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Rafah, le voile de l’humanitaire recouvre l’échec politique

Calendrier Palestine Libre 2018 « Dans le camp des réfugiés »

Le camp de Rafah a été mis en place en 1949 pour y accueillir 41 000 Palestiniens fuyant l’avancée des troupes sionistes au moment de la Nakba. Leurs villages d’origine, comme al-Safiriyya, situés dans le district de Yaffa furent entièrement détruits sur ordre de Ben Gourion. L’afflux de réfugiés multiplia par 20 , la population du bourg de Rafah qui devint le plus grand camp de réfugiés de la Bande de Gaza. Etabli à la limite entre la Palestine historique et l’Egypte, le camp paya toujours le prix fort des tensions entre le pouvoir égyptien et l’entité sioniste. En 1956, lors de la guerre de Suez, il est pilonné par l’armée française, puis les sionistes y massacrent 200 personnes. Après l’occupation de 1967, le camp est en partie détruit laissant 4000 réfugiés sans abri. Les destructions continuent en 1982 pour créer une large zone-tampon lorsqu’Israël se retire du Sinaï et que la frontière avec l’Egypte est fermée et placée sous haute surveillance. Le camp est alors coupé en deux, avec une partie égyptienne et une partie palestinienne, divisant ainsi des familles entières. Les destructions de masse se poursuivent pendant la seconde Intifada, puis lors des guerres de Gaza avec l’objectif de d’anéantir les multiples tunnels construits sous la frontière par la résistance palestinienne pour desserrer le blocus qui étouffe Gaza.

Géré à sa création par une organisation caritative britannique, Rafah fut placé comme tous les autres camps de réfugiés palestiniens sous la responsabilité de l’UNRWA dès 1950. Créée en 1949 par les Nations Unies, alors qu’il apparait qu’aucun règlement politique n’est envisagé à court terme, l’UNRWA reçoit pour mission de répondre aux besoins humanitaires des réfugiés palestiniens sur le long terme. Il s’agit d’abord de répertorier les réfugiés, de les fixer dans un pays d’accueil selon une répartition négociée, de leur assurer une assistance provisoire pour qu’ils puissent rapidement subvenir à leurs besoins tout en ménageant les perspectives politiques d’une installation définitive à l’étranger ou d’un retour en Palestine, selon les termes de la résolution 194, votée à l’ONU le 11 décembre 1948. La construction des camps relève de cette logique du provisoire fait pour durer et de cette équation sans solution.

Aujourd’hui près de cinq millions de réfugiés palestiniens sont enregistrés auprès de l’UNWRA, mais seulement 30% vivent encore dans les 58 camps gérés par l’agence à Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie, en Syrie et au Liban. L’UNRWA accueille près d’un demi-million d’enfants dans 685 écoles et gère 137 centres de santé.

Depuis près de 70 ans, l’UNRWA œuvre selon cet agenda humanitaire et politique. Elle est à la fois le voile humanitaire recouvrant l’échec du règlement politique, et pour les réfugiés palestiniens, le symbole de la seule reconnaissance internationale du droit au retour dans leurs foyers. C’est pourquoi déjà affaiblie par les Accords d’Oslo, son existence est constamment menacée par les sionistes qui interviennent pour diminuer ses moyens et la discréditer auprès des instances internationales.

Attachés à la permanence de l’UNRWA et aux camps qui garantissent leur droit au retour en Palestine, les réfugiés de Rafah reconstruisent inlassablement les maisons détruites par les sionistes.




Yarmouk, quand la tragédie se répète….

Calendrier Palestine Libre 2018 « Dans le camp des réfugiés »

Sur 12 millions de Palestiniens, près de 8 millions sont réfugiés. Ils représentent ainsi la plus grande population en exil dans le monde. Ils sont les descendants des Palestiniens chassés de leurs foyers en 1948. Après plusieurs d’années d’errance à proximité de leurs villages détruits en espérant un retour rapide chez eux, un grand nombre d’entre eux fut contraint de chercher refuge dans un pays limitrophe. Ils furent 82 000 à se diriger vers la Syrie qui compte actuellement 14 camps de réfugiés palestiniens établis entre 1949 et 1967.

Le camp de Yarmouk fût installé en 1957 par les autorités syriennes, tout près du centre de Damas. Il devint très vite le plus grand camp de réfugiés palestiniens au Moyen Orient et fut considéré pendant longtemps comme la capitale de la diaspora palestinienne. Bénéficiant des mêmes droits que les Syriens sans détenir la nationalité, les réfugiés palestiniens en Syrie, et notamment à Yarmouk, se sont toujours consacrés très activement à la résistance contre l’occupant sioniste. Beaucoup d’entre eux tombèrent en martyrs pendant la guerre du Liban entre 1982 et 2000. Depuis les années 80, certaines factions palestiniennes installées dans le camp, bien que tolérées, ont été considérées comme une menace par le pouvoir syrien qui voyait alors Yarmouk comme un bastion de l’opposition. Plus récemment, le camp était devenu une zone commerciale prospère de Damas.

Mais Yarmouk est aujourd’hui un champ de ruines. De par sa position stratégique, il est depuis 2011, l’épicentre de la bataille entre les forces gouvernementales syriennes et les groupes rebelles dans la région de Damas. Et une nouvelle fois, les réfugiés palestiniens, otages de ce conflit, ont été forcés à l’exil. Sur les 200 000 habitants du camp avant la guerre, ils ne seraient plus que 3000 à Yarmouk. Ainsi, comme beaucoup d’autres réfugiés palestiniens avant eux, contraints de fuir leur premier lieu d’exil face à l’expansion coloniale sioniste ou aux guerres régionales, les Palestiniens en Syrie ont dû subir une seconde « Nakba ».

Soixante-dix ans après la première Nakba, cet exil perpétuellement renouvelé signifie d’abord que seul le retour en Palestine est l’avenir du peuple palestinien.

Photo 12 avril, 2015. REUTERS/Moayad Zaghmout




Balata et Jénine, une résistance héroïque

Calendrier Palestine Libre 2018 « Dans le camp des réfugiés »

« Etre des camps, c’est lutter armes en mains »

       Depuis leur création, les camps palestiniens sont des hauts lieux de la résistance. En Cisjordanie, deux d’entre eux se sont particulièrement illustrés : en prise directe avec l’occupant sioniste, les camps de Jénine et de Balata symbolisent la résistance héroïque des Palestiniens et la répression sioniste.

       Avec ses 27 000 habitants, le camp de Balata est le plus grand camp de Cisjordanie. Etabli en 1950 à proximité de la ville de Naplouse, il est surnommé le « camp de Jaffa » car la majorité des réfugiés proviennent de cette ville et des villages alentours. Le tissu social et communautaire y est dense et le pouvoir d’organisation très fort : leaders locaux dans le camps, cadres des factions politiques, membres des groupes armés, sans oublier les anciens combattants, tous, hommes, femmes et enfants s’unissent pour combattre l’oppresseur sioniste. . Au cours de la deuxième Intifada, ce camp a été frappé très durement par la répression sioniste qui en a fait un véritable laboratoire de ses techniques contre-insurrectionnelles : incursions de l’armée, assassinats ciblés, arrestations massives, etc.

Le camp de Jénine, porte le nom de la ville où il est implanté dans le Nord de la Cisjordanie. Créé en 1950, il regroupe 16 000 réfugiés. La résistance et la détermination populaire au cours de la « bataille de Jénine » en avril 2002 ont fait de ce camp le symbole de la résistance durant la deuxième Intifada. Pendant plus de 10 jours, l’armée sioniste attaque le camp, le bombarde par les airs depuis des hélicoptères de combat et  par des tanks depuis les collines alentours Les bull-dozers rasent les maisons, ratissent les ruelles, enterrent les corps des combattants dans des tranchées… Douze jours de combat au terme duquel les forces sionistes renoncent à contrôler le camp.

Aujourd’hui, les habitants des camps doivent faire face à une double répression. S’ils sont particulièrement ciblés par les sionistes en raison de leur rôle actif dans la résistance armée, ils le sont aussi par l’Autorité palestinienne et ses forces de sécurité qui cherchent à museler l’opposition à la domination coloniale. Incursions, harcèlement, mise à l’écart, arrestations, détention, torture…les forces sionistes et l’Autorité palestinienne se sont désormais réparti les opérations dans un but commun, désarmer la résistance.

Les réfugiés ont été et restent à l’avant-garde du combat pour libérer la Palestine et revenir dans leurs maisons.  Ils continuent à faire vivre la résistance.

Photo: Funérailles du martyr Ibrahim Smeri à Balata (2005). The Electronic Intifada.