« Nous défendons notre existence en tant que nation menacée, et il n’y a pas d’autre voie que la résistance »a

Fathi Shiqaqi

Interview au quotidien « al-Arab » le 25 octobre 1992

Calendrier Palestine Libre 2016 « Palestine: la boussole des opprimés »

« Nous appelons, souhaitons et agissons pour faire échouer les négociations, car en vérité, ce ne sont pas des négociations qui se déroulent, mais plutôt un diktat imposé par une partie sur l’autre, sous l’égide d’une partie entièrement alignée aux côtés de notre ennemi. C’est un diktat et non des négociations. Lorsque deux parties s’assoient à une table pour négocier, l’une ne peut en sortir que pour négocier et l’autre peut en sortir pour faire la guerre. Cela indique le niveau que nous avons atteint.

       Nous savons que les circonstances internationales sont difficiles et complexes, et que le rapport de forces n’agit pas en notre faveur, dans tous les cas, et qu’il est très déséquilibré en faveur de notre ennemi, mais nous sommes certains que la loi du changement est en cours, que cette situation n’est pas éternelle et qu’elle présente en son sein les facteurs de faiblesse. Notre nation possède les termes de la puissance, ce qui lui permet, si elle sait les utiliser, de briser cette équation inique et d’imposer son respect par le monde.

Le changement arrivera certainement. Nous pensons qu’il est souhaitable qu’il advienne alors que nous sommes en position de résilience, de fermeté et de résistance, non en portant le papier de la soumission à l’OTAN hébreu. Une condition du changement consiste à être sur ces positions. Nous ne défendons pas seulement le droit d’avoir du lait pour nos enfants, mais nous défendons notre identité, notre existence en tant que nation menacée, et il n’y a d’autre voie que la résistance. Il n’y a de voie que la fermeté et la patience, jusqu’au changement du rapport de forces.

 

Né en 1951, Fathi Shiqaqi fut un des fondateurs, puis le dirigeant du Jihad Islamique en Palestine jusqu’à son assassinat par les sionistes en 1995.

 

 




« Sur l’injustice on ne pourra jamais installer la paix »

Déclaration du délégué cubain devant l’Organisation des Nations Unies, le 28 Novembre 1947. 

Cuba fût le seul pays non-arabe à voter contre le plan de partition.

Calendrier Palestine Libre 2016 « Palestine: la boussole des opprimés »

 

Très brièvement, nous voulons exposer les raisons pour lesquelles la délégation cubaine se voit obligée de voter contre le plan de partage de la Palestine. […]

Tout d’abord, la base initiale de toute votre requête est la déclaration de Balfour, qui est la cause de tout le  problème qui est devant nous aujourd’hui.

       A notre avis, la déclaration Balfour n’a absolument aucune valeur juridique, le gouvernement britannique a ainsi offert quelque chose dont il n’avait pas le droit de disposer, parce qu’elle ne lui appartenait pas. […]

       La partition est également contraire au droit, si nous nous en tenons au mandat de la Société des Nations.  Il faudrait se demander si la Société de Nations pouvait, juridiquement, faire ce qu’elle a fait, c’est-à-dire, ordonner la création d’un foyer national juif avec les lourdes conséquences démographiques et politiques que cela a eues, dans un pays étranger sans le consentement de ses habitants. […]

Troisièmement, le projet est également contraire au droit, car il va à l’encontre de l’auto-détermination des peuples, qui était un principe essentiel de la création de la  Société des Nations. Et bien ici, on  dispose  du sort d’une nation, en la privant de la moitié de son  sol national, le sol qui a été le sien pendant des siècles, sans qu’on ne l’ait  consultée  pour connaitre son opinion. […]

Nous avons proclamé solennellement le principe de l’autodétermination des peuples; mais avec une grande inquiétude nous voyons  que lorsqu’arrive le moment  de l’appliquer, nous l’oublions. Un tel système nous  semble funeste. […]

Pourquoi n’a-t-on  pas procédé de manière démocratique, dans ce cas, consultant la volonté de tout le peuple de  Palestine? Est-ce qu’on a craint que le résultat de la consultation soit contraire à ce que de toute façon on voulait faire? Et, si c’est ainsi,  où sont les principes, et où est la démocratie que nous invoquons  continuellement ? […]

D’autre part, nous considérons que le projet est particulièrement injuste. Le peuple arabe a eu de façon ininterrompue, pendant de nombreux siècles le territoire  de la Palestine, et selon  les données officielles qui nous ont été présentées, à  la fin de la première  Guerre mondiale, il constituait près de 90% de la population totale.

Puis,  par l’intermédiaire du Royaume-Uni, en tant que puissance mandataire, en application de  la décision de la Société des Nations, on a ouvert les portes à l’immigration étrangère, offrant un endroit où elle  pourrait vivre et développer son existence selon ses désirs, la liberté religieuse et  sans discriminations humiliantes.  Nous avons dit immigration étrangère, consciemment, parce que, avec tout le respect envers l’opinion des Juifs, ils sont, selon nous,  des étrangers sur  la terre de Palestine. […]

Ne nous dites pas qu’ il faut parfois,  accepter une solution politique même injuste, parce que nous considérons que l’on ne pourra jamais bâtir la paix et la cordialité entre les peuples sur l’injustice. […]

Pour ces raisons, nous devrons voter contre le plan de partition, comme nous l’avons fait dans la Commission, et une fois que nous sommes arrivés  à forger  notre jugement, nous considérons avoir le devoir de manifester par notre vote, en gardant fermement, malgré des efforts et des pressions qui ont été faites autour de nous.

 




« Israël est le 51ème Etat des Etats-Unis »

Russell Means

Calendrier Palestine Libre 2016 « Palestine: la boussole des opprimés »

« La politique mise en œuvre contre les Palestiniens aujourd’hui l’a été  auparavant contre les Indiens d’Amérique. Le Mouvement des Indiens d’Amérique constate que les Indiens d’Amérique sont les Palestiniens des Etats Unis, et les Palestiniens sont les Indiens d’Amérique du Moyen Orient. […] Les sionistes contrôlent maintenant les Etats Unis. Le pouvoir des USA dans la politique internationale diminue chaque jour. […] Maintenant ils ont trouvé un serviteur en la personne d’Obama. Obama a été sélectionné comme celui à mettre sur le devant de la scène, principalement à cause de l’image de mauvais flic que Bush avait dans le monde. Et comme ça, tout d’un coup, c’était fait ! Alors ils ont déclaré « Nous sommes merveilleux, nous avons élu un Noir à la Présidence ».

Maintenant il y a une propagande massive des sionistes et des USA. Les deux pays sont des menteurs. Aux USA, les Indiens ont été bannis de l’histoire, de la philosophie et des arts dans un blackout total. Les Etats Unis ne veulent pas se souvenir des couvertures empoisonnées au virus de la variole, des vols, du colonialisme et de la répression envers les Indiens d’Amérique.

La plupart des Américains ne réalisent pas que l’effondrement financier de ce pays ne fait que commencer. Les Américains ne peuvent plus continuer à avoir un mode de vie consumériste quand il n’y a pas de production. Les seuls boulots qui restent sont des emplois à bas salaire, où les travailleurs sont exploités. Le système de santé aux USA révèle comment les mesures mises en œuvre dans le passé contre les Indiens d’Amérique sont maintenant généralisées à tous les Américains. […]

Pendant que les Etats Unis essayent de se présenter comme une nation éprise de paix, la réalité est tout autre et les Etats Unis sont continuellement en guerre. Chaque année, depuis 1946, les Etats Unis enfreignent les lois internationales. Les Indiens d’Amérique sont conscients de ce que font les Américains, parce que les US ont déjà brisé tous les traités avec les Indiens d’Amérique, traités pourtant garantis par la Constitution du pays. […] Les USA ont été créés pour enfreindre les lois internationales. Il est clair que cela se poursuit aujourd’hui. Les Etats Unis ont été créés comme des hors-la-loi et des criminels et aujourd’hui  la politique impérialiste signifie qu’Israël se substitue aux USA, recevant de l’aide des US. En additionnant le soutien des USA et des autres pays, Israël reçoit 12 milliards par an pour sa politique militaire et coloniale en Cisjordanie. Plus de 80% des colons en Cisjordanie sont payés pour y rester. Et c’est l’Amérique qui paye pour ça ! […] Comme les Etats Unis, Israël a été en guerre de manière continue depuis sa création.

L’Amérique et Israël fonctionnent également sur le mensonge, et ces mensonges ont engendré des millions de victimes en Iraq. Maintenant les USA et Israël se concentrent sur l’Iran à cause de ses réserves en pétrole. Israël est le 51ème état des Etats Unis, c’est un Etat belliciste et impérialiste !

 

Russel Means nait en 1939 dans une réserve amérindienne. Il est représentant des Indiens Lakota-Oglala. En 2007, il dirige un groupe qui dénonce tous les traités signés avec les Etats-Unis et revendique au nom de son peuple la propriété du Lakota, un territoire qui représente 5 états des USA. Il meurt en 2012.

 




Nos droits s’arrachent, ils ne nous sont pas donnés gratuitement »

Georges Habache

Calendrier Palestine Libre 2016 « Palestine: la boussole des opprimés »

 

Lettre de félicitations adressée à Cheikh Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah, après la guerre qui opposa la résistance libanaise à l’entité sioniste, en 2006  (Extrait de l’ouvrage « les révolutionnaires ne meurent jamais »)

 

Au grand frère al-Seyyed Hassan NASRALLAH

       Permettez-moi de vous adresser mes félicitations pour la victoire historique de la résistance islamique et du peuple libanais face à l’agression sioniste. Je présente mon salut à tous les moudjahidin et aux cadres du Hezbollah qui ont écrit  avec leur sang une page de l’Histoire.

       La résistance du Hezbollah et du peuple libanais a accouché d’une renaissance de la nation arabe toute entière. Cette guerre a fait tomber les masques des régimes arabes. Elle a dévoilé le scénario d’une agression préparée par les Etats Unis et les néoconservateurs de la Maison Blanche. Mais le pari américain a échoué.

La victoire de la résistance au Liban est une victoire de la résistance en Palestine et en Irak contre les projets américano-israéliens au Moyen-Orient. Elle s’inscrit dans le cadre des orientations stratégiques contre lesquelles nous luttons. Nos droits s’arrachent. Ils ne nous sont pas donnés gratuitement. La paix juste ne peut être forgée que dans l’effort. Cette bataille a dévoilé l’imposture du discours de paix trompeur. Elle a ouvert de nouveaux horizons, mais elle n’est pas la dernière. A l’avenir, nous allons devoir faire face à des confrontations encore plus dures, que ce soit au Liban, en Palestine ou en Irak.

Face au nouveau Moyen-Orient américain fondé sur les guerres confessionnelles et l’émiettement de la région, la prise de conscience nationale arabe est devenue la forteresse pour s’opposer au projet concocté par George Bush et sa clique à la Maison Blanche.

Le Hezbollah a injecté du sang neuf aux mouvements de résistance. Il a relevé la tête du monde islamique. Avec vous et ensemble, en Palestine, au Liban, en Irak, avec vous et ensemble sur la route de la libération de Jérusalem ! Gloire et éternité à nos martyrs courageux, et liberté pour nos détenus !

Né en 1926 dans la ville palestinienne de Lydda, il a fondé et devint le 1er secrétaire général du FPLP, le Front Populaire de Libération de la Palestine. Il est décédé en 2008.

 




« Le peuple palestinien va résister et survivre »

Sucomandante Marcos, Mexique 4 Janvier 2009

Calendrier Palestine Libre 2016 « Palestine: la boussole des opprimés »

[…] Pas tellement loin d’ici, en un lieu qui s’appelle Gaza, en Palestine, au Moyen-Orient, une armée fortement armée et entrainée, celle du gouvernement d’Israël, continue de semer la mort et la destruction. […]

Selon les photos des agences de presse, les points névralgiques détruits par l’aviation du gouvernement d’Israël sont des maisons habitées, des abris, des édifices civils. Nous n’avons vu aucun bunker, ni quartier général, ni aéroport militaire, ou batteries de canons dans ce qui a été détruit. Donc nous autres, pardonnez notre ignorance,  pensons que, soit les artilleurs des avions visent mal, soit il n y a aucun point militaire névralgique à Gaza.

Mais attendez! Il se peut aussi que ces hommes, ces femmes, ces enfants, ces vieillards soient considérés comme des soldats ennemis par le gouvernement d’Israël et, pour cela, les maisons et les édifices qu’ils habitent sont des casernes qu’il faut détruire.

Et la garnison ennemie qu’il faut encercler, assiéger et détruire à Gaza, n’est autre chose que la population palestinienne elle-même. Et l’assaut ne sert qu’à anéantir cette population. Et que quiconque, homme, femme, enfant ou vieillard qui cherche à s’en échapper, à se cacher de l’assaut sanglant sera pourchassé par le nettoyage et les militaires pourront affirmer : mission accomplie. […]

Peut-être que notre pensée est trop simpliste, sans nuance et qu’il nous manque des informations, mais selon nous, les Zapatistes, il y a à Gaza une armée professionnelle qui assassine une population sans défense. …]

Ensuite se passera ce qui doit se passer. Le gouvernement d’Israël déclarera qu’il a asséné un dur coup au terrorisme, cachera à son peuple l’ampleur du massacre. Les grands producteurs d’armes auront obtenu un nouveau souffle économique pour affronter la crise et l’opinion publique mondiale, cette chose malléable et toujours à la mode, se tournera vers d’autres sujets.

Mais ce ne sera pas uniquement cela. Le peuple palestinien va résister et survivre. Il continuera la lutte, et continuera d’avoir la sympathie des peuples opprimés pour sa cause.

Et peut-être qu’un ou une enfant de Gaza survivra aussi. Peut-être qu’il ou elle grandira, et avec lui, le courage, l’indignation, la rage. Peut-être deviendra-il soldat ou membre de l’un des groupes de résistance en Palestine. Peut-être combattra-t-il contre Israël. Peut-être portera-t-il un fusil. Peut-être s immolera-t-il avec une ceinture de cartouches de dynamite autour de la taille.

Et alors, là-bas, en haut ils écriront sur la nature violente de ces Palestiniens et feront des déclarations pour condamner cette violence et s’en retourneront discuter de sionisme et d’antisémitisme.

Et alors personne ne demandera qui a semé ce qu’on récolte.

Au nom des hommes, des femmes, des enfants et des vieillards de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale.

 

Né en 1957, le sous-commandant Marcos a été jusqu’en 2014 le dirigeant et porte-parole de l’Armée Zapatiste de Libération Nationale, groupe armé révolutionnaire mexicain dont les membres sont actifs au Chiapas.

 




Calendrier Palestine Libre 2017 « Palestine, terre de martyrs »

La Palestine arabe, toute la Palestine sera libérée au prix du sang et des milliers de martyrs. L’ennemi sioniste est implacable, impitoyable. En Palestine, mais aussi ailleurs, en Egypte, en Syrie, au Liban et dans tout le monde arabe. Il frappe partout dans le monde. Quand bon lui semble. Il traque tous les résistants, Palestiniens ainsi que leurs alliés et frères d’armes. Il utilise tous les moyens pour anéantir la résistance. Guerres, massacres de masses, assassinats ciblés, arrestations, emprisonnements, humiliation quotidienne, les sionistes ne reculent devant rien pour s’emparer de la terre qui ne leur appartient pas. Or le peuple palestinien ne plie pas. Il ne renonce pas. Il ne renonce pas à la cause sacrée : libérer sa terre. La résistance populaire est exemplaire à plusieurs titres. Elle est résistance à l’oppression, au racisme, à la spoliation et à l’exploitation. Elle est aussi résistance à l’impérialisme et à sa sécrétion sioniste. C’est ce qui lui confère une dimension centrale et universelle.intro2017arabe

Par le sacrifice ultime, celui de la vie, les Palestiniens font face, avec courage, au crime organisé, planifié et soutenu par l’Occident. Ce crime, le monde impérialiste et colonial lui a donné le nom d’Israël. Il espère soumettre les Palestiniens et le monde arabe. Pourtant l’histoire a donné raison aux peuples qui luttent pour leur liberté. L’impérialisme est combattu, mais il ne prend leçon de rien. Les Palestiniens lui donneront la leçon suprême. Car eux aussi ne reculent pas pour vivre librement et dans la dignité. Les martyrs sont sacrés car ils ont donné leur vie pour les générations futures. Ils ouvrent la voie de la liberté. Pas seulement pour leur famille, leurs enfants et leurs proches. En luttant contre le sionisme, ils font don de leur vie pour le monde entier. En se libérant, ils nous libèrent tous.

Comité Action Palestine (Octobre 2016)

Par ce calendrier, le Comité Action Palestine a souhaité rendre hommage à tous les martyrs de la cause palestinienne, qu’ils soient connus, moins connus ou anonymes.

dectextintifadaLe prix de ce calendrier est de 5€, plus frais de port. Vous pouvez le commander en téléchargeant le bon de commande ci-joint, à nous renvoyer par courrier postal, accompagné du règlement par chèque. Nous vous enverrons le calendrier une fois le règlement reçu.

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« L’unité palestinienne sur la base d’un programme de résistance à l’occupation ». Interview de Hamdan al-Damiri, par le Comité Action Palestine

Hamdan al-Damiri est coordinateur de la communauté palestinienne en Belgique. Invité par le Comité Action Palestine pour une conférence le 22 octobre 2016, il a présenté son analyse de la situation en Palestine et des facteurs internes et externes qui affectent actuellement la lutte pour l’indépendance nationale. Retrouvez les principaux éléments de son analyse dans cette interview.

https://youtu.be/Y_SHo0Z3OIE




« 17 octobre 1961 : massacre d’État et zèle des harkis » par Lina Kennouche et Tayeb El Mestari

pour l’Orient le Jour – 17 octobre 2016. Photo Ina

Au delà de la commémoration et de la demande légitime de reconnaissance de cet événement, il s’agit aussi de mettre en exergue un fait peu connu : le rôle des harkis dans ce massacre d’Etat. Celui qui ne connait pas son histoire est condamné à la revivre. En Algérie hier, comme en Palestine aujourd’hui, le phénomène « harki » ou « collaborateur » est un danger redoutable pour l’émancipation des peuples.

Comité Action Palestine


Le chemin d’une reconnaissance du chapitre colonial comme partie intégrante de l’histoire française est encore long.

Chaque année, la journée de commémoration des massacres du 17 octobre 1961 organisée par des militants associatifs réactive le souvenir d’une « nuit noire » qui marque de façon indélébile la mémoire collective de la communauté algérienne en France.

Si la timide reconnaissance de l’événement, longtemps étouffée par la censure du pouvoir, existe aujourd’hui, la signification profonde de ces massacres n’est pas interrogée par la classe politique et la société françaises. En 2012, le président français François Hollande évoquant cet épisode refoulé de la guerre d’Algérie déclare : « Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l’indépendance ont été tués lors d’une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits. Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes. » C’est précisément contre cette mémoire morale des massacres que luttent aujourd’hui collectifs et historiens pour rétablir le sens politique de ces événements et les inscrire dans le fonctionnement structurel d’un système colonial qui a exercé une violence systématique sur un « corps d’exception » constitué des Algériens.
« L’humanité ne peut vivre éternellement avec dans sa cave le cadavre d’un peuple assassiné », déclarait Jean Jaurès à propos du génocide arménien, et pourtant le chemin d’une reconnaissance du chapitre colonial comme partie intégrante de l’histoire française est encore long. Les événements longtemps occultés du 17 octobre 1961 n’incarnent qu’un épisode supplémentaire de la guerre d’Algérie et de son cortège de massacres et d’atrocités. Que s’est-il donc produit le soir du 17 octobre 1961 pour les Algériens de Paris et quelle a été l’étendue du rôle des auxiliaires des autorités françaises ?

(Lire aussi : Le « refoulement » des massacres du 17 octobre et la responsabilité collective)

« Faux frères »

Pour protester contre un couvre-feu raciste qui limitait leur droit de circulation, des dizaines de milliers d’Algériens, venus des bidonvilles et des quartiers populaires, manifestent pacifiquement ce 17 octobre 1961 à Paris. Un acte de protestation que nombre d’entre eux, ouvriers pour la plupart, paieront de leur vie. Tués par balles ou jetés dans la Seine, 200 à 300 manifestants périssent sous le coup d’une répression brutale de l’État confronté à la lutte sans merci que livre le Front de libération nationale pour l’indépendance de l’Algérie.

Au cours de cet épisode sanglant, des Algériens des Forces auxiliaires de police (FAP) massacrent et torturent avec zèle les manifestants. Ces harkis des FAP sont qualifiés de « faux frères » selon la journaliste Paulette Péju, qui, indignée par ces crimes, s’est employée, dans deux ouvrages, Harkis à Paris et Ratonnade à Paris, censurés par les autorités de l’époque, à consigner les plaintes des victimes et à reproduire des articles de presse pour rendre compte de l’ampleur de la répression. Constitué essentiellement de témoignages et de documents fournis par un collectif d’avocats, Harkis à Paris explique le mode opératoire de ces forces de police auxiliaires qui ont eu méthodiquement recours aux assassinats, à la torture et aux enlèvements.

Dans l’histoire de la guerre d’indépendance algérienne, ces harkis (terminologie qui vient de l’arabe haraka signifiant mouvement) forment les forces supplétives engagées auprès de l’armée française pour contrer le mouvement indépendantiste algérien. Parmi ces 400 000 « français musulmans », ayant opté pour l’Algérie française, ces forces auxiliaires de police se distinguent par leur brutalité et leur acharnement contre les Algériens indépendantistes installés en France. Composées d’Algériens volontaires (Français musulmans, selon la terminologie de l’époque), les forces auxiliaires de police sont mises en place le 30 novembre 1959 par le Premier ministre Michel Debré, sous le commandement direct du pied-noir Raymond Montaner, alors capitaine dans l’armée française. Le contexte de création de ces unités sous les ordres de Maurice Papon (préfet de Paris en 1961 et ancien collaborateur du régime nazi) explique le zèle particulier par lequel étaient mues ces forces supplétives dans leur fonction répressive. Selon Paulette Péju, ces « harkis, eux, n’ont rien à ménager, rien à perdre que leur uniforme de mercenaire et le salaire de la trahison. Ils ont même tout à redouter d’une solution pacifique de la guerre d’Algérie ».

(Lire aussi : Hollande reconnaît la « responsabilité » de la France dans « l’abandon des harkis »)

Le piège se referme

Cette perspective éclaire la compréhension des motivations pour lesquelles les autorités françaises ont procédé à l’institutionnalisation de 400 harkis dans les FAP. Engagés dans la voie de l’Algérie française, dans un contexte où l’évolution vers l’indépendance était devenue inéluctable, il n’existait plus de retour en arrière possible. Leur sort semblait scellé et à mesure que s’amenuisait l’espoir d’une victoire contre les indépendantistes, leur acharnement redoublait contre tous ceux qu’ils soupçonnaient d’être des militants de l’Algérie indépendante. Les autorités françaises, qui avaient très tôt saisi les effets de cette dynamique, les assignent au rôle d’exécutants de la sale besogne.

À chaque anniversaire des massacres du 17 octobre 1961, le débat sur la responsabilité des harkis ressurgit, opposant les tenants de la victimologie, engagés pour la reconnaissance des droits des harkis, aux pourfendeurs des traîtres à la nation algérienne. Si une partie des harkis a choisi la voie de la collaboration pour échapper à ses conditions misérables d’existence, d’autres ont porté l’engagement de l’Algérie française par conviction idéologique. Mais, en abandonnant les considérations émotionnelles qui brouillent la compréhension des causes de la guerre fratricide, une lecture rationnelle s’impose : le 17 octobre 1961 les FAP, « faux frères », étaient pris au piège de leur engagement volontaire. Paulette Péju rappelle le tragique de leur condition : « Sans la guerre et la répression ils ne sont plus rien : ni Algériens ni Français. » L’histoire lui donnera raison. Après avoir trahi la cause indépendantiste algérienne, ils seront à leur tour trahi par la France.

http://www.lorientlejour.com/article/1012977/17-octobre-1961-massacre-detat-et-zele-des-harkis.html

Et également : le 17 octobre 1961 en quelques données

http://www.lorientlejour.com/article/1012975/le-17-octobre-1961-en-quelques-donnees.html




Abbas, ou l’échec annoncé d’une stratégie de survie politique

Par Lina Kennouche, pour L’Orient le Jour (4/10/2016)

Des Etats arabes cherchent à tout prix une normalisation avec l’Etat israélien. Mahmoud Abbas, qui leur tourne le dos parce qu’il mise sur une collaboration directe avec les dirigeants israéliens, est contesté chez les palestiniens et ne présente pas les garanties qu’un corrompu comme Mohamed Dahlan pourrait leur donner. Ils pensent l’avenir de la Palestine à l’aune de leur propre système politique : le peuple ne compte pas, seule compte la préservation de leur pouvoir et leurs intérêts à court terme. C’est pour cette raison qu’un Mohamed Dahlan, dont la légitimité est encore moindre que celle de M. Abbas, a l’avantage d’avoir une poigne de fer pour servir leur stratégie de normalisation ouverte avec les sionistes.

Comité Action Palestine


La Cour suprême palestinienne a rendu hier une décision lourde de conséquences politiques. Excluant Gaza, gouvernée par le mouvement islamique Hamas, cette décision fixe des élections municipales (dont la date reste indéterminée) dans la seule Cisjordanie. Elle revêt une importance cruciale pour le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. En proie à une impopularité grandissante, il est contraint de se rabattre sur une stratégie électorale de survie politique dans un contexte où sa légitimité est doublement contestée, en interne et sur le plan régional. Les tensions internes au sein du Fateh sont apparues au grand jour après le tollé général provoqué par la présence de Mahmoud Abbas aux obsèques de Shimon Perès.

Cette visite a été interprétée comme un acte de trahison par de nombreuses organisations palestiniennes, notamment le comité dirigeant des étudiants de l’Université de Bizerte, exclu du Fateh pour avoir réclamé le départ du chef de l’exécutif. Les dissensions au sein du parti et les divisions interpalestiniennes tendent à s’accentuer à mesure que la légitimité de Mahmoud Abbas s’érode.

Incarnant aux yeux de nombre de Palestiniens les compromissions du camp de la modération, il pourrait également se voir privé du soutien historique de pays arabes alliés. Alors qu’historiquement, le contrôle de la carte palestinienne via celui des dirigeants palestiniens a constitué un enjeu politique majeur pour les États régionaux, dans l’appréciation de Abbas le facteur régional arabe est minoré. Si, dans les années 70, Yasser Arafat, alors à la tête de l’Organisation de libération de la Palestine, a consacré le rôle régional de certains États, notamment l’Égypte qui lui a parfois valu les hostilités de la Syrie et l’Irak, Mahmoud Abbas a fait le pari des puissances occidentales. Pour M. Abbas, seul un accord avec les Israéliens et leur parrain américain mettrait fin au blocage politique. Cette volonté de miser exclusivement sur l’État occupant, Washington et les puissances internationales a renforcé sa posture de collaboration avec les dirigeants israéliens. Ses velléités émancipatrices auraient fini par le faire tomber en disgrâce. Certains pays arabes lui préféreraient un successeur, certes tout aussi contesté à l’intérieur, mais qui a l’avantage d’être totalement inféodé à leurs intérêts : coopérer avec Israël sous leur supervision.

M. Dahlan, réputé pour ses liens historiques avec les services de renseignements égyptiens, apparaît comme la pièce maîtresse de la stratégie de renouvellement et de contrôle de l’Autorité palestinienne. Si M. Abbas fait de ses élections sa planche de salut, il n’en reste pas moins qu’elles pourraient renforcer son isolement sur la scène politique locale. Il prend le risque de faire l’unanimité des organisations politiques palestiniennes contre la tenue de ces élections. L’Autorité palestinienne pourrait se retrouver ainsi en prise à une opposition politique plus importante.

http://www.lorientlejour.com/article/1010708/abbas-ou-lechec-annonce-dune-strategie-de-survie-politique.html




Les sionistes meurent, la résistance palestinienne demeure

Comité Action Palestine (octobre 2016)

Shimon Peres, l’un des  fondateurs de l’entité sioniste, vient de mourir. Comme un seul homme, la plupart des chefs d’Etat du monde impérialiste sont venus se prosterner devant sa dépouille. Ils exprimaient ainsi une nouvelle fois leur soutien plein et entier au projet colonial sioniste que ce dirigeant israélien incarnait plus que tout autre.

D’abord en charge de l’approvisionnement en équipements militaires auprès des grandes puissances dans les années 50, il fut la cheville ouvrière de l’accord qui engagea le gouvernement socialiste français dans la crise de Suez en 1956. Cet accord conduisit par la même occasion à la livraison de la technologie nucléaire à Israël. Il fut ensuite reconnu comme l’un des plus grands artisans de la politique de colonisation des terres palestiniennes, notamment pendant la période des accords d’Oslo. En tant que Premier Ministre, il fut également le principal ordonnateur du bombardement du QG de l’OLP à Tunis en 1985 qui fit 68 morts, et surtout du massacre de Qana au Liban en 1996 où 106 personnes périrent sous les bombes israéliennes.

C’est donc à  cet homme de « paix » que les dirigeants occidentaux sont venus rendre hommage. La présence de M. Abbas, président de l’Autorité palestinienne,  à ces obsèques a provoqué la colère des Palestiniens. Il apparaît au grand jour qu’il n’est que le représentant du pouvoir supplétif mis en place par l’occupant au moment des accords d’Oslo pour mater la Résistance palestinienne et permettre la poursuite du processus colonial. Sa prosternation devant la dépouille du criminel sioniste a un sens : à défaut d’un soutien populaire palestinien, il est venu quémander le soutien des dirigeants israéliens pour préserver son pouvoir.

Shimon Peres est mort, M. Abbas s’abaisse, mais la lutte de libération de la Palestine est bien vivante et le peuple palestinien toujours debout.