1

Tal al-Zaatar, les tentatives de détruire le droit au retour

Calendrier Palestine Libre 2018 « Dans le camp des réfugiés »

En tant que preuves matérielles de la Nakba et du caractère momentané de l’exil du peuple palestinien, les camps ont perpétuellement été sous la menace de la destruction. En faisant disparaître ces lieux de résistance, de contre-pouvoir et d’expression du nationalisme palestinien, les sionistes et certains dirigeants et organisations arabes ont toujours eu la volonté d’anéantir la revendication première qui est celle du Droit au Retour.

Alors qu’au cours des années 70, les Palestiniens s’affirment, non plus en tant que miséreux à assister, mais en tant que résistants, la destruction des camps devient une arme pour les mettre à genou et briser leur détermination sans faille. Le processus commence avec al-Widhat en Jordanie en grande partie détruit par le pouvoir jordanien après Septembre noir. Mais c’est au Liban que cette guerre fût la plus impitoyable. Quatre camps furent entièrement rasés en l’espace d’à peine deux ans. Cela commença en 1974 avec le camp d’al-Nabatiye au Sud Liban détruit par l’aviation israélienne, puis ce fut le tour de Dehbaia dans la banlieue de Beyrouth qui tomba aux mains des milices chrétiennes en 1975. Mais c’est surtout la destruction du camp de Tal-al Zaatar qui reste dans toutes les mémoires. Assiégé de juin à août 1976 par les Phalangistes libanais soutenus à ce moment-là par l’armée syrienne, le camp et ses 15 000 réfugiés résista jusqu’à la reddition des combattants palestiniens le 1er août. S’en suivit le massacre d’au moins 2500 personnes et la destruction totale du camp qui ne fut jamais reconstruit. Quelques jours plus tard, le même sort fût réservé au camp de Jisr al-Basha.

Mais ce processus ne s’arrêta pas là. On estime que les deux tiers des habitations furent détruites dans les camps de réfugiés pendant l’invasion israélienne du Liban et la guerre des camps. Plus récemment, en 2007, le camp de Nahr el-Bared situé au Nord du Liban fût réduit en poussière par les pilonnages de l’armée libanaise durant trois mois afin d’en déloger un groupe fondamentaliste armé. Les 30 000 Palestiniens du camp furent contraints à fuir et à chercher refuge dans le camp de Baddawi. Les camps de Gaza et de Cisjordanie ont également subi d’importantes et multiples destructions. Et de 2012 à 2015, l’histoire s’est répétée à Yarmouk en Syrie qui n’est aujourd’hui plus qu’un champ de ruines.

Le caractère systématique des destructions de ces haut-lieux de la résistance armée tels que Tal-al Zaatar et Rafah, et plus récemment de centres économiques florissants tels que Nahr el Bared et Yarmouk, relève d’une stratégie délibérée. Il s’agit de faire disparaître les preuves que le peuple palestinien est toujours debout et déterminé à se battre pour rentrer chez lui. Jusqu’à aujourd’hui, cette stratégie a été vouée à l’échec.

Photo: Comité Action Palestine




Al Baqa’a, deux fois réfugiés

Calendrier Palestine Libre 2018 « Dans le camp des réfugiés »

En 1963, Israël procède au détournement des eaux du Jourdain pour irriguer le désert du Naqab sans consultation des pays riverains. L’opération est perçue comme une nouvelle provocation par les pays arabes dont l’Egypte, la Syrie et la Jordanie qui signent des accords de défense.  Sous prétexte de ces accords, Israël obtient soutien et armement de la part des Etats Unis. Le 5 juin 1967, deux cent avions de guerre israéliens attaquent par surprise l’aviation égyptienne, mise en déroute en quelques heures. De nombreux villages sont rasés et les camps de réfugiés d’Aqabat Jabr et Ein Sultan sont vidés. Le 7 juin 1967, les sionistes occupent al-Quds, la Cisjordanie, la bande de Gaza, le Sinaï et des Hauteurs du Golan syrien. La Palestine historique tombe entièrement sous occupation israélienne. C’est la Naksa, la rechute en arabe. Environ 450 000 Palestiniens et 120 000 Syriens sont expulsés vers la Jordanie ou doivent se réfugier dans d’autres régions syriennes. Près de la moitié des réfugiés palestiniens de 1967 sont déjà des réfugiés de 1948, obligés de fuir une seconde fois la barbarie sioniste.

Lieu d’un regroupement informel de réfugiés depuis 1948, al-Baqa’a est le sixième camp « de secours » officiellement créé, après la Naksa, au nord de la capitale jordanienne, Amman, pour accueillir la nouvelle vague de réfugiés. Dès 1968, 26 000 personnes y survivent sous 5000 tentes. Beaucoup s’étaient initialement réfugiés près de la ville de Karameh au bord du Jourdain, alors quartier général de la résistance palestinienne. Mais Karameh fut détruite lors d’une attaque de l’armée sioniste en 1968. Les fedayins réussirent à repousser les forces israéliennes pourtant très supérieures en nombre et en armement. C’est la première grande victoire militaire de la résistance palestinienne et un tournant majeur pour le mouvement de libération nationale. Al-Baqa’a est aujourd’hui le plus grand des dix camps existants en Jordanie. Il abrite plus de 100 000 réfugiés palestiniens enregistrés auprès de l’UNRWA, mais leur nombre réel serait d’environ 180 000.

Les Palestiniens résidant en Jordanie sont près de 2 millions et représentent environ 60% de la population totale. En 1948, alors que l’Est de la Palestine non occupée par les sionistes était sous administration jordanienne, les Palestiniens de Cisjordanie ou réfugiés en Jordanie ont reçu la citoyenneté jordanienne. En 1967 après l’occupation par Israël de toute la Palestine historique, les Palestiniens qui fuyaient Gaza ont été uniquement considérés comme des résidents temporaires en Jordanie. Ceux expulsés de Cisjordanie vers la Jordanie se sont vus, en 1988, retirer leur citoyenneté jordanienne et sont devenus apatrides à leur tour.

Mais qu’ils aient été expulsés de Palestine en 1948 ou en 1967, dans les rues de Baqa’a comme dans tous les camps palestiniens dans le monde, les réfugiés n’ont qu’une seule nation et se battent pour rentrer chez eux, en Palestine.