La bataille de Gaza et ses retombées politiques et diplomatiques

img4992064c28462[1]Dans un article analytiquement dense et riche par la variété des questionnements, Mohamed Tahar Bensaada aborde, sous l’angle de la problématique clausewitzienne du rapport de la guerre à la politique, les conditions dans lesquelles la victoire militaire et psychologique de la résistance dirigée par le Hamas à Gaza peut se transformer en victoire politique et diplomatique. 

Après trois semaines de combat, l’échec du pouvoir sioniste et de son armée est patent puisqu’ils ont du lamentablement abandonner le terrain sans remplir aucun des objectifs qu’ils s’étaient fixés au départ. La victoire militaire de la résistance à Gaza se double d’une victoire psychologique pour tous les peuples arabes qui ont pris conscience de la vulnérabilité d’Israël, battu deux fois en l’espace de deux ans et demi, la première par le Hezbollah en juillet 2006.

Le succès du Hamas dans la bataille de Gaza a immédiatement générer des gains politiques et diplomatiques pour la résistance : mobilisation des peuples arabes, mouvement de solidarité internationale, délégitimation de l’autorité palestinienne cherchant à tout prix à négocier un gouvernement d’union nationale, sommet de Doha appelant la rupture des relations avec Israël, sommet de Koweït s’engageant à financer la reconstruction de Gaza.

Malgré les acquis notables pour la résistance palestinienne en termes politiques et diplomatiques, le problème de la conversion du succès militaire en victoire politique incontestable est toujours en suspend et dépend de plusieurs conditions : le maintien de la légitimité du Hamas à Gaza qui passe par la reconstruction et la sortie de la crise humanitaire, l’unification de la résistance à l’échelle de La Palestine, la poursuite de la mobilisation en Europe qui permettra de faire pression sur le gouvernement israélien. Ainsi, les rapports de force politiques qui se jouent aujourd’hui en Palestine mais aussi dans le monde arabe et en Europe vont être déterminants pour la consolidation de la victoire de la résistance palestinienne et la fragilisation du clan impérialiste dans la région.

COMITE ACTION PALESTINE

La bataille de Gaza et ses retombées politiques et diplomatiques, par Mohamed Tahar Bensaada

Le Hamas a eu raison de proclamer sa victoire sur son agresseur israélien obligé à un cessez-le-feu unilatéral et à un retrait de ses forces militaires alors que, quoiqu’en disent ses propagandistes zélés dans les médias occidentaux, il n’a réalisé aucun des objectifs affichés au départ de son agression militaire. Rares étaient les observateurs qui s’attendaient à une telle résistance héroïque de la part des composantes militaires du mouvement national palestinien et du Hamas en particulier.

Sans bénéficier des armes dont l’Iran a doté son allié le Hezbollah, notamment les missiles anti-char de fabrication russe, les résistants palestiniens ont donné une leçon de bravoure et de tactique de guérilla à l’armée israélienne.

Cette deuxième déconfiture en deux ans et demi, après celle du Liban de 2006, d’une armée dont la puissance supposée constitue à la fois un facteur de légitimation interne et un facteur d’intimidation externe va sans doute peser lourd dans les prochains calculs des stratèges israéliens et de leur parrain américain.

C’est une victoire psychologique de premier ordre pour le peuple palestinien et pour tous les peuples arabes qui vont intérioriser la leçon donnée par le Hezbollah et le Hamas, à savoir qu’Israël, malgré toute son armada militaire, s’avère impuissant face à une guérilla bénéficiant d’un soutien populaire indéfectible.

Mais cette victoire de la résistance palestinienne et de l’élan de solidarité populaire internationale ne doit pas faire oublier les enjeux et les défis politiques et diplomatiques immenses qui attendent le peuple palestinien dans la nouvelle étape qui s’ouvre.

Le principal enjeu d’où découlent tous les autres peut être résumé par la question suivante : Ce qu’Israël n’a pu obtenir militairement au bout de trois semaines de bombardements intenses et sauvages par air, mer et terre, le pourra-t-il par la voie diplomatique, grâce notamment à ses alliés occidentaux et la complicité du régime de Moubarak ?

Les évènements politiques et diplomatiques qui se sont accélérés depuis le sommet du 16 janvier à Doha, s’ils sont bien analysés, permettent de dessiner quelques tendances contradictoires dont l’issue finale dépendra de la détermination de chacun des protagonistes de la scène géopolitique régionale à arracher le maximum de concessions en faveur de ses intérêts stratégiques.

Retombées politiques

Sur le plan politique, mêmes les observateurs hostiles à la ligne politique du Hamas reconnaissent que même affaibli militairement, ce qui reste à prouver, ce dernier est sorti vainqueur politiquement dans la mesure où l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas a commencé à perdre ce qui lui restait de légitimité en Cisjordanie à partir du moment où l’agression israélienne paraissait chaque jour davantage enlisée dans le bourbier de Gaza.

L’Autorité de Abbas ne pouvait sortir gagnante de cette bataille qu’à la condition que le Hamas soit détruit ou chassé de Gaza. Il faut croire que cette direction politique n’a pas seulement trahi la cause nationale de son peuple qu’elle est supposée défendre mais qu’elle a aussi commis une grave erreur de calcul tactique dans la mesure où elle a parié sur un résultat qui n’était pas d’avance garanti.

Les informations qui ont filtré indiquent que Abbas a réuni ses cadres militaires et policiers dès le commencement de la phase terrestre de l’agression israélienne en vue les préparer à rentrer à Gaza, à la suite des chars israéliens. Peine perdue, ses amis israéliens ne semblent exceller que dans les batailles aériennes et maritimes et que même cachés derrière leurs chars, leurs fantassins s’avèrent lamentables !

Reste à savoir qu’elles seraient les retombées de l’affaiblissement de l’Autorité de Abbas et du renforcement moral du Hamas dans un possible reclassement politique sur la scène palestinienne. Consciente de la nouvelle donne imposée par la bataille de Gaza, Abbas vient de lancer un appel aux dirigeants de Hamas en vue de constituer un gouvernement d’ « entente nationale » qui aura à affronter les quatre urgences de l’heure :

1.la prise en charge de la tragédie humanitaire laissée par l’agresseur israélien ;

2.la levée du blocus imposé à Gaza et l’ouverture des passages et notamment celui de Rafah ;

3.la reconstruction de Gaza après les dévastations qu’ont fait subir les bombardements israéliens ;

4.la préparation d’élections présidentielles et législatives dans les plus brefs délais.

Le fait que Abbas propose ce gouvernement d’ « entente nationale » est déjà en soi une victoire politique pour le Hamas et les autres composantes de la résistance palestinienne. Mais certains dirigeants du Hamas, qui n’a pas encore répondu officiellement à l’offre de Abbas, semblent se méfier et craignent une manœuvre politique destinée à piéger la résistance. Au vu des graves dérives auxquelles s’est laissé aller le gouvernement de Abbas dans sa collaboration criminelle avec l’occupant, il y a de quoi se méfier à juste titre.

Mais au vu des contraintes régionales et internationales actuelles et surtout au vu des attentes de l’opinion palestinienne elle-même, la résistance palestinienne a-t-elle un autre choix que celui du dialogue et de l’entente nationale ? Sur le principe, le Hamas ne refuse pas le dialogue et l’entente mais pose des conditions et exige des garanties. Le sommet qui aura lieu bientôt au Caire permettra d’éclairer ce point et montrera jusqu’à quel point le Hamas est capable de transformer sa victoire militaire, morale et psychologique sur l’agresseur israélien à Gaza en victoire politique.

Reste à savoir quelle forme pourrait prendre une victoire politique dans les circonstances que traverse actuellement la lutte du peuple palestinien. L’idéologue palestinien des territoires de 1948, Azmi Bichara, a appelé récemment à la reconstruction de l’Organisation pour la Libération de la Palestine (OLP) autour notamment du Hamas, du Djihad islamique et du Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP).

Sans nul doute, une telle perspective, si elle venait à se réaliser et à impliquer la composante nationale du Fatah qui refuse de suivre Abbas dans sa ligne capitularde, serait une grande victoire politique du peuple palestinien à la hauteur des sacrifices de Gaza. En tout état de cause, les Palestiniens ne pourront pas engranger les fruits politiques de leur résistance héroïque, ni peser sérieusement sur les acteurs régionaux et internationaux, tant qu’ils resteront divisés, même si l’unification tant souhaitée ne saurait se faire au détriment des droits nationaux inaliénables du peuple palestinien.

Mais le défi politique le plus urgent qui attend la résistance palestinienne et à sa tête le Hamas à Gaza au lendemain d’une agression aussi barbare et aussi destructrice est celui de l’opinion publique interne. Le peuple palestinien à Gaza a montré des qualités de courage, de patience et de dignité remarquables tout au long des trois semaines infernales qu’il a subies. La victoire militaire du Hamas ne doit pas lui faire oublier cet aspect capital.

Aider la population de Gaza à traverser l’épreuve humanitaire difficile de l’après-guerre n’est pas seulement un devoir moral impérieux. C’est aussi une exigence politique de premier ordre si on n’oublie pas que la destruction des institutions et des infrastructures civiles poursuivie systématiquement par l’agresseur israélien s’inscrivait dans le but de retourner une population excédée contre le Hamas.

Le maintien de l’ordre, la chasse aux traîtres et la surveillance étroite des menées hostiles qui vont se multiplier à Gaza, s’ils évitent les excès de l’autoritarisme et de la répression et restent circonscrits dans les limites du droit et de la justice, constitueront un facteur de renforcement de la cohésion nationale, qui reste le bien le plus précieux des Palestiniens dans cette étape difficile.

La prise en charge urgente des besoins humanitaires, sociaux et médicaux de la population, grâce notamment à une gestion rigoureuse et rationnelle de l’aide arabe et internationale, constitue également un enjeu politique majeur dont l’issue déterminera pour une grande la capacité de la résistance à garder son enracinement populaire, gage de sa solidité face à un adversaire plus riche et plus puissant.

Retombées diplomatiques

Grâce à leur courage, leur solidité mentale et leur application rigoureuse et disciplinée des consignes tactiques qui leur ont été données par leur commandement, les résistants palestiniens ont écrit à Gaza une des plus belles pages de la résistance populaire contre l’occupant à travers le monde. Les retombées diplomatiques sont immenses et ce n’est pas un hasard si les médias occidentaux, qui se font le relais zélé de l’agresseur israélien, ont passé sous silence ces retombées dans le but de minimiser la victoire de la résistance palestinienne et de détourner l’attention de l’opinion publique mondiale des véritables enjeux de la bataille diplomatique qui s’ouvre désormais dans la région.

La résistance héroïque de Gaza durant trois semaines de bombardements intenses et de privations mais aussi la rue arabe et le mouvement de solidarité internationale ont eu raison de l’acharnement militaire de l’agresseur israélien obligé de constater, avec ses alliés occidentaux, que les pertes d’une telle guerre risquaient désormais d’être plus importants que ses gains.

Mais c’est sur la scène régionale arabe que la résistance palestinienne et la colère de la rue arabe ont eu des retombées diplomatiques inattendues. En appelant, même tardivement, à un sommet arabe de solidarité avec la résistance palestinienne, le petit émirat de Qatar, qui entretenait pourtant des relations avec l’Etat d’Israël, a créé la surprise. Le mur du silence officiel arabe a été brisé. Certes, le sommet de Doha du 16 janvier n’a pas rassemblé la majorité des Etats arabes mais en réunissant les chefs d’Etat du Qatar, de la Syrie, de l’Algérie, du Soudan, de la Mauritanie, de l’Iran et surtout du président du bureau politique du Hamas, Khaled Mechaal, ce sommet a annoncé clairement la couleur.

Il ne s’agissait pas seulement de dénoncer l’agression barbare israélienne contre le peuple palestinien. Il s’agissait aussi d’affirmer le soutien à la résistance palestinienne légitime et d’appeler à la suspension des relations avec Israël. Le Qatar et la Mauritanie ont annoncé lors de ce sommet la fermeture des représentations israéliennes dans leurs capitales respectives et ont appelé les autres Etats arabes concernés à faire de même.

Quelles que soient les arrière-pensées attribuées aux Etats présents au sommet de Doha et quelques que soient les limites de ce sommet, il est désormais acquis que la résistance palestinienne peut désormais compter ouvertement sur un certain nombre d’Etats dotés de capacités politiques et diplomatiques non négligeables pour peu qu’ils les mobilisent sérieusement au service de la cause palestinienne, ce qui ne pourrait se faire sans une pression constance de leurs opinions publiques respectives.

Certes, les Etats présents au sommet de Doha ont échoué à faire endosser leurs revendications par le sommet arabe qui a eu lieu les 19-20 janvier à Koweit. En effet, ce dernier n’a pu aboutir à un consensus concernant le maintien en l’état ou la suspension de la fameuse Initiative de paix arabe adoptée à Beyrouth en 2002.

Les diplomaties égyptienne, saoudienne et jordanienne continuent à jouer sur leur proximité avec les capitales occidentales et l’absence d’alternative militaire crédible à l’alliance stratégique américano-israélienne pour dominer en fin de compte les débats politiques au sein de la Ligue des Etats arabes. Mais comme l’a souligné, à juste titre, l’éditorialiste palestinien d’Al Quds al Arabi, Abdelbari Atwane, le sommet de Koweit a néanmoins enregistré un début de réconciliation inter-arabe sur une base minimaliste qui doit être consolidé et élargi dans la mesure où il s’agit d’un acquis de la résistance palestinienne et de la pression populaire de la rue arabe.

Le principal résultat concret à l’actif du sommet de Koweit reste bien entendu les engagements financiers pris plusieurs Etats arabes pour la reconstruction de Gaza. L’engagement saoudien qui demeure le plus important ( 1 Milliard de dollars) suivi d’autres engagements ( le Qatar promet 250 millions de dollars, l’Algérie 200 millions de dollars) n’est pas négligeable au vu des destructions subies par la société palestinienne à Gaza. Mais cet engagement financier ne doit pas faire oublier ses retombées politiques et diplomatiques qui ne sauraient être neutres. Ce n’est pas un hasard si le sommet arabe s’est clôturé sans prendre une décision finale sur les mécanismes à mettre en œuvre pour dépenser ces sommes colossales tant il n’y avait pas consensus en la matière.

Le conseiller général du Congrès national-islamique, Munir Chafiq, a eu raison d’insister sur le fait que cet argent ne doit pas passer par le gouvernement de Abbas. En effet, le risque n’est pas seulement que cet argent n’aille pas à Gaza mais qu’il serve surtout à alimenter la machine de guerre d’une Autorité corrompue en vue de se renforcer au détriment de la résistance et de préparer le trucage des prochaines élections.

Sous les pressions israéliennes, américaines et européennes, les Etats arabes et surtout l’Egypte vont tout faire pour utiliser la bataille de la reconstruction de Gaza pour prendre leur revanche sur le Hamas à Gaza en tentant de le court-circuiter pour favoriser leurs partenaires politique de l’Autorité de Abbas et surtout pour imposer un cadre de négociations allant à l’encontre des droits nationaux légitimes du peuple palestinien. En d’autres termes, l’enjeu diplomatique crucial de l’heure se résume dans la question : Israël gagnera-t-il la bataille de la reconstruction de Gaza après avoir perdu celle de sa destruction ?

Tel est le véritable enjeu du sommet de Charm el-Cheikh auquel ont accouru précipitamment les principaux Etats européens qui voulaient à la fois transformer la défaite militaire de leur comparse israélien en victoire diplomatique et sauver la face de leur ami Moubarak qui a été floué et humilié par la signature de l’accord sécuritaire israélo-américain sur la surveillance du passage de Rafah et la proclamation israélienne d’un cessez-le-feu unilatéral visant à minimiser le rôle diplomatique de l’Egypte dans la région.

Mais le principal objectif poursuivi par la perfide diplomatie européenne reste bien entendu empêcher coûte que coûte que le Hamas transforme la victoire de Gaza en victoire politique au service de la création d’un nouveau rapport de forces régionales qui serait plus en faveur de la cause nationale du peuple palestinien et des acteurs régionaux qui résistent d’une manière ou d’une autre à la domination américaine, ce qui en dit long sur le rôle de sous-traitant rempli par la diplomatie européenne au service de l’Empire américain dans la région du Moyen Orient malgré tous les discours démagogiques sur une politique étrangère européenne indépendante.

Dans une telle situation, deux solutions s’offrent à la résistance palestinienne. Ou bien elle arrive à arracher un compromis arabe qui finirait par imposer que la reconstruction de Gaza se fasse avec les partenaires qui sont sur le terrain et qui bénéficient de la légitimité démocratique de leur peuple ou bien, dans le cas contraire, elle se voit obligée de se tourner vers les Etats qui la reconnaissent pour qu’elle puisse bénéficier directement de leurs engagements financiers. Même au prix d’efforts incommensurables et de concessions qui ne toucheraient pas l’essentiel, la première solution reste préférable dans la mesure où la seconde solution, si elle renforce à court terme la résistance, pourrait consacrer la division des rangs palestiniens à long terme.

Le rôle de l’opinion publique

Les efforts politiques et diplomatiques en vue d’imposer la première solution dans les prochains jours et les prochaines semaines seront déterminants pour l’issue finale de la bataille future qui attend le peuple palestinien. Le mouvement de solidarité populaire qui a montré sa force durant le siège de Gaza aura d’autres tâches dans les semaines à venir qui ne sont pas moins importantes.

Exiger que l’argent arabe aille avant tout à la population de Gaza qui a subi dans sa chair les destructions sauvages de l’armée israélienne, exiger la poursuite des criminels de guerre israéliens devant les juridictions européennes et internationales, appeler les Etats arabes qui entretiennent des relations avec Israël ( Egypte, Jordanie, Maroc, Tunisie) à suivre l’exemple de Qatar, de Mauritanie, de Bolivie et du Vénézuela, Soutenir la réconciliation inter-arabe et inter-palestinienne sur la base de revendications nationales minimales, appeler à renforcer l’engagement des Etats présents au sommet de Doha au profit de la résistance palestinienne et élargir cet engagement à d’autres Etats restent des tâches minimales pour le mouvement de solidarité arabe à l’égard du peuple palestinien.

Dans la bataille de la reconstruction et de la résistance qui s’annonce, le rôle de l’opinion publique européenne, dont la mobilisation pacifique a constitué un facteur de pression politique et diplomatique important sur le gouvernement israélien, ne sera pas négligeable.

C’est au nom de leurs peuples respectifs que les gouvernements européens s’acharnent à choisir arbitrairement les partenaires qu’ils jugent fréquentables ou non à la table des négociations alors que la véritable question n’est pas qui négocie mais quoi négocier. Veut-on un Etat palestinien viable qui signifie le démantèlement des colonies et le retour des réfugiés ou bien veut-on seulement un Etat dortoir pour surveiller les millions de prolétaires palestiniens obligés d’aller travailler de l’autre côté de la frontière ?

L’opinion européenne acquise à une paix juste et durable au Moyen Orient qui ne saurait se réaliser dans la négation des droits nationaux légitimes du peuple palestinien a aujourd’hui une occasion inespérée de juger de la sincérité et la crédibilité de gouvernements européens qui ne cessent de chanter la paix et les valeurs universelles des droits de l’Homme. Le droit international humanitaire qu’ils invoquent ailleurs pour faire passer leurs sordides intérêts économiques et leur volonté de puissance peut-il atteindre les frontières d’Israël ?

Les criminels de guerre israéliens seront-ils poursuivis devant des juridictions européennes et internationales comme le réclament de nombreuses associations civiles ? Israël sera-t-il sanctionné pour ses violations flagrantes des conventions de la guerre et pour son utilisation d’armes prohibées ? Les accords de coopération privilégiée dont bénéficie l’Etat israélien, notamment dans les domaines scientifiques, technologiques et militaires, seront-ils suspendus ?

Les syndicats européens se joindront-ils aux appels au boycott de l’Etat colonialiste et raciste d’Israël comme le demandent de nombreuses organisations de la société civile ou accepteront-ils au moins d’empêcher la livraison des produits à caractère militaire à destination d’Israël comme l’ont fait les syndicats grecs lors du siège de Gaza ? L’Union européenne alliera-t-elle les actes aux discours dans la mobilisation financière pour la reconstruction de Gaza ou bien une fois de plus, les Arabes vont payer pendant que les politiques européens continueront à donner des leçons comme au bon vieux temps de la coloniale ?

Seul le mouvement social, par une mobilisation multiforme sur le terrain qui ne doit pas fléchir, pourra répondre concrètement à toutes ces questions.




Poursuivons la lutte contre l’Etat sioniste et ses relais en France

 Manifestations Gaza Bordeaux

Nous étions encore plusieurs milliers samedi 17 janvier à Bordeaux pour dénoncer la barbarie israélienne et soutenir la résistance du peuple palestinien.

De nouveau dans le calme et la dignité, nous avons dénoncé la collaboration des Etats occidentaux à ce crime contre l’humanité, et la complicité des gouvernements arabes. Nous avons aussi dénoncé la censure et la désinformation dans les médias.

Devant l’hôtel de ville où la manifestation a pris fin, le message adressé par les manifestants, notamment les jeunes, à Alain Juppé et à la municipalité, a été ferme et clair pour signifier que ce jumelage honteux avec la ville israélienne d’Ashdod doit cesser.


Nous tenons à saluer la mobilisation de milliers de personnes, depuis 3 semaines, dans un formidable élan populaire. Cette mobilisation doit sa réussite à un travail de coopération sans précédent entre plusieurs associations : le Conseil Régional du Culte Musulmam, le Cercle des Intellectuels et Artistes Algériens de Bordeaux III, International Solidarity Movement, Femmes Plurielles, l’Association Girondine des Musulmans turcs, l’Association des Musulmans de Villenave d’Ornon et de Talence qui ont été signataires de notre appel et qui se sont tant investies pour le succès de cette immense mobilisation. Malgré toutes les tentatives de division et de diabolisation du mouvement {chantage à l’antisémitisme, accusation d’ « islamisme »}, ces associations ont fait preuve d’une grande maturité en continuant ensemble le combat.

Aujourd’hui, il est possible de dire que la Résistance palestinienne a remporté une immense victoire . Sous blocus depuis 2 ans, elle tenu tête pendant 3 semaines à l’une des armées les plus puissantes du monde dont l’objectif était de faire capituler le peuple palestinien. Cette victoire de la résistance palestinienne, c’est celle de tout un peuple et de tous ses martyrs depuis près de 100 ans. Comme en 2006 au Liban, cette résistance héroïque a redonné espoir à tous les peuples du monde qui résistent contre l’oppression coloniale et néocoloniale. Elle réaffirme la légitimité de la résistance palestinienne sous toutes ses formes, notamment armée, contre cet Etat fasciste et raciste. Plus que jamais, nous devons renforcer cette solidarité sans conditions avec la résistance du peuple palestinien qui lutte pour la justice, pour que triomphe un monde meilleur. Et ce combat, c’est aussi le nôtre !

Aussi notre mobilisation doit se poursuivre sans relâche pour empêcher l’Etat sioniste, et ses relais en France , de « blanchir » son ignoble guerre et de poursuivre son œuvre génocidaire. Seule une mobilisation sous différentes formes et sur le long terme portera ses fruits.
Nous, Comité Action Palestine, poursuivrons sans relâche notre travail d’information, de mobilisation et d’action sur les bases claires que nous avons érigées en principes. Nous invitons toutes les personnes qui partagent cet objectif à nous rejoindre pour poursuivre la lutte.

 


Prise de parole du Comité Action Palestine,  le 17 janvier 2009 , Place de la Victoire à Bordeaux.

Il n’a pas suffi aux criminels israéliens de tuer plus d’un millier de Palestiniens et de faire des milliers de blessés, des milliers de vies brisées, broyées, des milliers d’enfants à jamais traumatisés. Non, ces criminels s’attaquent aussi aux écoles, aux mosquées, aux hôpitaux, aux bâtiments de l’ONU. L’objectif du fascisme israélien n’est pas seulement de liquider les héroïques militants du HAMAS, mais aussi celui d’anéantir le peuple palestinien. Sinon pourquoi s’attaquent-ils aux écoles, aux hôpitaux, à la population civile, aux enfants ? On a bien affaire à un crime contre l’humanité !

Depuis plus de soixante ans, et sans relâche, l’entité sioniste n’a qu’un objectif : détruire le peuple palestinien ; depuis plus de 60 ans, elle déporte, tue et emprisonne des Palestiniens, depuis plus de 60 ans, Israël détruit les maisons, les écoles, les villages et toute forme d’organisation sociale des Palestiniens ; depuis plus de 60 ans Israël fait la guerre à tous les peuples de la région.

Et quelle a été la réaction des Etats occidentaux, de ces prétendus Etats démocratiques ? Un soutien inconditionnel à tous ces crimes ! Pas une seule fois Israël n’a été soumis à une quelconque pression ! La survie du peuple palestinien ne tient qu’à sa noble résistance, une résistance qui est un exemple pour nous tous ; l’émancipation du peuple palestinien sera l’œuvre du peuple palestinien lui-même !

Mais face au crime organisé par les Etats-Unis et les européens dans cette région, nous nous devons d’apporter notre solidarité à la cause anticoloniale du peuple palestinien ; le combat mené en Palestine est un combat qui nous concerne car c’est un combat pour la liberté, un combat pour la justice, un combat qui doit être mené partout dans le monde.

Le combat contre le sionisme en Palestine est un combat qui se mène aussi ici car la force du sionisme c’est d’abord le soutien que lui apportent les Etats européens !

La condition pour un cessez-le feu est claire et simple. Il ne faut pas de force soit-disant internationale qui continuerait à pourchasser les résistants pour le compte d’Israël.

Il faut dire stop à la guerre criminelle et au massacre du peuple palestinien. Il faut lever totalement et sans conditions le blocus de Gaza, ouvrir tous les passages frontaliers. L’armée israélienne doit se retirer totalement de la bande de Gaza.

C’est pourquoi la solidarité avec le peuple palestinien doit être inconditionnelle et rappeler chaque jour ses revendications :

– Le droit à l’autodétermination

– Le droit au retour de tous les réfugiés chez eux

– la libération de tous les résistants emprisonnés par les sionistes




Réduire la guerre contre Gaza à sa dimension humanitaire, pour mieux occulter la question de la décolonisation

img4961163063930[1]Mohamed Tahar Bensaada est enseignant à la Haute Ecole Ilya Prigogine de Bruxelles.

Dans cette analyse, il déconstruit avec rigueur et précision la présentation idéologique, par les politiques et les médias européens, de l’offensive israélienne à Gaza. Le discours politico-médiatique, bien ficelé, vise à justifier, par son occultation, la domination coloniale sioniste en Palestine.

L’argumentaire déployé et martelé sur toutes les ondes repose sur deux idées majeures : la réduction de la situation des Palestiniens de Gaza à une question humanitaire et la diabolisation du Hamas. Le premier axe de la propagande pro-israélienne permet en effet de passer sous silence la question essentielle des causes de l’offensive sioniste à Gaza, à savoir la volonté politique d’Israël d’éradiquer toute forme de résistance à son occupation. La souffrance brute des Palestiniens, qui, à dessein, n’est jamais restituée dans son contexte historique et politique, est utilisée pour appeler à un cessez-le-feu qui ne remet aucunement en cause le rapport d’oppression colonial.

La diabolisation du Hamas permet d’aller plus encore dans la légitimation de l’entité sioniste puisqu’elle justifie implicitement la guerre à Gaza. Et explicitement l’impossibilité de négocier avec un tel acteur politique. L’absence de discussion avec un ennemi diabolisé devrait conduire logiquement à l’envoi d’observateurs internationaux au passage de Rafah, ce qui permettrait de réaliser le bouclage total de la bande de Gaza et d’approfondir ainsi la domination coloniale israélienne.


Paru le 13 janvier sur Oumma.com

Les manifestations qui ont lieu dans la plupart des grandes villes européennes contre l’agression barbare israélienne visant Gaza, outre qu’elles donnent du courage à la population et aux résistants palestiniens, peuvent contribuer à l’établissement d’un cessez-le-feu qui permettrait à la résistance de souffler, de panser ses blessures et de se réorganiser dans la perspective de batailles politiques futures.

L’horreur que nous inspirent à juste titre les images qui nous proviennent de Gaza et les témoignages émanant d’organisations non gouvernementales nous en disent long sur les risques humanitaires encourus par la population de Gaza. Mais cette tragédie humanitaire risque d’être utilisée par les médias européens pour travestir la réalité et occulter les véritables enjeux politiques de la guerre menée par l’armée israélienne contre Gaza. Même quand ces médias font semblant de nous émouvoir, ils insistent pour déplorer le nombre élevé de victimes « civiles » et notamment des enfants. Sous-entendu, les autres victimes, les « terroristes » du Hamas, n’ont que ce qu’ils méritent.

Plus grave, cette propagande tente de légitimer le discours officiel des dirigeants israéliens qui déplorent publiquement la perte des vies humaines mais cherchent à en imputer la responsabilité au Hamas qui aurait, selon eux, pris la population palestinienne en otage. A l’appel des dirigeants européens, le gouvernement israélien a accepté de cesser ses attaques durant trois heures par jour pour permettre l’ouverture d’un corridor humanitaire à Gaza. L’agresseur, qui a fait en douze jours plus de 700 tués, dont plus de 250 enfants, tente de donner l’image d’un Etat soucieux de la crise humanitaire !

Mais comme pour démentir un acteur qui bénéficie pourtant de la complaisance démesurée des médias européens, l’actualité est venue montrer qu’il s’agit d’un Etat voyou qui viole le droit humanitaire international. En effet, le même jour, l’aviation israélienne a bombardé deux écoles appartenant aux Nations unies et le lendemain un convoi d’aide humanitaire onusien poussant l’UNRWA à suspendre son activité à Gaza. Paradoxalement, à la veille d’un cessez-le-feu auquel il se sait obligé dans les jours qui viennent, à cause non seulement des pressions internationales mais aussi de l’échec politico-militaire d’une opération qui a commencé à diviser son propre gouvernement, Israël redouble de barbarie à l’égard de la population de Gaza coupable, à ses yeux, de n’avoir pas abandonné le Hamas comme il l’espérait. C’est dire que la crise humanitaire risque de s’aggraver.

Dans ces conditions, nous ne pouvons que saluer et soutenir les ONG qui cherchent à aider la population palestinienne en bravant tous les risques. Mais si cet aspect humanitaire est à considérer, il serait politiquement dangereux de réduire la bataille actuelle de Gaza à cette seule dimension. A force d’insister sur cet aspect, les politiques et les médias européens cherchent, en fait, à nous faire oublier que la responsabilité première de ce drame humanitaire incombe à Israël et que la crise humanitaire est le résultat direct de son agression barbare. Mais le plus grave est que l’insistance sur l’aspect humanitaire sert à occulter le nœud politique de la crise qui est d’ordre politique.

Une guerre atroce lancée par un Etat colonialiste contre un peuple colonisé, en vue de le pousser à se désolidariser de ceux parmi les siens qui résistent à la colonisation, devient subitement dans le discours politique et médiatique européen un « conflit » apitoyant où la balance démographique de 1 Israélien pour 100 Palestiniens tués rejoint le racisme postcolonial le plus abject. Pourtant, ce qui se passe à Gaza n’est ni un tremblement de terre ni une épidémie mais bien le résultat d’une décision politico-militaire prise au plus haut niveau d’un Etat qui vient de voir ses relations avec l’UE « rehaussées » par la grâce de son ami de toujours, Nicolas Sarkozy.

Argumentaire raciste

La violence et la guerre ne sont pas des épiphénomènes dans l’histoire de cet Etat colonialiste et expansionniste. Elles sont dans sa nature essentielle. Dans son discours et sa pratique, le colonialisme israélien, comme tout colonialisme, s’accompagne d’une forme exacerbée de racisme. Qu’on en juge par ce que disent les dirigeants israéliens eux-mêmes. Nous ne citerons pas les discours racistes primaires du genre de celui de Golda Meir qui osait s’interroger sur l’ « existence » du peuple palestinien. Prenons plutôt le discours le plus récent des dirigeants israéliens actuels qui prétendent qu’ils ne font pas la guerre au peuple palestinien mais au Hamas.

Que cache ce discours, relayé par les politiques et les médias européens ? Israël chasse les Palestiniens de leurs terres, les sur-exploite économiquement et les opprime politiquement à coups de discriminations politiques et judiciaires dans le cadre d’un système d’apartheid mais en même temps il est prêt à faire la paix avec eux s’ils se laissent faire sans broncher. Il promet qu’il ne leur fera pas la guerre s’ils se tiennent tranquilles. La preuve, regardez ce qui se passe avec la bourgeoisie compradore et la bureaucratie corrompue de Mahmoud Abbas ! Israël ne leur fait pas la guerre puisqu’elles acceptent le fait accompli colonial au nom du réalisme politique ! Les militants et les sympathisants du Hamas n’acceptent pas cette politique du fait accompli colonial ? Israël est « malheureusement » obligé de leur déclarer la guerre !

Quelle est la logique qui sous-tend pareil raisonnement ? Pour le savoir, posons-nous la question simple : Que pense au fond de lui un être humain sensé d’un autre être humain qui se résigne indéfiniment à ce qu’on le déleste de ses droits et de sa dignité ? De deux choses, l’une : ou bien les dirigeants israéliens ne sont pas des êtres humains sensés et alors on comprend pourquoi ils ne se posent pas la bonne question ou bien ils sont des êtres humains sensés capables de se poser la question et d’y répondre justement (par le droit à la résistance). Dans ce cas, ils dénient la qualité d’être humain aux Palestiniens dans la mesure où ils attendent d’eux une réaction autre que celle qu’on est en droit d’attendre d’êtres humains mis dans pareille situation d’oppression et d’injustice ! On voit à quelle logique raciste et infâme se sont rangés les politiques et les médias européens qui reprennent à leur compte l’argumentaire israélien sans autre jugement.

Cautionner le discours politique qui voudrait réduire la bataille de Gaza à sa seule dimension humanitaire revient à occulter la véritable nature de cette guerre qui constitue avant tout une guerre d’une puissance coloniale qui s’accroche à son statut colonial au mépris de l’histoire et de la volonté de tout un peuple. A force de diaboliser le Hamas, les politiques et les médias qui reprennent à leur compte la propagande israélienne, en viennent à perdre de vue qu’il existe un peuple, le peuple palestinien qui a prouvé tout au long de son histoire qu’il reste attaché à sa terre et à son droit imprescriptible de fonder un Etat national viable.

Dans sa lutte, ce peuple s’est donné des organisations sociales, politiques et culturelles appelées à défendre ses droits légitimes en fonction de programmes, de stratégies et de tactiques dictés par la nature de sa lutte et la conjoncture régionale et internationale. Si jamais le Hamas venait à disparaître ou à abdiquer comme l’a fait la direction du Fatah, d’autres mouvements renaîtront et reprendront le flambeau de la lutte. Israël pourrait tout au plus gagner du temps mais comme tout système colonial, le système colonial israélien est condamné par l’histoire.

« Paix des braves »

Certes, nous entendons, ici et là, des voix européennes s’élever pour dire que le prise en charge de la crise humanitaire de Gaza ne peut se faire sans un arrêt des hostilités et que ce dernier, pour être durable, doit être suivi de négociations sérieuses pour l’instauration de la paix dans la région. Mais à y voir de plus près le cadre et les conditions de ces négociations, on est vite avisé sur la nature véritable de la « paix » proposée.

Une paix qui devrait cautionner et légaliser le rapport de forces actuel, en faveur du colonisateur israélien, assuré qu’il est de la protection de son parrain américain. Une paix qui consiste à laisser aux Palestiniens une sorte de bantoustan à la merci économique, politique et militaire d’Israël. Cette paix, si elle venait à se réaliser un jour, sera-t-elle durable ? Oui, si on continue à raisonner comme un raciste de la pire espèce et croire que les Palestiniens sont des sous-hommes capables d’accepter ce qu’aucun peuple digne de ce nom ne saurait accepter.

Mais si on pense que tout peuple a droit à la liberté, à la justice et à la dignité, alors une telle « paix », si jamais les Américains réussissaient à l’imposer pour un moment, risque de ne pas durer longtemps. Le temps en question n’est pas une abstraction physique. Ce sont des milliers de vies humaines fauchées par la violence et la guerre. Ce sont des milliers d’orphelins. Ce sont des souffrances indicibles. C’est une haine mutuelle qui ira en grandissant et qui fera reculer d’autant la perspective d’une paix véritable et durable. Et pour être durable, la paix a besoin de justice. Justice pour le peuple qui en est actuellement exclu, à savoir le peuple palestinien.

Diabolisation de Hamas

Les plus malins parmi les défenseurs de la politique israélienne reconnaissent la gravité de la crise humanitaire ouverte par la guerre actuelle et appellent au cessez-le-feu et à la poursuite des négociations avec l’Autorité palestinienne en vue de déboucher sur un accord de paix mais sans le Hamas. Le prétexte invoqué est que le Hamas serait un mouvement « terroriste » hostile par nature à tout accord de paix et à toute coexistence pacifique avec Israël.

Pour bien isoler le Hamas sur la scène internationale, on n’hésite pas à mobiliser l’argumentaire bien connu selon lequel islamisme rime avec antisémitisme et avec terrorisme. Comme toute propagande de guerre, celle du Hamas n’est pas exempte de dérives sémantiques dans un schéma classique de survalorisation du Même et de dévalorisation de l’Autre. Mais ne retenir de la ligne programmatique et politique du Hamas que cet aspect serait non seulement réducteur mais complètement faux.

Le discours du Hamas, et des Frères Musulmans en général dans la région, a beaucoup évolué depuis deux décennies. Les reclassements géopolitiques internationaux et régionaux mais aussi des débats idéologiques intenses ont eu raison des discours rigides du passé. De nouvelles élites politiques ont pris la relève et elles n’ont rien à envier dans le discours et dans la pratique aux mouvements de libération nationale même si le référentiel idéologique a changé. Et pour cause. La crise du mouvement de libération nationale et sociale arabe et la faillite des composantes nationalistes, libérales et socialistes, ont donné un nouveau souffle aux mouvements d’inspiration religieuse.

Il ne faut pas plus pour mobiliser l’Eglise laïque de France et de Navarre ! Dans des sociétés sécularisées depuis au moins un siècle, le fait que des courants « démocrates-chrétiens », « sociaux-chrétiens » et autres participent à vie politique et à des gouvernements de coalition n’empêche manifestement pas de dormir nos laïcs, républicains, libéraux, sociaux-démocrates ou gauchistes mais que des courants sociopolitiques dans des sociétés musulmanes s’avisent de chercher dans leur patrimoine théologico-politique et éthique des principes et des valeurs susceptibles de refonder leur pratique politique et voilà qu’on crie à l’intégrisme et au terrorisme !

Mais le plus grave dans cette opération de désinformation visant le Hamas, c’est qu’un mouvement sociopolitique d’une telle complexité et d’un telle richesse en est réduit à ses seules dimensions religieuse et militaire dans le but de le discréditer. Le Hamas aurait-il gagné les élections contre le Fatah à Gaza, comme il l’a fait en janvier 2007, s’il n’était qu’un mouvement paramilitaire et extrémiste de 10 à 15000 hommes comme on s’évertue à le présenter dans les médias occidentaux ? En fait, il s’agit d’un mouvement sociopolitique organisé et enraciné dans la société palestinienne grâce à de multiples ramifications sociales, caritatives, éducatives, médicales, estudiantines et professionnelles qui en font un partenaire politique incontournable sauf à vouloir remplacer le peuple palestinien par un autre peuple imaginaire !

Libres aux organisations gouvernementales et non gouvernementales appelées à gérer des questions palestiniennes de privilégier le partenaire de leur choix au sein de la société palestinienne en fonction de leurs convictions philosophiques et politiques. Mais cela ne doit pas pousser à l’aveuglement ni à la manipulation politique. Il est compréhensible de prendre position en faveur de tel ou tel protagoniste dans la compétition politique entre le Fatah et le Hamas. Mais cette compétition, qui ne devrait pas dégénérer en conflit fratricide, ne doit surtout pas se faire aux dépens de la cause nationale du peuple palestinien.

Dans sa composante majoritaire, le Fatah reste une organisation démocratique malgré la capitulation de sa direction. Les militants du Fatah qui ont cœur de sauver leur mouvement devraient se retourner contre les sbires de Dahlane et de Abbas au lieu de s’en prendre au Hamas ! En effet, c’est dans sa capacité concrète à mobiliser les ressources sociales, politiques et militaires de son peuple contre l’occupation que chaque organisation montrera son degré d’attachement à la cause nationale et pourra ainsi mériter la confiance populaire. Il serait politiquement faux et moralement indécent d’attendre la disqualification du Hamas et la victoire du Fatah de l’intervention militaire israélienne ! Au contraire, comme en ont témoigné des correspondants de presse européens à Ramallah, la guerre n’a fait que renforcer le crédit politique de Hamas en Cisjordanie occupée.

Quant à la supposée inféodation du Hamas à l’Iran que certains ressortent comme un argument de nature à le discréditer parmi son peuple, seuls ceux qui ne connaissent rien à la politique de la région peuvent y accorder crédit. Le Hamas et les Frères Musulmans en général, que ce soit en Egypte ou en Jordanie, tentent de tirer avantage de l’antagonisme existant entre l’Iran et les Etats-Unis pour casser l’isolement régional dans lequel les ont mis leurs régimes respectifs. Mais aussi bien leurs références religieuses sunnites que leurs analyses politiques tendent à les éloigner de la géopolitique iranienne. C’est une des raisons qui explique par ailleurs la relation complexe existant entre le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien. L’alliance objective et la coopération politico-militaire qui existent entre ces deux mouvements ne devraient pas occulter les différences de positionnement géopolitique de chacun de ces deux protagonistes de la scène régionale.

Les Israéliens et leurs alliés occidentaux traitaient hier le Fatah de Yasser Arafat de « terroriste ». Plus tard, ils ont été obligés de traiter avec lui, même si malheureusement ils l’ont fait dans une conjoncture internationale qui ne laissait aucune chance aux Palestiniens de tirer de négociations biaisées un résultat honorable. Aujourd’hui, après l’abdication du Fatah devenu fréquentable, les mêmes accusent le Hamas de « terroriste » et jurent qu’ils ne négocieront jamais avec lui. C’est là tout l’enjeu du plan franco-égyptien tendant à sortir Israël du bourbier de Gaza au moyen d’observateurs internationaux qui seront chargés d’assurer la surveillance du passage de Rafah et donc la sécurité des frontières sud d’Israël.

Nul doute que les gouvernements européens et arabes qui s’acharnent à sauver l’agresseur israélien de son impasse actuelle vont instrumentaliser la crise humanitaire de Gaza pour justifier un cessez-le-feu conditionnel qui sera comme une continuation de la guerre menée contre le peuple palestinien par d’autres moyens. Le Hamas a compris le piège et a eu raison de rejeter cette manœuvre diplomatique qui viendrait annihiler les fruits du désengagement israélien de 2005 et constituerait une violation flagrante de la souveraineté égyptienne et de celle, naissante, de l’Etat palestinien en gestation. Sarkozy et Moubarak réussiront-ils à sauver Israël d’une seconde mésaventure politico-militaire qui viendrait s’ajouter à celle du Liban de 2006 ? La réponse dépend de la résistance du peuple palestinien et de la vigilance des forces démocratiques et pacifistes qui le soutiennent à travers le monde.

Mohamed Tahar Bensaada, Enseignant-chercheur

Voir aussi : http://www.comiteactionpalestine.org/modules/wfsection/article.php?articleid=53

 




Quel soutien pour le peuple palestinien ? Commentaire du Comité Action Palestine à l’article de Sud-Ouest

 israelien arretant une palestinienne à qalqilya L’article du journal Sud-Ouest paru le 12.01.2009 (reproduit ci-dessous) mérite quelques commentaires. D’abord le propos du journaliste lui-même : « Certains ont dérapé dans des amalgames historiques plus que douteux. » Que veut dire le journaliste ? N’avait-il pas assez de place pour nous donner un exemple. Mais on peut se permettre une interprétation : des manifestants ont comparé Israël à l’Etat nazi.En quoi est-ce douteux ? Israël ne mène-t-il pas une politique de purification ethnique en Palestine {lire le livre d’Ilan Papé « le nettoyage ethnique en Palestine »} ? Le peuple juif n’est-il pas considéré comme le peuple élu ? L’Etat israélien ne se considère-t-il pas comme un Etat exclusivement juif ? Nous avons donc bien affaire à un Etat raciste qui professe et pratique la suprématie juive, un Etat qui depuis 1948 déporte des Palestiniens. Depuis le 27 décembre, il tente d’exterminer la population de Gaza, et, pour aller plus vite, utilise, {cela est confirmé aujourd’hui} des armes chimiques. On pourrait continuer la comparaison en disant que la plupart des dirigeants israéliens sont issus de l’armée ou du Mossad. Mais arrêtons-nous là. Ces seuls exemples sont assez significatifs pour oser la comparaison !

La déclaration de Palestine 33 a les apparences d’une énigme : « Ce qui se passe est grave aussi pour Israël ». Que veut bien dire cette militante de Palestine 33 ? Le « aussi » est précieux pour décrypter le sionisme honteux de cette association : le bombardement de Gaza est grave pour les Palestiniens. Certes c’est le moins que l’on puisse dire. Mais en quoi peut-il être grave pour Israël sinon qu’il provoque une perte de légitimité dans l’ « opinion » mondiale ? Ce que craint en fait Palestine 33 ce n’est rien d’autre que la délégitimation de l’entité sioniste. Il est vrai que pour cette association il n’existe que deux principes : la « solution des deux Etats », une chimère, une blague qui fait rire tous les sionistes, et la chasse aux antisémites {lire ou relire l’article de Sud-Ouest du 6 janvier où les manifestants sont implicitement accusés d’antisémitisme}. Alors, Palestine 33 une association de soutien au peuple palestinien ? Oui, autant que le CRIF !


Reprise d’article : paru dans Sud Ouest le 12.01.2009

BORDEAUX. Samedi, l’importante manifestation de soutien aux Palestiniens a mobilisé bien au-delà des habituels militants

Le soutien à Gaza prend de l’ampleur

Samedi à Bordeaux, le cortège a dénoncé « l’agression » et les « crimes de guerre » israéliens.

Quel qu’ait été le nombre exact des manifestants qui dénonçaient « l’agression » et les « crimes de guerre » israéliens samedi à Bordeaux, son élargissement au-delà des cercles militants habituels (lire « Sud Ouest Dimanche ») a été manifeste. Et symbolisé par ce télescopage entre les discours et les banderoles des partis et syndicats de gauche laïque, et la psalmodie d’une sourate en mémoire des morts de Gaza, murmurée par des femmes en foulards, au départ du cortège, place de la Victoire.

« Des tirs sur des femmes et des enfants, sur les convois de l’ONU, sur des bâtiments où des gens se réfugient, ce n’est pas une guerre. C’est Israël qui est terroriste » : cette conviction appuyée par les photos d’enfants tués à Gaza, a couru d’un bout à l’autre du cortège.

Les roquettes du Hamas, approuvées ou condamnées par les uns ou les autres, « ne peuvent pas se comparer avec les massacres », affirmaient les manifestants. Certains ont dérapé dans des amalgames historiques plus que douteux.

Le ras-le-bol

En tête du cortège, Rose-Marie Lou, coprésidente du Comité d’action Palestine de Gironde (CAP 33) expliquait « la colère » : « C’est le ras-le-bol. Les gens n’ont plus d’illusion sur le fait que la communauté internationale puisse faire quelque chose pour arrêter cela. »

Dans les rangs du CAP, on scandait « Hamas, Hezbollah, Résistance ! » Mehdi, un drapeau du mouvement libanais sur les épaules : « Le Hezbollah, le Hamas, ce n’est pas mon problème. Les Palestiniens sont occupés depuis 60 ans et Israël ne respecte aucune résolution de l’ONU. » Celle qui a fondé Israël n’entrait pas dans ce compte. Ses copains et lui, qui regardent les télévisions du Proche-Orient, ont été véhéments à l’encontre « des médias français qui ne montrent rien ».

Dans les rangs de Palestine 33, beaucoup plus réservés à l’égard du Hamas, un tract appelait notamment à « une paix juste et durable » entre les deux peuples, et à des sanctions internationales et européennes contre Israël. Il est cosigné avec les partis de gauche et d’extrême gauche, « le Fatah » et plusieurs syndicats. Martine Cavignac observait : « Ce qui se passe est grave aussi pour Israël. L’opinion se retourne. La communauté internationale n’oubliera pas. L’attitude de nos gouvernants est inadmissible. Et ça peut avoir des conséquences sociales ici. »

Cyrille, militant de Génération Palestine, qui organise des voyages de jeunes dans les territoires occupés, expliquait : « On défend plutôt une solution politique au conflit. Mais ce qui se passe à Gaza fait l’unité de la manif, malgré les dé-saccords ».

Auteur : Gilles Guitton

Voir aussi : http://www.comiteactionpalestine.org/modules/news/article.php?storyid=121




Manifestation à Bordeaux le 10 janvier 2009 : la mobilisation s’étend

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Cherchez l’erreur – Compte-rendu d’une manifestation pour Gaza

Fausto Giudice, l’auteur de cet article, est cyber-journaliste et membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Il y dénonce, avec humour et perspicacité, la défection des organisations de gauche dans les Manifestation pour Gaza, Paris, 3.1.09 mobilisations de soutien aux mouvements de résistance arabes ou islamistes, comme on peut facilement s’en apercevoir aujourd’hui en manifestant pour Gaza.

Dans les cortèges de ces manifestations, on ne trouve en effet qu’une quantité infinitésimale de gens de gauche, de libertaires, d’humanistes, de communistes, de laïcs,… aux côtés des populations musulmanes de toutes origines.

Rejetant a priori l’islam par préjugés colonialistes ou racistes, incapable de percevoir le caractère intrinsèquement politique de mouvements comme le Hamas ou le Hezbollah, la gauche a fait aujourd’hui le choix de la collaboration en se positionnant pour la clique de supplétifs dirigée par Mahmoud Abbas, de même qu’elle dénigrait au mois de juillet 2006 la résistance libanaise face à l’agression israélienne.


Samedi après-midi, je me suis rendu, avec des copains, dans la métropole régionale la plus proche de la petite localité de la France profonde dans laquelle je vis, pour participer à une manifestation de solidarité avec Gaza martyre.

Nous étions entre 2500 et 3000. Nos avons défilé pendant deux bonnes heures, sillonnant le centre-ville en boucle, pour achever notre périple là où nous l’avions commencé, sur la place principale de la ville, entre le Monoprix et le MacDo.

Nous étions donc environ 3000, dont, au bas mot, 2900 musulmans de tous âges, de toutes origines, de toutes couleurs, de toutes branches, de tous sexes.

J’ai cherché des chrétiens, je n’en ai pas vu.J’ai cherché des communistes, je n’en ai pas vu.J’ai cherché des trotskystes, j’en ai vu deux, qui ont distribué un tract puis sont repartis.

J’ai cherché des nouveaux partisans anticapitalistes, j’en ai vu un.

J’ai cherché des altermondialistes blancs, j’en ai vu trois.J’ai cherché des anarchistes, je n’en ai pas vu.

J’ai cherché des écologistes, j’en ai vu deux.

J’ai cherché des juifs, je n’en ai pas vu.

J’ai cherché des laïcs, j’en ai vu 7 ou 8.

J’ai cherché des francs-maçons, j’en ai peut-être vu, mais je ne les ai pas reconnus.

La télévisions locale a filmé le défilé, pour montrer au journal du soir que seuls des Musulmans avaient manifesté pour les Musulmans de Gaza. Le long du défilé, les gens sur les trottoirs, silencieux, nous regardaient plutôt froidement, quand ce n’était pas avec des mines hostiles.À un moment, je me suis demandé où j’étais, dans quelle France. Où étaient-ils, tous ces Français de souche laïcs, progressistes, démocrates, humanistes, libertaires, prêts à s’enflammer pour toute cause ?

En fin de manifestation, des amis arabes informés m’ont rassuré : la gauche, les partis, les syndicats, vont manifester au même endroit, mercredi prochain. Ouf, j’avais eu peur.

Peur que les progressistes-démocrates-humanistes-libertaires français de souche se soient dits que, en fin de compte, les bombes de 500 kg et d’une tonne lâchées sur les Gazaouis allaient apporter à ceux-ci la liberté, la démocratie, la libération des femmes et la laïcité. Mais non, je faisais preuve de mauvais esprit.

Et pourtant, je me souvenais qu’en août 2006, quand nous manifestions dans ma petite ville contre l’agression israélienne contre le Liban, les ténors locaux de la « gauche pro-palestinienne » avaient déclaré textuellement à la presse régionale qu’ils critiquaient l’attaque israélienne contre le Liban parce qu’ « elle faisait le jeu des islamistes du Hezbollah ». Ce à quoi j’avais répondu : « C’est comme si vous aviez été à Londres en 1941 et aviez déclaré que vous critiquiez Hitler pour avoir attaqué l’Union soviétique parce qu’ainsi il faisait le jeu de Staline. »

Et un permanent d’un éminent syndicat de gauche m’avait alors rétorqué : « Oh tu sais la guerre, la guerre, c’est toujours mauvais. Je pense que c’était une erreur de prendre les armes contre les Allemands en 40-42. » « Donc, lui avais-je rétorqué, tu aurais choisi Vichy et la collaboration ? »

Il était devenu tout rouge et était parti sans rien dire.

Plus tard, un autre ténor de la gauche locale avait pris la parole en fin de manif pour déclarer qu’il fallait donner toutes ses chances à la résolution de l’ONU instaurant le cessez-le-feu au Liban. J’étais intervenu après lui pour dire que cette résolution n’avait qu’on objectif : sauver l’armée israélienne de la pire défaite de son histoire et que cette guerre de 33 jours était vraiment historique car elle avait vu pour la première fois l’armée israélienne subir une défaite stratégique.

Mes amis de gauche firent évidemment grise mine en entendant mes propos et vinrent me voir pour me dire : « Mais enfin, le Hezbollah, c’est des islamistes, on ne peut quand même pas les soutenir ». Ce à quoi je répondis en citant la phrase de De Gaulle à un de ses lieutenants qui critiquait les choix de ses ministres dans le premier gouvernement formé à la Libération : « Sans les juifs, les communiste et les francs-maçons, la France n’aurait pas été libérée ». Et j’ajoutai : »Avez-vous écouté ou lu un seul des discours de Hassan Nasrallah faits pendant les 33 jours de guerre ? Moi, j’en ai lu huit. Nasrallah est le Ho Chi Minh du Moyen-Orient. Ses discours étaient tous purement politiques et n’avaient rien de religieux, mis à part les formules d’usage. Si je soutiens le Hezbollah ou le Hamas, ce n’est pas parce qu’ils sont islamistes, mais parce qu’ils incarnent la Résistance. Et comme par hasard, le peuple palestinien est de culture musulmane, même ses minorités chrétiennes. Vous ne pouvez pas lui demander de produire une Arlette Laguillier, une Marie-George Buffet, un Olivier Besancenot ou une Ségolène Royal. La résistance népalaise est maoïste, la résistance colombienne est communiste, la résistance mexicaine est zapatiste. La résistance palestinienne est aujourd’hui « islamiste », c’est une réalité qu’il vous faudra accepter, ou alors dites clairement que vous soutenez les collabos de Ramallah autour d’Abou Mazen. »

Notre tentative de dialogue s’était arrêtée là.

Ces mêmes camarades ont préféré, cette fois-ci, ne pas tenter d’organiser la moindre manifestation dans notre ville, préférant aller « donner leur sang pour Gaza » de manière confidentielle, en sachant pertinemment que les Gazaouis n’ont pas besoin de sang et que, même s’ils en avaient besoin, ce sang français ne leur parviendra jamais.

C’est pourquoi j’ai emmené trois copains à la métropole la plus proche pour aller tenter de sauver l’honneur perdu des non-Musulmans. Ce qui m’avait convaincu à faire ce geste minimal, c’était la phrase terrible prononcée hier par la Reine Rania de Jordanie, une femme belle, intelligente, active – et palestinienne – : « Le silence sur Gaza, c’est de la mécréance ».

En défilant avec 2990 musulmans et musulmanes, qui, entre « Israël assassin » et « Gaza résistance », criaient « Il n’y a de Dieu que Dieu » (slogan le plus repris), je me suis demandé combien de temps encore j’allais pouvoir résister à l’appel de l’Islam et rester un compagnon de route des musulmans libres et actifs tout en gardant mes convictions de laïc agnostique.

Et je sentais une profonde compréhension pour tous ces convertis qui défilaient au milieu des « musulmans de souche ». Eux ont été tellement dégoûtés par l’hypocrisie et la vacuité dominantes de la laïcité-progressiste-démocratique-humaniste-libertaire dominante qu’ils ont choisi l’Islam comme on choisit son camp dans une guerre.

Résistance ou collaboration, telle est l’alternative, en Palestine comme partout ailleurs, même ici, entre McDo et Monoprix. Jusqu’à quand allons-nous laisser les Musulmans résister seuls ? Jusqu’à ce qu’on nous traite nous-mêmes comme on les traite, eux et elles ?

Auteur : Fausto Giudice

Source : Basta ! يكفي Journal de marche zapatiste

Article original publié le 3/1/2008




Suite à la Manifestation du 03.01.09 : le CAP dénonce les tentatives de mystification

Nous reprenons ici l’article paru ce Mardi 06.01.09 dans Sud-Ouest.img4964071843151[1]

Le Comité Action Palestine dénonce avec force la tentative de Palestine 33 d’accuser implicitement les manifestants d’antisémitisme. En procédant de la sorte, Palestine 33 fait une alliance objective avec le CRIF dont les

accusations d’antisémitisme répétées ont pour fonction de décrédibiliser les mouvements de soutien à la résistance du peuple palestinien.

Le Comité Action Palestine continuera à apporter un soutien inconditionnel à la résistance du peuple palestinien contre la tentative d’épuration ethnique commencée il y a 60 ans par l’Etat sioniste.

 

Reprise d’article :

Mardi 06 Janvier 2009

HIER SOIR. Palestine 33 et le Comité action Palestine se sont mobilisés séparément contre l’offensive militaire à Gaza

Divergences chez les pro-Palestiniens
Deux rassemblements ont eu lieu hier à la même heure (18 h 30), avec le même nombre de participants (une soixantaine de personnes), autour des mêmes mots d’ordre (arrêt de l’opération militaire israélienne à Gaza et levée du blocus)… mais à un kilomètre d’écart.

Palestine 33 et ses partisans s’étaient donné rendez-vous place Jean-Moulin, tandis que le CAP 33, Comité action Palestine, se mobilisait place de la Victoire.

 Fin de manif en commun

Les deux groupes ont pourtant marché ensemble samedi dernier, mais ce ne fut pas sans crispation. « Le CAP 33 avait le premier déposé une demande pour partir de la Victoire, nous nous sommes alignés sur cette démarche, mais au retour de la manif, plusieurs d’entre nous se sont dits gênés d’avoir entendu certaines choses, certains amalgames dans le cortège », confiaient hier des membres de Palestine 33.

Ces derniers ont insisté plusieurs fois, hier soir, sur la « solution des deux États », et se sont gardés d’apporter un soutien direct au Hamas. « Un mort civil, qu’il soit arabe ou juif, est toujours un mort de trop ! Notre révolte vient du fait qu’en cinq jours, il y a eu 4 morts d’un côté et 500 morts de l’autre » notait, place Jean-Moulin, Samia Mallié, l’une des responsables de Palestine 33.

Changement de ton place de la Victoire, du côté de CAP 33. Les militants souvent jeunes de cette association non moins jeune (puisque née d’une scission en 2004 avec… Palestine 33) disent soutenir « la résistance sous toutes ses formes » (donc y compris le Hamas) et « le droit des Palestiniens à s’auto-déterminer ».

Quid de l’État d’Israël ? Pas de réponse précise hier soir. Mais sur son site, Cap 33, appelle à la « libération de la Palestine».

Tout en reconnaissant de «nettes différences d’approche », les deux groupes ont fini par converger dans la soirée, peu après 19 h 30. Ils envisagent une « manifestation unitaire » samedi prochain.

Auteur : Julien Rousset

 Lien : http://www.sudouest.com/gironde/actualite/bordeaux/article/464509/mil/3998747.html



Forte Mobilisation pour soutenir Gaza le 03/01/2009 à Bordeaux

 Manifestion de soutien à Gaza, Bordeaux, janvier 2009 (Source : Sud Ouest Manifestation à Bordeaux en Janvier 2009 en soutien à Gaza (source : Sud-Ouest)

 

Ce samedi à Bordeaux, environ 5000 personnes ont répondu à l’appel du Comité Action Palestine et de nombreuses autres associations pour dénoncer la barbarie de l’armée d’occupation à Gaza et soutenir la résistance du peuple palestinien .

Nous revenons sur cette mobilisation en publiant ici :
le discours prononcé par le CAP place de la Victoire, à Bordeaux
le discours prononcé par le CAP place de la Bourse, à Bordeaux
l’article paru ce 04.01.2009 dans le quotidien Sud Ouest pour relater la manifestation

La barbarie israélienne continue de sévir à Gaza. Nous demandons à tous de poursuivre et d’étendre cette mobilisation avec 2 nouveaux rassemblements prévus cette semaine
:

lundi 05.01.2009 à 18h30, Rassemblement place de la Victoire

samedi 10.01.2009 à 15h, Manifestation depuis la place de la Victoire


 

Discours prononcé Place de la Victoire

 soutien à la résistance à bordeaux,  janvier 2009Depuis le 27 décembre, le carnage se poursuit à Gaza. Sans répit, l’entité sioniste massacre à coups de missiles. Mais comme d’habitude les Etats occidentaux et la plupart des régimes arabes ne réagissent pas. La force d’israël n’est pas seulement dans ses bombes ni dans le soutien occidental ; elle est aussi dans la complicité de la plupart des gouvernements arabes contre Gaza et tout le peuple palestinien.

Mais tous font une grave erreur : la justice est du côté du peuple palestinien, l’histoire est du côté du peuple palestinien. Il vaincra le colonialisme juif comme le peuple algérien a vaincu le colonialisme français, comme le peuple vietnamien a vaincu les USA.

En France, les partis politiques n’ont toujours rien dit et encore moins condamné le crime contre l’humanité perpétré par les forces sionistes à Gaza. Les médias comme à leur habitude se contentent de relayer les communiqués de l’armée israélienne. Alors une question se pose : pourquoi tout un pays, avec ses partis politiques, ses médias et ses institutions se soumet-il à la volonté israélienne ?

Oui les sionistes ont pris en otage les consciences et tout un pays, la France, qui se dit pourtant libre.

Nous vous appelons à ne pas se laisser piéger par le chantage à l’antisémitisme !

Nous vous appelons à soutenir la résistance sous toutes ses formes du peuple palestinien, jusqu’à la victoire, jusqu’à la libération de toute la Palestine !

Nous vous appelons à condamner le sionisme, à exiger le démantèlement du système colonial israélien sur toute la Palestine !

A bas le sionisme, à bas israël, vive la Palestine !

Palestine vivra, Palestine vaincra !


Discours prononcé place de la Bourse :

 barbarie occidentale et israelienne à gazaNous tenions à manifester devant le consulat des Etats-Unis hors d’Amérique parce que Cet Etat voyou, l’empire de l’argent et de la guerre, finance et soutient la barbarie sioniste. Cet Etat fondé sur l’esclavage et le pillage des ressources des pays du Sud est un Etat de la guerre perpétuelle. Après les ravages en Amériques latine, les guerres en Asie, notamment le Vietnam, les coups d’Etat orchestrés dans toutes les régions du monde, il cherche maintenant à mettre à genoux les peuples du moyen orient. Il a détruit l’Irak, il soutient l’épuration ethnique en Palestine, il mène une guerre sans merci en Afghanistan, et sa prochaine proie c’est l’Iran. Mais les peuples de cette région résistent héroïquement contre l’impérialisme étasunien ;

Il est de notre devoir de résister aussi, de résister à la soumission de l’Etat français aux Etats-Unis. Il est de notre devoir de dire non à la guerre, aux crimes commis dans le monde entier. L’histoire est du côté des peuples en lutte. Depuis la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis n’ont réussi à vaincre aucune résistance. Ils ont perdu la guerre du Vietnam, perdu contre Cuba, perdu en Somalie, perdu au Liban ils sont en train de perdre en Afghanistan. Des pays d’Amérique latine comme la Bolivie et le Venezuela résistent à l’impérialisme étasunien.

Le Comité Action Palestine estime que Barack Obama ne changera rien. Qu’a dit Obama sur les massacres de Gaza ? Rien, pas un mot ! Quel est son projet pour le Moyen Orient ? Rien moins que rationaliser la guerre menée là bas puis qu’il propose de retirer une partie des troupes d’Irak pour les envoyer en Afghanistan ! Le projet de Barack Obama est fidèle à la stratégie américaine : régner par la force sur le monde.

Vive la résistance du peuple palestinien et de tous les opprimés de la terre.


Reprise d’article : paru dans Sud Ouest, le 04.01.2009

BORDEAUX. Plus de 1 500 personnes ont manifesté hier contre les frappes israéliennes

Les jeunes dans la rue en solidarité avec la Palestine

 

La manif a réuni des jeunes et des femmes. (photo Laurent theillet)

« Les gens ont besoin d’exprimer leur colère face à ce qui se passe. On a tracté ce matin à Saint-Michel et tout le monde a voulu venir. Vous voyez le résultat ? » Rose Marie Lou, du Comité action Palestine, désigne le long cortège hérissé de drapeaux palestiniens, parfois turcs ou libanais, parti hier après-midi de la place de la Victoire.

Entre 1 500 et 2 000 personnes. Beaucoup, beaucoup de jeunes. Des familles avec des enfants. Des femmes qui se donnent le bras sur toute la largeur de la rue Sainte-Catherine. Des pancartes, bricolées dans l’urgence, dénoncent « Nuits et brouillards pour les enfants de Gaza » ou « Silence, on tue ».

Mais la manif, partie pour rejoindre la mairie en signe de protestation contre le jumelage Bordeaux-Ashdod, est tout sauf silencieuse. Et les jeunes n’ont pas besoin de porte-voix pour scander « Israël assassin, Sarkozy complice », slogan qui fait largement recette devant « Palestine vaincra » et « Nous sommes tous des Palestiniens ».

« Les juifs, assassins » risque une femme, les larmes aux yeux, que l’on fait taire en lui exposant les risques de l’amalgame.

Le tramway bloqué

Juchée sur un banc de la place Pey-Berland, Djamila crie sa solidarité avec les Palestiniens : « Déjà, il leur fallait vivre dans une prison à ciel ouvert. Là, des enfants meurent dans ce qui est une véritable guerre d’occupation. Tant d’injustice choque tout le monde. Pas seulement ceux qui s’y intéressent depuis longtemps par leur religion ou leur culture. »

À la mairie, les manifestants ont trouvé porte de bois. Ils ont continué par le cours Alsace-Lorraine, reprenant leurs slogans de plus belle et bloquant pendant une demi-heure la circulation du tram.

À l’appel du Comité action Palestine, la manif d’hier n’est pas la première de la semaine. Mais elle se veut plus unitaire. Le parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon est là avec sa banderole toute neuve. Des communistes, militants de la LCR et de Lutte ouvrière aussi. L’association Palestine 33 ferme la marche, qui s’est associée au mot d’ordre national lancé par l’association France-Palestine pour réclamer l’arrêt des frappes, la levée du blocus et la suspension des relations entre l’Union européenne et Israël.

Plus radical, en tout cas dans les termes qui évoquent volontiers « le crime sioniste » et la « résistance palestinienne (qui) répondra à la violence par la résistance sous toutes ses formes », plus jeune, aussi, le Comité action Palestine est né en 1994 d’une scission avec Palestine 33.

Voir aussi l’article paru dans Sud-Ouest le 03.01.2009 « Plusieurs milliers de personnes manifestent pour la Palestine ».
Lien : http://www.sudouest.com/accueil/actualite/france/article/463029/mil.html

Appel à Rassemblement lundi 05.01.2009 à Bordeaux :
Lien: http://www.comiteactionpalestine.org/modules/wfsection/article.php?articleid=51

Appel à Rassemblement Samedi 10.01.2009 à Bordeaux :
http://www.comiteactionpalestine.org/modules/wfsection/article.php?articleid=52




Conférence sans Débat sur la Palestine. Ou la compassion en lieu et place d’engagement politique

Hate-speech-Latuff[1]Badia Benjelloun dénonce avec justesse et virulence les propos tenus par Tarik Ramadan, Bernard Ravenel et Michel Warschawski lors d’une conférence tenue à Paris le 1er novembre sur la Palestine. En effet, les trois conférenciers et en particulier Warschawski, qui faute d’une analyse lucide de la situation coloniale en Palestine et de la géopolitique du Moyen-Orient, n’ont rien d’autre à proposer que les platitudes fades d’un humanisme compassionnel. Par exemple, le boycott d’Israël proposé par les 170 organisations palestiniennes qui devait être à la fois mondial et économique et culturel se transforme dans la bouche des trois orateurs en simple refus moral d’acheter les dattes provenant des territoires occupés !

Ainsi en est-il de tous les thèmes traités au cours de cette conférence comme la fin de la guerre au Liban en 1982, l’invasion de l’Irak, la victoire politique du Hamas, l’apport scientifique de l’Andalousie arabe,…qui furent soit analytiquement escamotés soit interprétés dans un sens favorable à Israël ou aux Juifs en général. Pas un mot sur la résistance, celle du peuple palestinien et des autres peuples de la région, la compassion humaniste ne sachant rien faire d’autre que de s’apitoyer sur les pauvre palestiniens enfermés à Gaza auxquels il faudrait rendre visite par simple souci moral !

Assommé par une phraséologie creuse et souvent perverse, le public s’est vu nié le droit de s’exprimer et d’échanger, la parole étant restée confinée entre les conférenciers. Et ceux-ci de finir leur discours par des remontrances à l’auditoire, sommé de ne pas verser dans l’antisémitisme. Mais les intervenants eux n’ont pas semblé craindre de verser dans « l’industrie de l’holocauste » et la culpabilisation mortifère sur laquelle le sionisme actuel fonde son existence et sa justification.


Ce samedi premier novembre s’est tenue une conférence-débat à Paris sur la question de la Palestine qui fut un succès par l’affluence des auditeurs venus boire les paroles des orateurs dont au moins deux font autorité sur la question de la solidarité avec un peuple spolié de son territoire, composé essentiellement de réfugiés éparpillés de par le monde.

Propos tout de langue ligneuse.

Il y fut exposé la théorie néo-conservatrice mise en oeuvre par l’administration étasunienne de la guerre préventive perpétuelle contre le Terrorisme, largement inspirée des principes constitutifs de l’entité militaro-théocratique sioniste.

L’essentiel n’en fut pas dit.

La dite administration de Bush le deuxième négocie actuellement ouvertement avec les Talibans en Afghanistan.

Elle se voit refuser le permis de faire résider en Irak son armée composée pour plus de sa moitié de mercenaires sans limitation dans le temps et dans l’exécution de ses tâches de destruction par les officiels irakiens qu’elle a porté au pouvoir au travers d’élections plus que frauduleuses.

L’histoire vue par un Israélien anti-colonialiste (notons ici l’oxymoron) Michel Warshawski, ne fait pas mention de la résistance des peuples de cet Orient moyen qui a défait la première puissance militaire qui consacre à elle seule autant de deniers que le reste de toutes les autres nations réunies.

Dans le tableau dressé par les différents intervenants ne fut jamais fait mention de deux faits essentiels récents qui ont bouleversé la donne et transformé radicalement la perception de leur devenir des opprimés par le sionisme.

L’éclatante victoire de la résistance libanaise l’été 2006 a irrévocablement fait ranger le mythe de l’invincibilité de l’armée de l’entité sioniste parmi les colifichets de l’histoire. Quoi ? 2000 hommes et 5000 sympathisants ont tenu en échec un greffon occidental perfusé de dollars et de technologies offensives et destructrices de pointe.

Le deuxième fait majeur ignoré par nos conférenciers, comme s’ils n’avaient pas vécu en direct sur leurs écrans de téléviseur comme les trois quarts de l’humanité la crise du Caucase, n’est pas moins que la mise en évidence de la nullité des conseillers militaires techniques et stratégiques au cours de l’agression de la Géorgie en août 2008 sur l’Ossétie. La campagne de reconquête de l’Ossétie du Sud par le ministre de la Défense de Géorgie israélien, entièrement fomentée par le Complexe militaro-industriel israélien, est un autre échec retentissant pour l’entité sioniste. Ceci constitue une mise en garde pour quelconque autocrate de petite ou de grande envergure qui voudrait se mettre sous garde israélienne ou qui espérerait se perpétuer au pouvoir grâce aux conseils de ses agents autrefois crédités de perspicacité inégalable. En réalité, nous avons appris que l’essentiel de ce qu’ils pouvaient prédire survenait infailliblement puisqu’ils en étaient les auteurs.

La conférence d’Annapolis a été citée pour ce qu’elle n’a pas été. D’un air entendu, Michel Warshawski selon des sources qui lui seraient confidentielles a évoqué que la véritable conférence aurait été une convocation pour faire agréer aux pays arabes l’attaque future de l’Iran. Or les ballets diplomatiques dans cette région du golfe arabo-persique depuis plus de deux années avant la dite conférence ont démontré plus que la réticence, le refus officiel des monarchies pétrolières de servir de base pour la destruction tant souhaitée de l’Iran.

En réalité, Annapolis comme tous les autres « plans » de paix ne pouvait aboutir pour la raison essentielle que dans la situation d’un pays colonisé, ce dont il est question, c’est de mettre fin à la colonisation et de l’élémentaire droit d’un peuple à disposer de lui-même et de sa patrie.

La paix est un leurre et la situation de non guerre pour l’entité sioniste dont la substance même est la conquête coloniale avec épuration ethnique à la clé est un danger existentiel mortel pour un ramassis de personnes venues de contrées différentes ayant ou non la même pratique religieuse et prétendant constituer un peuple.

Annapolis avait été organisée pour d’abord justifier les milliers de kilomètres parcourus par Mme Rice en Palestine occupée et pour sacrifier à la tradition de toutes les administrations étasuniennes en fin de mandat de simuler une volonté de règlement du « conflit ». Conflit est mis entre guillemets car dans l’acception commune, cela suppose deux entités qui lutteraient à force égale ou équivalente alors qu’ici nous avons d’un côté un peuple affamé, anémié, sans travail et de l’autre une armée occidentale et une minorité qui contrôle l’expression dans les mass-media et fournit le prêt à penser à l’échelle planétaire.

Il était du devoir de Bush II de sauver Lehudi Olmert largement englué dans ses problèmes de corruption. À cette occasion d’ Annapolis, Olmert a libéré une parole vraie. En l’absence d’une perspective, perspective équivaut à un but lointain qu’il n’est pas forcément souhaitable d’atteindre, de la solution de deux États, c’en est fini de l’entité sioniste car il ne restera plus aux résistants palestiniens à n’exiger que ce qu’ils revendiquaient depuis le début de l’occupation, l’établissement d’un État laïc, démocratique pour tous ses citoyens.

Annapolis avait d’autres buts concrets pour les sionistes, au moins deux. D’abord, elle obligeait à une mise en scène de la normalisation encore une fois de la relation entre les États arabes, tous corrompus et sionistes, et l’entité sioniste. Puis elle a contraint les pays donateurs à l’Autorité Palestinienne en crise de légitimité totale à fournir de nouveaux fonds dont moins du dixième promis arrivera à destination sous forme de formation d’un groupe paramilitaire palestinien, sorte de Garde de Mahmoud Abbas avec un entraînement digne du GIGN pour seconder les manoeuvres répressives contre le peuple palestinien. Comble de l’ironie, les dons ont profité à Israël et aux USA chargés de l’entraînement.

Pas une seule fois, le Peuple Palestinien n’a été présenté sous sa caractéristique la plus forte, à savoir sa capacité à RÉSISTER. Nous avons espéré entendre ce mot, soutien à la Résistance Palestinienne, laquelle ne fut jamais évoquée, escamotée derrière un verbiage qui soulignait le refus de combattre de certains Israéliens lors de l’invasion du Liban en 1982. Ce seraient les manifestations des refuzniks qui aurait été la raison de l’arrêt des combats à cette époque. Simple victime invertébrée et impuissante, le Peuple Palestinien ne requiert de nous que compassion et un appel à le visiter dans la configuration de ce que les Mass Media ont contribué à appeler les Territoires Occupés comme si toute la Palestine historique ne l’était pas. Il a été recommandé vivement aux auditeurs de la conférence d’aller faire du tourisme éthique, d’aller voir le peuple encagé comme seule perspective de solidarité. Pas un mot sur le blocus de Gaza et comment tenter de le rompre. Pas un mot sur l’initiative de Free Gaza et l’embarcation partie de Chypre pour la seconde fois défier la décision de l’entité sioniste d’isoler les Gazaouis privés de tout et soumis au pire des états de siège qu’aucune instance internationale ou de solidarité n’a voulu contester dans les faits.

Même pas d’aller sur place puis de revenir et de témoigner, simplement aller voir.

Tout à fait en fin d’un discours purement compassionnel, il a été mis en avant l’hypothèse de s’abstenir d’acheter des dattes provenant des territoires palestiniens occupés et ravis par les colons. Cette version très édulcorée du BOYCOTT d’Israël recommandée par plus de 170 organisations palestiniennes comme réponse politique cohérente qui se devrait mondiale par rapport à un État violeur de tout l’édifice du droit international taillé par les ‘Alliés’ après la guerre intra-européenne de 1939 secondairement mondialisée. En effet si une solidarité concrète et effective devait avoir lieu, ce serait ce principe de rendre paria une entité qui se met elle-même au ban de l’humanité.

Le boycott se devrait d’être économique ET culturel.

Mais l’un des conférenciers, Michel Warchawski après avoir fait croire qu’il ne participerait pas au Salon du Livre de Paris organisé en 2008 en l’honneur de l’entité sioniste a fini par rejoindre les marchands de papier qui se sont bousculés à la porte de Versailles. Vendre de la camelote sous l’enseigne de l’honneur fait à Israël encensé pour avoir appliqué le plan DALET et expulsé plus de la moitié du peuple palestinien n’indisposait pas les professionnels de la cause palestinienne qu’ils séquestrent pour le plus grand profit de la perpétuation d’une idéologie mortifère, celle du sionisme.

La question de la colonisation de la Palestine n’a pas été mise sous la perspective historique qui conviendrait, l’impérialisme occidental encore à l’œuvre à ce jour depuis le 19ème siècle. Elle a été présentée noyée sous des commentaires mille fois entendus ailleurs et sans consistance sur la thématique médiocre servie par les fournisseurs d’histoires et de thèmes ignares des mass media, le choc des civilisations. L’élaboration sioniste et son application date des nationalismes meurtriers européens et de la compétition entre des nations incertaines d’elles-mêmes et de leur identité rendue floue car déjà en proie à l’internationalisation du capitalisme, de son mode de production et de la recherche de débouchés pour sa marchandise.

À toujours argumenter point par point les leurres idéologiques qui emplissent les journaux et donc la conscience du citoyen-monde spectateur de sa vie, c’est étoffer la construction du divertissement.

En effet si choc il y a et il y a eu et il y a encore, c’est la barbarie du capitalisme qui connaît les spasmes de sa dernière version totalement virtuelle. Au lieu de cela, le peuple palestinien a été accusé par l’un des orateurs d’avoir accompli la réalisation du piège des sionistes en votant Hamas, la victime est toujours responsable des malheurs qu’elle vit ou a vécu. Acculé à refuser la perpétuation du règne sans partage de la faction Fatah préoccupée uniquement des avantages matériels octroyés par l’occupant, le peuple palestinien avait espéré des occidentaux, même sous leur forme dégradée d’ ‘immigrés’ d’origine arabe et/ou musulmane qu’ils défendissent le principe élevé au rang d’un instrument de culte de l’élection démocratique et transparente. Le Hamas pour les ignorants de la question palestinienne rappelons-le a vu son existence fomentée par les sionistes pour faire perdre son caractère laïc original de la résistance palestinienne. Devant l‘affaiblissement des organisations politiques qui composent l’OLP, d’organisation caritative le Hamas a été propulsé à la faveur d’élections tenues sous occupation en l’absence des 4,5 millions de réfugiés. Il ne s’attendait pas lui-même à une telle victoire qui a surpris les services de renseignements israéliens eux-mêmes. Le Fatah de Mahmoud Abbas obéissant aux ordres de ses maîtres a refusé de participer à un gouvernement de coalition qui eût pu ‘négocier’ dans une position de force avec les occupants et leurs complices. Le résultat en fut une ‘vacance’ de gouvernement durant de longs mois dont seuls les substituts des colons vivant de leurs subsides sont responsables. Aujourd’hui c’est comme si tout le monde veut oublier que Gaza, plus que la Cisjordanie, bien avant les élections de janvier 2006, était l’objet de privations décidées arbitrairement par l’occupant et c’en est même la raison du triomphe du Hamas.

La parole n’a pas été distribuée au public, sans quoi il aurait pu être rétorqué que les Palestiniens ne sont que dans un seul piège, celui de la colonisation raciste.

Nous aurions souhaité questionner l’un des orateurs à propos des frontières internationalement reconnues de l’entité sioniste.

Lesquelles ?

Celles que l’ONU avait décidées en novembre 1947, à une majorité arrachée grâce à des pays comme le Libéria, les Philippines et dans dernières quarante huit heures avant le vote, sous la pression de menaces et de chantage à peine discret à l’époque où une très grande part des pays colonisés du tiers-monde n’avaient pas accédé à l’indépendance et n,’avaient pas voix au chapitre ?

Celles établies à l’armistice de 1948 ? L’ONU a déclaré illégales les annexions de territoires obtenus après une conquête militaire.

Ou celles que l’entité sioniste ne veut pas admettre car elle se réserve le droit d’annexer encore et encore depuis le Nil jusqu’à l’Euphrate.

Et ce qualificatif d’internationalement, il désigne qui ? Tant que le peuple palestinien n’a pas signé sa reddition, du point de vue du droit international communément admis, y compris l’entité sioniste en tant qu’État n’est pas validée.

L’auditoire a eu l’occasion d’apprendre que l’Andalousie arabe a été interprétée comme judéo-musulmane par le distributeur de bons points en matière de solidarité « acceptable » avec la Palestine. Il commençait à se savoir que des bourses étaient principalement accordées aux étudiants en histoire de l’Andalousie qui se destinaient à revisiter l’histoire dans ce sens. La présence arabe en Andalousie qui a duré plus de sept siècles devrait tout au génie judaïque. Nous avons eu la preuve de la banalisation d’un mythe naissant d’une Andalousie judaïque par cette juxtaposition incongrue de judéo-musulmane pour l’Andalousie alors qu’elle a été arabe et musulmane même si elle abritait en son sein sans discrimination toutes les confessions du Livre.

En matière d’imposture historique, nous n’en sommes pas à celle-ci près. L’introduction du langage mathématique dans les sciences physiques et de la méthode expérimentale parfaitement décrite et reproductible est une contribution essentielle à la science due à des savants de culture arabo-musulmane.

La première fois que fut énoncée la loi de la réfraction de la lumière dans un corps plus ou moins réfringeant que l’air, l’humanité la doit à un savant ayant vécu à Baghdad, le mathématicien Ibn Sahl (940-1000), soit plus de six cents ans avant que ne la « redécouvre » ( ?) Descartes (1596-1650). Sans compter que le doute posé en prémisse de toute réflexion philosophique fut posé comme principe méthodologique par l’immense philosophe Al Ghazali (1058-1111) donc bien des siècles avant le discours de la méthode. L’actuel pape, malgré sa tiare et son statut d’ infaillibilité, ignore sans doute que l’humanité ne dispose que des versions arabes du physicien et astronome grec d’Alexandre, Ptolémée, de même elle n’a eu accès aux travaux d’Euclide qu‘essentiellement par l’arabe, non tant au travers de traductions que de commentaires. Ce qui peut laisser à penser que ce sont des savants arabes qui se sont inventé des ancêtres grecs. Où et quand fut inventé que l’Islam est incompatible avec la rationalité?

Faut-il simplement reprendre cette vieille lune du colonialisme européen resservie à l’occasion d’un 11 septembre tout droit sorti des boîtes à outils de la CIA depuis qu’elle a envoyé de toutes les contrées musulmanes des charters entiers d’inemployés pour aller aider les Taliban en Afghanistan contre les Soviétiques, alors qu’il faut consacrer son énergie à déployer des solutions politiques aux impasses où nous conduit ce capitalisme à un stade ultime de sa décomposition ?

Les orateurs nous avaient avertis que la question de la Palestine n’était pas une question de religion mais un problème politique sans le nommer toutefois.

Toutes les personnes présentes ont été sommées de ne pas verser dans l’antisémitisme, comme si elles en étaient suspectées avant même d’être consultées, enfermant le public justement par cette admonestation préventive dans une perspective religieuse et communautariste. De la sorte, les Maîtres dispensateurs de leçons inactuelles sur la solidarité avec la Palestine opèrent la glissade de sens vers le terrain qui ne concerne aucun arabe (ni les Arabes ni les Musulmans n’ont été impliqués dans les chambres à gaz construites en territoire européen et chrétien ni dans les déportations). Celui qu’affectionnent les sionistes car il justifie à leurs yeux la spoliation de la Palestine, les crimes contre l’humanité des sociétés occidentales au vingtième siècle contre des Européens de confession juive, la culpabilité toute chrétienne qui lui est liée.

Les Palestiniens n’ont pas à être les victimes des victimes, comme l’avait si bien dit Mahmoud Darwish, et nous, solidaires du peuple palestinien, n’avons pas porter la culpabilité des criminels de guerre et contre l’humanité que nous n’avons pas été.

La question de la Palestine n’a enfin pas à être détachée de l’histoire et présentée comme un conflit incompréhensible sans début ni fin. Dans le contexte actuel de la fin de l’hégémonie étasunienne tant sur les plans militaires, Bush II négocie avec les Talibans et l’armée étasunienne risque de ne pas être reconduite en Irak que diplomatique et économique, tous les opprimés de la planète du sionisme non seulement redressent la tête mais ont à construire un autre monde, un monde de justice et de fraternité.

 COMITE ACTION PALESTINE




Sauver Siné

le-dessinateur-sine-en-2008-image-d-archives-10797243dywjd_1713[1]Ce texte de l’écrivain Marc Edouard Nabe, daté du 20 septembre 2008, pose une question essentielle : quelle posture faut-il adopter lorsqu’on est marqué au fer rouge de l’accusation d’antisémitisme ? La réponse prend d’abord la forme d’une autre question : quelle est la légitimité de cette juridiction suprême instituée par les sionistes qui pullulent dans les appareils idéologiques d’Etat ?

 Cette juridiction suprême n’a aucune légalité ni même aucune existence incarnée dans un organe d’Etat. Mais elle est présente dans des institutions, dans des associations et sa force de frappe réside surtout dans son influence médiatique. Elle est difficilement identifiable comme entité organisée et reconnue, et pourtant elle juge, délibère et sanctionne quiconque ose la moindre critique à l’endroit du projet sioniste de liquidation du peuple palestinien.

Dans ce contexte l’affaire Siné n’est qu’un moment dans la longue série d’accusations d’antisémitisme, mais elle est révélatrice d’une certaine pathologie post-traumatique : donner des gages, comme l’a fait Siné, de son « anti-antisémitisme » au lieu de dénoncer la légitimité de cette juridiction suprême. Celle-ci a eu raison d’un anarchiste « historique » qui s’est donc, hélas, conformé au rituel de la génuflexion alors qu’il fallait saisir cette occasion pour critiquer radicalement cette nouvelle idéologie de contrôle.


Il faut sauver Siné. Pas de l’accusation d’antisémitisme, mais de la bande de cons qui l’entoure et qui, pour se refaire une virginité de faux rebelles sur son dos de vieil anar, l’a poussé à lancer un journal de merde. Je ne veux pas que Siné meure en se recentrant. Je l’aime et l’admire trop pour ça.

C’était pourtant un bel été : un de mes pères spirituels était traîné dans la boue. Il s’était fait gauler pour antisémitisme. Encore ! On le traitait d’ordure ! J’étais fier. À 80 ans, il allait finir en beauté, sali, honni, méprisé. «Antisémite », je crois que c’est le mot que je préfère dans la langue française. J’ai suivi toute l’affaire et puis, le 23 juillet, j’ai eu une idée… J’ai appelé Siné pour lui faire part de ma vision : pourquoi ne pas répondre au connard qui l’a viré de Charlie Hebdo par un autre journal, un numéro spécial de Siné Massacre , où Bob montrerait qu’il y en a marre de ce chantage à l’antisémitisme ? Il n’était pas chaud et trouva la chose irréalisable, il préférait se cantonner au Net. Je le stimulai et raccrochai.

Au matin du 27 août, Bob me rappela pour me dire, un peu gêné, qu’il allait sortir le 10 septembre un journal… Je le félicitai et lui demandai ce qui allait y avoir dedans. Mon idole absolue en provoc, ce pur génie du dessin et de l’anarchie, ce grandiose fouteur de merde à pisser de rire dès qu’il ouvre la bouche ou trace un trait, ce géant historique aux énormes couilles me sortit une pauvre liste de tout un tas de minables de l’humour et du journalisme tous plus bien-pensants les uns que les autres…

Au ton de sa voix, j’avais déjà compris mais j’attendais que Bob, en se raclant la gorge, finisse par cracher le morceau: « Pour l’instant, les mecs comme toi on préfère éviter. » Les mecs comme moi ? Mais il n’y a qu’un mec comme moi ! Et puis même, qu’est-ce qu’ils ont les mecs comme moi ?

Cette peur que je grille tout un journal à cause de ma « réputation », et exprimée par un octogénaire notoirement ennemi d’Israël m’a fait de la peine. « Les mecs comme toi, on préfère éviter… » Je croyais être pour Siné autre chose qu’un mec comme moi… Pourtant, c’était inutile de paniquer.Vu l’ours, je ne risquais pas d’écrire dans Siné Hebdo ! Entre Didier Porte (chroniqueur chez Stéphane Bern !) et Christophe Alevêque (chroniqueur chez Laurent Ruquier !), merci bien… Et puis au point où j’en suis dans mon destin, je me fous d’écrire dans un journal : je préfère aller droit dans le mur, je veux dire sur le mur.

Ça va, j’ai compris : il y a les bons accusés d’antisémitisme et les mauvais accusés. Le clan des antisémites sympas, bien de gauche, soixante-huitards tellement toujours libertaires et celui des antisémites méchants, de droite, fascistes, avec de grandes dents pointues, assoiffés de nazisme… Et puis il y a l’antisémite errant, solitaire, ni de droite ni de gauche, exclu de partout, frissonnant de toutes ses petites plumes noires, avec sa coquille d’oeuf sur la tronche ! C’est moi, le Caliméro de l’antisémitisme…

Ma mise à l’écart de Siné Hebdo est pour mes ennemis le certificat implicite de mon « antisémitisme » délivré, et c’est bien ce qui est le plus dégueulasse, par mes plus fervents supporters ! Ceux pour qui je n’étais jamais assez violent, radical, flamboyant ! Ceux qui pleurnichent que c’est trop injuste le sort que la société intellectuelle me réserve depuis 25 ans ! Ceux qui s’insurgent au quart de tour qu’on puisse penser tant de mal d’un artiste comme moi que tant de méchants ont mis au coin ! Et eux, ils ne m’y mettent pas, au coin ?

Quand Delfeil de Ton, en regardant le sommaire de Siné Hebdo , dit « Elle a de la gueule, cette équipe ! », c’est de la gueule de qui qu’il se fout ? Vous êtes sûrs, les gars, qu’il ne manque pas quelqu’un ? Recomptez-vous ! Ça aurait été trop beau qu’ils ne m’intègrent pas à leur torchon parce qu’ils m’estiment audessus de ça, ou bien parce qu’ils savent que je me fous de me recentrer et que j’abhorre tout ce qui sort de la radicalisation extrême. Mais non ! C’est uniquement pour se protéger eux ! Et tant pis si ça avait pu me faire du bien à moi, car dans leur petites têtes d’indécrottables gauchistes prétentieux, ils croient encore qu’être avec eux, c’est bon pour moi !

Je me retrouve finalement dans la même position que Bob au début de son affaire : viré d’un hebdo pour antisémitisme, sauf que moi je n’y ai rien écrit et que je suis exclu d’un journal avant même d’y avoir mis les pieds ! Plus fort encore ! Siné doit comprendre ce que je ressens, lui qui était furax que ses potes de Charlie ne démissionnent pas en solidarité ! Je voyais mal Berroyer, Delfeil de Ton,Vuillemin, Gaccio, menacer de ne rien faire dans Siné Hebdo si je n’écrivais pas dedans dès le premier numéro… L’argument de Berroyer, et surtout de Delfeil de Ton, qui s’est excité stakhanovistement tout l’été à défendre Siné dont il n’a jamais rien eu à foutre, c’est que je fais bien de me tenir à l’écart de ce groupe, sinon « on » pourrait dire: « Évidemment, un antisémite défend un autre antisémite ! » Défense de défendre Siné… Bravo ! Résultat, moi, je me retrouve encore seul, toujours avec mon « infamie », et « on» peut dire sans crainte : « S’il n’est pas dans le coup c’est que lui, il est vraiment antisémite ! » Merci du cadeau, les mecs ! On peut compter sur ses amis…

Certains naïfs s’étaient déjà étonnés de ne pas voir mon nom dans la pétition de soutien à Siné… En effet, je n’y suis pas, comme tous ceux qui aiment Bob pour ce qu’il est vraiment : Vergès, Strelkoff, Wolinski, Pauvert… Bien sûr, dans cette liste, il y a un ou deux génies, et des proches, des parents, même ! Mais, en gros, c’est n’importe quoi : Henry-Jean Servat et Edgar Morin, Jean- Luc Godard et Patrick Font… Non ! Moi, je ne signe pas une pétition entre un pédophile et mon propre père !

Cette pétition pue plus que celle contre Siné… Il faut le faire ! Au moins, l’autre est plus courte et surtout plus sincère. Je crois BHL et Élie Wiesel, pour prendre des exemples limites dans l’horreur, sincères dans leur haine dégueulasse de l’antisémitisme, alors que je sais totalement insincères un Daniel Mermet ou un Jean-Yves Lafesse dans leur amour tout aussi dégueulasse de la liberté d’expression… Quand on maintient un Olivier Besancenot dans sa liste de soutien, on n’en vire pas un Alain Soral, qui l’avait signée, sous prétexte que lui est un « vrai » antisémite. Vive la liberté d’exclusion !

Ce n’est pas le bal des faux-culs ! C’est le cimetière des faux-culs ! Ces pétitionnaires pétochards pensent qu’ils échapperont, par la diversité de leur plumage, à la chasse aux oiseaux douteux ! Qu’est-ce qu’ils croient ? Ils sont de toutes façons louches à Sion. Ils se sont autoraflés, les cons ! Les Juifs (je dis « les Juifs », parce que saint Jean dans son Évangile dit les Juifs) méprisent ces tartuffes de l’antisionisme soft , et ils ont bien raison ! Ils savent à quoi s’en tenir avec ces hypocrites. Ils doivent se marrer de les voir tous trembler comme les vieilles rombières d’une gauche paléolithique, outragés qu’on puisse penser qu’ils en sont ! Les ennemis de Siné rigolent de voir sa liste parsemée de quelques « meilleurs amis juifs » pour contre-balancer les pas nets-nets qui ont signé aussi…

Sionistes ou pétitionnistes, quelle alternative ! Le protocole des sages de la pétition ! OK, Siné n’est pas antisémite, et eux non plus, puisqu’ils le défendent ! La bonne affaire ! Pourquoi, au lieu de défendre abstraitement la « liberté d’expression », tous ces pro-Siné ne nous disent-ils pas ce qu’ils pensent personnellement d’Israël et de l’exploitation de la Shoah en France, à des fins de pure intimidation, par une poignée de fanatisés ? J’écoute M. Arrabal (sans logorrhée gongoresque sous-dalinienne, je vous prie), et M.Guy Bedos (sans « humour » ni pirouette SVP), et Mme Marina Vlady (sans pleurnicherie russe, vous me ferez plaisir). Et M. Noël Godin (hors-tarte, c’est bon). Gloup-Gloup ? Gloops… Silence ! Silence de mort, de morts plutôt, car ils sont tous morts d’avoir fermé leur gueule sur ça depuis tant d’années, alors qu’ils savent les uns les autres ce qu’ils pensent. Et si jamais il leur arrivait de répondre à la question, ce serait à coup sûr pour dire qu’il faut absolument deux États en Israël / Palestine. Ignorentils que ce n’est pas du tout, mais alors pas du tout, ce que pense le grand artiste qu’ils font semblant de soutenir ?

« L’affaire Siné » aurait pu être l’occasion de percer l’abcès. Ce n’est pas pour son cliché antisémite que Val a viré Siné, c’est pour son attaque hebdomadaire d’Israël. Comment peut-on faire encore le scandalisé d’être traité d’antisémite quand pendant quarante ans on tape sur Israël ? On sait bien que, dans ce pays coupable qu’est la France, entre les antisionistes et les antisémites la police ne fait pas de différence. Qu’on ne s’y trompe pas : l’objectif, en foutant Siné à la porte, était aussi de supprimer sa rubrique, c’est-à-dire les seuls propos violemment anti-israéliens qui restaient encore lisibles dans la presse traditionnelle. Du coup, ça saute ! Et le paradoxe, c’est que ce n’est pas dans Siné Hebdo qu’on les retrouvera ! Catherine Sinet sera, vous verrez, plus regardante que Philippe Val ! Un comble !

Ah, Catherine ! Elle a dû lui passer un sacré savon à son Bob quand il a « dérapé ». Ça n’aurait tenu qu’à elle, Siné aurait continué à dessiner jusqu’à 100, 120, 130 ans dans cette monstruosité qu’est le Charlie actuel, pour gagner sa croûte ça ne la dérangeait pas ! Au contraire, elle arrondissait les angles, elle avait demandé à Pierre Carles de couper de son film sur Choron les propos trop sévères de Bob contre Val à l’époque où tout baignait ! Peine perdue ! Le vieux n’a pas pu s’empêcher de passer outre !

La Catherine en chef peut pavoiser : elle l’a, son hebdo. Catherine Sinet Hebdo ! Autrement dit Sinée Hebdo : un journal de gonzesses faussement dirigé par un génie vieillissant. C’est elle qui dirigera et contrôlera tout. On n’est pas prêt de voir un dessin de Vuillemin pleine page sur la comédie musicale Rabbi Jacob , qu’il n’aurait pas manqué de faire dans LaVérité . Comment faire un nouveau journal « politiquement incorrect » si on le veut avant tout « inattaquable » ? On se demande à quoi ça sert de l’avoir créé. C’était donc juste par orgueil blessé d’avoir été chassé de Charlie Hebdo ?

Quand j’ouvre ce Siné Hebdo moche, débile, creux, potache, inepte, indigne, j’ai honte ! Honte pour Siné Massacre et L’Enragé ! « Un journal, sans tabou, ouvert à tous, réunissant tous ceux à qui on a fermé le clapet dans les autres journaux », dit Bob. Tu parles Charles, et même Charlie ! C’est pire que celui de Val où au moins il y a encore Willem et Wolinski. Charlie Hebdo est un journal de vieux, et Siné Hebdo , un journal de morts. Le casting donne la nausée : polardeux, cultureux, inrockuptibleux, philosopheux, chansonniers… L’Axe Ruquier-Groland, il fallait le trouver ! Quand je pense que c’est Siné qui en est responsable… Philippe Geluck / Benoît Delépine, même combat… Merci, Bob, de montrer qu’en vérité ce sont tous les mêmes minus de l’humour… Les différences n’étaient qu’apparentes : ils servent la même France franchouillarde de beaufs, celle que Siné a combattu toute sa vie, son oeuvre, son cul ! Je parie qu’on verra bientôt Michel Drucker faire la pub de Siné Hebdo à «Vivement Dimanche ». Canal+ s’en délecte déjà. Siné Hebdo ne peut que rencontrer un grand succès comme tout ce qui est un ersatz aujourd’hui. Notre époque c’est : parce qu’il n’y a rien d’autre à se mettre sous la dent, on bouffe n’importe quoi. Le pis-aller roi !

Siné Hebdo , c’est la fête aux billets d’humeur et aux petits Mickeys dans les coins… Que du remplissage ! Siné lui-même reprend ses vieux clichés graphiques et les autres dessinateurs, ça fait peur de voir comment ils sont ininspirés. Même Tardi recycle un dessin de l’époque de l’affaire des caricatures de Mahomet. Les textes, n’en parlons même pas puisqu’eux-mêmes ne parlent de rien. Ou de trois fois rien… Entre deux basses attaques contre l’Islam (et donc les Arabes), on n’oublie pas la petite charge anti-antisémite d’usage contre une personnalité du XIXe siècle pour montrer qu’on est du bon côté… Pitoyable !

Tel que je le connais (depuis 48 ans !), il est impossible qu’engager dans un journal censé « chier dans la colle et dans les bégonias » un Frédéric Bonnaud soit dans le goût de Bob Siné ! Entre la débandante Isabelle Alonso et le dépressif Denis Robert, Bob va bien se faire chier. Il l’a sabordé d’avance, son journal. Les bégonias ont encore de beaux jours devant eux !

À quand Jean Amadou ? Non, quand même pas, mais Albert Algoud, Christine Bravo, Gérard Mordillat, Didier Daenincks, c’est pour bientôt. Alain Gerber à la rubrique jazz ? Bruno Masure à la télé ! Cet ours est un nounours, pas un grizzly. Inoffensif Hebdo , chaque mercredi, 2 euros. Ce n’est pas avec une troupe de branquignols éclopés pareille qu’on fera la révolution ! Il y a déjà un petit Val en herbe dans l’équipe qui prendra le pouvoir dès que Siné s’en ira…

«ONFRAY ENFOIRÉ ! », voilà un bon slogan soixante-huitard. Bob s’est laissé abuser par ce prof hédoniste (mon cul ! ) qui décrète, entre deux cours de philo à la mode de Caen où il est incapable de sortir ses tripes, qu’il représente la vraie « gauche de gauche », monsieur, qu’il est pour « la vraie liberté de la presse » et qu’il déteste toutes les religions… C’est tout ? On gagne l’estime de Siné à peu de prix en ce moment. Moi, ça me fait mal de voir qu’un géant comme Siné accepte de travailler sous l’oeil sournois derrière de petites lunettes post-beigbederiennes à la con d’un flic chevelu qui, parce qu’il a mis des billes dedans, déclare qu’il sera « attentif au contenu de chaque numéro » ! Pire, qui dit carrément : « Je suis sioniste » ! Et qui est connu pour détester le marquis de Sade ! Siné, Bob Siné, lance donc un journal avec à sa tête un sioniste coincé du cul, lui qui vomit Israël et dont le marquis est le dieu ?

Voilà où ça mène, l’athéisme militant… La ligne de Siné Hebdo est claire : taper sur Sarkozy. Comme c’est commun, prévisible et sans danger ! Après avoir fait de l’antilepenisme pendant vingt ans, les mêmes vont faire de l’antisarkozysme… Quel courage ? Ce sont ceux qui ont couché le plus avec les Allemands qui incarnent la Résistance ! Escrocs qui confondent exprès le Système et Sarkozy. Ce n’est pas parce qu’ils ne collaborent pas avec Sarkozy qu’ils ne collaborent pas avec le Système.

En 2008, Siné croit toujours que le monde se partage entre « réacs de droite » et « mecs sympas de gauche », qu’il y a les « fachos » d’un côté et de l’autre les gentils potes avec qui on boit des coups, et accessoirement on fait un journal. Assez! Toujours boire et se marrer entre copains ! La revoilà, la gauche de l’horreur, l’ignoble gauche de 68 qui a fait des 69 avec 81 avant de passer à côté de 2001 ! Elle s’est gourée sur tout et revient se gourer sur tout. C’est celle-là ! Au secours ! Une bande d’ados attardés… Enfants gâtés de la rébellion… Gaudriole et compagnie. Amusements de bourgeois ! Siné dirige un journal « mal élevé » avec des « trublions », des « insolents ». C’est tout ? Pourquoi pas avec des « impertinents », tant qu’il y est ?

Il n’est plus temps de faire un journal. L’époque a tragiquement changé. Faire un journal alors que des millions d’individus souffrent, sans le savoir, de ne rien comprendre au film qu’on leur projette depuis 60 ans ? Faire un journal au moment où plus personne ne croit qu’un jour quelque chose a pu être vrai et beau tellement tout est désormais faux et laid ? Faire un journal aujourd’hui où des jeunes filles splendides et des mecs intelligents sont détruits d’avance par le marasme, l’ignorance et l’indifférence imposés depuis des décennies par les exploiteurs du suicide de l’Occident ? Non, merci. Un peu de décence, les amis ! C’est fini, Bob, les journaux…

Le seul journal que Siné aurait dû faire était celui dont j’avais eu l’idée, avant qu’une bande de jaloux et d’incapables la pervertissent derrière mon dos. Un seul numéro, exceptionnel, historique, beau, fort, drôle, avec TOUS ceux qu’on a accusés d’antisémitisme, sans distinction ni sectarisme. Ils auraient expliqué au public qui l’ignore comment une poignée de fanatiques omnipotents les ont punis pour avoir parlé en mal d’Israël et de ses propagandistes. Là, ça aurait eu du sens et de la « gueule »… Une pléiade de parias qui n’ont rien à voir les uns avec les autres, mais qui ont souffert la même chose. Je ne suis pas un intime de Dieudonné, mais je suis solidaire de lui à 100%. Ainsi que de Soral qui sait très bien ce que je pense du Front national. Je ne suis pas du tout islamiste, mais je soutiens totalement Tarik Ramadan. Le côté vieille France de Renaud Camus me fout la gerbe, mais je compatis avec ce qu’il a subi. Etc, etc, etc, je pourrais citer des dizaines d’exemples et parmi des « accusés » que je ne connais même pas personnellement, mais à qui je donne raison sur la question.

Ça, c’est de l’ouverture ! Moi, je suis le moins sectaire de tous… Personne ne me soutient mais moi, je soutiens tout le monde ! Malheureusement, il n’y a aucune solidarité entre les accusés d’antisémitisme ! Quand on est Siné, on ne fait pas un procès à Asklovitch parce qu’il vous a traité à la radio d’« ordure antisémite» pour après aller traiter à son tour Dieudonné d’«ordure antisémite », dans les même termes, et toujours à la radio ! Qu’espère Bob ? Se dédouaner ? Même pas : c’est juste qu’il ne peut pas piffer Dieudonné parce que celui-ci a fait baptiser sa fille par Le Pen. Mais c’est ça l’humour aujourd’hui ! « Ça ne me fait pas rire.», m’a dit sérieusement Bob.Quelle tristesse de devoir lui expliquer que ce qu’il y a de plus drôle, c’est que Dieudonné n’est pas croyant. Provocation au carré ! Si en 2008 Siné préfère Guy Bedos, c’est désespérant… Dieudonné, lui, au moins, fait avancer l’anti-schmilblick ! Qu’il demande à sa copine Alonso ce qu’elle a pensé de son spectacle « antisémite » Mes excuses , elle qui en riait de toutes ses gencives à côté de moi au Gymnase, avant de courir féliciter l’artiste dans sa loge!

Bob a loupé l’occasion de créer un journal anti-antiantisémite déclaré, et pas seulement « mal élevé ». La stratégie à la Catherine Sinet de se recentrer après avoir frappé, c’est bien joli, mais à 80 ans, c’est pathétique. Qu’est-ce qu’il a à perdre ? La vie ? C’est peut-être mieux que ses couilles, non ?… À cet âge, il devrait n’en avoir rien à foutre de rien et persévérer dans ce qui fait 99% de sa conversation, saoul ou pas, c’est-à-dire : sa détestation hilarante d’Israël.

Aujourd’hui, ce n’est plus grave d’être traité d’antisémite, c’est quoi ces histoires de déshonneur et d’infamie ? Pourquoi se soumettre à la peur de passer pour antisémite ? Siné m’a enseigné toute ma jeunesse de ne pas avoir peur et c’est lui aujourd’hui qui tremble, recule, fait des procès, craint d’en avoir ? J’en ai bien peur. Dans cette circonstance, son doigt d’honneur équivaut à demander pardon. Résultat : il est obligé, après tous les chefs-d’oeuvre qu’il a dessinés en cinquante ans de combat, d’aller se justifier devant Paul Amar, Daniel Schneidermann, Marek Halter… En ne pouvant pas s’empêcher, d’ailleurs, de sortir des gaffes énormes du point de vue de sa stratégie de recentrage. Un peu comme Le Pen, finalement ! Je l’adore ( je parle de Siné, bien sûr) !

Les signataires de sa pétition et les journalistes de son hebdo ne font pas que soutenir Siné, ils accréditent la thèse comme quoi l’antisémitisme est une accusation dont il faut encore se défendre aujourd’hui. D’odieux culpabilisateurs essaient de nous persuader que aujourd’hui, on est encore juste après la Shoah, alors qu’on vit soixante ans après. Oui, ceux qui nous clouent les uns après les autres à la grande croix de l’antisémitisme (sans jamais le définir d’ailleurs) font croire à l’opinion qu’entre la fin de la Shoah (1945) et la fin de l’Occident (2001) il ne s’est rien passé. Si : il s’est passé la création de toutes pièces de cet État ni fait ni à faire : Israël.

De cet escamotage historique nous crevons. Pour se venger d’Hitler, les Juifs ont bloqué le Temps. On stagne avec eux, pour eux, dans une époque qui ne signifie rien pour des milliards d’individus vivants aujourd’hui, obligés de se ronger de culpabilité sous peine d’être dénoncés comme « antisémites »…

Tout contemporain qui a peur qu’on le traite d’antisémite est complice du système qui fait qu’à cause de la Shoah on n’a pas le droit d’être contre Israël. «Quel rapport ? » serait en droit de se demander un jeune homme d’aujourd’hui qui n’a pas vécu Auschwitz mais qui vit Gaza tous les jours. Comme je dis souvent, moi qui ne suis pas révisionniste : «Oui, la Shoah a existé, c’est Israël qui ne devrait pas exister. » Si le premier crime contre l’humanité est la Shoah, alors le vol de la terre de Palestine par les Israéliens est le second.

C’est ce genre de chose qu’on aimerait lire dans Siné Hebdo , journal créé, on va finir par l’oublier, parce qu’un petit moine de l’Inquisition américanosioniste a voulu brûler un grand prophète antisioniste, historique et héroïque, qui a dit que le fils Sarkozy irait loin dans la vie en se convertissant au judaïsme.Vieux cliché qui a échappé comme un rot à Siné, et qu’autant de cons ont osé lui reprocher que d’autres tout aussi cons ont essayé de nier. Les enculés contre les hypocrites ! Sacrée bataille estivale ! Ce qui est sûr, c’est que le fils Zanini n’ira pas loin dans la vie parce qu’il ne veut pas se convertir à l’antisémitisme faux-derche, religion très courue en ce moment. Ça va être tendance ! Je vois d’ici les slogans : « Soyez un antisémite bobo, lisez Siné Hebdo ! » On a souffert à cause des anti-antisémites. Voici le temps des anti-antiantiantisémites !

J’entends déjà Askolovitch commenter Siné Hebdo : « C’est un journal dirigé par un antisémite avec des collaborateurs qui eux ne le sont pas ! » Insoupçonnables, mon cul ! Je pourrais à chacun des participants ressortir sa petite casserole. Ils se sont bien planqués, c’est tout. Comme disait Marius Jacob : « Un millième de seconde avant son arrestation, le criminel était un honnête homme. » Que mes amis se rassurent, je ne vais pas faire comme Rosa vonPraunheim, qui balançait le nom des homos de son pays, l’Allemagne, parce qu’il trouvait utile qu’ils arrêtent de se cacher et d’avoir honte.

Aucun des proches sérieux de Siné n’a été étonné qu’il « tombe » pour antisémitisme. Ce qui nous aurait troué le cul, c’est que Val le vire pour islamophobie, il aurait marqué là un point, mais Val ne peut virer personne pour islamophobie, tout le monde sait pourquoi. Et Siné a beau cracher sur les islamistes, personne n’est dupe : sa bête noire, c’est Israël.

Il y en a marre de réfuter cette accusation d’antisémitisme, il faut l’accepter comme Jean Genet, le maître de Siné, le préconisait : répondre oui à tout ce dont on vous accuse même si c’est faux. Intéressante, l’amitié Genet /Siné… Lui aussi, j’en suis sûr, aurait fait partie de ces « mecs » qu’on préfère éviter à Siné Hebdo … C’est un honneur aujourd’hui, c’est même un devoir, d’accepter d’être accusé d’antisémitisme par des gens tels queVal, Askolovitch, Adler, Joffrin, Slama, Jean-Luc Hees, etc.

J’en ai marre de ces bourgeois qui pleurnichent parce qu’on risque de les prendre pour des gens qui n’aiment pas les Juifs ! Moi, j’aime les Juifs mais je les combats quand ils nient qu’ils sont tous pro-israéliens. Je ne fais ni semblant de les aimer en fermant ma gueule, ni semblant de ne pas les détester en l’ouvrant sur un autre sujet, technique que tant de faux-culs pratiquent.

Au fait, c’est quoi être antisémite aujourd’hui ? C’est vouloir détruire tous les Juifs comme Hitler le voulait ? Ou bien c’est juste refuser de se plier au chantage à la Shoah martelé par certains Juifs culpabilisateurs et beaucoup de goys culpabilisés dans le seul but que tout le monde ferme sa gueule sur Israël ? Si être antisémite, c’est la seconde option, alors il faut être fier d’être traité d’antisémite.

Marc-Edouard Nabe, 20 septembre 2008
http://marc.edouard.nabe.free.fr/