entrèrent en guerre avec l’Espagne, chassèrent les Espagnols de Cuba et occupèrent l’île sans se préoccuper davantage des légitimes revendications d’indépendance des Cubains.

En 1914, une grave récession avait frappé les États-Unis. Malgré les déclarations de Woodrow Wilson qui avait promis que son pays resterait neutre (“Il est des nations trop fières pour se battre” ), les États-Unis avaient besoin de stimuler leur économie grâce au marché des armes. Lorsque, au début de 1915, le paquebot anglais Lusitania fut coulé par un sous-marin allemand, cent vingt-quatre Américains sombrèrent avec lui. Les États-Unis prétendirent que ce paquebot ne transportait qu’un chargement inoffensif et que les Allemands avaient commis un crime épouvantable qui obligeait l’Amérique à entrer en guerre. “En fait, le Lusitania transportait bel et bien mille deux cent quarant-huit caisses d’obus et quatre mille neuf cent vingt-sept boîtes de mille cartouches chacune ainsi que deux mille caisses de munitions pour des armes de poing. Son manifeste fut falsifié ultérieurement pour dissimuler cette réalité, et les gouvernements anglais et américain mentirent à propos de sa cargaison.

Concernant l’entrée en guerre des États-Unis durant la Seconde Guerre mondiale, s’il est évident qu’ils n’ont pas bombardé eux-mêmes Pearl Harbor, il n’en reste pas moins vrai qu’ils ont tout fait pour que le Japon le fasse. Il est désormais certain que Franklin Roosevelt mentit à propos de deux événements impliquant des sous-marins allemands et un destroyer américain. L’un des juges du procès pour crimes de guerre qui se tint à Tokyo après la Seconde Guerre mondiale, affirma que les États-Unis, en décrétant l’embargo sur le fer et le pétrole qui menaçait l’existence même du Japon, avaient à l’évidence provoqué la guerre avec le Japon et qu’ils avaient espéré que le Japon réagirait. “Les archives montrent qu’une réunion à la Maison-Blanche, deux semaines avant Pearl Harbor, anticipait une guerre et s’interrogeait sur les moyens de la justifier.” Les Japonais ayant attaqué, les Américains leur déclarèrent la guerre ; les Allemands déclarèrent à leur tour la guerre aux États-Unis, qui finirent par débarquer en Europe, et l’on connaît la suite…

Au mois d’août 1964, Lyndon Johnson et son secrétaire d’État à la Défense, Robert MacNamara, informèrent la population américaine que des événements tragiques avaient eu lieu dans le golfe du Tonkin, pour démarrer une guerre de grande ampleur au Vietnam. MacNamara affirma que, “au cours d’une patrouille de routine dans les eaux internationales, le destroyer américain Maddox avait été l’objet d’une agression injustifiable” de la part des torpilleurs nord-vietnamiens. “En réalité, la CIA était bel et bien engagée dans une opération secrète dont la cible était les installations côtières nord-vietnamiennes. Ainsi, s’il y avait bien eu attaque, elle n’était pas “injustifiable”. En outre, le Maddox était en mission d’espionnage. De même, il ne naviguait pas dans les eaux internationales, mais en zone vietnamienne. […] Une autre “attaque” contre un autre destroyer américain, deux nuits plus tard -agression que Johnson qualifia d’”agression délibérée”- semble également avoir été inventée de toutes pièces.

Cette longue série de prétextes et de mensonges -non exhaustive ici- pour satisfaire des intérêts peu avouables, ne manque pas d’interroger. Howard Zinn livre peu d’informations concernant les attentats du 11 septembre 2001. L’actualité est encore trop chaude et nous ne disposons pas encore de suffisamment d’éléments pour analyser cet événement de façon à en comprendre clairement les tenants et aboutissants. Toutefois, à la lumière de ce que fut l’histoire des États-Unis par le passé, il n’est pas interdit de penser que les faits ne se déroulèrent peut-être pas de la façon dont les médias, bien aidés en cela par l’Administration américaine, en rendirent compte. Toujours est-il que désormais, nous savons que les États-Unis sont capables de mentir officiellement, et de sacrifier un certain nombre de leurs compatriotes pour satisfaire des intérêts économiques. Si certains en doutaient encore, l’ouvrage de Zinn leur sera d’une lecture édifiante.

Un ouvrage salutaire

On reste quelque peu assommé après avoir terminé ce livre monumental, impossible à résumer et dont on ne peut évidemment rendre compte dans sa totalité. Face à tant de bassesses, de turpitudes, d’hypocrisie, de soutiens inconditionnels aux régimes les plus malodorants -il y aurait beaucoup à dire sur l’histoire de la CIA-, on est tenté de croire que les États-Unis figurent parmi les États les moins fréquentables au monde. Et qu’ils sont même l’État le moins fréquentable, compte tenu du rôle de superpuissance mondiale qu’il possède désormais, et de l’influence qu’il exerce sur la totalité du globe.

Toutefois, le but poursuivi par Howard Zinn n’est pas de détruire son pays. Mais il tient manifestement à ce que tous ouvrent les yeux sur la réalité de ce que l’on cite toujours comme un modèle de démocratie, d’intégration et de liberté.

On ne résiste pas ici à l’envie de reproduire dans son intégralité un passage dans lequel l’auteur décrit ironiquement ce que l’on considère souvent comme des avancées sociales :
N’est-ce pas une formidable idée que de faire payer par la classe moyenne les impôts qui garantiront l’aide sociale apportée aux pauvres ? -ajoutant ainsi la rancœur des premiers à l’humiliation des seconds. Et que dire de la politique qui consiste à déplacer, par l’intermédiaire du ramassage scolaire, les écoliers noirs des milieux défavorisés vers les écoles des quartiers blancs défavorisés en une sorte d’échange cynique entre écoles de pauvres ? Pendant ce temps-là, les écoles réservées aux riches étaient protégées, et les fonds publics distribués avec tant de parcimonie aux enfants nécessiteux étaient engloutis dans la construction d’avions de combat coûtant des milliards de dollars. Ingénieux, également, de répondre aux revendications d’égalité des femmes et des Noirs en leur accordant de maigres privilèges spécifiques et en les mettant en compétition avec tous les autres pour la recherche de ces emplois qu’un système irrationnel et incohérent rendait extrêmement rares. Pas mal non plus, cette idée de focaliser les craintes et la colère de la majorité silencieuse sur une classe de criminels, fruits de l’injustice économique toujours produits en plus grand nombre qu’il n’est possible d’en emprisonner, permettant ainsi de mieux dissimuler le gigantesque pillage des ressources nationales entrepris en toute légalité par de nombreux dirigeants.

Dans un autre paragraphe, Howard Zinn offre un concentré de ce que semblent être les U.S.A : “Il n’existe pas d’autres systèmes de contrôle capables d’offrir autant d’opportunités, de possibilités, de latitude, de souplesse et de récompenses aux heureux gagnants de la loterie sociale. Il n’en est pas non plus qui répartisse ses outils de contrôle de manière aussi sophistiquée -par le vote, la hiérarchie du travail, l’Église, la famille, l’enseignement, les mass-médias-, ni aucun qui ne sache aussi bien endormir son opposition en faisant quelques réformes, en isolant les individus, en mettant l’accent sur la loyauté patriotique.”

Pour autant, si Zinn dénonce les agissements et les structures politiques et économiques de son pays, il n’en reste pas moins vrai qu’il éprouve un profond respect pour son peuple -ou devrait-on dire ses peuples ? Tout l’ouvrage en témoigne, en lui donnant la parole, en mettant l’accent sur ses réactions et ses révoltes, bien plus nombreuses et farouches qu’on ne le croit. Car, aussi sophistiqué soit-il, aucun système n’a jamais réussi à se garantir des révoltes populaires. Et aucune élite au pouvoir n’a pu définitivement se prémunir contre cette capacité des gens apparemment désarmés à résister, des gens apparemment satisfaits à envisager des changements. Pour tous ces gens-là, pour ces oubliés de l’histoire, il fallait faire un livre. Il fallait écrire une histoire. “Faire cette histoire, c’est retrouver chez l’homme ce formidable besoin d’affirmer sa propre humanité. C’est également affirmer, même dans les périodes les plus pessimistes, la possibilité de changements surprenants.

On l’aura certainement compris, cette Histoire populaire des États-Unis n’est nullement un brûlot anti-américain, encore moins un manifeste anti-américains. Il est juste un formidable ouvrage qui met en lumière les iniquités d’un système économique aberrant, fondamentalement injuste, raciste et colonialiste : le capitalisme.

Autant dire que l’on ferait œuvre de salubrité publique si l’on imposait sa lecture dans toutes les écoles de ce monde en proie aux manipulations de toutes sortes. Il n’est pas interdit de rêver…

Serge L.