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Jabalya , de la Nakba à la victoire finale

Calendrier Palestine Libre 2018 « Dans le camp des réfugiés »

Chassés, au moment de la Nakba, des villes et villages situés au sud de la Palestine, tels que Majdal (14 000 habitants en 1948), Bureir, Hirbiya ou Sumsum, 200 000 Palestiniens se réfugièrent dans  la Bande de Gaza, un minuscule territoire à la frontière égyptienne. Au Nord de la ville plurimillénaire de Gaza, le camp de Jabalya est l’un des huit camps de réfugiés établis dès 1948 dans la Bande de Gaza. Il est aujourd’hui le plus peuplé de tous les camps de réfugiés palestiniens, abritant plus de 100 000 personnes avec une densité de population la plus élevée au monde.

       Dispersés et ayant tout perdu, les réfugiés, concentrés dans un espace restreint destinés à mieux les contrôler, sont soumis dès 1948, à l’arbitraire de la violence qu’elle émane de la puissance coloniale ou du pouvoir égyptien. Le blocus imposé aux deux millions de Gazaouis depuis 2004 n’en est que l’une des illustrations récentes. Après l’occupation de la Bande de Gaza en 1967, Ariel Sharon rase une partie du camp de Jabalya et de ses alentours pour le rendre plus facilement accessibles aux blindés sionistes. Lors de la seconde Intifada et des dernières guerres de Gaza, le camp est la cible de toutes les attaques sionistes. Bombardements, massacres et destructions répétés révèlent que la Nakba est un processus qui se poursuit depuis 70 ans.

Mais les réfugiés organisent très vite la résistance. Les premières actions des fedayns sont menées à partir de Gaza dès le milieu des années 50. Les camps de Gaza, dont Jabalya, sont le berceau des plus importantes organisations du mouvement national palestinien. En décembre 1987, c’est dans le camp de Jabalya qu’éclate la première Intifada, qui s’étend très vite à toute la Bande de Gaza et en Cisjordanie. Jabalya, plus que tout autre camp, est le lieu de l’affrontement direct entre l’armée d’occupation et les résistants. Et c’est depuis Jabalya, et les autres camps de la Bande de Gaza, que se développe depuis une dizaine d’année une résistance de plus en plus sophistiquée capable de menacer l’entité sioniste en son sein. Chaque victoire sur l’ennemi contribue ainsi à la victoire finale.

Ainsi pour les réfugiés du camp de Jabalya, comme pour tout réfugié palestinien, rien n’est en mesure de mettre un terme à la détermination de rester en Palestine et à la prodigieuse capacité de résister. Ils n’ont pas oublié, leurs enfants et petits- enfants ont repris le flambeau de la lutte. Ils savent, que dans un avenir proche, les barrières et les quelques kilomètres qui les séparent de leur village seront anéantis et qu’ils pourront rentrer chez eux en Palestine libérée.




Rashidieh, dans l’enfer libanais

Calendrier Palestine Libre 2018 : « Dans le camp des réfugiés »

Le Liban est un Etat créé de toute pièce suite au démantèlement de la Grande Syrie et de l’empire ottoman par les puissances impérialistes à la fin de la première guerre mondiale. Sous mandat français, il est dès le départ doté d’un système politique de type confessionnel fondé sur l’appartenance à différentes communautés religieuses. Croyant ainsi pallier sa faiblesse structurelle et sous prétexte de ne pas attenter à leur droit au retour, l’Etat libanais prive, dès leur arrivée en 1948, les 100 000 réfugiés palestiniens et leurs descendants de tous les droits fondamentaux. Dans ce contexte le Liban se transforme très vite en une poudrière. Sur son territoire, deux combats sont intimement menés: celui qui oppose les différentes communautés libanaises et celui des organisations et Etats de la région contre l’ennemi sioniste. La résistance armée palestinienne présente sur le sol libanais depuis le début des années 70 est au centre de ces conflits. L’enjeu est d’abord de lutter contre Israël, mais aussi d’asseoir sa souveraineté et son pouvoir.

Les réfugiés palestiniens payent le prix fort et de très nombreux camps sont détruits pendant la guerre civile libanaise et les vingt années d’occupation du Liban par Israël. Entre 1985 et 1987, la guerre des camps conduite par le parti libanais Amal, avec le soutien de la Syrie, finit de détruire les infrastructures palestiniennes mises en place par l’OLP, de réduire à néant la résistance palestinienne et de marginaliser les réfugiés sur la scène socio-politique libanaise.

Rashidieh est l’un des douze camps de réfugiés palestiniens au Liban. Il a été établi dès 1948 au sud de la ville de Tyr, à l’emplacement d’un ancien camp de réfugiés arméniens et à quelques kilomètres seulement de la frontière avec la Palestine occupée. C’est un camp au milieu des champs et des vergers que les Palestiniens contribuent à faire fructifier. Dans les années 70, avec l’implantation de l’OLP au Liban, il devient une base importante de la résistance en raison de sa proximité avec la frontière, et ses infrastructures aussi bien civiles que militaires se développent. Déjà en partie détruit lors de l’invasion israélienne de 1982, le camp de Rashidieh, comme ceux de Shatila et de Borj Barajneh près de Beyrouth, est alors la cible de la guerre des camps. Le camp est pilonné par la milice Amal et les réfugiés prennent les armes pour se défendre. Un blocus total de plusieurs mois est imposé. Malgré la famine, les réfugiés refusent de quitter le camp, contrairement à ce que souhaitent les milices libanaises et l’entité sioniste. Depuis cette période, l’entrée du camp reste sous le contrôle strict de l’armée libanaise, comme c’est le cas pour plusieurs autres camps de réfugiés au Liban.

Ainsi 70 ans après la Nakba, les réfugiés palestiniens au Liban restent prisonniers de l’exil. Le chemin de leur libération est celui du retour en Palestine.

Photo Wikipedia